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associez, coniurez et déuouez, auec lequel ils; assen bleront vn iour de chacun mois pour traitter des affaires de la Croysade.

Qu'en ces Assemblées se résoudra la continuation ou changement et eslection d'autres Directeurs et conseillers, ainsi qu'il sera iugé conuenable.

Les sept Directeurs s'assembleront particulièrement vn iour de chacune sepmaine; et l'vn d'eux choisi et nommé par les autres aura la garde du Trésor qu'il distribuera selon l'aduis des autres, sans ordonnance ny quittance par escrit.

Le Trésor de la Croysade venant à diminuer à cause de l'entretènement des associez, coniurez et déuouez, qui entreprendront la deffaite du Tyran Mazarin par leurs propres mains, ou par leur industrie et disposition, et par tels instruments qu'ils verront bon estre, les Directeurs pouruoiront au suplément des fonds par les voyes certaines qu'ils sçauent, en telle sorte qu'il y ait tousiours dans le coffre de la Croysade vn fonds de deux à trois cens mille liures pour le moins.

L'exécution des Arrests contre le Tyran Mazarin estant faite, il sera payé à celuy qui l'aura fait, la somme de cent mille liures outre et pardessus les cent cinquante mille liures qui sont asseurez de la part du Parlement, et si celuy qui fera ce coup glorieux, mouroit dans l'action, la mesme somme sera payée à sa veufve, enfans et héritiers.

Si quelqu'vn des associez, coniurez et déuouez, de ceux qui entreprendront la ruine du Tyran Mazarin, estoit découuert ou surpris auant l'expédition et que la rage du Mazarin se portast à le faire mourir, il sera donné à sa veufue, enfans et héritiers, la somme de cin

quante mille liures, pourueu qu'il ne découure rien des dispositions de la Croysade et ne se départe du serment.

Le fonds qui se trouuera dans le coffre de la Croysade au temps de l'exécution du Tyran Mazarin, après le payement des récompenses qui seront deues, sera fidèle ment distribué entre ceux des associez, coniurez et déuouez qui estoient particulièrement employez à icelle; à quoy les Directeurs procèderont auec prudence et Iustice, ayant esgard aux différentes dispositions, engagemens et natures des entreprises.

Que les grands et puissans qui se sont dès maintenant associez, coniurez et déuouez, et ceux de leurs qualitez qui entreront cy après en la présente Croysade, estimeront et chériront les petits qui sont aussi à présent associez, coniurez et déuouez, et qui seront receus cy après dans la Croysade, et leur feront toute sorte de bon traittement comme à bons et fidèles confrères, en telle sorte qu'entre les vns et les autres il y aye bien-veillance et assistance, respect et seruice chacun endroit soy.

Que les présens Statuts seront inuiolablement gardez et obseruez par les associez, coniurez et déuouez présens et à venir sur peine de l'honneur et de la vie.

Ainsi a este promis et solemnellement iuré par soixante dix personnes de toutes conditions, gens de bien et d'honneur, bons François et fidèles seruiteurs du Roy, au mois de Ianuier de l'année mil six cent cinquante deux.

ENSUIT LA FORMULE DU VOEU ET SERMENT SOLemnel.

Ie, N..., promets à Dieu le Créateur, en présence de tous ses Anges, d'entretenir, garder et obseruer moyennant sa grâce tous les Articles des Statuts de la Croysade

faite pour la conseruation du Roy et du Royaume, et pour l'entière exécution des Arrests solemnels des Parlemens du Royaume contre le Cardinal Mazarin, en laquelle Croysade i'ay esté receu associé, coniuré et déuoué, de quoy ie fais vou et serment solemnel sur cet Autel. Croix et Saincts Euangiles, et pour cet effet d'employer, s'il est besoin, toutes mes forces et tout mon sang, sans y manquer ny contreuenir sur peine de l'honneur et de la vie, Ainsi Dieu me soit en ayde!

ADVERTISSEMENT.

