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sance extrême, le baron James de Rothschild, a bien voulu nous adresser de nombreuses et importantes communications.

Ainsi a fait le baron Jérôme Pichon, le célèbre collectionneur, le digne président de la Société des bibliophiles, qui a mis à notre disposition le résultat de ses recherches savantes, et dont nous sommes heureux de nous dire l'obligé.

Nous avons parlé plus haut de ces intrépides libraires qui depuis quelques années avaient pris haut la main la direction du mouvement littéraire et bibliographique que nous avons signalé.

C'est à ces libraires, c'est à leurs catalogues descriptifs, que nous devons en partie d'avoir pu mener à bonne fin notre long travail; aussi ne saurions-nous trop louer, de l'aide qu'ils nous ont fournie, MM. Auguste Fontaine, Maisonneuve, Morgand et Fatout, Claudin, Labitte, etc.

Ils ont fait œuvre de bibliographes; au lieu de ces sèches nomenclatures que nos voisins d'outre-Rhin et d'outre- Manche baptisent du nom de Catalogues, ils nous ont donné, nous ne saurions trop le répéter, de véritables livres de bibliographie, où nous n'avons eu qu'à puiser à pleines mains.

Le mouvement de recherches rétrospectives, de rénovation bibliographique, s'est étendu à la province tout entière; de nombreuses monographies consacrées à l'histoire des typographies locales nous ont révélé certains livres précieux jusque-là restés enfouis dans la poussière des archives départementales.

Les consciencieux travaux du respectable docteur Desbarreaux-Bernard, de Toulouse, ceux de MM. Martial Millet, Vaschalde, H. Gloria, Aug. Denis, Vayssière, et de beaucoup d'autres écrivains provinciaux, nous ont rendu de vrais services.

Les beaux ouvrages si recherchés de M. Harrisse, le bibliographe américain, les très-savantes lettres de M. Madden, si pleines d'ingénieuse perspicacité, la Bibliographie Cornélienne de M. Picot, les notices intéressantes de M. Hipp. Destailleur sur les artistes français depuis la Renaissance, les livres à vignettes de M. Cohen, tous ces excellents et savants ouvrages ont été mis par nous à contribution, « sans scrupule, mais non sans profit >>.

Pendant la composition et l'impression de ce livre de longue haleine, nous avons eu la douleur de voir disparaître deux libraires de Paris, qui, depuis bien des années, portaient le plus vif intérêt à nos travaux, et dont le premier, plus particulièrement, nous avait fourni, à mainte reprise, les plus curieux documents, MM. Edwin Tross et Auguste Aubry. Personne,

dans le monde des bibliophiles, n'a été mieux placé que nous pour appré cier à leur valeur les services qu'ils ont rendus à la bibliographie... et aux bibliographes.

Mais le deuil qui s'impose à tous, le deuil que les bibliographes et les bibliophiles des deux mondes ont le plus douloureusement ressenti, c'est celui qu'a provoqué la perte récente de notre respectable éditeur, M. Ambroise Firmin-Didot, le promoteur de ce livre, le maître et l'ami dont nous ne pourrons jamais oublier ni les enseignements ni la cordiale affection! C'était l'âme de tous les travaux consacrés à l'histoire de la Typographie, et les savantes recherches qu'il avait, à diverses reprises, publiées sur ces difficiles problèmes, étaient devenues classiques. Il est mort plein de jours, plein d'honneurs, sans laisser un seul ennemi! Son nom s'impose à notre admiration, comme son caractère s'imposait aux respects de tous. C'est sous l'égide de ce nom vénéré que nous avons placé notre livre ; nous sommes heureux que son fils, M. Alfred Firmin-Didot, qui continue dignement l'œuvre et les traditions de son glorieux père, ait bien voulu nous le permettre.

Un seul mot encore, et nous finissons.

S'il est un métier au monde, ingrat, pénible, ardu, mal rétribué, peu considéré, c'est, à coup sûr, celui de bibliographe. « Un bibliographe! qu'est-ce que c'est que ça?» disent les gens du monde, et ça est un euphémisme...

