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Le 16o, vne pièce de bœuf à la marotte, garnie de la création d'vne Cour des Aydes à Lion.

Le 17°, vn plat d'huistre au demy-court bouillon, garny de la création d'vn Parlement à Poitiers.

Le 18°, des trippes de morue fricassées, garnies de la création d'vne Chambre des Comptes à Tours.

Le 19, vn potage de Iacobins au fromage, garny d'vne Déclaration pour rendre les Compagnies Souueraines et Présidiaux Semestres.

Le 20°, vne tourte de pistaches, garnie d'vne Déclaration portant banqueroute généralle de toutes les debtes du Roy.

Le 21°, vn plat d'artichaux à la poiurade, garny d'vne Déclaration pour l'hérédité de tous les Gouuernemens de France, moyennant finance.

Le 22o, vne Feuillantine, garnie de la création des Iuges Consuls en titres d'Office dans tout le Royaume.

Le 23, des sardines de Royan, garnies de la Déclaration du parisis des voictures et toisé des maisons de

Paris.

Le 24° vn plat de harans à la sauce rousse, garny du Controole des tintures, poids et mesures dans tout le Royaume.

Le 25o, vn agneau gras, garny de l'hérédité de tous les Procureurs et des Aduocats du Conseil.

Le 26°, vn oyson sauuage, garny d'vn Office de Controolleur-Visiteur des liures des Marchands, auec attribution de six deniers pour liures.

Le 27°, vne eschinée aux pois, garnie d'vn Office de Controolleur Général de tous les Baptesmes, Mariages et Mortuaires.

Le 28°, vn plat d'artichaux en cul, garny de la créa

tion d'vne charge de Visiteur Général de tous les Ponts et Chaussées du Royaume.

Cecy est ma volonté, en tesmoin de quoy i'ay signé le présent mémoire au camp. Pont-Yonne, le quinziesme Ianuier 1652. Signé, le Cardinal Mazariny. Et plus bas, par Monseigneur Zungo dej '.

Le Secret de la Cour [3624].

(24 janvier 1652.)

Ie me garderois bien de mettre le nez dans les secrets de la Cour, si ceux qui en deuroient estre les principalles intelligences, n'en estoient exclus; et ie croirois que ma curiosité ne se pourroit point porter iusqu'au désir de sçauoir ce qui se passe dans ces retraites Royalles, sans attenter criminellement au respect qui leur est deub, si l'iniuste restablissement de celuy que la iustice en auoit chassé, ne me dispensoit de m'en aprocher auec tant de circonspection, pour y contempler la posture auec laquelle l'vsurpateur désire s'y maintenir malgré toutes les résistances de cet estat.

Si nous le voyons remonter sur nos espaules auec sa pesanteur ordinaire, ce n'est que pour nous estre sousmis trop aueuglément aux sermens qu'on nous faisoit du contraire et qu'on s'efforçoit presque tous les iours

1

Zongo Ondedei, maître de chambre du cardinal Mazarin, et depuis évêque de Fréjus. Lettre d'vn marchand de Liége.... auec l'instruction secrète du Cardinal Mazarin pour Zongo Ondedei, etc. [1884]; Examen de l'écrit dressé par Molé, Servien et Zondedei sous le titre de : Edit du Roy portant amnistie, etc. [1314].

de nous authoriser par des protestations Royalles, pour nous en faire reçeuoir la croyance auec moins de soupçon d'infidélité; et c'est en abusant criminellement de nostre soumission à escouter ses parolles apparemment Royalles sans les examiner, qu'on a disposé les affaires à son restablissement, iusque-là que nous ne sommes presque plus en estat de former des obstacles à son ambition, sans troubler le repos que nous ne sçaurions iamais plus fortement establir que sur les débris de sa fortune.

Cette réflection, nous obligeant à nous précautionner contre les appréhensions raisonnables de quelque sem→ blable intrigue, nous fait rechercher quelque accez pour nous insinuer dans les secrets de la Cour, et pour y descouurir les routes que nos ennemis ont tenues et qu'ils prétendent désormais tenir, afin de rasseurer vne iniuste grandeur que toutes les forces de l'Estat auoient si victorieusement esbranlée, lorsque conspirant vnanimement pour brizer les fers qui captiuoient la liberté de ceux qui auoient affranchy celles des peuples, elles arrachèrent enfin le gouuernail de cet Estat d'entre les mains de ce perturbateur du repos public.

