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Aux frontières d'Élide enfin n'a-t-on rien su? Euryclès. On n'a rien découvert; et tout ce qu'on a vu, C'est un jeune étranger, de qui la main sanglante

D'un meurtre encor récent paraissait dégouttante: Enchaîné par mon ordre, on l'amène au palais.

Mérope. Un meurtre! un inconnu! Qu'at-il fait, Euryclès? Quel sang a-t-il versé? Vous me glacez de crainte.

Euryclès. Triste effet de l'amour dont votre âme est atteinte! Le moindre évènement vous porte un coup mortel: Tout sert à déchirer ce cœur trop maternel, Tout fait parler en vous la voix de la na

ture.

Mais de ce meurtrier la commune aventure N'a rien dont vos esprits doivent être agités; De crimes, de brigands, ces bords sont infestés...

Écartez des terreurs dont le poids vous afflige. Mérope. Quel est cet inconnu? Répondezmoi, vous dis-je.

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(A Euryclès.)

Mon âme, en sa présence, étonnée, attendrie....

Mérope. Parle. De qui ton bras a-t-il tranché la vie?

Égisthe. D'un jeune audacieux, que les

arrêts du sort Et ses propres fureurs ont conduit à la mort. Mérope. D'un jeune homme! Mon sang s'est glacé dans mes veines. Ah!,.... T'était-il connu? Égisthe. Non: les champs de Messènes, Ses murs, leurs citoyens, tout est nouveau pour moi.

Mérope. Quoi! ce jeune inconnu s'est armé contre toi? Tu n'aurais employé qu'une juste défense?

pris absolument, n'a plus qu'une acception morale et 1 Le mot propre aujourd'hui, serait misère; bassesse, ne se prendrait point pour une condition basse.

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Il semblait que le dieu, touché de mon hommage,

Au-dessus de moi-même élevât mon courage. Deux inconnus armés m'ont abordé soudain, L'un dans la fleur des ans, l'autre vers son déclin.

Quel est donc, m'ont-ils dit, le dessein qui te guide?

Et quels vœux formes-tu pour la race d'Alcide?" L'un et l'autre à ces mots ont levé le poignard.

Le ciel m'a secouru dans ce triste hasard: Cette main du plus jeune a puni la furie; Percé de coups, madame, il est tombé

sans vie:

L'autre a fui lâchement, tel qu'un vil assassin.

Et moi, je l'avoûrai, de mon sort incertain, Ignorant de quel sang j'avais rougi la terre, Craignant d'être puni d'un meurtre involontaire,

J'ai traîné dans les flots ce corps ensanglanté.

Je fuyais; vos soldats m'ont bientôt arrêté: Ils ont nommé Mérope, et j'ai rendu les

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Cresphonte, ô ciel!.... j'ai cru.... Que j'en rougis de honte! Oui, j'ai cru démêler quelques traits de Cresphonte....

Jointes à cette ressemblance, les paroles ingénues du jeune homme intéressent de plus en plus Mérope à son sort; mais bientôt on lui dit que son fils a péri et que ce jeune étranger a été son assassin. Furieuse, elle veut le punir elle-même, en lui portant le coup mortel. Que Polyphonte le remette donc en son pouvoir: à ce prix, elle accordera sa main au tyran. Polyphonte se hâte de la satisfaire.

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Secourez-moi, grands dieux à l'innocent propices!

Euryclès. Avant que d'expirer, qu'il nomme ses complices.

Mérope (avançant). Oui; sans doute, il le faut. Monstre! qui t'a porté A ce comble de crime, à tant de cruauté? Que, t'ai-je fait?

Égisthe. Les dieux qui vengent le parjure

Sont témoins si ma bouche a connu l'imposture.

J'avais dit à vos pieds la simple vérité,
J'avais déjà fléchi votre cœur irrité;
Vous étendiez sur moi votre main protec-
trice:

Qui peut avoir sitôt lassé votre justice?
Et quel est donc ce sang qu'a versé mon

erreur?

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Racheter de mon sang l'état où je la vois.

Mérope. Le cruel! à quel point on l'instruisit à feindre!

Il m'arrache la vie, et semble encor me

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jourd'hui

J'aurais donné ma vie et pour vous et
pour lui.
Mérope. Quoi, traître! quand ta main lui
ravit cette armure ....