« Un bibliographe! disent les savants et quelques lettrés; mais c'est un sons-ordre qui a son utilité! D'abord il ne porte ombrage à personne, attendu qu'il est systématiquement écarté de l'administration des bibliothèques publiques; puis il peut, dans sa sphère modeste, nous rendre quelques services; quand nous sommes embarrassés, il nous renseigne à l'endroit des sources spéciales; il nous indique les curiosités scientifiques; c'est un catalogue ambulant..., etc., etc. »

Et Dieu sait s'il est quotidiennement consulté, ce catalogue!

Bref, un bibliographe peut, à tout prendre, mériter quelque intérêt. Eh bien! vous tous, à qui j'adresse ces dernières lignes, « Lecteurs trèsillustres, et vous, Abonnez très-précieux (car à vous tous, non à d'autres, sont desdiez mes escritz... »), si un bibliographe rend des services (et non point des arrêts), s'il est à certains égards digne de quelque indulgence, daignez lui savoir gré de ses efforts, et ne lui reprochez pas avec trop d'amertume ses faiblesses, ses oublis, ni même ses erreurs.

P. D.

DU LIBRAIRE

ET

DE L'AMATEUR DE LIVRES

(SUPPLÉMENT)

A

(Les chiffres entre crochets se rapportent soit aux mêmes ouvrages, soit aux mêmes éditions, déjà décrits dans le Manuel de Brunet.)

ABACO (Libro de). [7861]

A la vente Libri de 1861, figurait un exempl. complet de la première édit. de l'Abaco de 1478.

Une édition s. d., mais imprimée vers 1510, est indiquée dans le catal. du libraire Friedländer, de Berlin (1862); c'est un petit in-8, de 80 pp. Une autre édition également de 80 pp. et sans date, est portée au même catal.; elle offre de grandes différences et parait postérieure d'une dizaine d'années.

L'édition donnée à a Milano per Io. Antonio Borgo, s. d., in-8, est de 1547, et celle de « Venetia, Ant. de' Uberti, 1548 », est la réimpression pure et simple de la précédente; la première a été vendue, en mar. de Capé, 52 fr. Yéméniz.

A cette vente figurait une édition non décrite : - Libro de Abaco. Qui comeza la nobel opera de Arithmeticha nelaqual se tratta tutte le cose a mercantia pertinente fatta compilata per Piero Borgi da Venezia. Impressa in Venezia per Zuane Baptista Sessa. M. D I., in-4.

Bel exempl. en mar. de Capé, 140 fr. Yéméniz. A B C ou l'instruction des chrestiens. Pour bientost apprendre à lire, et former les lettres, tant pour les grands que pour les petits. Auec la figure et noms des lettres grecques à la fin. S. 1. (Genève), 1568, pet. in-8, de 16 ff.

2 Petit abécédaire à l'usage des jeunes protestants. 5 à 30 fr.; 70 fr. cat. Tross (1870).

TOME I.

A BC (L') avec plusieurs prières, fort propre pour instruire la ieunesse (GallicoGermanice). Nürnberg, Christoph. Lochner, 1591, in-8.

Non moins rare que le précédent. ABDIAS. L'histoire apostolique d'Abdias, premier Euesque de Babylon institué par les apostres, mise en François. A Paris, chez Thomas Belot, 1569, in-16.

Petit vol. rare; hagiographe quelque peu romanesque. 12 à 15 fr.

ABECEDARIUM. Sur vélin. 8 pp. de trèspetit format in-16.

Ce célèbre petit volume a été découvert par M. J. Enschede, imprimeur-libraire à Haarlem, en 1751; il était dissimulé dans un bréviaire hollandais, Ms. du XVe s., auquel les deux ff. sur vélin, dont il se compose, servaient de garde.

Le regrettable M. Holtrop a consacré à ce très-précieux incunable une longue dissertation, que, par respect pour sa mémoire et par souvenir pieux d'une honorable amitié, l'on nous excusera de donner in extenso.

