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Monsieur Mathieu, Médecin, demeurant en la Montagne Saincte Géneuiefue, blessé au bras droit.

Deux Colonels, Mazarins, y estant incognito, l'vn blessé à la cuisse et l'autre au costé1.

Le Vray semblable sur la conduite de Mgr le cardinal de Retz [4081]2.

(4 juillet 1652).

Ie ne puis comprendre l'emportement ou plustost l'aueuglement de nostre siècle; ie ne void personne qui ne se pique de Politique; ie ne void personne qui ne décide sur les affaires d'Estat; et ie ne void personne qui les cognoisse. Le vulgaire ne se contente pas de former des coniectures; il pénètre iusques dans le secret des cabinets; il perce les mystères les plus cachez; il aioute à des cognoissances imaginaires des phantaisies chimériques. Ainsi tout est plein de fausses lumières; ainsi les impressions ou iettées par l'artifice des imposteurs, ou naissantes dans les esprits par vn raisonnement bizarre et mal fondé estouffent les plus belles véritez; ainsi nous calomnions nos libérateurs; et nous couronnons nos tyrans.

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L'exemplaire de la Bibliothèque nationale porte une note manuscrite d'une écriture du temps, qui est ainsi conçue: « Tuez: M. Le Gras, Maistre des Requestes; M. Miron, maistre des comptes, qui sont les 2 collonnels sy dessus, des plus affectionnez pour le parti des Princes. » Je trouve en effet Miron, sieur du Tremblay, maître des Comptes, dans la Liste de messieurs les colonels de la ville de Paris, etc., en 1649 [2307], mais point Le Gras.

Ce pamphlet est avoué par le cardinal de Retz dans ses Mémoires.

l'ay essayé, pour me tirer de ces labyrintes dans lesquels nos esprits se trouuent enueloppez, de démesler ces confusions; ie me suis proposé de ne plus chercher la vérité dans le discernement des faits, qui reçoiuent vne infinité de iours tout différends, qui sont contestez iusques dans leurs moindres circonstances par les deux partis; et i'ay voulu iuger du vray par le vray semblable, qui ne fait ne fait pas tousiours, à la vérité, vne raison démonstratiue, mais qui est pourtant assez souuent et presque tousiours opposé au faux, et à mon sens la règle la plus certaine dans ces sortes de suiets si diuersifiez, si mystérieux, si pleins d'obscuritez et de nuages, que l'on peut dire auec beaucoup de raison qu'il est impossible de les pénétrer par d'autres moyens.

Sur ce fondement, i'ay fait des réflections sur la plus grande partie de tout ce qui s'est fait depuis nos derniers troubles. l'espère de les donner au Public dans quelque temps. Celles que vous lisez présentement sur la conduite de M. le Cardinal de Retz, ne seruent que d'essay pour vn plus grand ouurage; ie les ay choisis de préférence pour cet effet parceque les bruits que l'on a respandu contre luy, m'ont paru plus particulièrement que tous les autres opposez au vraysemblable.

Les Libelles qui ont esté composez depuis quelque temps sur son suiet, nous veulent faire croire qu'il a soustenu les intérests du Mazarin. Y a-t-il apparence qu'il souhaitte la conseruation et qu'il procure l'agrandissement d'vn Ministre qu'il a attaqué dans sa plus grande puissance, qu'il a cruellement offensé dans vne infinité de rencontres différentes et dont la grandeur est incompatible auec la sienne par la ialousie naturelle qui est entre eux par leurs dignitez? Le Cardinal de Retz

est il assez stupide pour prendre confiance aux promesses du Cardinal Mazarin? Le Cardinal Mazarin est il assez hardi pour ne pas craindre la vigueur du Cardinal de Retz? Le Cardinal de Retz a-t-il paru iusques icy assez attaché aux intérests de M. le Prince pour auoir procuré le retour du Cardinal Mazarin, qui luy a redonné tous les aduantages que les succez si malheureux qu'il auoit eus en Guyenne, luy auoient fait perdre? Le Cardinal de Retz trouuoit il quelque utilité à la seule chose qui estoit capable d'obliger Paris à receuoir M. le Prince? Si le Cardinal de Retz vouloit agir en homme de bien, se pouuoit il résoudre à contribuer à vne action si fatale à l'Estat? et si l'ambition estoit le Principe de sa conduite, prenoit il le restablissement du Mazarin, d'vn Ministre tout puissant à la Cour, d'vn Fauory qui ne laisse aucune part dans les affaires, mesme à ses meilleurs amis; se seruoit il, dis ie, de son restablissement comme d'vn instrument fort propre pour contenter sa passion? Cela peut estre vray; mais il faut auouer que cela n'est pas vraysemblable.

