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les mains de nostre Illustre Sénat, afin qu'il vous plaise, pour la gloire de Dieu, pour la conseruation de l'authorité Royalle, pour le bien public de la France, pour le soulagement du pauure Peuple, pour l'acquit de vos Charges et de vos consciences et pour vostre propre réputation, Ordonner par vn Arrest public, solennel et irréuocable, non tel qu'ont esté ceux que vous auez donnez et qu'on a partout mesprisez iusqu'à cette heure, parce, dit-on, qu'ils venoient d'vne puissance rebelle à la puissance souueraine, au lieu que nous voyons que ceux de vos confrères retirez à Pontoise par ordre du Roy sont reconnus et honorez par tout le Royaume auec vne entière réuérence pour cette raison seule que ceux qui les ont donnez, sont appuyez de l'approbation et de l'aueu de sa Maiesté et qu'ils luy ont fait paroistre la syncérité de leurs intentions pour le bien de son Seruice, en se rangeant auprès de sa personne pour obéir à ses Ordres.

Et nous vous supplions de nous permettre, Nosseigneurs, de faire icy vne petite digression pour vous demander la résolution d'vne difficulté qui nous trauaille et nous met depuis quelque temps en inquiétude; car si ceux mesmes qui se sont destachez de vostre Corps pour s'assembler où il a plu au Roy, et auec eux tous les autres Parlemens du Royaume, font si peu d'estat de vos Arrests qu'ils ne craignent pas de les reietter par d'autres tout contraires, iusques là que celuy de Toulouse nous deffend de les reconnoistre sur peine de la vie; ditesnous, de grâce, Nosseigneurs, pourquoy prétendez-vous que nous préférions le iugement d'vne seule Cour, qui est la vostre, au iugement de toutes les autres, qui sont en grand nombre, et principalement lorsque d'vne part la

violence de la populace et des Princes vous a raui la liberté de vos opinions, et que de l'autre vous condamnez vn premier Ministre d'Estat par des Arrests que la passion qui vous anime contre luy, a seule pu vous inspirer; d'où vient aussi que les autres Cours qui agissent librement et qui n'ont pas la mesme hayne contre le mesme homme, ne le traitent pas dans la rigueur dont vous l'auez traité, mais la condamnent ouuertement. Est-il iuste, nous dit-on, de préférer l'aduis d'vn Parlement captif et offensé à celuy de tant d'autres qui ne sont ny esclaues ny passionnez? de quelle ioye ne serions-nous pas touchez, Nosseigneurs, si vous nous faisiez le bien de nous instruire familièrement et clairement sur tous ces doubtes si considérables et qui estant bien éclaircis, nous donneroient tant de facilité de sauuer l'honneur de vostre Compagnie qui nous est si chère et à qui les moindres gens ont la hardiesse de faire ces reproches! Mais, pour conclure enfin et pour ne pas abuser de vostre patience plus long temps, qu'il vous plaise, Nosseigneurs, ordonner par vn Arrest ferme et estably sur le fondement inesbranlable de l'authorité Royalle, que désormais elle sera partout reconnue comme elle doit; que chacun se tiendra dans son rang et dans son deuoir; que le Parlement reprendra son zèle ancien et son ancienne conduite; que les Pensions et les traitez auec les Espagnols seront désaprouuez et chastiez; que les Troupes Ennemies seront repoussées; que la Guerre ciuile sera entièrement estouffée, à quelque prix que ce soit; que l'on trauaillera continuellement à la réunion de la Maison

Royalle; que le pauure Peuple sera soulagé de tant de calamitez, et que toute la France estant en paix employera toutes ses forces et toute son industrie à procu

rer celle de toute l'Europe et de toute la Chrestienté; et vous ferez bien.

Aduis important et nécessaire aux Corps de Ville, Bourgeois et Citoyens de la Ville de Paris sur la prochaine élection d'vn Préuost des Marchands, par lequel par de grandes et importantes raisons il leur est monstré que pour le bien et salut de la Ville il est nécessaire de procéder à l'élection d'vn Préuost des Marchands suiuant les anciens Droicts et Vsages et comme il a esté pratiqué dans l'élection de Monsieur de Broussel, Conseiller en Parlement, sans plus receuoir Ordre ny Lettre de Cachet de la Cour ny d'vne autre Puissance, comme contraire aux Ordonnances; auec la Response aux Obseruations contraires et les moyens pour se restablir dans cet ancien Droict d'Élection [522].

