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fait de cette visite, et la conduisit iusques à la porte de sa chambre, où ayant salué les vns et les autres, il les asseura, tant en général qu'en particulier, de son affection et de son seruice, et qu'ils auroient audience sur le midy.

Du logis de Monsieur le Chancelier, on fut chez Monsieur du Plessis Guénégault, et de là au logis de Monsieur Le Tellier, où se trouua Monsieur Seruien, auxquels après pareilles Harangues que deuant, ils asseurèrent la Compagnie de leurs seruices et bonnes volontez; que le Roy et la Reyne estoient tout à fait disposez au retour de Paris; qu'en ce qui dépendroit d'eux, ils feroient leur possible, iusqu'à se rendre supplians enuers le Roy pour la satisfaction de Messieurs les Bourgeois de Paris; qu'outre que c'estoit leur patrie, ils estoient encore obligez par affection et pour beaucoup d'autres considérations à souhaiter le Roy dans Paris et la tranquillité dans le Royaume. Ce qu'ayant dit, on les asseura que lé Roy approchant de Paris, on feroit vne haye de cent mil hommes depuis Paris iusques à S. Denys, lesquels né respiroient que la sacrée personne du Roy et sa présence. Sur quoy ils asseurèrent que ce seroit en bref, mais qu'il falloit voir le Roy et qu'ils auroient audience sur le midy.

L'heure venue, les Marchands s'assemblèrent dans le Jardin des Pères Cordeliers, et de là furent en Corps et en Ordre au Chasteau, reuestus de leurs Robbes de Garde, et là furent introduits par le Sieur Saintot, Maistre des Cérémonies, qui les conduisit dans la Galerie Neufue où ils furent bien vne demy heure, attendant que le Roy fust reuenu de la Messe; après quoy estant de retour, ils furent conduits dans vne Salle où estoit Sa Maiesté, accompagnée de la Reyne sa Mère, de Monsieur le Duc

d'Aniou, de Monsieur de Vendosme et autres Grands Seigneurs du Royaume, de Monsieur le Chancelier, de Monsieur le Garde des Sceaux, de Monsieur le Sur-Intendant des Finances, de Messieurs les Secrétaires d'Estat et autres Officiers de la Couronne. Là les Députez prosternez à deux genoux aux pieds de sa Maiesté, le sieur Patin fit sa harangue, supplia très humblement le Roy d'honorer Paris de sa présence et d'y apporter la Paix et la tranquillité tant désirée de ses fidels suiets; que c'estoit là le seul motif de leur légation, d'asseurer sa Maiesté de la fidélité et de l'obéyssance des Bourgeois.

Il n'eust pas finy que le sieur Brun, vn des Gardes des Marchands Merciers, fist sa Harangue et au Roy et à la Reyne, et dans la suitte de son discours entrecouppé de sanglots, beignant en pleurs, eust la force par l'affection et par le zèle qu'il tesmoignoit au seruice du Roy, de tirer les larmes de sa Maiesté et de la pluspart de l'assemblée, protestant qu'il ne souhaittoit de viure que pour se sacrifier au seruice et à l'obéyssance qui estoit deue à sa Maiesté, et qu'il désiroit auoir cent mil vies pour les luy pouuoir offrir et les sacrifier à ses pieds; que son cœur parloit pour cent mil hommes qui auoient la mesme affection que luy, coniurant la Reyne de porter le Roy à la Paix, de faire qu'elle fust donnée, et de la donner elle-mesme. Ce discours ainsi naturellement animé, et sans aucun artifice de Réthorique, tira du Roy quelques parolles bien veillantes; et la Reyne qui dit auoir les sentimens du Roy, asseura la Compagnie de toute affection que le Roy leur tesmoigneroit tousiours et leur en

donneroit en peu de temps des preuues qu'ils en auroient

toute satisfaction; qu'il estoit asseuré de leur fidélité, et très rauy de les voir; que ce n'estoit pas luy qui estoit

cause de tant de désordres, et qu'il estoit aussi bien qu'elle, très fasché de ce qu'ils auoient tant souffert et de ce qu'ils souffroient tant encore. A quoy fut respondu qu'il n'y auoit que la seule absence du Roy qui faisoit souffrir Paris, et que sa seule présence estoit capable d'en guérir tous les maux; que cinquante mil, voire cent mille hommes ne respiroient autre chose et que si sa Maiesté laissoit eschapper cette occasion, on ne pourroit pas sçauoir ce que ces gens là pourroient deuenir; que sa Maiesté estoit de rechef très humblement suppliée de mettre ordre à ces désordres, d'honorer Paris de sa présence et d'y apporter la paix.

