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9 janv.

Qu'il emplissoit sa tirelire,
Qu'il haïssoit nostre bon sire;
Luy mandèrent que dans ce iour
Il se retirast de la Cour,

Et dans huict de France il fist gille;
Sinon, enioint à bourg, à ville
De luy courir sus comme au loup
A qui chacun donne son coup,
Taloche, coupanne, gringuenaude,
Et de luy ietter de l'eau chaude;
Indulgence à qui l'occiroit ;
Cependant que l'on armeroit
Pour la seureté des entrées,

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De la plus leste bourgeoisie,
Que l'on pensoit faire sortir;
Mais elle n'y put consentir.
Néantmoins c'estoit la plus leste;
Iugez donc par elle du reste;
Et dès ce iour l'on connut bien
Que la meilleure n'en vaut rien.
Or ce iour, de quelque village
Il vint du pain et du fromage;
Mais que nous causa de tourmens,
Et plus qu'aux plus parfaits amans
L'esloignement d'vne maîtresse,
L'absence des pains de Gonesse!
Que quinze cens colintanpons
Assurèrent estre fort bons,

Comme des Gardes quelque bande
La pinte de Saint Denis grande,
Gardes qui parurent très fiers
Aux pauures choux d'Auberuillers'.
Ce même iour, fut restablie
La taxe du temps de Corbie 2,
Auec ordre à chaque habitant
De
payer vne fois autant;
Que pour ioüyr des bénéfices
Attachez aux premiers offices,
Les conseillers mal-agréez,
En six cens trente cinq créez,
Payeront trois cens mille liures,

Pour faciliter les passages

Aux hommes des prochains villages
Qui, trouuant libre le chemin,
Fournirent les marchés de pain
Qu'on reçut auec allégresse.

'Le Siége d'Auberuilliers, en vers burlesques [3669].

2 Arrét de la Cour de parlement concernant la leuée des deniers pour le payement des gens de guerre [219].

10 janv.

Dont ils feront charger les liures 1.
Ce iour il n'entra pas un boeuf2;
Mais les vaillans princes d'Elbœuf,
Et notamment le Duc leur père,
Fort touché de nostre misère,
Auec vn ioly compliment

Se vint offrir au Parlement
Pour estre le chef de l'armée;
Et sa valeur fut estimée.
Cette nuict, on fut aduerty
Que le grand Prince de Conty
Auec le Duc de Longueuille
Estoient receus dans nostre Ville.
Monsieur d'Elboeuf fit le serment
De général du Parlement,
Dimanche, du mois le dixiesme.
Monsieur de Conty, ce iour mesme,
Vint asseurer toute la Cour
De son zèle et de son amour;
Et Messieurs firent mine bonne

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Moyennant quoy, comme anciens,
Ceux qui succèdent à leurs biens,
Leurs enfants pourront et leurs veufues
Disposer de leurs charges neufues,
Ainsi que d'autres Conseillers;
Veut la cour qu'emprunt de deniers
Soit fait tant que la somme monte
A cent mille escus de bon conte
Et cent cinquante mille francs;
Veut
que Messieurs les Présidens
Et Conseillers de toutes chambres,
Enquestes, Requestes, ses membres,
Bref chaque chambre paye autant,
Afin que chacun soit content;
Et que les Maistres des Requestes
Tiennent cent mille liures prestes.

Ce iour, il entra peu de bœuf.

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Ordre aux villes, bourgs et villages,
D'en faire de cruels carnages;
Deffense de luy rien fournir
Que de bons coups à l'aduenir;
Qu'en toutes les places frontières
Les garnisons seroient entières,
Et de ceux qui contreuiendroient,
La vie et les biens respondroient.
Par l'autre Arrest on donnoit ordre
Aux Escheuins de ne desmordre
Des nobles charges qu'ils auoient,
Et de faire comme ils deuoient;
Au Prévost des Marchands de mesme;
Et parce qu'il estoit fort blesme
Depuis que le peuple zélé

Avoit sur luy crié Tolle,

La cour donna des sauues gardes

1 A ce fleuron de la couronne.

2 Tout le monde sait que le prince de Conty était contrefait.

Arrêt de la Cour de parlement.... par lequel il est défendu à tous gouuerneurs des villes frontières ou autres places de laisser sortir aucuns canons, etc. [221].

▲ Arrêt de la Cour de parlement, toutes les chambres assemblées, etc.

Pour sa personne et pour ses hardes1.
Le Lundy (si ie n'ay menty),
Monsieur le Prince de Conty
Fut receu Généralissime

D'vn consentement vnanime,
Ayant soubs luy trois Généraux 2,
Dont on feroit bien six Héros :
Sçauoir, le Mareschal La Mothe,
Dont la mine n'est point tant sotte;
Bouillon, et le grand Duc d'Elbœuf,

1 Ce iour, on enroolla soldats;
Et des canons, gisants à bas
Dans l'Arsenal, furent de terre
Leués sur leurs affusts de guerre.

Sçauoir le Duc d'Elbeuf pour vn,
Braue homme s'il en fut aucun;
Le duc de Bouillon, dont l'estime
Vient fort à propos pour ma rime;
Et le grand La Mothe Houdancourt
Deuant qui tout le monde court.
Pour Monseigneur de Longueuille,

Son humeur honneste et ciuile

Et son zèle à seruir le Roi

Lui fit refuser de l'emploi,

Soit qu'il craignist que ialousie
S'emparast de la fantaisie
(C'est comme en parle le Courrier)
Du Duc d'Elbeuf, fait le premier
Général des troupes Royales;

Soit qu'il voulust fuir les scandales
De cette contestation.

Il fit vne belle action;

Car ce Seigneur prudent et sage

Donna ses enfans en ostage

Auec Madame leur mamman

Qui n'est superbe comme vn pan,

Mais dont l'humeur douce et courtoise

Cause auec la moindre bourgeoise.

Le duc de Bouillon l'imitant

En a bien voulu faire autant.

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