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d'autres idées que nous de la lumière et des autres phénomènes de la nature. Une goutte de rosée qui filtre dans les tuyaux capillaires et diaphanes d'une plante leur présente des milliers de jets d'eau; fixée en boule à l'extrémité d'un de ses poils, un océan sans rivage; évaporée dans l'air, une mer aérienne. Ils doivent donc voir les fluides monter au lieu de descendre, se mettre en rond au lieu de se mettre de niveau, et s'élever en l'air au lieu de tomber. Leur ignorance doit être aussi merveilleuse que leur science. Comme ils ne connaissent que l'harmonie des plus petits objets, celle des grands doit leur échapper. Parmi ces êtres éphémères se doivent voir des jeunesses d'un matin et des décrépitudes d'un jour. S'ils ont des histoires, ils ont des mois, des années, des siècles, des époques proportionnées à la durée d'une fleur. Ils ont une autre chronologie que la nôtre, comme ils ont une autre hydraulique et une autre optique.

Tels devaient donc être ma plante et ses habitants naturels aux yeux de mes moucherons; mais quand j'aurais pu acquérir une connaissance intime de ce nouveau monde, je n'en aurais pas encore eu l'histoire. Il aurait fallu étudier ses rapports avec le reste de la nature, avec le soleil qui la fait fleurir, les vents qui la ressèment et les ruisseaux dont elle fortifie les rives qu'elle embellit. Il eût fallu savoir comment elle se conserve en hiver par des froids qui font fondre les pierres, et comment elle reparaît verdoyante au printemps sans qu'on ait pris soin de la préserver de la gelée; comment, faible et se traînant sur la terre, elle s'élève depuis le fond des humbles vallées jusqu'au sommet des Alpes, et parcourt le globe du nord au midi, de montagne en montagne, formant dans sa route mille réseaux charmant de ses fleurs blanches et de ses fruits couleur de rose avec les plantes de tous les climats; comment elle a pu s'étendre depuis les montagnes de Cachemire jusqu'à Archangel, et depuis les monts Félices en Norwège jusqu'au Kamtschatka; comment enfin on la retrouve dans les

deux Amériques, quoiqu'une infinité d'animaux lui fassent partout la guerre, et qu'aucun jardinier ne se charge de la ressemer.

Avec toutes ces lumières, je n'aurais encore eu que l'histoire d'une espèce et non celle du genre. Il en resterait à connaître les variétés, qui ont chacune leur caractère, par leurs fleurs uniques, accouplées ou disposées en grappes; par la couleur, le parfum et la saveur de leurs fruits; par la grandeur, les découpures, les nervures, le lissé ou le velouté de leurs feuilles. Le Vaillant en a trouvé, dans les seuls environs de Paris, cinq espèces différentes, dont trois portent des fleurs sans donner de fruits. On en cultive une douzaine d'étrangères dans nos jardins, telles que celles du Chili, du Pérou, des Alpes ou de tous les mois, celle de Suède, qui est verte, etc. Mais combien d'autres variétés nous sont inconnues! Chaque degré de latitude n'a-t-il pas la sienne? Ne peut-on pas même considérer comme des variétés du fraisier les espèces très nombreuses des framboisiers, avec lesquelles il a une analogie frappante par la découpure de ses feuilles, par ses sarments qui tracent sur la terre et qui se replantent eux-mêmes, par la forme de ses fleurs en rose et celle de ses fruits, dont les semences sont en dehors? N'a-t-il pas encore des affinités avec les églantiers et les rosiers par ses fleurs, avec le mûrier par ses fruits, et par ses feuilles avec le trèfle même, dont une espèce aux environs de Paris porte de plus des semences agrégées en forme de fraises? Si on pense maintenant que toutes ces espèces, variétés, analogies, affinités ont dans chaque latitude des relations nécessaires avec une multitude d'animaux, et que ces relations nous sont tout à fait inconnues, on verra que l'histoire complète du fraisier suffirait pour occuper tous les naturalistes du monde.

