Iusques au Chasteau de Ruel; Ordre qui pourtant ne fut tel Qu'estrangère caualerie
N'eust l'audace et l'effronterie De roder en monstrant les dens Près du char de nos Présidens'. Enfin nostré ambassade arriue; Et l'on la soula comme griue A Ruel, d'où le lendemain Elle partit pour Sainct Germain. Ce mesme iour, sur l'asseurance Que les Royaux en abondance Par le pont de Gournay filoient, Et que Bry siéger ils aloient, (Lors pour le succez de nos armes Nos chefs oyoient vespres aux Carmes), Où scachans que les ennemis Deuant Bry le siège auoient mis, Ils sortirent de nostre ville Ayant à leur suite onze mille, Tant caualiers que fantassins. Si vous demandez leurs desseins, Les voicy L'armée ennemie Estant ce iour là dans la Brie, Ils alloient d'vn autre costé; Et pour dire la vérité,
Nos chefs dans ces derniers bagarres
Ne firent que iouer aux barres.
Estiez vous deuers Charenton?
Nous vous cherchions deuers Meudon;
Et si des deux partis le nostre
• Et faire espèce d'insolence; Mais pour punir leur violence, Vn d'entr'eux fut fort bien occis; Et ses compagnons furent pris.
Rencontra quelque fois le vostre, Où l'on fit de petits combats, Ce fut qu'on ne s'entendit pas. Ce fut par malheur ou béueue; Ce fut par rencontre impréuue, Par quelques soldats trop vaillans, Par des espions vn peu lens. Parfois dans quelque caracole, Souuent contre vostre parole Et tousiours contre nos desseins, Nous en sommes venus aux mains; Mais pour cette fois nostre armée Ne fut iamais plus animée; Et vous fistes bien d'estre ailleurs Pour esuiter de grands malheurs. Or tresue de la raillerie!
Tandis que vous fustes en Brie, Nos généraux tenans les champs Ce iour et les autres suiuans, Donnèrent temps à tout le monde D'aller et de courre à la ronde, Chercher infinité de grains Dont nos greniers furent si pleins Que i'en sçay plusieurs qui créuèrent Des quantitez qui s'y trouuèrent.
Les iours suiuans, furent vendus, Selon plusieurs arrêts rendus ', Les meubles de Son Éminence, Qui bien que pleine d'innocence, Et qu'elle eust protesté d'abus, Il n'en resta pourtant rien plus.
Le Vendredy, l'on a nouuelle, Qui pour nous n'est bonne ny belle,
1 Arrêt de la Cour de parlement portant que les meubles estant en la maison du cardinal Mazarin seront vendus, etc. [246].
Que le sieur comte de Grancey, Sans que nous l'eussions offensé, Avoit mis vn siége funeste
Deuant Bry, le seul qui nous reste, Et qu'à l'abord le gouuerneur
Nommé Bourgogne, homme d'honneur, Auoit fait iusqu'à l'impossible,
Percé l'ennemy comme vn crible,
Et bien rabattu son caquet
coup de canon et mousquet;
Mais qu'en fin vne large bresche 1, Le manque de poudre et de mesche, Et le désespoir du secours, (Qui ne pouuoit pas avoir cours A cause des mauuais passages, Des défilez et marescages
Que nous ne pouuions pas gauchir, Et que nous pouuions moins franchir, Praslin tenant les auenues.) 2
Faisant sauter Bourgogne aux nuės, Il auoit fait vn bon traitté;
Car tel il luy fut protesté.
Mais, las! ceux qui tenoient le siège Se seruirent du priuilège
Qui permet à tous les Normans De ne tenir point leurs sermens, Puisque contre la foy promise
Siége de Briconte-Robert.
Le maréchal du Plessis-Praslin, qui avait le commandement de la rive droite de la Seine sous le prince de Condé.
3 Mais cette mazarine bande
Monstra bien qu'elle estoit normande,
Et qu'elle fait profession
De n'auoir de religion.
Ils mirent tous nuds en chemise La plus grand part de nos soldats, Qui reuinrent les chausses bas'.
Ce fut au cul de la semaine Que nos Deputez vers la Reine Au Parlement sont reuenus, Où deuant sénateurs chenus Et tous nos chefs à l'audience Ayant pris chacun leur scéance, Là de leur Députation
Ils firent exposition,
Et rapportèrent que la Reine Auoit dit : « le n'ay point de haine; Et si j'osois boire du vin,
Nous beurions ensemble demain. Cependant nommez commissaires Qui soient plénipotentiaires Tant pour la générale paix, Que pour décharger de son faix Le pauure peuple de la France; Et pendant nostre conférence Ceux qui vous portent à manger, Pourront passer sans nul danger. » que la cour treuua très iuste; Et nostre Parlement auguste Conclut qu'en vn certain endroit Des Députez on enuoyroit 2, Et mesme qu'auant leur sortie La Reine en seroit aduertie. Pour cet effet les gens du Roy
Voyez dans le premier volume, l'extrait de la Lettre du Père Michel... à Monseigneur le duc d'Angoulesme; Prise de la ville et du chasteau de BrieComte-Robert [2873]..
2 Arrêt de la Cour de parlement pour l'ouverture de la conférence, etc.
S'y firent traisner par charroy.
Le Dimanche, quelque canaille Dont le feu fut vn feu de paille, Fit manière d'émotion
Qui tendoit à sédition.
Elle en vouloit à la soutanne, Et prit, ie crois, pour vne canne Monsieur le Président Thoré, Qui fut à peine retiré
Des griffes de nostre fruictière Qui le traisnoit à la riuière.
Le Lundy premier iour de Mars, Ie fus courre de toutes parts Sans apprendre aucune nouuelle.
Le Mardy, nous reçeusmes celle Qu'escriuoit le Duc d'Orléans, Laquelle ouuerte, on lut dedans Que c'estoit chose très certaine Que la volonté de la Reine Estoit de fournir tous les iours Que la conférence auroit cours, De bleds vne quantité fixe Ny plus courte, ny plus prolixe; Tant par iour seulement. Sur quoy La Cour voulut qu'aux gens du Roy On eust à porter cette lettre, Veu qu'ils estoient venu promettre A leur retour de Sainct Germain Bien plus de beurre que de pain, Et des passages l'ouuerture, Ce qui n'estoit qu'vne imposture; Et qu'ils priroient leurs Maiestez
De faire iour de tous costez,
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