Ses partizans firent semblant d'en receuoir la disgrâce par vne complaisance politique, dont ils tâchèrent de déguiser le véritable dépit qu'ils en auoient conceu. Mais ils ne quittèrent pas le dessein, ou de faire iouer quelque intrigue pour disposer les affaires à son restablissement, ou de rasseurer pour le moins leur fortune par le concours qu'ils presteroient à la passion de la Reyne, laquelle se croyant la plus offensée dans l'esloignement du Cardinal Mazarin, s'intéressoit aussi plus que tout autre pour en pratiquer le retour.

Les intrigues néantmoins en eussent esté fort impuissantes si le désespoir du mariage, auquel vne nécessité politique auoit fait consentir le Prince de Condé, n'eust fait espérer à tout le party qu'en ioignant celui de Mme de Cheureuse qui se sentoit offencée de la rupture de ce mariage, il pourroit peut-estre triompher dans le dessein de faire réussir celuy qu'il méditoit pour le restablissement du C. Mazarin. C'est cette ouuerture qui fit trouuer la porte du Palais Royal à M. le Coadiuteur, non point à dessein de contribuer par ses intrigues à ce restablissement qu'il a tousiours eu raison de redouter plus que tout autre, mais de se frayer vn chemin au Ministère ou au Chapeau Rouge, par la complaisance qu'il y témoigneroit, quoiqu'en intention de ne le seconder que pour en faire auorter le succez par la sagesse estudiée d'vne imprudente conduite.

La passion du Comte de Seruient ne se produisoit pas auec plus de sincérité, quoyque néantmoins il y semblast engagé par la reconnoissance des faueurs qu'il auoit receues du Mazarin. Son véritable dessein, en faisant l'empressé pour disposer les affaires à ce retour, n'estoit autre que de s'ancrer par cette chaleur qu'il témoignoit, dans les affections de la Reyne, et d'obliger le Cardinal Mazarin de luy en faire comettre tout le secret, afin d'en pouuoir plus heureusement empescher l'exécution; et c'est par ce moyen qu'il espéroit que la Reyne mesme fauoriseroit son ambition, lorsqu'après plusieurs inutiles efforts elle ne verroit plus de iour à ce restablisse

ment.

Enfin la Reyne reconnaissant bien, après toutes les tentatiues qu'elle auoit fait faire sur l'esprit inesbranlable de M. le Prince, que toutes les intrigues estoient

impuissantes, se laissa persuader par son Conseil qu'il falloit en venir à vne force ouuerte, et qu'vn second attentat à la liberté de ce Prince seroit peut-estre pour réussir plus heureusement que le premier à la faueur de la Maiorité.

La fin de ce dessein n'estoit autre que de l'exécuter, si toutefois il n'estoit point découuert, ou d'obliger M. le Prince d'en faire esclater quelque mécontentement qui le fist haïr par l'appréhension de quelque nouueau trouble, s'il arriuoit qu'il en fut auerty. Et cette seconde intention ayant réussi, on ne manqua pas de charger son innocence de mille suppositions, en luy imputant mille mauuais desseins, ausquels on prétendoit faussement qu'il prétextoit celuy de maintenir la liberté parceque les attentats n'en estoient point visibles à tout le monde.

La poursuitte que M. le Prince fit pour s'asseurer contre tant de menaces, fut cause de l'esloignement politique, qui fut aparamment pour iamais, mais en effet pour quelque temps seulement, des trois personnes qui sembloient estre les plus attachées au restablissement du Mazarin1; et de l'establissement du conseil qui fut ensuite fait sans la participation de Son Altesse Royalle et de MM. les Princes'; mais il marqua trop visiblement la passion que la Cour auoit d'obliger M. le Prince d'en faire esclater le mécontentement par quelque coup hardy, qui peust estre capable de donner vn peu plus de couleur au désir qu'on auoit de le pousser à bout, pour frayer vn plus heureux chemin au restablissement de ce meschant Ministre.

'Le Tellier, Servien et de Lyonne avaient quitté la cour le 20 juillet 1651.

2 Premier coup

d'État de la maiorité du Roy, etc. [2846].

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