quois, et sur le sein de tous flotte une chaîne d'or. Partagés en trois divisions, ils obéissent à trois chefs qui ont leur jeune âge; chaque chef est à la tête de douze cavaliers; chaque division brille de l'ensemble de ses mouvemens et du maintien guerrier de celui qui la commande. La première marche avec orgueil sous le jeune Priam, qui rappelle le nom de son illustre aïeul : c'est de toi qu'il naquit, généreux Polite, et sa noble postérité sera l'honneur de l'Italie; il guide un cheval de Thrace, dont le poil noir est tacheté de blanc ses pieds de devant sont blancs, et le front, qu'il lève avec fierté, est orné d'une étoile blanche. Le second chef est Atys, en qui les Attius Latins reconnaissent l'auteur de leur race, Atys, enfant du même âge qu'Iule, et qu'Iule enfant aime tendrement. Enfin le troisième chef, qui efface les autres par sa beauté, est Iule lui-même. Il s'avance sur un cheval sidonien, que la belle Didon lui avait donné comme un monument et comme un gage de son amour. Le reste de la troupe juvénile monte des chevaux siciliens qu'a fournis le vieil Aceste. LES descendans de Dardanus accueillent par des applaudissemens ces enfans timides, les contemplent avec joie, et reconnaissent sur leurs visages les traits des héros troyens. Joyeux de fixer tous les regards, l'escadron fait le tour du cirque et attend le signal. Tout à coup, de loin, le fils d'Epytus jette un cri, et son fouet bruyant résonne dans les airs. LES jeunes guerriers partent en nombre égal, rompent leurs lignes, et se forment en trois corps. Rappelés par leurs chefs, ils reviennent et s'avancent les uns contre les autres, la lance en arrêt. D'autres évolutions suc Inde alios ineunt cursus aliosque recursus Adversis spatiis, alternosque orbibus orbes Ut quondam Creta fertur labyrinthus in alta Impediunt, texuntque fugas et prælia ludo, HIC primum fortuna fidem mutata novavit. Iliacam ad classem, ventosque adspirat eunti, cèdent; ils se replient, se rapprochent, s'engagent en cercle dans des cercles, et offrent, dans le jeu des armes, le simulacre des combats. Tantôt on les voit, fuyant, tourner le dos à l'ennemi; tantôt, s'arrêtant, revenir à la charge; et tantôt enfin, comme si la paix était faite, ils marchent réunis. Tel le fameux labyrinthe de Crète offrait au voyageur imprudent, surpris dans son obscure enceinte, mille chemins douteux, mille issues trompeuses, dont la trace incessamment perdue égarait sans retour : tels, dans ces jeux guerriers, les enfans des Troyens enlaçaient, embarrassaient leur course, mêlaient et confondaient la fuite et le combat, semblables aux dauphins qui, fendant les mers de Carpathe et de Libye, se livrent sur les ondes à de folâtres jeux. Dans la suite, Ascagne le premier renouvela ces courses et ces combats simulés, lorsqu'il entourait de remparts Albe-la-Longue. Il enseigna aux peuples anciens du Latium ces jeux que lui-même, dans son enfance, célébrait avec les enfans des Troyens les Albains les transmirent à leurs descendans, et c'est d'eux que Rome, maîtresse du monde, les a reçus : elle les conserve encore comme un souvenir glorieux de son origine : on les appelle les jeux de Troie, et les enfans qui les célèbrent sont la légion troyenne. : AINSI se terminèrent les jeux en l'honneur des mânes d'Anchise. En ce moment, la fortune change, et, dans son inconstance, cesse d'être fidèle aux Troyens. Tandis que, par ces jeux divers, ils honorent le tombeau d'Anchise, Junon, du haut de l'Olympe, envoie sa messagère vers la flotte d'llion, et ordonne aux vents de rendre son vol Hectoreos amnes, Xanthum et Simoenta, videbo? Neptuno deus ipse faces animumque ministrat. » HÆC memorans, prima infensum vi corripit ignem, At matres, primo ancipites, oculisque malignis Quum dea se paribus per cœlum sustulit alis, ville ne portera-t-elle plus le nom de Troie? ne verrai-je plus un autre Xanthe, un autre Simoïs, fleuves qui me rappellent la gloire d'Hector? Ah! courez avec moi, et brûlez ces funestes vaisseaux! car, cette nuit, dans un songe, m'est apparue Cassandre, prêtresse inspirée, qui armait mon bras de torches ardentes : « Ici, m'a-t-elle dit, cher<< chez une nouvelle Troie; ici est votre demeure. » Le moment est venu : n'hésitez point après un si grand présage! Voilà devant vous quatre autels de Neptune : un dieu lui-même nous fournit les feux sacrés, et excite notre courage. » ELLE dit, et, la première, saisit un funeste brandon, l'élève en l'air, en agite la flamme, et le lance d'un bras forcené. Les Troyennes la regardent, s'étonnent et frémissent. Alors la plus âgée d'entre elles, Pyrgo, jadis nourrice de tant de fils de Priam : « Non, Troyennes, dit-elle, ce n'est point Béroé que vous voyez, Béroé du cap Réthée et femme de Doryclus ! Remarquez cet éclat divin, ces yeux étincelans! Quelle noble fierté! quels traits! quel son de voix! quelle démarche ! Sachez que moi-même tantôt j'ai laissé Béroé malade, s'affligeant d'être seule privée, en ce jour solennel, de rendre aux mânes d'Anchise les honneurs mérités. » Elle dit, et d'abord, inquiètes, irrésolues, les Troyennes jettent sur les vaisseaux de sombres regards. Elles semblaient hésiter entre le malheureux amour de ces bords hospitaliers et l'attrait de l'empire où les destins les appellent, quand la déesse, balançant ses ailes, s'envole dans les airs, et trace un arc immense de lumière en fuyant sous la nue. Alors, frappées de ce prodige, et emportées par la fureur, les Troyennes jettent un long cri, enlèvent les feux du foyer sacré, dépouillent les autels; et le feuillage, |