Que serait-ce donc s'il fallait écrire ainsi celle de toutes les espèces de végétaux répandues sur la surface de la terre? Le fameux Linné en comptait sept à huit mille. Un autre botaniste

en fait monter le nombre à vingt mille. Mais toutes ces évaluations sont bien faibles si on considère, d'après les remarques mêmes de ce dernier observateur, que l'on ne connaît presque rien de l'intérieur de l'Afrique, de celui des trois Arabies et même des deux Amériques; fort peu de chose de la Nouvelle-Guinée, des Nouvelles Hollande et Zélande, et des îles (nombreuses de la mer du Sud, dont la plupart ellesmêmes sont encore inconnues. On ne connaît guère que quelques rivages de l'ile Ceylan, de la grande ile de Madagascar, des archipels immenses des Philippines et des Moluques, et de presque toutes les îles de l'Asie. Pour ce vaste continent, à l'exception de quelques grands chemins dans l'intérieur et de quelques côtes où trafiquent nos Européens, on peut dire qu'il nous est tout à fait inconnu. Combien de terrains en Tartarie, en Sibérie, et dans beaucoup de royaumes de l'Europe même, où jamais les botanistes n'ont mis le pied! Quelques-uns, à la vérité, nous ont donné des flores malabares, japonaises, chinoises, etc.; mais si l'on fait attention qu'ils n'ont parcouru dans

ce

pays que quelques rivages, bien souvent dans une seule saison de l'année où il ne paraît qu'une partie des plantes naturelles à chaque climat; qu'ils n'ont vu que les campagnes situées dans les environs de nos comptoirs; qu'ils n'ont pu s'enfoncer dans des déserts, où ils n'auraient trouvé ni subsistances ni guides, ni pu pénétrer dans le sein d'une foule de nations barbares dont ils ignoraient la langue, on trouvera que les collections les plus vantées sont encore bien imparfaites.

Pour moi, s'il m'est permis de hasarder mes conjectures sur le nombre des espèces de plantes répandues sur la terre, j'ai une telle idée de l'immensité de la nature et de ses répartitions, que j'estime qu'il n'y a point de lieue carrée de terrain qui n'en présente quelqu'une qui lui soit propre, ou du moins qui n'y vienne plus belle que

1 Voici la progression des découvertes dans le règne végétal: Tournefort comptait 6000 espèces: Linné, 8000, Person (1806), 17,000; de Candolle (en 1827), 40,000.

dans aucun autre endroit du monde; ce qui doit porter à plusieurs millions le nombre d'espèces primordiales de végétaux, réparties sur autant de millions carrés de lieues qui composent la surface solide de notre globe. Plus on avance vers le midi, plus leur variété augmente dans le même territoire. Cependant toutes ces notions préliminaires ne formeraient encore qu'une vaine science quand même on connaîtrait dans le plus grand détail toutes les parties qui composent les plantes. C'est leur ensemble, leur attitude, leur port, leur élégance, les harmonies qu'elles forment étant groupées ou en contraste les unes avec les autres, qu'il serait intéressant de déterminer. (Etudes de la nature.)

LES FORÊTS AGITÉES PAR LES VENTS.

Qui pourrait décrire les mouvements que l'air communique aux végétaux? Combien de fois, loin des villes, dans le fond d'un vallon solitaire couronné d'une forêt, assis sur le bord d'une prairie agitée des vents, je me suis plu à voir les mélilots dorés, les trèfles empourprés et les vertes graminées, former des ondulations semblables à des flots, et présenter à mes yeux une mer agitée de fleurs et de verdure! Cependant les vents balançaient sur ma tête les cimes majestueuses des arbres. Le retroussis de leur feuillage faisait paraître chaque espèce de deux verts différents. Chacune a son mouvement. Le chêne au tronc roide ne courbe que ses branches, le peuplier robuste agite son feuillage mobile, et le bouleau laisse flotter le sien dans les airs, comme une longue chevelure. Ils semblent animés de passions: l'un s'incline profondément auprès de son voisin comme devant un supérieur, l'autre semble vouloir l'embrasser comme un ami; un autre s'agite en tout sens comme auprès d'un ennemi. Le respect, l'amitié, la colère, semblent passer tour à tour de l'un à l'autre, comme dans le cœur des hommes, et ces passions versatiles ne sont au fond que

