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Les desseins du vaillant Condé,

Qui depuis, ô le plus grand traistre
De ceux qui se meslent de l'estre,
Pour t'auoir si bien protégé,
Se voit dans le Haure logé,
Luy dont le bras fut ton Ægide,
Qui te tira comme vn Alcide

Des mains du peuple, vn autre Hydra,
Lequel enfin se préuaudra

Des fureurs dont il est capable;
Et lors, Ministre détestable,
Bougre, des Bougres le maieur,
Des politiques le mineur,
Par qui la France est décriée,
De ses amis désalliée,

Par qui le commerce est perdu,
Enfin tout l'Estat confondu,
Alors, dis-ie, le plus sot homme
Qui soit iamais sorti de Rome,
Reietton de feu Conchini,
Pour tout dire Mazarini,
Ta carcasse des-entraillée
Par la canaille tiraillée
Ensanglantera le paué;
Ton Priape haut esleué
A la perche sur vne gaule
Dans la capitale de la Gaule,
Sera le iouet des laquais,
L'objet de mille sobriquets,
De mille peintures grotesques,
Et mille Epitaphes burlesques.
Hé bien, ô Cardinal pelé!
N'est-ce pas à moy bien parlé?
Tu ne sçauras pas qui te tire
Par derrière cette satyre?

Iule, iadis l'omnipotent,

Tu voudrois bien m'en faire autant;

Et tu me voudrois bien pis faire,
Prince malgré toy débonnaire.
Pouuant bien faire à tous, dy-moy,

Pour quoy n'as-tu faict bien qu'à toy?
Sergent à verge de Sodome,
Exploittant par tout le Royaume,
Bougre bougrant, bougre bougré,
Et bougre au suprême degré,
Bougre au poil et bougre à la plume,
Bougre en grand et petit volume,
Bougre sodomisant l'Estat,

Et bougre du plus haut karat,

Bougre à chèures, bougre à garçons,

Bougre de toutes les façons,

Bougre venant en droite ligne,

Bougre Docteur in vtroque,

Pippeur, Magicien quoque,

Homme aux femmes et femme aux hommes

Pour des poires et pour des pommes,

Comme deffunt Iean Foutakin',

Fils et petit fils d'vn faquin

Qui diffames la Caze Vrsine

Par l'alliance Mazarine',
Qui de Maraux fais des Abbez,
Aux liures préfères les dez,

A tous les gens d'esprit est rogue,
Et pourtant d'vn Roy Pédagogue,
Ha! que ne puis-ie d'vn reuers

↑ Lettre de la signora Foutakina à messer Iulio Mazarini, etc. [1948]. 2 Le père du Cardinal avait épousé en secondes noces une dame de la maison des Ursins.

Accompagner ces petits vers,
Ou sur ta teste chauue et folle
Appliquer vne croquignolle !
Mais le temps tout amènera;
Et la fronde t'acheuera.

Ministre à la teste de courges,
En fauteuil les armes de Bourges,
On te reuerra dans Paris;

Et là comme au trébuchet pris,
Et de ta rapine publique,

Et de ta fausse Politique,

Et de ton sot gouuernement,
Au redoutable Parlement

Dont tu faisois si peu de conte,
Vltramontain, tu rendras compte;
Puis après ton compte rendu,
Cher Iule, tu seras pendu
Au bout d'vne vielle potence,
Sans remors et sans repentance,
Sans le moindre mot d'examen,
Comme vn incorrigible; Amen!

Deffense de l'ancienne et légitime fronde [984] '.

(5 avril 1651.)

On ne peut mieux respondre à de mauuais discours que par de bonnes actions. La réputation de Monsieur le Coadiuteur est autant au-dessus de la calomnie et de l'imposture que son cœur est au-dessus de la crainte et son esprit au-dessus de l'intérest, Ie ne prétends point de respondre pour luy à ces infâmes libelles qui infectent le monde. Ie ne les lis qu'auec mépris quand ie les considère comme des Ouurages malheureux de ces mesmes mains qui nous ont voulu consacrer autrefois le Mazarin. Ie regarde comme des trophées éleuez à la gloire de Monsieur le Coadiuteur tous les traicts que tracent contre luy ceux qui ont assiégé Paris. Ie leur pardonne mesme en quelque manière le ressentiment qu'ils ont des obstacles qu'il a mis à leur fureur en tant d'occasions où ils ont essayé d'opprimer la liberté publique. Ie ne trouue pas estrange que les nouuelles obligations n'ayent pu effacer de leurs esprits la douleur qu'ils ont conceue de n'auoir pu ruiner la capitale du Royaume et de n'auoir pas eu la liberté tout entière de nager dans le sang de ses Citoyens. Ie leur fais assez de Iustice pour excuser ces trans

'Le Cardinal de Retz avoue ce pamphlet dans ses Mémoires sous le titre inexact d'Apologie de l'ancienne et légitime fronde. C'est le premier qu'il ait fait paraître après sa fameuse retraite. Il le lança dans Paris par cinquante colporteurs que soutenaient des hommes apostés. On comprendra ce luxe de précautions si on fait attention que cet écrit, si violent et presque si menaçant, était dirigé contre la personne du prince de Condé.

ports; et au lieu de leur respondre par des inuectiues qui aussi bien n'adiousteroient rien à la connoissance publique que l'on a de leur noir et infidèle procédé, ou par des Apologies peu nécessaires, à mon sens, à vne conduite aussi nette que celle de Monsieur le Coadiuteur, ie me contenteray de faire présentement auec douceur pour sa deffense ce qu'vn des plus grands hommes de l'ancienne Rome fit autrefois auec approbation pour sa propre gloire. Après que ce Capitaine si glorieux par la conqueste de l'Afrique eut rendu Rome entièrement victorieuse dans ces fameuses guerres qui domptèrent l'orgueil de Carthage, il fut accusé par ses ennemis ; et il dispersa toutes ces calomnies par cette belle et fière parole: «< Allons au Temple remercier les Dieux du bonheur que ie vous ay acquis par mes victoires. » Peuples, souffrez que i'anime auiourd'huy de ces mesmes paroles vne voix plus modeste, mais qui pourroit vous dire auec autant de iustice: «< Allons au Temple rendre grâce au Ciel de la tyrannie renuersée, du Mazarin chassé, de vos rentes conseruées, de nos Princes en liberté, des taxes supprimées, de la liberté publique establie. » Ce sont des Ouurages auxquels toute la France auoue que M. le Coadiuteur n'a pas peu contribué sous les ordres de son Altesse Royale. Et vous, lasches imposteurs et infâmes bastards de la légitime Fronde, demeurez dans le silence, vous qui déchirez le nom de Mazarin après auoir tousiours respecté sa personne; qui l'attaquez mort après l'auoir adoré viuant; qui luy faisiez lâchement la cour dans son antichambre, cependant que nostre illustre Prélat s'opposoit généreusement à la naissance et au progrez de son pouuoir; qui combattiez sous ses ordres dans les Troupes qui assiégeoient Paris, cependant que ce généreux Protecteur de

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