'C'est le plus célèbre des pamphlets contre le cardinal Mazarin, mais non le meilleur. On y trouve si peu d'esprit et de gaieté, il est si plein de saletés et d'ordures que je ne l'aurais pas donné si je n'avais craint qu'un recueil de mazarinades sans la Mazarinade ne fût pas compris. J'aime à dire que l'auteur en est resté inconnu. Il n'y a, en effet, pas de bonnes raisons pour ne pas admettre le désaveu que Scarron en a fait dans les Cent quatre vers, etc. [675], et qu'il a renouvelé dans une lettre adressée à · la reine mère après la Fronde.
Maistre Jean Guillaume, c'est le bourreau. Le Triomphe du faquinissime cardinal Mazarin, etc. [3883] a lieu en place de Grève, sur l'échelle de Me Jean Guillaume.
Vn lieu qui le puisse sauuer? Bon! ie sens eschauffer ma verue. Ça, ne disons rien qui ne serue, Et que chaque vers ait son trait, Pour bien acheuer le portrait De ce prodige de fortune, Sans en oublier chose aucune. A toy donc, Calabrois Romain, Bon pied, bon œil, et bonne main. Pare le coup que ie te porte, Ou que le grand Diable t'emporte. Et toy, mon braue Marigni, Qui plus qu'aucun sur le Zani As décoché mainte balade 1, Escoute ma Mazarinade. A la malheure, Mazarin, d'où vint Tabarin,
Es tu venu brouiller le nostre ! On te prenoit bien pour vn autre Lorsqu'on te croyoit raffiné.
On t'auoit fort mal deuiné. Et de science et de pratique, Tu n'es pas vn grand politique. Tous tes desseins prennent vn rat Dans la moindre affaire d'estat. Singe du Prélat de Sorbonne 2, Ma foy, tu nous la bailles bonne. Tu n'es à ce Cardinal Duc Comparable qu'en aqueduc. Illustre en ta partie honteuse,
Ta seule braguette est fameuse. Outre cette vertu de Coc,
'Ballade [61]; les Ballades seruant à l'histoire, reueues et augmentées [570].
* Le cardinal de Richelieu.
On te tient inuenteur du Hoc,
Du beau ieu de trente et quarante, De certaine chaize courante 1, Autre cheual de Pacolet,
Et de plus de ce cher ballet,
Ce beau, mais malheureux Orphée 2, Ou, pour mieux parler, ce Morphée Puisque tant de monde y dormit. Ma foy, ce beau chef d'œuure mit En grand crédit ton Eminence, Ou plustost ton Impertinence. Tes Courtizannes, tes chastrez Y furent les mieux chapitrez. Pour auoir fermé tes bougettes Aux gueux qu'on appelle Poëtes, Si chers au feu rouge bonnet Qui sçauoit le mal qu'vn sonnet Qu'on a mal récompensé, cause Et qui craignoit sur toute chose Que par ces diuins affamez Ses beaux faits fussent diffamez, Pour auoir, dis ie, enuers Pégaze Esté par trop raquedenaze, N'en as tu pas bien dans le cu?
Au lieu qu'en donnant quelque escu, Ton immortelle renommée
Par l'Europe eust esté semée,
Et ne passerois pas partout
Pour vn forfante, et haye au bout!
1 Voyez, dans le 1er volume, l'Inuentaire des merueilles du monde rencon
trées dans le palais du cardinal Mazarin.
2 Opéra joué par la troupe italienne que Mazarin avait appelée à Paris. Je ne sais plus où un pamphlétaire a dit :
« Si vous n'êtes italien,
Vous ne verrez pas l'Orphée. »
Que par Dont on a fait vn grand mistère, T'a fait, mais ie ne sçay comment, Succéder à feu Maistre Armant. Ha, ne tranche plus du Ministre. Tu n'estois né que pour le Cistre; Mais la fortune en bonne humeur T'a fait prince de Parfumeur. Casse ta garde de Soudrilles; Va t'en trauailler en Pastilles; Va t'en trauailler en Iasmin, Digne employ de ta blanche main ;
que ta teste chauue et blonde Se mette à couuert de la Fronde. Fuy les Arrests du Parlement; Trousse bagage et vistement. Que ton Altesse Mazarine Craigne le destin de Conchine. Va, va t'en dans Rome estaller Les biens qu'on t'a laissé voller. Va, va t'en, Gredin de Calabre, Filocobron, ou Filocabre. Va, va t'en; repasse les monts; Va viste et fay rompre les Ponts; Car s'il faut que quelqu'vn te suiue, Que l'on te demande, Qui viue! Que tu répondes: Mazarin!
C'est fait de toy, cher Tabarin.
De tes fautes dans la police, De tes ordres dans la milice Ie ne te reprocheray rien; Mais ie te veux, homme de bien, Reprocher la cruelle guerre Que tu fais viure en cette terre, Où tu prétens malgré les dens De tant et tant de braues gens Tenir contre vent et marée. Ton ignorance est auérée;
Et tu n'es, pour trancher le mot, Quoy qu'vn grand Prélat, qu'vn grand sot. Te souuiens tu bien, Seigneur Iule,
Du raisonnement ridicule
Que tu fis, vn iour, sur les Glans1? Cela te mit en beaux draps blancs. Depuis, la nation Françoise A mesprisé la Calabroise. Te souuient il bien d'Alcala Quand Ganimède ou Quinola, L'amour de certaine fruictière Te causa maint coup d'estriuière; Quand le cardinal Colonna
De paroles te malmena,
Et qu'a beaux pieds comme vo Bricone
Tu te sauuas à Barcelonne ? De Barcelonne, tu gaignas Ton Pays, où tu besoignas
Si bien que tu deuins la Gouge D'vn autre Bougre à bonnet rouge.
O que s'il t'eust abandonné,
1 Voyez dans le 1" volume la Lettre à M. le cardinal, burlesque.
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