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Et même d'un être plus grand,

Il veut outrager ce qu'il aime,

Tu tends vers lui les bras, il te les tend de même;

Tu n'es plus en colère, il ne se fâche plus.

De la société tu vois ici l'emblême;
Le bien, le mal nous sont rendus.

LE SANGLIER ET LES ROSSIGNOLS. Un homme riche, sot et vain, Qualités qui parfois marchent de compagnie, Croyait pour tous les arts avoir un goût divin,

Et pensait que son or lui donnait du génie. Chaque jour à sa table voyait réunis Peintres, sculpteurs, savants, artistes, beaux esprits,

Qui lui prodiguaient les hommages, Lui montraient des dessins, lui lisaient des ouvrages,

Écoutaient les conseils qu'il daignait leur donner,

Et l'appelaient Mécène en mangeant son dîner.

Se promenant un soir dans son parc solitaire,

Suivi d'un jardinier, homme instruit et de sens,

Il vit un sanglier qui labourait la terre, Comme ils font quelquefois pour aiguiser

leurs dents.

Autour du sanglier, les merles, les fauvettes,

Surtout les rossignols, voltigeant, s'arrêtant, Répétaient à l'envi leurs douces chansonnettes,

Et le suivaient toujours chantant.

Lui fait une grimace, et le miroir la L'animal écoutait l'harmonieux ramage

rend.

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Avec la gravité d'un docte connaisseur,
Baissait parfois la hure en signe de faveur,
Ou bien, la secouant, refusait son suffrage.
Qu'est ceci? dit le financier:
Comment! les chantres du bocage
Pour leur juge ont choisi cet animal sau-
vage?

Nenni, répond le jardinier;

De la terre par lui fraîchement labourée Sont sortis plusieurs vers, excellente curée Qui seule attire ces oiseaux;

Ils ne se tiennent à sa suite Que pour manger ces vermissaux, Et l'imbécile croit que c'est pour son mé

rite.

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JEAN JACQUES BARTHÉLEMY.

Jean Jacques Barthélemy naquit à Cassis, petit port de Provence, le 20 janvier 1716. Il fit à l'Oratoire de Marseille ses premières études, qu'il acheva chez les jésuites. Les langues anciennes furent l'objet de ses travaux. En 1744, il vint à Paris, où de Boze, garde du cabinet des médailles, l'accueillit avec bienveillance et le jugea digne de partager ses

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travaux. En 1753, il remplaça de Boze, qui venait de mourir. Barthélemy, pour augmenter la collection qu'on lui avait confiée, parcourut l'Italie. Le Voyage du jeune Anacharsis en Grèce parut en 1788. Barthélemy mourut le 30 avril 1795. Il a laissé des Mémoires sur sa vie, qui offrent de l'intérêt.

LES JEUX OLYMPIQUES.

L'Élide est un petit pays dont les côtes sont baignées par la mer Ionienne, et qui se divise en trois vallées. Dans la plus septentrionale, est la ville d'Élis, située sur le Pénée, fleuve de même nom, mais moins considérable que celui de Thessalie; la vallée du milieu est célèbre par le temple de Jupiter, placé auprès du fleuve Alphée; la dernière s'appelle Triphylie.

Les habitants de cette contrée jouirent pendant longtemps d'une tranquillité profonde. Toutes les nations de la Grèce étaient convenues de les regarder comme consacrés à Jupiter, et les respectaient au point, que les troupes étrangères déposaient leurs armes en entrant dans ce pays, et ne les reprenaient qu'à leur sortie. Ils jouissent rarement aujourd'hui de cette prérogative; cependant malgré les guerres passagères auxquelles ils se sont trouvés exposés dans

ces derniers temps, malgré les divisions qui fermentent encore dans certaines villes, l'Élide est de tous les cantons du Péloponèse le plus abondant et le mieux peuplé. Ses campagnes, presque toutes fertiles, sont couvertes d'esclaves laborieux; l'agriculture y fleurit, parce que le gouvernement a pour les laboureurs les égards que méritent ces citoyens utiles: ils ont chez eux des tribunaux qui jugent leurs causes en dernier ressort, et ne sont pas obligés d'interrompre leurs travaux pour venir dans les villes mendier un jugement inique ou trop longtemps différé. Plusieurs familles riches coulent paisiblement leurs jours à la campagne, et j'en ai vu aux environs d'Élis, où personne depuis deux ou trois générations n'avait mis le pied dans la capitale.

