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des chefs; et de l'Odyssée, que la prudence, jointe au courage, triomphe tôt ou tard des plus grands obstacles. L'Iliade et l'Odyssée étaient à peine connues dans la Grèce, lorsque Lycurgue parut en Ionie: le génie du poète parla aussitôt au génie du législateur. Lycurgue découvrit des leçons de sagesse où le commun des hommes ne voyait que des fictions agréables: il copia les deux poèmes, et en enrichit sa patrie. De-là ils passèrent chez tous les Grecs: on vit des acteurs connus sous le nom de Rhapsodes, en détacher des fragments et parcourir la Grèce ravie de les entendre. Les uns chantaient la valeur de Diomède, les autres les adieux d'Andromaque; d'autres la mort de Patrocle, celle d'Hec

tor etc.

La réputation d'Homère semblait s'accroître par la répartition des rôles, mais le tissu de ses poèmes se détruisait insensiblement; et, comme leurs parties trop séparées risquaient de ne pouvoir plus se réunir à leur tout, Solon défendit à plusieurs Rhapsodes, lorsqu'ils seraient rassemblés, de prendre au hasard, dans les écrits d'Homère, des faits isolés, et leur prescrivit de suivre dans leurs récits, l'ordre qu'avait observé l'auteur, de manière que l'un reprendrait où l'autre aurait fini,

Ce règlement prévenait un danger, et en laissait subsister un autre encore plus pressant. Les poèmes d'Homère, livrés à l'enthousiasme et à l'ignorance de ceux qui les chantaient ou les interprétaient publiquement, s'altéraient tous les jours dans leur bouche: ils y faisaient des pertes considérables, et se chargeaient de vers étrangers à l'auteur. Pisistrate et Hipparque son fils, entreprirent de rétablir le texte dans sa pureté: ils consultèrent des grammairiens habiles; ils promirent des récompenses à ceux qui rapporteraient des

fragments authentiques de l'Iliade et de l'Odyssée, et après un travail long et pénible, ils exposèrent ces deux magnifiques tableaux aux yeux des Grecs, également étonnés de la beauté des plans et de la richesse des détails. Hipparque ordonna de plus que les vers d'Homère seraient chantés à la fête des Panathénées, dans l'ordre fixé par la loi de Solon.

La postérité, qui ne peut mesurer la gloire des rois et des héros sur leurs actions, croit entendre de loin le bruit qu'ils ont fait dans le monde, et l'annonce avec plus d'éclat aux siècles suivants. Mais la réputation d'un auteur, dont les écrits subsistent, est, à chaque génération, à chaque moment, comparée avec les titres qui l'ont établie; et sa gloire doit être le résultat des jugements successifs que les âges prononcent en sa faveur. Celle d'Homère s'est d'autant plus accrue, qu'on a mieux connu ses ouvrages, et qu'on s'est trouvé plus en état de les apprécier. Les Grecs n'ont jamais été aussi instruits qu'ils le sont aujourd'hui, jamais leur admiration pour lui ne fut si profonde: son nom est dans toutes les bouches, et son portrait devant tous les yeux. Plusieurs villes se disputent l'honneur de lui avoir donné le jour; d'autres lui ont consacré des temples; les Argiens, qui l'invoquent dans leurs cérémonies saintes, vont offrir tous les ans, dans l'île de Chio, un sacrifice en son honneur. Ses vers retentissent dans toute la Grèce, et font l'ornement de ses brillantes fêtes. C'est là que la jeunesse trouve ses premières instructions; qu'Éschile, Sophocle, Archiloque, Hérodote, Démosthène, Platon, et les meilleurs auteurs, ont puisé la plus grande partie des beautés qu'ils ont semées dans leurs écrits; que le sculpteur Phidias et le peintre Euphranor, ont appris à représenter dignement le maître des dieux.

CHARLES ROLLIN.