le

On nous a voulu persuader par vne infinité d'escrits et de discours respandus dans le Public, que M. le Cardinal de Retz auoit des négociations à la Cour. Est il croyable que ses intrigues, ses cabales, ses traittez ayent esté si secrets que l'on n'ait iamais pu, ie ne dis pas conuaincre, mais auancer vne seule preuue particulière; que ceux qui auoient tant d'intérest à iustifier ce qu'ils publioient si hautement, ayent esté obligez de se contenter de ietter des bruits vagues, des bruits des bruits que l'on iette également contre les plus innocens et contre les plus coupables? et y a-t-il apparence qu'vn homme ob

serué par vn Prince qui a dans les mains toutes les forces d'vn grand party, qui a tant d'intelligences dans la Cour, ait pu dissimuler si adroitement sa conduite qu'il l'ait absolument cachée, au mesme temps que les négociations faites auec le Cardinal Mazarin par Chauigny', par Faber, par Montaigu, par Gaucourt, par Gouruille, ont esté sceues iusques dans leurs moindres circonstances, ont esté éuentées à la Cour, ont esté publiées dans Paris et ont esté confirmées ensuite par la notoriété publique? Il est presque impossible que les actions du Cardinal de Retz eussent esté plus couuertes. Cela pourtant peut estre vray; mais il faut auouer que cela n'est pas vray semblable.

A-t-on rien oublié pour reietter tout ce qui a paru de langueur dans le Party des Princes sur les artifices de M. le Cardinal de Retz? Auec combien d'emportement ou plustost de fureur a-t-on exaggéré le peu d'effort que l'on fit à l'entrée du Cardinal Mazarin pour arrester sa marche? A qui s'est on pris du peu d'ordre qui paroissoit dans les affaires, du peu de concert qui paroissoit pour les desseins? Le Cardinal de Retz s'opposoit à l'establissement d'vn Conseil; le Cardinal de Retz empeschoit la leuée de l'argent et des troupes; le Cardinal de Retz faisoit des cabales dans le Parlement; il partageoit l'armée; il l'empeschoit d'agir; enfin le Cardinal de Retz estoit la véritable remore de ce grand vaisseau qui, sans

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On ne compte pas moins de cinq pamphlets sur les négociations de Chavigny les Articles de la paix proposez à Saint-Germain en Laye, etc. [417]; Auertissement aux bons bourgeois sur le suiet de la conférence, etc, [449]; Journal véritable et désintéressé de tout ce qui s'est fait et passé tant à Saint-Germain en Laye, etc. [1764]; Lettre d'vn bourgeois de Paris escrite à vn sien ami de la ville de Lyon, etc. [1354]; Relation véritable de tout ce qui s'est passé à Saint-Germain en Laye [3248].

ses impressions occultes, alloit brauer les tempestes et donner la loy à tout le Royaume. Quand la postérité apprendra que M. le Prince trouua à son retour de Guyenne vne armée de dix mil hommes composée de vieilles troupes, qu'il en prit possession par vn aduantage signalé sur les trouppes du Mareschal de Turenne1, sans contredit plus foibles que les siennes, qu'il entra dans Paris auec les nouuelles de cette victoire, qu'il fut receu au Parlement auec acclamation'; et quand la postérité verra ensuitte que tout ce Party s'est éuaporé, que ces dix mil hommes sont demeurez sans chefs, que ce qui en est resté, n'y a seruy qu'à faire passer en triomphe deuant les bourgeois de Paris les instrumens de leur ruyne; quand, dis ie, la postérité lira les deux parties de cette histoire, elle aura peine à se résoudre d'accuser le Cardinal de Retz d'auoir ralenti la vigueur du Party. Elle iugera sans doute qu'il y a plus d'aparence de reietter les manquemens que l'on a remarqué dans la conduite des affaires, deuant que M. le Prince fust venu de Guyenne, sur ses créatures et sur ses négociateurs que sur M. le Cardinal de Retz; ils s'estoient assez intéressez à faire que M. le Duc d'Orléans ne fust pas maistre des choses pour ne pas souhaitter qu'il y eust assez de vigueur dans le Party pour le rendre indépendant de M. le Prince. Chauigny, qui tiroit toutes ses forces de la protection et de la confiance de M. le Prince, selon les règles de la basse politique dont il fait

Le combat de Bleneau. Il y en a plusieurs récits, et entre autres la Relation véritable de ce qui s'est passé entre l'armée de MM. les Princes et les troupes Mazarines, etc. [3229].

2 Relation sommaire et véritable de tout ce qui s'est passé au parlement dans les deux dernières assemblées, etc. [3177]; Particularités du résultat des trois assemblées du parlement, etc. [2717].

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