Après que le gouvernement monarchique eut été détruit, les villes s'associèrent par une ligue fédérative; mais

celle d'Élis, plus puissante que les autres, les a insensiblement assujetties, et ne leur laisse plus aujourd'hui que les apparences de la liberté. Elles forment ensemble huit tribus, dirigées par un corps de 90 sénateurs dont les places sont vie, et qui, dans le cas de vacance, se donnent par leur crédit les associés qu'ils désirent: il arrive de là que l'autorité ne réside que dans un très petit nombre de personnes, et que l'oligarchie s'est introduite dans l'oligarchie; ce qui est un des vices destructeurs de ce gouvernement. Aussi a-t-on fait dans ces derniers temps des efforts pour établir la démocratie.

La ville d'Élis est assez récente: elle s'est formée, à l'exemple de plusieurs villes de la Grèce, et surtout du Péloponèse, par la réunion de plusieurs hameaux; car dans les siècles d'ignorance on habitait des bourgs ouverts et accessibles. Dans des temps plus éclairés, on s'enferme dans des villes fortifiées.

En arrivant, nous rencontrâmes une procession qui se rendait au temple de Minerve. Elle faisait partie d'une cérémonie où les jeunes gens d'Élide s'étaient disputé le prix de la beauté. Les vainqueurs étaient menés en triomphe: le premier, la tête ceinte de bandelettes, portait les armes que l'on consacrait à la Déesse; le second conduisait la victime; un troisième était chargé des autres offrandes.

J'ai vu souvent dans la Grèce de pareils combats, tant pour les garçons que pour les femmes et les filles. J'ai vu de même chez des peuples éloignés, les femmes admises à des concours publics, avec cette différence pourtant que les Grecs décernent le prix à la plus belle, et les barbares à la plus ver

tueuse.

La ville est décorée par des temples, par des édifices somptueux; par quantité de statues dont quelques-unes sont de la main de Phidias. Parmi ces derniers monuments nous en vîmes où l'artiste n'avait pas montré moins d'esprit que d'habileté; tel est le groupe des Grâces dans le temple qui leur est consacré. Elles sont couvertes d'une draperie légère et brillante; la première tient un

rameau de myrthe en l'honneur de Vénus; la seconde une rose pour désigner le printemps; la troisième un osselet, symbole des jeux de l'enfance; et pour qu'il ne manque rien aux charmes de cette composition, la figure de l'Amour est sur le même piédestal que les Grâces.

Rien ne donne plus d'éclat à cette province que les jeux Olympiques célébrés de quatre en quatre ans en l'honneur de Jupiter. Chaque ville de la Grèce a des fêtes qui en réunissent les habitants; quatre grandes solennités réunissent tous les peuples de la Grèce; ce sont les jeux Pythiques ou de Delphes; les jeux Isthmiques ou de Corinthe, ceux de Némée et ceux d'Olympie. J'ai parlé des premiers dans mon voyage de la Phocide: je vais m'occuper des derniers: je passerai les autres sous silence, parce qu'ils offrent tous à peu près les mêmes spectacles.

Les jeux Olympiques, institués par Hercule, furent, après une longue interruption, rétablis par les conseils du célèbre Lycurgue, et par les soins d'Iphitus, souverain d'un canton de l'Élide. Cent huit ans après, on inscrivit pour la première fois sur le registre public des Éléens, le nom de celui qui avait remporté le prix à la course du stade; il s'appelait Corébus. Cet usage continua; et de là cette suite de vainqueurs dont les noms indiquant les différentes olympiades, forment autant de points fixes pour la chronologie. On allait célébrer les jeux pour la cent sixième fois, lorsque nous arrivâmes à Élis.

Tous les habitants de l'Élide se préparaient à cette solennité auguste. On avait déjà promulgué le décret qui suspend toutes les hostilités. Des troupes qui entreraient alors dans cette terre sacrée seraient condamnées à une amende de deux mines par soldat.

