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crainte

inférieur dans l'estat Ecclésiastique, soit par ou par auarice ou par quelque autre motif que ce soil, abandonne nostre Maistre et Empereur Catholique Louis, ou viole le serment de fidélité qu'il luy a promis, et par vn pernicieux dessein vient à se ioindre, comment que ce puisse estre, auec les ennemis de Sa Maiesté, il soit priué de sa dignité et de son ministère par vne sentence Canonique et Synodale. Et si quelque Laicque se trouue coupable d'vn pareil attentat, qu'il s'asseure aussy qu'il sera frappé d'excommunication d'anathesme par tous les Ordres de l'Église.

Et après cela, nous mépriserons cette foudre spirituelle dont nos anciens Pères nous menacent; et nos Euesques ne paraistront pas auiourd'huy les successeurs du zèle Apostolique de ces vénérables Pères, aussi bien que de leur throsne, pour défendre l'authorité Royale et terrasser par leurs anathesmes tous ceux qui la combattent!

En effet, on l'attaque témérairement; on cabale; on remue; on sollicite de tous costez la fidélité des subiets du Roy; on traite, on ligue auec les estrangers; on les introduit dans le Royaume, sans autre prétexte que d'un ministre rappelé pour le seruice de son Prince et non chargé de crimes comme on tasche vainement de le faire croire, mais de gloire, de mérites, et mal-gré la plus noire et la plus furieuse enuie, de triomphes remportez sur les ennemis de la Couronne; et les gens de bien, les vrais suiets du Roy, les vrais amateurs de leur patrie, les Prélats, les Prestres, tous les Ministres de la parole de Dieu demeureront muets, froids et insensibles dans vn mal si déplorable! Que si les Euesques, ces héritiers augustes des Apostres, ne sont point touchez, ce qu'à Dieu ne plaise, du malheur public et du déchet de l'au

thorité Royale, qui leur a tousiours esté si chère et si précieuse; s'ils ne veulent pas considérer que s'il estoit permis d'opposer les armes à la volonté du Roy, les âmes impatientes de la domination ne manqueroient iamais de couleur pour l'entreprendre, qu'on ne cesseroit iamais de contrôler l'authorité Royalle, sous prétexte de la modérer, et enfin qu'à force de la combattre pour la tempérer ou pour l'adoucir, on la destruiroit entièrement; s'ils ne veulent pas considérer que si le Roy ne pouuoit choisir qu'au gré des Princes les Ministres de son Estat, les Ministres de l'Estat seroient aux Princes et non pas au Roy, et ne le conseilleroient iamais selon le bien de son seruice, mais selon l'intérest de ceux qui pourroient, quand bon leur sembleroit, les maintenir ou les chasser; s'ils ne veulent pas auoir deuant les yeux que ceux qui excitent ou qui taschent d'exciter vne guerre ciuile, empeschent absolument le bien tant souhaitté de la paix vniuerselle, nos désordres intestins faisant espérer de si grands aduantages à nos ennemis dans la continuation de la guerre, et la paix domestique estant la seule voye qui nous peut conduire à l'Estrangère; s'ils ne veulent pas, dis-ie, deuenir sensibles à tant de iustes considérations, à l'aduantage, à la gloire, au salut, ou de leur Roy ou de leur patrie, au moins qu'ils se laissent toucher à leur propre honneur et à l'excellence de leur propre caractère qu'on profane et blesse mortellement en la personne d'vn Cardinal de l'Eglise de Rome.

Autresfois vn Euesque de France, quoy qu'infasme et conuaincu manifestement du crime irrémissible de lèzeMaiesté, ayant esté traitté auec quelque sorte de rigueur par le Roy mesme qu'il auoit trahy, les autres Euesques assemblez pour le condamner ne laissèrent pas de se