« Ce petit livre, dit-il, contient un Alphabet, le Pater, l'Ave Maria, le Credo, l'Ave salus Mundi et autres prières très-courtes. Quoiqu'il ne porte ni nom d'imprimeur, ni indication de lieu, ni date, il suffit de jeter un coup d'œil sur le fac-simile (Monum. typogr. des Pays-Bas, pl. 12 (115), pour reconnaître dans les types leur origine hollandaise; les pages 1-8 et 4-5, qui ont été collées contre

la reliure, ont souffert lorsqu'on les en a détachées, ce qui leur donne un aspect usé; les autres pages sont mieux conservées. Les types sont mal faits; l'encre dont l'imprimeur s'est servi est d'une trèsmauvaise qualité; les lignes sont en général inégales; les pages mal enchâssées; les lettres u et n sont pour la plupart renversées; il y a même des syllabes à la fin de la ligne coupées en deux, comme à la p. 8e, où les deux premières lettres du mot « spiritu`» se trouvent à la fin de la 3o ligne, tandis que le reste du mot est transporté à la ligne suivante...

M. Chatto (History of Wood-Engraving, pp. 198-199), qui n'est pas partisan de la cause de Harlem, a vu probablement dans ces fragments une preuve en faveur de cette cause, et, pour l'écarter, il s'est permis d'accuser M. Enschede, un habile fondeur de caractères et imprimeur, d'avoir fabriqué ces pages. Il ne regarde pas cet Abecedarium comme une ancienne édition, mais, au contraire, comme l'essai d'un imprimeur hollandais, destiné à abuser de la crédulité populaire.

Mais, si M. Chatto eût mieux connu le caractère respectable de celui sur lequel il ose jeter un pareil soupçon, et surtout s'il eût mieux étudié les fragments en question, il se serait épargné la honte de voir retomber sur lui-même le ridicule et l'odieux de son insinuation.

«Du reste, la trouvaille des fragments d'un Donat imprimé avec les mêmes types suffit pour réfuter complétement l'accusation de M. Chatto.

« Les bibliographes ne sont pas d'accord sur le titre qu'il faut donner à ce petit livre. Meerman et Köning le nomment un Horarium; M. Enschedé le nomme un Abecedarium, et je crois qu'il a raison; car, si ce livret était réellement un Horarium ou livre de prières, l'on n'y trouverait ni un Alphabet ni le Credo. C'est un livre d'école à l'usage des jeunes élèves.

Meerman a cru voir dans ce livret tant de preuves des premiers essais de la typographie, qu'il lui a donné le pas sur le Speculum et même sur les Donat.

M. Bernard (De l'Orig. de l'impr., p. 91), ne partage pas cette opinion: « Ce n'est pas, dit-il, dans le début de l'art qu'on a résolu la difficulté des Impositions.

J'avoue que je m'étais aussi arrêté à cette difficulté, et l'opinion d'un homme tellement versé dans l'art typographique que M. Bernard me confirmait dans mon doute.

« Mais un autre bibliographe, M. Berjeau, n'accepte pas cette objection de M. Bernard : « Au fond, dit-il (dans son édition du Speculum, Introduction, p. LXV), l'idée de l'imposition ne paraît compliquée que dans les manuels modernes de typographie, la forme d'un in-8, par exemple, montre la p. 8 audessous de 1; 6 opposé à 16; 13 à 12; 5 à 4, etc.; sans aucune raison frappante de cette étrange répartition. Mettez au contraire un homme de génie, un inventeur enfin, en présence du problème à résoudre et qui consiste à imprimer, des deux côtés du papier, une feuille qui doit offrir huit pages. Quoi de plus simple que de plier la feuille en quatre et d'inscrire sur chaque page du cahier ainsi formé, le chiffre de la page que doit présenter le livre? En déployant la feuille sans la couper, on voit tout de suite la place que chaque page doit occuper dans la forme. Le problème de l'imposition n'a pu arrêter un seul instant l'inventeur de la typographie. »

