Miratur molem Æneas, magalia quondam ; Miratur portas, strepitumque, et strata viarum. Instant ardentes Tyrii: pars ducere muros, Molirique arcem, et manibus subvolvere saxa: Pars optare locum tecto, et concludere sulco. Jura, magistratusque legunt, sanctumque senatum. Hic portus alii effodiunt; hic alta theatris Fundamenta locant alii; immanesque columnas Rupibus excidunt, scenis decora alta futuris. Qualis apes æstate nova per florea rura Exercet sub sole labor, quum gentis adultos Educunt fetus; aut quum liquentia mella Stipant, et dulci distendunt nectare cellas; Aut onera accipiunt venientum; aut, agmine facto, Ignavum fucos pecus a præsepibus arcent. Fervet opus, redolentque thymo fragrantia mella. << O fortunati, quorum jam moenia surgunt!»> Eneas ait; et fastigia suspicit urbis.
Infert se sæptus nebula, mirabile dictu,
Per medios, miscetque viris; neque cernitur ulli.
Lucus in urbe fuit media, lætissimus umbræ
Il contemple étonné cette masse imposante Qui s'élève où rampaient d'humbles chaumes épars; Il admire long-temps ces portes, ces remparts, Ce mouvement, ce bruit sur les routes pavées, Ces roches de granit par cent bras soulevées; Tout s'agite les uns se pressent de bâtir La haute citadelle et les longs murs de Tyr; D'autres de leurs foyers tracent déjà l'enceinte; Ici, l'on dresse un temple à la Justice sainte; Plus loin on creuse un port; ceux-là dans le ciment Des théâtres publics posent le fondement,
Et taillent dans le roc l'immense architecture Qui servira de frise à la scène future. Telles, parmi les fleurs qu'épanouit le ciel, Des abeilles sans nombre, élaborant le miel, Enseignent leur science à leurs jeunes émules, Ou d'un nectar doré tapissent leurs cellules, Ou changent en rayons ces liquides trésors, Ou viennent recevoir les fardeaux du dehors, Ou, devant leur palais se serrant en cohortes, Aux frelons paresseux en défendent les portes : Tout est chaud d'industrie, et l'atelier commun Du thym de la colline exhale le parfum. C'est ainsi qu'au héros Carthage se révèle : << Heureux les fondateurs d'une ville nouvelle! >> Dit-il; et conservant son voile aérien,
Invisible, il se mêle au peuple tyrien.
Un bois sacré s'élève au centre de Carthage,
Quo primum jactati undis et turbine Poeni Effodere loco signum, quod regia Juno Monstrarat, caput acris equi; sic nam fore bello Egregiam et facilem victu per sæcula gentem. Hic templum Junoni ingens Sidonia Dido Condebat, donis opulentum et numine divæ : Ærea cui gradibus surgebant limina, nexæque Ære trabes, foribus cardo stridebat ahenis.
Hoc primum in luco nova res oblata timorem Leniit hic primum Æneas sperare salutem Ausus, et afflictis melius confidere rebus. Namque, sub ingenti lustrat dum singula templo, Reginam opperiens, dum, quæ fortuna sit urbi, Artificumque manus inter se, operumque laborem, Miratur, videt Iliacas ex ordine pugnas, Bellaque jam fama totum vulgata per orbem; Atridas, Priamumque, et sævum ambobus Achillem. Constitit; et lacrymans: «Quis jam locus, inquit, Achate, Quæ regio in terris nostri non plena laboris?
En Priamus: sunt hic etiam sua præmia laudi, Sunt lacrymæ rerum, et mentem mortalia tangunt. Solve metus; feret hæc aliquam tibi fama salutem. »>
Sic ait, atque animum pictura pascit inani, Multa gemens, largoque humectat flumine vultum. Namque videbat uti bellantes Pergama circum
Asile où ses enfans, préservés du naufrage,
Par les soins de Junon, trouvèrent, en creusant, La tête d'un coursier, symbolique présent, D'abondance et de gloire emblème prophétique. C'était là que Didon, sur un large portique Édifiait un temple à la reine des Dieux, Riche de sa statue et de dons radieux;
L'airain y reluisait au seuil, aux voûtes fortes, Et sur des gonds d'airain criait l'airain des portes.
Énée est arrivé sous ces vastes abris,
Et cette vue endort ses souvenirs aigris, Et l'espoir du bonheur rend son âme sereine; Là, tandis qu'il admire, en attendant la reine, Et ce vaste édifice, et la ville et ses tours, Et de tant de travaux le merveilleux concours, O surprise! il s'arrête; il voit sur les murailles Le long siége de Troie et ses grandes batailles, Agamemnon, Priam, et superbe auprès d'eux, Achille qui coûta des larmes à tous deux.
« Oh! dit-il en pleurant, quelle ingrate mémoire,
Quel lieu sous le soleil n'est plein de notre histoire ?
» Ami! voilà Priam! Nos gloires, nos douleurs
» Trouvent donc même ici des lauriers et des pleurs 14.
Courage! notre nom nous sauvera sans doute. »
Il dit, et contemplant les tableaux de la voûte, Baigné de larges pleurs, étouffé de soupirs, Long-temps il se repaît de ces grands souvenirs:
Hac fugerent Graii, premeret Trojana juventus; Hac Phryges, instaret curru cristatus Achilles. Nec procul hinc Rhesi niveis tentoria velis Agnoscit lacrymans, primo quæ prodita somno Tydides multa vastabat cæde cruentus; Ardentesque avertit equos in castra, prius quam Pabula gustassent Troja, Xanthumque bibissent. Parte alia fugiens amissis Troïlus armis, Infelix puer, atque impar congressus Achilli, Fertur equis, curruque hæret resupinus inani, Lora tenens tamen: huic cervixque comæque trahuntur Per terram, et versa pulvis inscribitur hasta. Interea ad templum non æquæ Palladis ibant Crinibus Iliades passis, peplumque ferebant Suppliciter tristes, et tunsæ pectora palmis. Diva solo fixos oculos aversa tenebat. Ter circum Iliacos raptaverat Hectora muros, Exanimumque auro corpus vendebat Achilles. Tum vero ingentem gemitum dat pectore ab imo, Ut spolia, ut currus, utque ipsum corpus amici, Tendentemque manus Priamum conspexit inermes. Se quoque principibus permixtum agnovit Achivis, Eoasque acies, et nigri Memnonis arma.
Ducit Amazonidum lunatis agmina peltis
Penthesilea furens, mediisque in millibus ardet, Aurea subnectens exsertæ cingula mammæ
Bellatrix, audetque viris concurrere virgo.
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