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Bordeaux. Imp. de PROSPER FAYE, fossés de l'Intendance, 15.

INTRODUCTION.

Oihenart (Arnauld), né à Mauléon, se fit recevoir avocat au parlement de Navarre, et partagea ses loisirs entre les devoirs de sa profession et la recherche des antiquités des provinces méridionales. Le fruit de son travail est une description de la Gascogne et de la Navarre, qu'il publia à Paris, en 1638, in-4°. Les exemplaires avec la date de 1656 ne diffèrent des premiers que par le renouvellement du frontispice. Oihenart passe pour l'un des historiens les plus éclairés et les plus judicieux de son temps. On lui attribue encore: Déclaration historique de l'injuste usurpation et rétention de la Navarre par les Espagnols, 1625, in-4o; cette pièce a été insérée dans le recueil A. B. C., etc., tom. G ou VII, pag. 176-197*. Navarra injustè rea, sive de Navarræ regno contrà jus fasque occupato, expostulatio.

* A la suite de ce morceau, pag. 198–219, on lit un Avis pour la réunion du Béarn à la Couronne de France, qui porte également la date de 1625 et qui doit être du même auteur.

Ce traité est inédit; mais on en trouve un long extrait dans les Mémoires pour l'histoire de la Navarre, etc., par Aug. Galland, aux preuves, pag. 107 et suivantes.

Tels sont les maigres renseignements que donne sur l'auteur du présent volume la Biographie Universelle, le seul des recueils de ce genre où l'on ait consacré quelques lignes à l'historien des Basques; mais cette omission, au lieu de lui nuire, est tout entière à sa louange : elle prouve qu'exempt d'ambition et uniquement occupé de l'accomplissement de ses devoirs, Oihenart vécut dans une obscurité volontaire, charmant ses loisirs par la culture des lettres. C'est à son amour pour elles, aussi bien qu'à celui qu'il avait pour son pays, que nous devons le recueil de proverbes basques et les poésies en même langue dont nous avons entrepris de donner une seconde édition.

La première, bien que jusqu'à ces derniers temps on n'en connût que deux exemplaires, celui de la Bibliothèque du Roi et celui de Falconet*, n'en a pas moins été consultée, et plusieurs savants de notre époque s'en sont servis utilement. Le premier qui en ait parlé avec quelque détail, est M. Weiss, qui en a donné la description dans la Biographie Universelle**. Après lui, M. Fauriel a consacré à ce volume une note, malheureusement inexacte, dans son Histoire de la Gaule méridionale sous les conquérants germains ***; plus tard, M. le Roux de Lincy l'a compris dans sa Bibliothèque des proverbes, et en a cité quelques passages ****; M. le baron Taylor y a également puisé, mais plus largement, pour l'un de ses derniers ouvrages Enfin, M. Gustave Brunet a fait connaître encore davantage les Proverbes basques d'Oihenart: d'abord par un

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Voyez son Catalogue, tom. II, pag. 122, no 12741; il fut vendu une livre dix sous.

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Tom. II, pag. 354, 355.

**** Le Livre des Proverbes français. A Paris, chez Paulin, 1842, post 8°; tom. I, pag. cix.

***** Les Pyrénées. Paris, C. Gide, 1843, grand in-8°; pag. 614-617.

article inséré au Bulletin de l'Alliance des Arts'; ensuite par les citations qu'il en a extraites pour les rapprocher des proverbes basques recueillis par Voltoire.