Égisthe. Elle est à moi.
Mérope. Comment? Que dis-tu?
Egisthe.
Je vous jure
Par vous, par ce cher fils, par vos divins
aïeux,
Que mon père en mes mains mit ce don
précieux.
Merope. Qui, ton père? en Élide? En
quel trouble il me jette!
Son nom est Polyclète:

Son, nom? parle, réponds.

Egisthe.
Je vous l'ai déjà dit.
Mérope.
Tu m'arraches le cœur.
Quelle indigne pitié suspendait ma fureur!
C'en est trop: secondez la rage qui me

Qu'on traîne à ce tombeau ce monstre, ce

guide;
perfide.

(Levant le poignard.)

Mânes de mon cher fils! mes bras ensan

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Mérope (tombant dans les bras d'Isménie). Je me meurs!

Isménie. Dieux puissants!

Narbas (à Isménie). Rappelez ses esprits. Hélas! ce juste excès de joie et de tendresse,

Ce trouble si soudain, ce remords qui la presse,

Vont consumer ses jours usés par la douleur.

Mérope (revenant à elle). Ah! Narbas, estce vous? est-ce un songe trompeur? Quoi! c'est vous! c'est mon fils! qu'il vienne, qu'il paraisse.

Narbas. Redoutez, renfermez cette juste tendresse. (A Isménie.) jamais ce secret impor

Vous, cachez à

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Ne m'est-il donc rendu que pour mieux m'affliger?

Narbas. Ne le connaissant pas, vous
alliez l'égorger;

Et si son arrivée est ici découverte,
En le reconnaissant vous assurez sa perte.
Malgré la voix du sang, feignez, dissi-
mulez:
Le crime est sur le trône, on vous pour-
suit: trembez.

Narbas a révélé à la reine tous les crimes

Égisthe (tournant les yeux vers Narbas). O de Polyphonte, que celui-ci avait réussi à ca

mon père! Mérope. Son père! Égisthe (à Narbas). Hélas! que vois-je? où portez-vous vos pas? Venez-vous être ici témoin de mon trépas? Narbas. Ah! madame, empêchez qu'on achève le crime. Euryclès, écoutez; écartez la victime: Que je vous parle. Euryclès (emmène Égisthe et ferme le fond du théâtre). O ciel!

Mérope (s'avançant). Vous me faites trembler: J'allais venger mon fils.

Narbas (se jetant à genoux). Vous alliez l'im

Égisthe....

moler.

cher jusqu'alors; il lui a dévoilé tous les dangers qui menacent son fils. Qu'elle s'arme de dissimulation; par là sculement elle pourra les conjurer. Mais bientôt Polyphonte lui-même trouve trop lente la mort du jeune captif, qui lui inspire des soupçons.

ACTE QUATRIÈME.
SCÈNE II.

Folyphonte, Erox, Égisthe, Euryclès, Mérope,
Isménie, gardes.

Mérope. Remplissez vos serments; songez
à me venger:

Mérope (laissant tomber le poignard). Eh bien! Qu'à mes mains, à moi seule, on laisse la

Égisthe?

victime.

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Qu'il vive, et c'est assez. Heureuse en mes misères,

Lui seul il me rendra mon époux et ses
frères.
Vous voyez avec moi ses aïeux à genoux,
Votre roi dans les fers.

Égisthe.
O reine! levez-vous.
Et daignez me prouver que Cresphonte est
mon père,

En cessant d'avilir et sa veuve et ma mère. Je sais peu de mes droits quelle est la dignité;

Mais le ciel m'a fait naître avec trop de fierté. Avec un cœur trop haut, pour qu'un tyran l'abaisse.

De mon premier état j'ai bravé la bas

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Par les flots de ce peuple entraînée en ces lieux...

Narbas. Que fait Égisthe?

Isménie.

Il est.... le digne fils des dieux;

Égisthe! il a frappé le coup le plus terrible. Non, d'Alcide jamais la valeur invincible N'a d'un exploit si rare étonné les humains.

Narbas. O mon fils! ô mon roi, qu'ont élevé mes mains!

Isménie. La victime était prête, et de fleurs couronnée; L'autel étincelait de flambeaux d'hyménée; Polyphonte, l'œil fixe, et d'un front inhumain,

Présentait à Mérope une odieuse main;
Le prêtre prononçait les paroles sacrées;
Et la reine, au milieu des femmes éplo-
rées,

S'avançant tristement, tremblante entre mes

bras,

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Que

„C'est mon fils!

Isménie. De mon saisissement je reviens avec peine:

C'est mon fils!

soldats.

arrêtez, cessez, troupe inhumaine!

déchirez sa mère et votre reine,

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