Charles Rollin naquit à Paris, le 30 janvier 1661. Son père, qui était coutelier le destinait à cette profession: mais un bénédictin, ayant remarqué des dispositions naturelles dans le jeune Rollin, lui fit obtenir une bourse au collège des Dix-Huit, dont les élèves suivaient les cours du collège du Plessis. Après de brillantes études, Rollin occupa la chaire de seconde au collège du Plessis. En 1688 il fut appelé à la chaire d'éloquence au Collège royal. Il donna un soin particulier à la langue française, indignement mise en oubli dans les maisons d'éducation, et ranima aussi l'étude du grec. Après dix années de professorat,

DE L'UTILITÉ DE L'HISTOIRE. Ce n'est pas sans raison que l'histoire a toujours été regardée comme la lumière des temps, la dépositaire des évènements, le témoin fidèle de la vérité, la source des bons conseils et de la prudence, la règle de la conduite et des mœurs. Sans elle, renfermés dans les bornes du siècle et du pays où nous vivons, resserrés dans le cercle étroit de nos connaissances particulières et de nos propres réflexions, nous demeurons toujours dans une espèce d'enfance, qui nous laisse étrangers à l'égard du reste de l'univers, et dans une profonde ignorance de tout ce qui nous a précédé et de tout ce qui nous environne. Qu'est-ce que ce petit nombre d'années qui composent la vie la plus longue? qu'est-ce que l'étendue du pays que nous pouvons occuper ou parcourir sur la terre, sinon un point imperceptible à l'égard de ces vastes régions de l'univers, et de cette longue suite de siècles qui se sont succédé les uns aux autres depuis l'origine du monde? Cependant c'est à ce point imperceptible que se bornent nos connaissances, si nous n'appelons à notre secours l'étude de l'histoire, qui nous ouvre tous les siècles et tous les pays; qui nous fait entrer en commerce avec tout ce qu'il y a eu de grands hommes dans l'antiquité; qui nous met sous les yeux toutes leurs actions, toutes leurs entreprises, toutes leurs vertus, tous leurs défauts; et qui, par les sages réflexions qu'elle nous fournit ou qu'elle nous donne lieu de faire, nous procure en peu de temps une prudence anticipée, fort supérieure aux leçons des plus habiles maîtres.

nommé recteur, il rétablit la discipline et soutint avec énergie les droits de l'Université. Lorsqu'il quitta le rectorat, Rollin devint le coadjuteur du collège de Beauvais, qu'il fit refleurir. Il fut expulsé de cette maison pour avoir pris la défense des membres de Port-Royal, dispersés par une baine religieuse. A cette époque, il donna une édition de Quintilien. En 1726, parut le Traité des Études, qui eut un grand succès. De 1730 à 1738, il publia les treize volumes de l'Histoire ancienne, puis l'Histoire romaine, que la mort ne lui permit pas d'achever. Rollin mourut le 14 septembre 1724.

On peut dire que l'histoire est l'école commune du genre humain; également ouverte et utile aux grands et aux petits, aux princes et aux sujets, et encore plus nécessaire aux grands et aux princes qu'à tous les autres! car, comment à travers cette foule de flatteurs qui les assiègent de toutes parts, qui ne cessent de les louer et de les admirer, c'est-àdire de les corrompre et de leur empoisonner l'esprit et le cœur; comment, dis-je, la timide vérité pourra-t-elle approcher d'eux, et faire entendre sa faible voix au milieu de ce tumulte et de ce bruit confus? Comment osera-telle leur montrer les devoirs et les servitudes de la royauté: leur faire entendre en quoi consiste leur véritable gloire; leur représenter que, s'ils veulent bien remonter jusqu'à l'origine de leur institution, ils verront clairement qu'ils sont pour les peuples, et non les peuples pour eux; les avertir de leurs défauts; leur faire craindre le juste jugement de la postérité, et dissiper le nuage épais que forme autour d'eux le vain fantôme de la grandeur et l'enivrement de leur fortune?