Le premier, M. G. Brunet annonça que l'exemplaire de la Bibliothèque du Roi, jusqu'alors regardé comme unique, ne l'était pas, et qu'un bibliophile de Bayonne en possédait un autre, malheureusement imparfait. Le bibliophile en question, M. Jules Balasque, qui était devenu possesseur du précieux volume pour la bagatelle de 25 centimes, avait bien voulu me le confier pour en tirer parti dans l'intérêt des études philologiques. Dans ce but, je comparai l'exemplaire de Bayonne, d'abord avec celui de Paris, ensuite avec les manuscrits d'Oihenart conservés à la Bibliothèque du Roi dans la collection de du Chesne, et il ne me fut pas difficile de reconnaître que le premier de ces deux volumes était l'exemplaire de l'auteur lui-même, qui y avait consigné quelques corrections de sa propre main. Malheureusement elles ne sont pas aussi nombreuses que les fautes qui fourmillent dans cette édition; nous aimons à croire que ces fautes sont du fait de l'imprimeur parisien, dont Oihenart ne put surveiller le travail, et nous nous expliquons la rareté de ce livre en supposant que, mécontent de l'incorrection qui le déparait, l'auteur le détruisit entièrement. Quelque défectueux qu'il soit, il est heureux qu'à cette destruction, volontaire ou non, il en ait survécu au moins un exemplaire complet : c'est celui de la Bibliothèque du Roi, d'après lequel j'ai suppléé les lacunes de celui de Bayonne, auquel il manque le titre et plusieurs feuillets, surtout dans la seconde partie, consacrée aux poésies d'Oihenart **. En revanche, ce second exemplaire renferme douze pages

Tom. III, no 6. 10 septembre 1844; pag. 96.

** Le feuillet 45-46 est coupé dans toute sa longueur, et il en manque la moitié. En comparant ce qui reste, avec le feuillet de l'exemplaire de la Bibliothèque du Roi, j'ai reconnu, non sans étonnement, qu'il renfermait un autre texte : ce qui achève de me convaincre que l'exemplaire de Bayonne est bien celui d'Oihenart, qui l'aura formé d'épreuves et qui en aura retranché ce qu'il ne voulait pas laisser subsister.

de poésies basques, qui n'existent probablement nulle part ailleurs; cette partie, malheureusement incomplète, occupe six feuillets chiffrés 3-14 et placés à la suite des Proverbes. Le sort a voulu que le commencement et la fin de cette partie n'existassent plus. Et habent sua fata libelli. Après le chiffre 14, qui la termine, la pagination recommence et va de 1 à 75, sans compter deux feuillets contenant un titre et un avis au lecteur; quant aux Proverbes, ils occupent 80 pages, que précèdent un feuillet de titre et cinq de préface et d'errata. Le texte basque des Atsotizac edo Refraüac se trouve tout seul; vient ensuite une traduction faite par Oihenart, qui a négligé cette précaution pour ses poésies, sans doute par modestie.

Les proverbes recueillis par ce savant homme sont d'une lucidité et d'un laconisme remarquables. Pour les rassembler et les disposer dans l'ordre alphabétique, Oihenart a dû se livrer à un travail long et pénible, d'autant plus fastidieux qu'il lui a fallu puiser les éléments de son ouvrage dans les divers dialectes euscariens.

L'ouvrage est-il d'Oihenart tout entier? En d'autres termes, Oihenart a-t-il seul recueilli, dans les diverses provinces euscariennes, les proverbes que nous réimprimons aujourd'hui ? ou bien Oihenart a-t-il eu des collaborateurs? Voilà autant de questions à résoudre, et, je le crains, insolubles.

Le texte euscarien, dans lequel se trouvent mêlés les dialectes souletin, labourtin, guipuzcoan, navarrais, voire même biscaïen, nous porte à croire que les proverbes auxquels l'historien des deux Vasconies a attaché son nom, sont le produit de la collaboration des écrivains des six provinces basques. Il n'est pas supposable qu'Oihenart, livré à ses études classiques dans sa jeunesse, absorbé plus tard par les occupations du barreau, ait pu séjourner assez longtemps dans chaque province basque pour en apprendre le vocabulaire. Il a pu mettre à profit des recueils dus à des hommes de loisir, surtout à des ecclésiastiques, tels que celui qui se conserve parmi les manuscrits de la Bibliothèque nationale, à Madrid.

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