Là, le sieur Perrichon, aussi l'vn des Gardes des Marchands Merciers et l'vn des Maistres de l'Hostel-Dieu de Paris, prit la parole, représenta au Roy la misère publique; que le dépeuplement de la campagne et la ruine des Fermiers et des Laboureurs, auec le peu qu'on auoit receu au bureau de la recepte généralle de l'Hostel-Dieu, estoit cause que l'on ne pouuoit plus entretenir aucuns pauures, bien loin d'en substanter trois mille que l'on estoit prest de renuoyer et de mettre sur le carreau, n'y ayant en l'Hostel-Dieu aucun moyen pour eux; qu'il pleust à sa Maiesté et à la Reyne de pouruoir à vne telle nécessité; que leurs Fermiers se préualant de la guerre ne se mettoient en nulle façon en peine de payer; que la présence du Roy dans Paris y apportant la paix estoit le vray moyen de faire subsister le pauure et l'indigent; qu'il ne tenoit qu'à sa sacrée personne que la charité, la plus haute des vertus, ne fust exercée; qu'il estoit très humblement supplié de mettre la main à l'œuure, et que par ce moyen, en le faisant et donnant à son peuple ce qu'il luy demandoit auec tant d'instance et de Iustice,

il surpasseroit en grandeur et en vertu tous les Roys ses prédécesseurs.

Le Roy pressé de douleur et de tendresse, ayant peine à luy respondre, dit seulement qu'il les remercioit; et la Reyne en continuant dit qu'il ne falloit point douter de la bonne volonté du Roy, et qu'il estoit asseuré de la fidélité et affection de ses fidels suiets et des bons Parisiens; fit leuer la Compagnie qui auoit tousiours parlé à genoux et la face contre terre; et après auoir dit qu'en peu on feroit en sorte de les satisfaire et que l'on en rechercheroit incessamment les moyens, le sieur de Saintot eut ordre de les faire retirer; et sortirent par vne autre porte après s'estre deux à deux prosternez aux pieds du Roy. Ils s'en retournèrent au Couuent des Cordeliers où ils furent conduits par Monsieur le Comte de Nogent, qui les asseura de la bonne volonté de la Reyne et que tout iroit à leur contentement.

T'espère, Dieu aydant, donner à ma Patrie la satisfaction qu'elle pourra désirer des véritables relations de ce qui se passera en Cour pendant que i'y feray séiour, espérant continuer celle cy dessus auec autant de vérité et d'affection pour mes Compatriottes.

Virelay sur les vertus de sa faquinance [4030].

(1652.)

Il est de Sicile natif.

Il est tousiours prompt à mal faire.

Il est fourbe au superlatif.

Il est de Sicile natif.

Il est d'vn naturel tardif :
Il est lasche. Il est mercenaire.

Il n'est pas trop persuasif.
Il n'a iamais eu l'esprit vif.

Il n'est ni galant, ni naïf.

Il n'est qu'à son bien attentif.
Si le nostre le rend pensif,

Ce n'est que pour nous le soustraire;

Et d'vn accord consécutif

Le peuple ne cesse de braire :
Il est de Sicile natif.

Il est tousiours prompt à mal faire.

On ne sçait quel est ce chétif, Quel est son père présomptif, D'où nous est venu ce faussaire, S'il est noble ou s'il est métif; Et la Cour, comme le vulgaire, Chante pour tout point décisif : Il est de Sicile natif.

Il est tousiours prompt à mal faire.

Puisqu'il est si vindicatif,

Que son poison est corrosif,

Et qu'il a l'asme sanguinaire,

Qu'vn diable est son maistre instructif,

Qu'il n'est point de préseruatif,
De remède confortatif,

De vuide, ni de lénitif,
Qu'on manque de restauratif
Et qu'il n'est aucun correctif
Contre ce ministre offensif
Dont nostre perte est le motif,
Il n'est rien de plus positif

Que le Chrestien, comme le Juif,

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