Elle ne peut leur rendre ces services si importants et si nécessaires, que par le secours de l'histoire, qui seule est en possession de leur parler avec liberté, et qui porte ce droit jusqu'à juger souverainement des actions de rois mêmes, aussi bien que la renommée, que Sénèque appelle liberrimum principum judicem. On a beau faire valoir leurs talents, admirer leur esprit ou leur courage, vanter leurs exploits et leurs conquêtes: si tout cela n'est point fondé sur la vérité et sur la justice, l'histoire leur

fait secrètement leur procès sous des noms empruntés. Elle ne leur fait regarder la plupart des plus fameux conquérants que comme des fléaux publics, des ennemis du genre humain, des brigands des nations, qui, poussés par une ambition inquiète et aveugle, portent la désolation de contrée en contrée, et qui, semblables à une inondation ou à un incendie, ravagent tout ce qu'ils rencontrent. Elle leur met sous les yeux un Caligula, un Néron, un Domitien, comblés de louanges pendant leur vie, devenus après leur mort l'horreur et l'exécration du genre humain: au lieu que Tite, Trajan, Antonin, Marc-Aurèle en sont encore regardés comme les délices, parce qu'ils n'ont usé de leur pouvoir que pour faire du bien aux hommes.

Ainsi l'on peut dire que l'histoire, dès leur vivant même, leur tient lieu de ce tribunal établi autrefois chez les Égyptiens, où les princes comme les particuliers étaient cités et jugés après leur mort, et que par avance elle leur montre la sentence qui décidera pour toujours de leur réputation. Enfin, c'est elle qui imprime aux actions véritablement belles le sceau de l'immortalité et qui flétrit les vices d'une note d'infamie que tous les siècles ne peuvent effacer. C'est par elle que le mérite méconnu pour un temps, et la vertu opprimée, appellent au tribunal incorruptible de la postérité, qui leur rend avec dédommagement la justice que leur siècle leur a quelquefois refusée, et qui, sans respect pour les personnes, et sans crainte d'un pouvoir qui n'est plus, condamne avec une sévérité inexorable l'abus injuste de l'autorité.

Il n'est point d'âge, point de condition, qui ne puisse tirer de l'histoire les mêmes avantages; et ce que j'ai dit des princes et des conquérants comprend aussi, en gardant de justes proportions, toutes les personnes constituées en dignité: ministres d'état, généraux d'armées, officiers, magistrats, intendants, prélats, supérieurs, ecclésiastiques tant séculiers que réguliers, les pères et mères dans leurs familles, les maîtres et maîtresses dans leur domestique, en un

mot tous ceux qui ont quelque autorité sur les autres. Car il arrive quelquefois à ces personnes, d'avoir dans une élévation très bornée, plus de hauteur, de faste et de caprice que les rois, et de pousser plus loin l'esprit despotique et le pouvoir arbitraire. Il est donc très avantageux que l'histoire leur fasse à tous d'utiles leçons; que d'une main non suspecte elle leur présente un miroir fidèle de leurs devoirs et de leurs obligations, et qu'elle leur fasse entendre qu'ils sont tous pour leurs inférieurs, et non leurs inférieurs pour eux.

Ainsi l'histoire, quand elle est bien enseignée, devient une école de morale pour tous les hommes. Elle décrie les vices, elle démasque les fausses vertus, elle détrompe des erreurs et des préjugés populaires, elle dissipe le prestige enchanteur des richesses et de tout ce vain éclat qui éblouit les hommes, et démontre par mille exemples plus persuasifs que tous les raisonnements, qu'il n'y a de grand et de louable que l'honneur et la probité. De l'estime et de l'admiration que les plus corrompus ne peuvent refuser aux grandes et belles actions qu'elle leur présente, elle fait conclure que la vertu est donc le véritable bien de l'homme, et qu'elle seule le rend véritablement grand et estimable. Elle apprend à respecter cette vertu, et à en démêler la beauté et l'éclat à travers les voiles de la pauvreté, de l'adversité, de l'obscurité, et même quelquefois du décri et de l'infamie: comme au contraire elle n'inspire que du mépris et de l'horreur pour le crime, fût-il revêtu de pourpre, tout brillant de lumière et placé sur le trône.

