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Qui dans la guerre n'est pas neuf;
Mais quand au Duc de Longueuille,
Comme il est d'humeur fort ciuille,
Il refusa de prendre employ,
Et pour nous témoigner sa foy,
Laissa ses enfans pour ostages,
Auec sa femme pour les gages.
Et c'est tout ce qui nous resta
De tout ce qu'il nous protesta.
Dès lors Mars du party contraire
De celuy de son petit frère
(Car si Mars estoit contre nous,
Prince, sans doute c'estoit vous)
Commandoit les trouppes Royalles,
Qui festèrent les Bacchanales,
Et qui respandirent du vin
Iusques sur l'autel de Caluin.

A Charenton, dis-ie, vos trouppes
S'enyurèrent comme des souppes;
A vostre barbe, à vostre nez,
Force pucelages glanez,

Où quelques ieunes blanchisseuses
Se trouuèrent assez heureuses.
Dans les enuirons vos soldats
Firent de notables dégats,
Des assassinats, des pillages,
Des rauages, des brigandages.
Le Comte d'Harcourt à Saint Clou
En fit moins, et tousiours beaucoup.
Nous n'y pouuions donner remède.
Lors vn Président fut fait aide
De Monsieur des Landes Payen,
Qui n'a que le nom de Payen,

Homme vtile en paix comme en guerre,
Qui sçait ioüer du cimeterre,

Et s'escrimer dans vn combat,
Bon conseiller, et bon soldat;
Il auoit depuis ces vacarmes
Sur les bras tout le fait des armes,
Quand Broussel auec Menardeau
Prirent la moitié du fardeau1.

Le Mardy, le Conseil de Ville
Fit vn règlement fort utile,
Sçauoir que pour leuer soldats
Tant de pied comme sur dadas,
L'on taxeroit toutes les portes,
Petites, grandes, foibles, fortes;
Que la cochère fourniroit
Tant que le blocus dureroit,
Vn bon cheual auec vn homme,
Ou qu'elle donneroit la somme
De quinze pistolles de poids,
Payables pour la première fois;

Ce iour, vn arrest donné porte,
Pour rendre la ville plus forte,
Qu'on trauaillera tous les iours

Aux retranchements des faux bourgs,

Et qu'à cette fin sera prise
La terre qui sera de mise,
Sauf d'indemniser par après
Et de payer les intérests
A Messieurs les propriétaires
Quand on sera sorti d'affaires.

L'on députa, ce mesme iour,
Quelques Conseillers de la Cour;
Les vns pour voir si la police
S'exerçoit auecque iustice,

Pour le commerce des marchands,
Pour le supplice des meschants;
Les autres pour d'autres affaires
Et pour les choses nécessaires
Tant au dedans comme au dehors;
Quelques-vns pour les passeports.

Les petites, vn Mousquetaire, Ou trois pistolles pour en faire : Hommes chez le marchand sortans Et tous fins neufs, et tous battans. Ce iour, en leuant sa béquille Le Gouuerneur de la Bastille, Qu'on nommoit Monsieur de Tremblay, Luy qui iamais n'auoit tremblé, Viel soldat et viel gentilhomme, A Monsieur d'Elbœuf qui le somme De luy remettre ce Chasteau, Respondit très-bien et très-beau Qu'il ne luy plaisoit de le rendre, Et qu'il prétendoit le deffendre; Mais il ne fut pas si méchant Que six canons dessus le champ Ne nous ouurirent cette place Sans auoir touché la surface. Ce n'est pas qu'il ne fissent pouf, Que la garnison ne dist ouf, Qu'elle ne parust sur la brèche, Qu'elle n'employast poudre et mèche, Que maint coup ne fust entendu; Mais c'est qu'il estoit deffendu, Que dans ce beau siége de balle Aucun costé chargeast à balle Qu'il n'eust crié : Retirez vous,

• Cette place bien deffendue
Quoiqu'auancent certains messieurs,
Vulgairement dits des rieurs,
Qu'en nos mains elle estoit remise
Trois iours auant qu'elle fust prise,

Que par ieu ioua le canon

Pour nous faire croire que non;

Et disent plus, les meschants hommes,
Qu'il n'estoit chargé que de
pommes

13 janv.

Arrivée du duc

de Beaufort.

Autant pour eux comme pour nous,
Sur les mesme peines qu'on donne
Au meurtrier d'vne personne;

Car quiconque eust fait autrement,
Auroit péché mortellement,
Tout autant qu'en vn homicide.
Vn homme moins vaillant qu'Alcide,
Mais certes plus homme d'honneur,
Broussel, en fut fait gouuerneur;
Et son fils en cette occurrence
Fut pourueu de la Lieutenance1.
Le Mercredy, mis sur pied fut
Le premier Régiment qu'on eut;
Sur pied, non, i'aperçois que i'erre,
Les pieds n'en touchoient point à terre;
Nos guerriers estoient sur cheuaux 2
Prêts à fuyr deuant les Royaux.

Ce fut cette mesme iournée
Qu'vne petite haquenée
Apporta de nostre costé
Alexandre ressuscité,

Ce grand Beaufort dont la présence
Nous rendit beaucoup d'asseurance,
Ce Héros, ce fils de Henry,
Ce braue, ce Prince aguerry,
Iusques chez Renard redoutable',
Ennemy iuré de la table,

1 Il se nommait de La Louvière.

2

Ces troupes à cheual estoient

Et de bons roussins les portoient.

Ce fut de Ianuier le treiziesme,

Qu'vn braue Marquis que tant i'aime,

Nommé La Boulaye autrement,
Leua le premier régiment.

Voy. plus haut le Branle Mazarin, etc.

Ce fameux fléau des Ierzais

Quand ils causent comme des iais,

Ce Mars qui bat, qui rompt, qui frappe,
Et perce tout iusqu'à la nappe,

Ce prince plus blond qu'vn bassin
Et plus déuost qu'vn capucin,
Qui mit en rut toutes nos femmes
Les honnestes et les infâmes,
Baisa touiours et rebaisa;
Car iamais il ne refusa

Ny Harangère ny Marchande,
Ieune, vielle, laide, galande,
Qui luy cryoit à qui plus fort :
« Baisez my, Monsieur di Biaufort. >>
L'vne tendoit vn vilain moufle;
L'autre rendoit vn vilain soufle.
L'vne estaloit ses cheueux blancs;
L'autre ne montroit que trois dents,
Dont l'ébenne estoit suffisante
Pour en faire plus de cinquante.
Il en baisa près de trois cens,
Toutes d'vn baiser innocent,
Fors vne ieune femme grosse
Qui descendit de son carrosse,
Disant, « Mon fruict seroit marqué;
Car dans le baiser applicqué
Au milieu de sa belle bouche,

Il eut vn désir de sa couche,
Et luy demanda rendez-vous,
En la baisant deux autres coups;
Mais il fut depuis à confesse.
Enfin ayant baisé sans cesse,

Aux lieux publics, dans les Marchez,
Maint becs torchez et non torchez,
Il fut descendre chez sa mère

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