les jeux des vents. Quelquefois un Quelquefois un l'entrée du canal de Mozambique, le vieux chêne élève au milieu d'eux ses 23 juin, vers le solstice d'été, nous longs bras dépouillés de feuilles et im- fùmes assaillis par un épouvantable mobiles. Comme un vieillard, il ne vent du sud. Le ciel était serein; on prend plus de part aux agitations qui n'y voyait que quelques petits nuages l'environnent: il a vécu dans un autre cuivrés, semblables à des vapeurs roussiècle. Cependant ces grands corps ses, qui le traversaient avec plus de insensibles font entendre des bruits pro- vitesse que celle des oiseaux. Mais la fonds et mélancoliques. Ce ne sont mer était sillonnée par cinq ou six point des accents distincts; ce sont des vagues longues et élevées semblables à murmures confus comme ceux d'un des chaînes des collines, espacées entre peuple qui célèbre au loin une fête par elles par de larges et profondes vallées. des acclamations. Il n'y a point de Chacune de ces collines aquatiques était voix dominantes: ce sont des sons à deux ou trois étages. Le vent détachait monotones, parmi lesquels se font en- de leurs sommets anguleux une espèce tendre des bruits sourds et profonds, de crinière d'écume, où se peignaient qui nous jettent dans une tristesse çà et là les couleurs de l'arc-en-ciel. pleine de douceur. Ainsi les murmures Il emportait aussi des tourbillons d'une d'une forêt accompagnent les accents du rossignol qui, de son nid, adresse des vœux reconnaissants aux Amours. C'est un fond de concert qui fait ressortir les chants éclatants des oiseaux, comme la douce verdure est un fond de couleurs sur lequel se détache l'éclat des fleurs et des fruits.

Ce bruissement des prairies, ces gazouillements des bois, ont des charmes que je préfère aux plus brillants accords: mon âme s'y abandonne; elle se berce avec les feuillages ondoyants des arbres; elle s'élève avec leurs cimes vers les cieux; elle se transporte dans ceux qui les verront mourir; ils étendent dans l'infini mon existence circonscrite et fugitive. Il me semble qu'ils me plongent dans d'ineffables rêveries, qui souvent ont fait tomber de mes mains les livres des philosophes. Majestueuses forêts, paisibles solitudes qui, plus d'une fois, avez calmé mes passions, puissent les cris de la guerre ne troubler jamais vos résonnantes clairières: N'accompagnez de vos religieux murmures que les chants des oiseaux, ou les doux entretiens des amis et des amants qui viennent se reposer sous vos ombrages!

UNE TEMPÊTE DANS LES MERS DE
L'INDE.

Quand nous eûmes doublé le cap de
Bonne-Espérance, et que nous vîmes

poussière blanche qui se répandait au loin dans leurs vallons, comme celle qu'il élève sur les grands chemins en été. Ce qu'il y avait de plus redoutable, c'est que parfois les sommets de ces collines, poussés en avant par la violence du vent, se déferlaient en énormes voûtes, qui se roulaient sur ellesmêmes en mugissant et en écumant, et eussent englouti le plus grand navire, s'il se fût trouvé sous leurs ruines. L'état de notre vaisseau concourait avec celui de la mer à rendre notre situation affreuse. Notre grand mât avait été brisé la nuit par la foudre, et le mât de misaine, avec notre unique voile, avait été emporté le matin par le vent. Le vaisseau, incapable de gouverner, voguait en travers, jouet de l'ouragan et des lames. J'étais sur le gaillard d'arrière, me tenant accroché aux haubans du mât d'artimon, tâchant de me familiariser avec ce terrible spectacle. Quand une de ces montagnes approchait de nous, j'en voyais le sommet à la hauteur de nos huniers, c'està-dire à plus de cinquante pieds audessus de ma tête; mais la base de cette effroyable digue venant à passer sous notre vaisseau, elle le faisait tellement pencher que ses grandes vergues trempaient à moitié dans la mer mouillait le pied de ces mâts, de sorte qu'il était au moment de chavirer. Quand il se trouvait sur sa crête, il se redressait et se renversait tout à coup en sens

contraire sur sa pente opposée avec non moins de danger, tandis qu'elle s'écoulait de dessous lui avec la rapidité d'une écluse, en large nappe d'écume.