plaindre au Roy du traittement peu respectueux que leur collègue auoit receu, et ne craignirent pas, dit l'histoire, de luy faire vne séuère réprimande. Et le parricide ordonné, non par vn Roy, mais par vn simple Parlement, contre la personne d'vn illustre Cardinal, ne sera point capable d'allumer le zèle et l'indignation sainte des Euesques de ce temps? Et ne comprennent-ils pas, ne voyent-ils pas qu'ils sont proscrits en quelque sorte auec ce Prélat et exposez auec luy à l'impiété et à la cruauté des âmes les plus désespérées; que tous les couteaux qui pendent sur la teste du Cardinal, pendent sur leur teste, et que la licence de le tuer est vne porte ouuerte à la licence et à l'impunité des assassinats les plus abominables? Qu'ils pensent donc sérieusement à se ressentir de l'outrage fait à la saincteté de leur ordre auguste et inuiolable, à soustenir la cause de leur dignité sacrée et Apostolique, à protéger courageusement vn accusé qui a pour témoins de son innocence ses propres accusateurs, qui ayant esté si longtemps sans charges, sans gouuernemens, sans places, sans alliances et destitué de tout autre appuy que celuy de Leurs Maiestez, n'a point voulu qu'elles eussent d'autre otage de sa fidélité que la facilité de le défaire quand elles voudroient, dont l'esloignement forcé et tumultuaire a empiré visiblement et non pas amendé, comme on prétendoit, la condition des affaires publiques, que l'on n'a iamais plus violemment persécuté que lorsqu'il falloit le couronner pour la grandeur et pour le bon-heur de ses seruices, contre la teste duquel on ordonne que les mains de tous les hommes. soient armées, pendant qu'il est armé pour la défense de son Roy, et que les véritables gens de bien auouent ingénument avoir esté iugé, proscrit et condamné d'vne ma

nière si cruelle, sans cause, sans forme, sans pouuoir, l'Arrest qui le condamne contre la volonté du Roy, ayant si peu de force qu'il paroist plustost vne vengeance d'ennemis irritez que la résolution d'vn Sénat constant, sage, magnanime et inébranlable dans l'amour de la Iustice : Vt magis iratorum hominum studium, quàm constantis Senatús consilium esse videatur.

Ordre donné par le Mazarin à son Maistre d'Hostel, pour vn plat dont il veut que sa table particulière soit seruie pendant tous les iours du mois de Féurier prochain, laissant le reste à la volonté du sieur Euzenat [2624]'.

(9 janvier 1652.)

Mon Maistre d'Hostel verra le Marquis de Vieuille, Sur-Intendant des Finances, de Bourdeaux Intendant, et Le Tellier, Secrétaire d'Estat, pour leur dire de ma part que ie luy ay ordonné de me seruir vn plat extraordinaire sur ma table pendant chacun iour du mois de Féurier prochain, dont il faut qu'ils fournissent les béatilles.

SCAVOIR :

Le premier iour de Féurier de l'année 1652, vn potage de santé, garny du retranchement d'vn quartier des gages des Officiers.

Le 2o iour, vn potage d'oyson à la purée, garny du reculement des rentes de l'Hostel-de-Ville de Paris.

Euzenat était prêtre, intendant de la maison du cardinal Mazarin.

Le 3o, vn potage de poictrine de veau, garny du retranchement de toutes les rentes prouincialles.

Le 4o, vn potage de béatilles, garny de la réformation de plusieurs billets de l'Espargne, cy-deuant expédiez sous prétexte des dépenses faites au siége de Crémone. Le 5°, vn plat d'œufs au beurre noir, garny de la vente de Dunquerque.

Le 6o, des tortues en ragoust, garnies des contributions des villes frontières.

Le 7o, des cardons d'Espagne, garnis de la vente des Offices de la Maison de Monsieur le Duc d'Aniou.

Le 8°, des rognons de béliers, garnis de la vente de l'Archeuesché de Thoulouse, Éuesché de Poictiers et autres bénéfices.

Le 9o, vne tourte de Franchipane, garnie de la suppression de la charge de Controlleur Général des Fi

nances.

Le 10°, vne fricassée de pieds et d'oreilles de porc, garnie de l'augmentation de quatre Intendans.

Le 11o, des maquereaux, garnis de la création de deux nouueaux Directeurs.

Le 12°, vn Vilain en ragoust, garny de taxes sur les Greffiers du Conseil pour les faire garder les minutes.

Le 13°, vne pièce de bœuf et queue de mouton au naturel, garnies d'emprunts généraux et particuliers sur toutes les villes.

Le 14, vne longe de porc à la sauce Robert, garnie d'vne année du reuenu des Bénéficiez pour la facilité de la Coadiutorerie.

Le 15°, vne teste de veau frite, garnie d'vne Déclaration pour faire financer les acquéreurs du domaine iusques au denier trente.

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