Mais pour me borner à ce qui est de mon dessein, je regarde l'histoire comme le premier maître qu'il faut donner aux enfants, également propre à les amuser et à les instruire, à leur former l'esprit et le cœur, à leur enrichir la mémoire d'une infinité de faits aussi agréables qu'utiles. Elle peut même beaucoup servir, par l'attrait du plaisir qui en est inséparable, à piquer la curiosité de cet âge avide d'apprendre, et à lui donner du goût pour l'étude. Aussi, en matière d'éducation, c'est un principe fon

damental, et observé dans tous les temps, que l'étude de l'histoire doit précéder toutes les autres, et leur préparer la voie. Plutarque nous apprend que le vieux Caton, ce célèbre censeur, dont le nom et la vertu ont tant fait d'honneur à la république romaine, et qui prit un soin particulier d'élever par luimême son fils sans vouloir s'en reposer

sur le travail des maîtres, composa exprès pour lui, et écrivit de sa propre main, en gros caractères, de belles histoires; afin, disait-il, que cet enfant, dès le plus bas âge, fût en état, sans sortir de la maison paternelle, de faire connaissance avec les grands hommes de son pays, et de se former sur ces anciens modèles de probité et de vertu.

FRÉDÉRIC II.

La vie et les hauts faits de ce grand roi sont si populaires que nous nous croyons dispensés de les retracer ici. Grâces à la munificence de sa Majesté Frédéric-Guillaume IV, nous possédons les œuvres

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Frédéric-Guillaume avait toutes les qualités qui font les grands hommes, et la Providence lui fournit toutes les occasions de les déployer. Il donna des marques de prudence dans un âge où la jeunesse n'en donne que de ses égarements; il n'abusa jamais de ses vertus héroïques, et n'employa sa valeur qu'à défendre ses états et à secourir ses alliés. Il était prévoyant et sage, ce qui le rendait grand politique; il était laborieux et humain, ce qui le rendait bon prince. Insensible aux séductions dangereuses de l'amour, il n'eut de faiblesse que pour sa propre épouse. S'il aimait le vin et la société, c'était cependant sans s'abandonner à une débauche outrée. Son tempérament vif et colère le rendait sujet aux emportements; mais s'il n'était pas maître du premier mouvement, il l'était toujours du second, et son cœur réparait avec abondance les fautes qu'un sang trop facile à émouvoir lui faisait commettre. Son âme était le siège de la vertu; la prospérité n'avait pu l'enfler, ni les revers l'abattre. Magnanime, débonnaire, généreux, humain, il ne démentit jamais son caractère. Il devint le restaurateur et le défenseur de sa patrie, le fondateur de la puissance du Brandebourg,

complètes de Frédéric II dans une édition digne de leur immortel auteur. Cette magnifique publication fait autant d'honneur au goût qu'au savoir des édi

teurs.

l'arbitre de ses égaux, l'honneur de sa nation, et pour le dire enfin en un mot, sa vie fait son éloge.

Dans ce siècle, trois hommes attirérent sur eux l'attention de toute l'Europe: Cromwell, qui usurpa l'Angleterre, et couvrit le parricide de son roi d'une modération apparente et d'une politique soutenue; Louis XIV, qui fit trembler l'Europe devant sa puissance, protégea tous les talents, et rendit sa nation respectable dans tout l'univers; Frédéric-Guillaume, qui avec peu de moyens fit de grandes choses, se tint lui seul lieu de ministre et de général, et rendit florissant un état qu'il avait trouvé enseveli sous ses ruines. Le nom de Grand n'est dû qu'à des caractères héroïques et vertueux: Cromwell, dans sa profonde politique, fut souillé des crimes de son ambition; ce serait donc avilir la mémoire de Louis XIV et de Frédéric-Guillaume, que de mettre leur vie en opposition avec celle d'un tyran heureux.

Ces deux princes étaient regardés, chacun dans sa sphère, comme les plus grands hommes de leur siècle. Leur vie fournit des évènements dont la ressemblance est frappante, et d'autres dont les circonstances en éloignent les rapports: comparer ces princes en fait de puissance, ce serait mettre en pa

rallèle les foudres de Jupiter et les flèches de Philoctete; examiner leurs qualités personnelles, en faisant abstraction des dignités, c'est mettre en évidence que l'âme et les actions de l'Électeur n'étaient pas inférieures au génie et aux exploits du Monarque.