Il était alors impossible de recevoir quelque consolation d'un ami, ou de lui en donner. Le vent était si violent qu'on ne pouvait entendre les paroles même qu'on se disait en criant à l'oreille

à tue-tête. L'air emportait la voix, et ne permettait d'ouïr que le sifflement aigu des vergues et des cordages, et les bruits rauques des flots, semblables aux hurlements des bêtes féroces. Nous restâmes ainsi entre la vie et la mort, depuis le lever du soleil, jusqu'à trois heures après-midi. (Harmonies de la nature.)

DENIS DIDEROT.

Denis Diderot naquit à Langres, en 1712. Son père, qui était coutelier, voulait faire de lui un homme de loi; mais Diderot n'aimait que la littérature. 11 vint à Paris, où il chercha tous les moyens de s'instruire. Le père irrité cessa d'envoyer à son fils la modique pension qu'il lui avait faite. Cette rigueur portait le plus grand préjudice à Diderot, qui venait de se marier. Il trouva d'abord des ressources en faisant des traductions de l'anglais. Bientôt il put se livrer au travail de la composition. Après Voltaire, Diderot fut l'écri

vain le plus actif et le plus fécond du XVIIIe siècle; il travaillait avec une facilité qui tenait de l'improvisation. Il écrivit sur tous les sujets, sur la philosophie, la critique, la musique, la peinture, la sculpture, la grammaire, la physique, l'histoire, les arts mécaniques; il fit des romans, des drames, des discours, et même des sermons. Le plus important de ses ouvrages est la fameuse Encyclopédie, à laquelle il travailla trente ans et dont il revit tous les articles. Diderot mourut à Paris, en 1784.

DE LA COULEUR EN PEINTURE.

C'est le dessin qui donne la forme aux êtres; c'est la couleur qui leur donne la vie; voilà le souffle divin qui les anime.

Il n'y a que les maîtres dans l'art qui soient bons juges du dessin; tout le monde peut juger de la couleur.

On ne manque pas d'excellents dessinateurs; il y a peu de grands coloristes. Il en est de même en littérature; cent froids logiciens pour un grand orateur; dix grands orateurs pour un poète sublime. Un grand intérêt fait éclore subitement un homme éloquent; quoi qu'en dise Helvétius, on ne ferait pas dix bons vers, même sous peine de

mort.

Mon ami, transportez-vous dans un atelier; regardez travailler l'artiste. Si vous le voyez arranger bien symétriquement ses teintes et ses demi-teintes tout autour de sa palette, ou si un quart d'heure de travail n'a pas confondu tout cet ordre, prononcez hardiment que cet artiste est froid, et qu'il ne fera rien qui vaille. C'est le pendant d'un lourd et pesant érudit, qui a besoin d'un passage, qui monte à son échelle, prend

et ouvre son auteur, vient à son bureau, copie la ligne dont il a besoin, remonte à l'échelle, et remet le livre à sa place. Ce n'est pas là l'allure du génie.

Celui qui a le sentiment vif de la couleur a les yeux attachés sur sa toile; sa bouche est entr'ouverte, il halète; sa palette est l'image du chaos. C'est dans ce chaos qu'il trempe son pinceau, et il en tire l'œuvre de la création, et les oiseaux, et les nuances dont leur plumage est teint, et les fleurs, et leur velouté, et les arbres, et leurs différentes verdures, et l'azur du ciel, et la vapeur des eaux qui les ternit, et les animaux, et les longs poils, et les taches variées de leur peau, et le feu dont leurs yeux étincellent. Il se lève, il s'éloigne, il jette un coup d'œil sur son œuvre; il se rassied; et vous allez voir naître la chair, le drap, le velours, le damas, le taffetas, la mousseline, la toile, le gros linge, l'étoffe grossière; vous verrez la poire jaune et mûre tomber de l'arbre, et le raisin vert attaché au cep.