Les Éléens ont l'administration des jeux Olympiques depuis quatre siècles: ils ont donné a ce spectacle toute la perfection dont il était susceptible, tantôt en introduisant de nouvelles espèces de combats, tantôt en supprimant ceux qui ne remplissaient point l'attente de l'assemblée. C'est à eux qu'il appar

tient d'écarter les manœuvres et les in- | de port, et qui n'en est éloignée que de trigues, d'établir l'équité dans les juge- 120 stades, nous partimes pour Olympie. ments, et d'interdire le concours aux Deux chemins y conduisent, l'un par la nations étrangères à la Grèce, et même plaine, long de 300 stades; l'autre par aux villes Grecques accusées d'avoir les montagnes et par le bourg d'Aleviolé les règlements faits pour main- siéum, où se tient tous les mois une tenir l'ordre pendant les fêtes. Ils ont foire considérable. Nous choisîmes le une si haute idée de ces règlements, premier; nous traversâmes des pays ferqu'ils envoyèrent autrefois des députés tiles, bien cultivés, arrosés par diverses chez les Égyptiens, pour savoir des sages rivières; et après avoir vu en passant de cette nation, si en les rédigeant on les villes de Dyspontium et de Létrines, n'avait rien oublić; un article essentiel, nous arrivâmes à Olympie. répondirent ces derniers: Dès que les juges sont des Éléens, les Éléens devraient être exclus du concours. Malgré cette réponse, ils y sont encore admis aujourd'hui, et plusieurs d'entre eux ont remporté des prix, sans que l'intégrité des juges ait été soupçonnée. Il est vrai que pour la mettre plus à couvert, on a permis aux athlètes d'appeler au sénat d'Olympie du décret qui les prive de la couronne.

A chaque olympiade, on tire au sort les juges ou présidents des jeux: ils sont au nombre de huit, parce qu'on en prend un de chaque tribu. Ils s'assemblent à Élis avant la célébration des jeux, et pendant l'espace de dix mois ils s'instruisent en détail des fonctions qu'ils doivent remplir; ils s'en instruisent sous des magistrats qui sont les dépositaires et les interprètes des règlements dont je viens de parler: afin de joindre l'expérience aux préceptes, ils exercent, pendant le même intervalle de temps, les athlètes qui sont venus se faire inscrire pour disputer le prix de la course et de la plupart des combats à pied. Plusieurs de ces athlètes étaient accompagnés de leurs parents, de leurs amis, et sur-tout des maîtres qui les avaient élevés; le désir de la gloire brillait dans leurs yeux, et les habitants d'Élis paraissaient livrés à la joie la plus vive. J'aurais été surpris de l'importance qu'ils mettaient à la célébration de leurs jeux, si je n'avais connu l'ardeur que les Grecs ont pour les spectacles, et l'utilité que les Éléens

retirent de cette solennité.

Après avoir vu tout ce qui pouvait nous intéresser, soit dans la ville d'Élis, soit dans celle de Cyllène, qui lui sert

Cette ville, également connue sous le nom de Pise, est située sur la rive droite de l'Alphée, au pied d'une colline qu'on appelle mont de Saturne. L'Alphée prend sa source en Arcadie; il disparaît et reparaît par intervalles: après avoir reçu les eaux de plusieurs rivières, il va se jeter dans la mer voisine.

L'Altis renferme dans son enceinte les objets les plus intéressants; c'est un bois sacré, fort étendu, entouré de murs, et dans lequel se trouvent le temple de Jupiter et celui de Junon, le sénat, le théâtre, et quantité de beaux édifices au milieu d'une foule innombrable de statues.

Le temple de Jupiter fut construit, dans le siècle dernier, des dépouilles enlevées par les Éléens a quelques peuples qui s'étaient révoltés contre eux; il est d'ordre dorique, entouré de colonnes, et construit d'une pierre tirée des carrières voisines, mais aussi éclatante et aussi dure, quoique plus légère que le marbre de Paros. Il a de hauteur 68 pieds, de longueur 230, de largeur 95.

Un architecte habile, nommé Libon, fut chargé de la construction de cet édifice. Deux sculpteurs, non moins habiles, enrichirent, par de savantes compositions, les frontons des deux façades. Dans l'un de ces frontons on voit, au milieu d'un grand nombre de figures, Enomaüs et Pélops prêt à se disputer, en présence de Jupiter, le prix de la course; dans l'autre, le combat des Centaures et des Lapithes. La porte d'entrée est de bronze, ainsi que la porte du côté opposé. On a gravé sur l'une et sur l'autre une partie des travaux d'Hercule. Des pièces de marbre, tail

lées en forme de tuiles, couvrent le toit; au sommet de chaque fronton, s'élève une victoire en bronze doré; à chaque angle, un grand vase du même métal, et également doré.

