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testables conseils qu'on luy donne, s'opposeroit dans vostre esprit à ce dessein, que vostre Maiesté ne voulust pas par vne seule parole garantir son Royaume du péril qui le menace, et en le tirant d'vn abysme de malheur, le combler de félicité et de gloire.

Mais si Dieu pour la punition de nos péchez ne permet pas que cette image si sincère et si naïue de nos maux et des remèdes qu'on y peut donner, arriue iusques à leurs Maiestez par l'obstacle qu'y apporteront ceux qui ont tant de suiet de craindre qu'elles ne connoissent la vérité, que deuons-nous faire et quelle résolution deuonsnous prendre pour nous empescher de périr? Ie croy que toutes les personnes non passionnées qui liront cecy, iugeront que si pour estre capable d'en dire son aduis, il suffit d'estre détaché de tout autre intérest que de celuy du bien public, i'ay droict de dire le mien parce que ceux à qui l'on donne le nom odieux de Mazarins, le nom factieux de Princes et le nom détestable de Parlementaires, seront également mécontens de moy et qu'ainsi il ne peut y auoir que les bons et véritables François qui soient satisfaits de ce discours.

Ie dis donc sans crainte et auec l'asseurance que me donne le tesmoignage de ma propre conscience, que si le Roy, nonobstant toutes les remonstrances et les supplications qui luy ont esté faites iusques icy d'esloigner le Cardinal, veut absolument le conseruer, il faut se soumettre et luy obéir. Il faut que Paris luy ouure ses portes, sinon auec ses acclamations de ioye ordinaires, au moins auec les mesmes respects. Nous luy deuons cela comme à nostre Roy puisque Dieu nous le commande; et nous nous le deuons à nous-mesmes puisqu'il n'y a point d'homme raisonnable qui ne demeure d'accord qu'encore que le

Cardinal soit tel que ie l'ay représenté, dix Ministres semblables à luy ne sçauroient faire en dix ans autant de maux que nous en souffrons depuis deux mois et que nous en souffrirons tousiours de plus en plus si nous nous portons dans la réuolte.

Que si nous en vsons de la sorte et n'employons autres armes pour combattre le Cardinal que nos prières et nos larmes enuers Dieu et enuers le Roy, afin qu'ils nous en déliurent, ne deuons-nous pas espérer que sa Maiesté estant pleinement satisfaite de nostre obéissance et mieux informée qu'elle n'est du tort que lui fait cet infortuné Ministre, elle écoutera fauorablement nos plaintes; elle exaucera nos vœux et fera par elle-mesme et auec ioye, en l'esloignant volontairement, ce qu'on ne la sçauroit contraindre de faire, quand on le pourroit, sans ruiner toute la France en l'exposant en proye à la vengeance de ses anciens et irréconciliables ennemis et à la fureur de tant de nouueaux tyrans qui s'élèueroient dans la pluspart de nos propres Prouinces et de nos places.

Voilà sans déguisement et sans artifice aussi bien que sans intérest et sans passion ce que i'estime que l'on doit faire. Mais il n'y a point de temps à perdre pour se résoudre. Le moindre moment importe de tout, lorsqu'on est sur le bord du précipice; et cette conioncture est telle que trois iours, deux iours, vn iour de retardement peut encore si fort accroistre nos maux qu'ils deuiendront, possible, irrémédiables.

GRAND DIEV, qui depuis tant de siècles faites des miracles continuels pour soustenir cette Monarchie, ne permettez pas qu'estant encore assez puissante pour faire trembler ses ennemis, elle se destruise par elle-mesme.

Inspirez aux peuples des sentimens d'amour, de respect et d'obéissance pour leur Roy. Faites que toute la maison Royale et tous les ordres du Royaume conspirent ensemble pour la grandeur et la félicité du Royaume; et que cette réunion générale qui ne sçauroit pas ne point produire la paix générale, appaise nos douleurs, essuye nos larmes et adoucisse de telle sorte la mémoire de nos maux passez que nous ne nous en souuenions que pour vous rendre des actions de grâces immortelles d'auoir fait céder vostre iustice à vostre clémence en arrestant le cours de vos chastimens qui, quelques terribles qu'ils soient, sont beaucoup moindres que nos péchez.

Satyre du parlement de Pontoise [3590]. ¦

(7 août 1652.)

A vous Membres d'vn Parlement
Basty, le bon Dieu sçait comment,
Paris enuoye cette lettre,

Non qu'il yeuille vous recognoistre
Comme les Iuges souuerains
Mais comme fieffés Mazarins;

Et comme tels pour vous apprendre

Qu'à vous n'appartient pas d'entendre,
Ny de vuider aucun Procez,

A moins que de commettre excez

Et violer la loy ciuile,

Qui tant aux champs comme en la ville

Nous permet Iuges récuser,

Quand sur eux on trouue à gloser.

Or dessus vous vn chacun glose Et produit bien plus d'vne cause Pour clore vostre digne bec

Et mettre vos Arrests à sec.

bestes

Primo, l'on vous tient vn peu
(Vous verrez tantost si vous l'estes);
Secundo, pour intéressez;

Et si cela n'est point assez,
Tertio, pour gens de qui le nombre
De son corps ne peut faire l'ombre;
Quarto, pour des gens vacabons,
Et comme vn huis hors de ses gonds;
Enfin pour gens de Triquenique,
A qui l'on doit faire la nique,
Et qu'on va chiffler au Palais
Si vous y reuenez iamais.

Primo, si bestes on vous nomme,
Qui de vous se pourra dire homme?
Et n'est ce pas vn trait d'oysons
D'auoir délaissé vos maisons,
Paris et la Chambre dorée,

Où la Iustice est adorée,

Pour suiure ce Maistre Jean-cû
Qui vous a fait placer le cû
Dans vne ville de Pontoise,
Pour trancher, dans ce nid à rat
Des Iuges du plus haut karat.
Secundo, n'est il pas visible
Que celuy qui rend tout possible,
l'entens le diable d'intérest,

Vous a fait ployer le iarret

Et prosterner deuant la beste
Dont vous auez proscript la teste?
Premièrement, vous président

Dont la barbe cut tant d'ascendant

Sur la pauure badauderie1
Et pourquoy si sainct et pieux,
Estes vous si peu soucieux

Du bien de nostre ieune Prince,
Dont on rend le crédit si mince,
Si ce n'est que vos intérests
Vous touchent vn peu de plus prests?
La Mitre et la rouge Calotte,
Dont vostre espérance on balotte,
Les abbayes et les Sceaux

Sont, direz-vous, de bons morceaux,
Et méritent bien que l'on choye
La main qui tient si belle proye.
Et vous Président de Noyon2.
Pourquoy faites-vous le coyon;
Vous, qui iadis aux assemblées,
Donniez de si rudes sanglées
A ce faquin que vous suiuez?
Nous iurerions que vous creuez,
Si nous ne sçauions qu'vne crosse
D'vn Genest peut faire vne rosse,
Comme l'Éuesché de Beauuais,
D'vn homme de bien vn mauuais.

Et vous Coigneux, que la grand'chambre
Rend plus froid que neige en décembre,
Qui vous rend si fort différend

De feu Monsieur vostre Parend?
le veux dire feu vostre père,

Qui fuioit comme vne vipère

'Le premier président, Mathieu Molé. Poëme sur la barbe du prem. présid. [2305].

Nicolas Potier de Novion, président au mortier. Il était désigné pour être chassé de Paris, ainsi que Menardeau, dans la Très humble remontrance des bons bourgeois de Paris à nos seigneurs du parlement, etc. [3813].

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