Mais pourquoi y a-t-il si peu d'artistes qui sachent rendre la chose à laquelle tout le monde s'entend? pourquoi cette variété de coloristes, tandis que la cou

En général donc, l'harmonie d'une composition sera d'autant plus durable que le peintre aura été plus sûr de l'effet de son pinceau, aura touché plus fièrement, plus librement; aura moins remanié, tourmenté sa couleur, l'aura employée plus simple et plus franche.

leur est une en nature? La disposition | teinte sur sa palette? A d'autres teintes de l'organe y fait sans doute. L'œil isolées, à des couleurs primitives. Il tendre et faible ne sera pas ami des fait mieux: il la regarde où il l'a précouleurs vives et fortes. L'homme qui parée, et il la transporte d'idée dans peint répugnera à introduire dans son l'endroit où elle doit être appliquée. tableau les effets qui le blessent dans Mais combien de fois ne lui arrive-t-il la nature. Il n'aimera ni les rouges pas de se tromper dans cette appréciaéclatants ni les grands blancs. Semblable tion? En passant de la palette sur la à la tapisserie dont il couvrira les murs scène entière de la composition, la coude son appartement, sa toile sera colo- leur est modifiée, affaiblie, rehaussée, riée d'un ton faible, doux et tendre; et et change totalement d'effet. Alors l'arcommunément il vous restituera par tiste tâtonne, manie, remanie, tourmente l'harmonie ce qu'il vous refusera en sa couleur dans ce travail, sa teinte devigueur. Mais pourquoi le caractère, vient un composé de diverses substanl'humeur même de l'homme n'influe- ces qui réagissent plus ou moins les raient-ils pas sur son coloris? Si sa unes sur les autres, et tôt ou tard se pensée habituelle est triste, sombre et désaccordent. noire; s'il fait toujours nuit dans sa tête mélancolique et dans son lugubre atelier, s'il bannit le jour de sa chambre, s'il cherche la solitude et les ténèbres, n'aurez-vous pas raison de vous attendre à une scène vigoureuse peutêtre, mais obscure, terne et sombre? S'il est ictérique, et qu'il voie tout jaune, comment s'empêchera-t-il de jeter sur sa composition le même voile jaune que son organe vicié jette sur les objets de nature, et qui le chagrine lorsqu'il vient à comparer l'arbre vert qu'il a dans son imagination avec l'arbre jaune qu'il a sous ses yeux? Soyez sûr qu'un peintre se montre dans son ouvrage autant et plus qu'un littérateur dans le sien. Il lui arrivera une fois de sortir de son caractère, de vaincre la disposition et la pente de son organe. C'est comme l'homme taciturne et muet qui élève une fois la voix: l'explosion faite, il retombe dans son état naturel, le silence. L'artiste triste, ou né avec un organe faible, produira une fois un tableau vigoureux de couleur; mais il ne tardera pas à revenir à son coloris naturel.

Encore un coup, si l'organe est affecté, quelle que soit son affection, il répandra sur tous les corps, interposera entre eux et lui une vapeur qui flétrira la nature et son imitation.

L'artiste qui prend de la couleur sur sa palette, ne sait pas toujours ce qu'elle produira sur son tableau. En effet, à quoi compare-t-il cette couleur, cette

On voit des tableaux modernes perdre leur accord en très peu de temps; on en voit d'anciens qui se sont conservés frais, harmonieux et vigoureux, malgré le laps du temps. Cet avantage me semble être plutôt la récompense du faire, que l'effet de la qualité des couleurs.

Rien, dans un tableau, n'appelle comme la couleur vraie; elle parle à l'ignorant comme au savant. Un demiconnaisseur passera sans s'arrêter devant un chef-d'œuvre de dessin, d'expression, de composition: l'œil n'a jamais négligé le coloriste. (Essai sur la peinture, pour faire suite au Salon de 1765.)

LE ROSSIGNOL, LE COUCOU ET L'ANE.

Il s'agissait entre Grimm et M. Le Roy du génie qui crée et de la méthode qui ordonne. Grimm déteste la méthode: c'est, selon lui, la pédanterie des lettres. Ceux qui ne savent qu'arranger feraient aussi bien de rester en repos; ceux qui ne peuvent être instruits que par des choses arrangées feraient aussi bien de rester ignorants. „,Mais c'est la méthode qui fait valoir." ,,Et qui gåte."

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