Le temple est divisé par des colonnes en trois nefs. On y trouve, de même que dans le vestibule, quantité d'offrandes que la piété et la reconnaissance ont consacrées au dieu; mais loin de se fixer sur ces objets, les regards se portent rapidement sur la statue et sur le trône de Jupiter. Ce chef-d'œuvre de Phidias et de la sculpture, fait au premier aspect une impression que l'examen ne sert qu'à rendre plus profonde. La figure de Jupiter est en or et en ivoire; et quoique assise, elle s'élève presque jusqu'au plafond du temple. De la main droite, elle tient une Victoire également d'or et d'ivoire; de la gauche, un sceptre travaillé avec goût, enrichi de diverses espèces de métaux, et surmonté d'un aigle. La chaussure est en or, ainsi que le manteau, sur lequel on a gravé des animaux, des fleurs, et surtout des lis.

Le trône porte sur quatre pieds, ainsi que sur des colonnes intermédiaires de même hauteur que les pieds. Les matières les plus riches, les arts les plus nobles, concoururent à l'embellir. Il est tout brillant d'or, d'ivoire, d'ébène et de pierres précieuses; partout décoré de peintures et de bas-reliefs.

Quatre de ces bas-reliefs sont appliqués sur la face antérieure de chacun des pieds de devant. Le plus haut représente quatre Victoires dans l'attitude de danseuses; le second, des sphinx qui enlèvent les enfants des Thébains; le troisième, Apollon et Diane perçant de leurs traits les enfants de Niobé; le dernier enfin, deux autres Victoires.

Phidias profita des moindres espaces pour multiplier les ornements. Sur les quatre traverses qui lient les pieds du trône, je comptai trente-sept figures, les unes représentant des lutteurs, les autres le combat d'Hercule contre les Amazones. Au-dessus de la tête de Jupiter, dans la partie supérieure du trône, on voit d'un côté les trois Grâces qu'il eut d'Eurynome, et les trois Sai

sons qu'il eut de Thémis. On distingue quantité d'autres bas-reliefs, tant sur le marche-pied que sur la base ou l'estrade qui soutient cette masse énorme, la plupart exécutés en or, et représentant les divinités de l'Olympe. Aux pieds de Jupiter on lit cette inscription: Je suis l'ouvrage de Phidias, Athénien, fils de Charmidès. Outre son nom, l'artiste, pour éterniser la mémoire et la beauté d'un jeune homme de ses amis appelé Pantarcès, grava son nom sur un des doigts de Jupiter.

On ne peut approcher du trône autant qu'on le désirerait. A une certaine distance on est arrêté par une balustrade qui règne tout autour, et qui est ornée de peintures excellentes de la main de Panénus, élève et parent de Phidias. C'est le même qui, conjointement avec Colotès, autre disciple de ce grand homme, fut chargé des principaux détails de cet ouvrage surprenant. On dit qu'après l'avoir achevé, Phidias ôta le voile dont il l'avait couvert, consulta le goût du public, et se réforma luimême d'après les avis de la multitude.

On est frappé de la grandeur de l'entreprise, de la richesse de la matière, de l'excellence du travail, de l'heureux accord de toutes les parties; mais on l'est bien plus encore de l'expression sublime que l'artiste a su donner à la tête de Jupiter. La divinité même y paraît empreinte avec tout l'éclat de la puissance, toute la profondeur de la sagesse, toute la douceur de la bonté. Auparavant les artistes ne représentaient le maître des dieux qu'avec des traits communs, sans noblesse et sans caractère distinctif; Phidias fut le premier qui atteignit, pour ainsi dire, la majesté divine, et sut ajouter un nouveau motif au respect des peuples, en leur rendant sensible ce qu'ils avaient adoré. Dans quelle source avait-il donc puisé ces hautes idées? Des poètes diraient qu'il était monté dans le ciel, ou que le dieu était descendu sur la terre; mais plus noble, à ceux qui lui faisaient la même question, il cita les vers d'Homère, où ce poète dit qu'un regard de Jupiter suffit pour ébranler l'Olympe. Ces vers, en réveillant dans

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