Ils avaient tous les deux la physionomie prévenante et heureuse, des traits marqués, le nez aquilin, des yeux où se peignaient les sentiments de leur âme, l'abord facile, l'air et le port majestueux. Louis XIV était plus haut de taille; il avait plus de douceur dans son maintien, et l'expression plus laconique et plus nerveuse: Frédéric Guillaume avait contracté aux universités de Hollande un air plus froid et une éloquence plus diffuse. Leur origine est également ancienne: mais les Bourbons comptaient au nombre de leurs aïeux plus de souverains que les Hohenzollern; ils étaient rois d'une grande monarchie, qui avait eu longtemps des princes parmi leurs vassaux: les autres étaient électeurs d'un pays peu étendu, et alors dépendant en partie des empe

reurs.

La jeunesse de ces princes eut une destinée à peu près semblable; le Roi, mineur, poursuivi dans son royaume par la Fronde et les princes de son sang, fut, d'une montagne éloignée, le spectateur de ce combat que ses sujets rebelles livrèrent à ses troupes au faubourg Saint-Antoine: le Prince électoral, dont le père avait été dépouillé de ses états par les Suédois, fugitif en Hollande, fit son apprentissage de la guerre sous le prince Frédéric-Henri d'Orange, et se distingua aux sièges des forts de Schenk et de Bréda. Louis XIV, parvenu à la régence, soumit son royaume par le poids de l'autorité royale: Frédéric-Guillaume, succédant à son père dans un pays envahi, rentra en possession de son héritage à force de politique et de négociations.

Richelieu, ministre de Louis XIII, était un génie du premier ordre; des mesures prises de longue main, soutenues avec courage, jetèrent les fondements solides de grandeur sur lesquels Louis XIV n'eut qu'à bâtir: Schwartzen

berg, ministre de George-Guillaume, était un traître, dont la mauvaise administration contribua beaucoup à plonger les états de Brandebourg dans l'abime où les trouva Frédéric-Guillaume lorsqu'il parvint à la régence. Le monarque français est digne de louange, pour avoir suivi le chemin de la gloire que Richelieu lui avait préparé: le héros allemand fit plus, il se fraya le chemin seul.

Ces princes commandèrent tous deux leurs armées: l'un, ayant sous lui les plus célèbres capitaines de l'Europe; se reposant de ses succès sur les Turenne, les Condé, les Luxembourg; encourageant l'audace et les talents, et excitant le mérite par l'ardeur de lui plaire. Il aimait plus la gloire que la guerre; il faisait des campagnes par grandeur; il assiégeait des villes, mais il évitait les batailles. Il assista à cette campagne fameuse dans laquelle ses généraux enlevèrent toutes les places de Flandre aux Espagnols; à la belle expédition par laquelle Condé assujettit la FrancheComté, en moins de trois semaines, à la France; il encouragea ses troupes par sa présence, lorsqu'elles passèrent le Rhin au fameux gué du Tolhuys, action que l'idolâtrie des courtisans et l'enthousiasme des poètes fit passer pour miraculeuse. L'autre, n'ayant qu'à peine des troupes, et manquant de généraux habiles, suppléa lui seul par son puissant génie aux secours qui lui manquaient: il formait ses projets et les exécutait; s'il pensait en général, il combattait en soldat; et par rapport aux conjonctures où il se trouvait, il regardait la guerre comme sa profession. Au passage du Rhin j'oppose la bataille de Varsovie, qui dura trois jours, et dans laquelle le Grand Electeur fut un des principaux instruments de la victoire. A la conquête de la Franche-Comté j'oppose la surprise de Rathenow, et la bataille de Fehrbellin, où notre héros, à la tête de cinq mille cavaliers, défit les Suédois, et les chassa au delà de ses frontières; et, si ce fait ne paraît pas assez merveilleux, j'y ajoute l'expédition de Prusse, où son armée vola sur une mer glacée, fit qua

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