(24 septembre 1652.)

COMME la puissance des Roys s'est augmentée de temps en temps, leurs Fauoris et premiers Ministres qui ont abusé de leur authorité, ne se sont pas contentez, pour auoir le gouuernement de l'Estat, de disposer des principalles charges du Royaume dans la Iustice, Finances et Guerre; ils ont encore voulu se rendre Maistres des Villes; et, pour y paruenir, ils ont creu ne pouuoir mieux faire que d'entreprendre sur leur liberté dans le

choix de leurs magistrats municipaux; et, comme ils ont regardé la Ville de Paris comme la Capitalle du Royaume et celle qui donne le mouuement à toutes les autres, leur principal soin a esté de luy oster sa liberté dans l'élection d'vn Préuost des Marchands, qui est le chef de ces magistrats municipaux, et de luy en donner vn à leur déuotion, s'estant persuadez que, s'asseurant de cette Ville par ce moyen, ils s'asseureroient en mesme temps et d'vn mesme coup de toutes les autres. Mais, craignant qu'vne oppression si violente et odieuse ne causast vne iuste indignation, capable d'alienner le cœur de ses habitans de l'amour qu'ils ont naturellement pour les Roys, en la priuant de ce Droict légitime d'Élection, ils luy en ont laissé les anciennes formes; car, quoy qu'elle ne soit plus libre en son choix, néantmoins, comme si elle auoit encore cette liberté, dans cette occasion, les Ministres se seruant du nom du Roy, ne font que proposer à l'Assemblée, par la Lettre de Cachet du Roy qu'ils y enuoient par forme de recommandation, celuy qu'ils désirent introduire en cette place comme digne de leur suffrage. Mais on sçait que cette recommandation doit auoir son effet, comme auoit celle des Empereurs Romains pour le Consulat; de sorte que, quoy qu'on continue d'obseruer les anciens vsages, de donner sa voix aussy bien à celuy que les Ministres présentent pour le Préuost des Marchands, qu'aux Escheuins, néantmoins l'Assemblée n'ose pas en nommer vn autre, sçachant bien que cette nomination n'auroit pas lieu et que les Ministres employeroient la violence pour la faire casser et substituer en sa place celuy qu'ils auroient proposé.

Cette vsurpation sur le droict qu'auoit la Ville de Paris d'élire vn Prévost des Marchands, a commencé en

l'année mil cinq cent quatre-vingt quatorze. Cet abus s'est ensuite estendu dans les Prouuinces dans lesquelles les Gouuerneurs, comme ils sont tousiours à la déuotion des Ministres, aussi pour leur intérest et pour leur conseil, ils ont employé leur authorité pour faire donner ces charges à leurs créatures, principalement dans les Villes Capitalles de leurs Gouuernemens, afin de pouuoir par ce moyen disposer facilement de toute la Prouince; ce qui a principallement esclaté dans les Prouinces de Guyenne et de Prouence, où les Villes ont esté forcées de receuoir pour leurs Chefs ceux qui leur ont esté présentez par les Gouuerneurs, lesquels, pour authoriser cette iniustice et oppression, ont extorqué des Lettres de Cachet du Roy, par lesquelles ils ont fait nommer ceux de leur faction.

Les Villes ont longtemps souffert cette contrainte, ne voyant pas que la Iustice fust assez forte ny vigoureuse pour les en déliurer. Mais, comme cet attentat contre le droit naturel du peuple a esté suiuy de plusieurs actions de violence et d'oppression contre le seruice du Roy et bien de l'Estat et des peuples, au préiudice des lois fondamentalles du Royaume, que les premiers Ministres ont commises pour contenter leur ambition et auarice, ainsi que nous auons veu et éprouué malheureusement pendant le Ministère du deffunct C. de Richelieu, et après son décez, celuy du Cardinal Mazarin, le Parlement, à qui il appartient de maintenir les Loix de l'Estat, ne pouuant plus souffrir les désordres du Ministère qui alloient destruire l'ancien Gouuernement et les Principes de la Monarchie Françoise, a tant fait par ses soings et crédit qu'il a obtenu du Roy cette célèbre Déclaration du mois d'octobre 1648, laquelle sert de barrière aux viollences

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