« D'ailleurs, M. Bernard reconnait lui-même que l'imposition n'a point été un obstacle pour l'imprimeur du Speculum, puisque tous les exempl. de ce livre ont été imposés pour former des cahiers uniformes dans toutes les éditions, excepté pour la préface, etc. »

M. Holtrop fait remarquer que l'alphabet en tête de l'Abecedarium renferme la lettre K, qui ne fait pas partie de l'alphabet latin; il en tire cette conséquence que cet alphabet était destiné à un texte hollandais; d'autre part le W ne s'y voit pas, mais cente lettre est souvent remplacée dans les im

pressions anciennes par les lettres v et u, comme dans le Speculum hollandais, ou par vet o; d'où cette conclusion, qu'en admettant l'hypothèse, il faut reconnaitre que les livres hollandais imprimés avec ces types ont disparu.

L'exempl. de cet Abecedarium, retrouvé par M. J. Enschedé, figure sous le n° 1 au catal. de la bibliothèque de cette illustre famille d'imprimeurs, vendue à Amsterdam en 1867, par MM. Muller et Nijhoff; il a été adjugé au prix de 1000 florins. A BIEN vienne tout. A B C... L'Oraison dominicale, la Salutation Angélique...etc. Imprimé à Paris par Nicolas Brusle : pour Guillaume Merlin, s. d. (vers 1500), in-8, goth., de 8 ff.

Vendu en mar. de Trautz, 40 fr. vente baron Pichon. le même exempl. 115 fr. Potier (no 599).

ABRIGÉ des Empereurs Romains et Ale

mans, qui subsécutivement ont régné depuis l'an premier de Jésus-Christ. A Paris, chez Vincent Sertenas, 1561, in-8. Vol. peu commun. 8 à 10 fr. ABSOULTE (La Grant) de Pasques (vers

1484). S. l. n. d. Pet. in-4, goth., de 4 ff. Cette pièce peu intéressante, mais fort rare, porte aux premiers et derniers ff. la marque de Jehan Alexandre, libraire à Angers, en 1492; elle avait été citée par Zaccaria, dans la Bibliotheca Ritualis.

En mar, de Duru, 92 fr. Desq, pour M. Giraud de Savines.

(A) Bt der Abt sol vor lehen entphaen || denne die beisorge ehner lehe ent - || phet so kan er nicht lehěrecht gethun. (A la fin) : Wunden mit wunden adder mit gewunten czimmer mag man wol | heymsuchunge beweisen wich, av. Lxxxvi. B. R. S. l. n. d. (Basileæ, apud Bernardum Richel ? c 1470), sans chif., récl. ni sign., in-4, de 199 ff., à 37 lig. par page.

Dictionnaire de droit appliqué à la jurisprudence des pays Saxons et Souabes. 150 fr. Tross, (1870). ABUNDANCE (Jean d'). [16265]

« Du Verdier, dit M. Brunet, qui connaissait fort bien les livres imprimés à Lyon au milieu du XVIe siècle... » Du Verdier possédait évidemment les catal. des Foires de Francfort, et il trouvait là les titres, malheureusement trop succincts, des livres rares qu'il citait; ainsi', de J. d'Abundance :

LES FAUXBOURGS d'Enfer, la prinse de l'acteur, etc. Lyon, par Jacques Moderne, s. d., in-8, goth. LA CAPTIVITÉ du bien public, auec plusieurs aultres matières. Lyon, par le Grand Jacques, 3. d., in-16.

PROSOPOPEIE de la France à l'empereur CharlesQuint, sur la nouvelle entrée à Paris. Tolose, Nicolas Vieillard, s. d. (1539), in-4.

ADRESSES véritable à tous viatiques, allans et retournans par divers païs et spécialement par la France, pour scavoir les bons logis et dangereux passages. Lyon, par Jacques Moderne, s. d., in-4. Ces vol. auraient évidemment aujourd'hui une valeur considérable.

Voici comment la Bibliotheca Exotica (cat. des Foires de Francfort, 1610), donne le titre d'un livre de Jean d'Abondance, cité au Manuel, à l'art. « Quinze signes » :

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