CEUX qui par la grâce de Dieu auront assez d'amour pour le Roy et pour la Patrie et désireront entrer en la présente Croysade, auec les soixante dix associez, coniurez et déuouez qui y sont à présent, sont aduertis qu'ils n'ont qu'à approuuer la Croysade et louer les Statuts d'icelle en tous leurs discours et dans les conuersations familières, compagnies et assemblées où ils se trouueront, et que, perséuérant dans ce désir et langage, ils seront, vn iour, abordez et entretenus par vn des associez, coniurez et déuouez qui les aura ouys, obseruez et bien considérez, sans estre connu ny soupçonné, lequel les conduira où il conuiendra pour estre receus en la saincte et salutaire Croysade; en quoy il n'y a aucune despense à faire, y ayant desià fonds notable et suffisant pour subuenir à toutes choses.

Soit le tout à la gloire de Dieu, à l'honneur du Roy,

au bien de l'Estat et à la tranquillité et utilité publique.

Les Intérests du temps [1718]'.

(20 avril 1652.)

Dans les temps où règne la vertu, on peut iuger des hommes par leur deuoir; dans les siècles corrompus et qui portent pourtant des gens habiles, on en doit iuger par les intérests; dans ceux dans lesquels il se rencontre beaucoup de déprauation auec peu de lumière, comme est celuy où nous viuons, il faut ioindre les inclinations des hommes auec leurs intérests et faire de ce meslange la règle de nostre discernement. Ie prétends sur cette maxime rendre instice à la vérité, que l'on enseuelit plustost que l'on ne ne l'esclaircit, par des raisons assez souuent chimériques, appuyées sur des faits tousiours obscurs; et ie m'imagine que l'on conuiendra aisément que la mesure dont ie me sers pour la connoissance de ceux qui sont présentement sur le théâtre, n'est pas la moins certaine.

Si M. le Prince eust bien connu ses intérests, il eust esté persuadé qu'il n'en auoit point de plus grand au monde que de viure selon les deuoirs de sa naissance; s'il eust sceu mespriser de foibles aduantages qu'il tiroit dans les premières années de la Régence par la complaisance qu'il auoit pour le Ministère, il eust arresté sans peine ce débordement, pour ainsy parler, de la faueur qui a failli d'enseuelir l'Estat au commencement dans lą tyrannie, et depuis dans la confusion; il ne se fust pas

Ils sont du cardinal de Retz qui les avoue dans ses Memoires.

donné la haine publique par le siège de Paris et par la protection du C. M.; et il ne se fust pas mis en suite dans la nécessité de rompre ce sacré nœud qui doit vnir la Maison Royalle, pour s'opposer à vne puissance qu'il auoit luy-mesme esleué puisqu'il en auoit souffert l'excez. Il est donc vray que sa conduite a esté contraire à ses intérests; et ses fautes en ce poinct ont esté produites par son inclination qui l'a porté auec tant de violence à de petits ménagemens indignes de sa naissance qu'elle luy a osté la lumière nécessaire pour discerner ce qui estoit de ses véritables aduantages. Cela supposé, il n'est pas mal aisé de connoistre quels sont présentement les intérests de M. le Prince, puisqu'il n'est pas possible qu'il ne puisse et qu'il n'embrasse ceux auxquels sa conduite passée l'a engagé et qui de plus sont conformes à son naturel. Tout le monde conuient par les expériences passées et par ce que nous voyons nous-mesmes auiourd'huy, qu'il y a vn peu trop d'auidité dans l'esprit de M. le Prince; et il y a beaucoup d'apparence que si les grandes victoires qu'il a remportées autresfois contre les ennemis de l'Estat, n'ont pu remplir son cœur au poinct qu'il n'y demeurast tousiours beaucoup de place pour d'autres mouuemens bien éloignez de ceux qui font gagner les batailles, il y a, dis-ie, beaucoup d'apparence qu'il n'aura pas les sentimens plus épurez dans vn temps où il faut que ses amis aduouent qu'il n'a pas tant de suiet q'uil n'en a eu autresfois, d'esleuer son esprit par la veue de ses Lauriers et par la considération de ses trophées.

S'il est donc vray que l'inclination de M. le Prince soit de considérer tousiours les petits intérests, il est à présumer et mesme à croire que sa conduite suiura à ce

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