ページの画像
PDF
ePub
[blocks in formation]

Qu'elle fasse couler les pleurs du repentir, Je voudrais maintenant vider jusqu'à la Et que des passions l'ivresse téméraire

lie.

Ce calice mêlé de nectar et de fiel:
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel!

Peut-être l'avenir me gardait-il encore Un retour de bonheur, dont l'espoir est perdu!

Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore Aurait compris mon âme et m'aurait répondu!

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire:

A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux; Moi, je meurs, et mon âme, au moment qu'elle expire,

S'exhale comme un son triste et mélodieux.

[blocks in formation]

Se calme à votre souvenir.

Ainsi dans la vertu ma jeunesse formée,
Y trouvera toujours un appui tout nouveau,
Sur l'océan du monde une route assurée,
Et son espérance au tombeau.

A son dernier soupir mon âme défaillante
Bénira les mortels qui firent mon bonheur;
On entendra redire à ma bouche mourante
Leurs noms si chéris de mon cœur.

LE CRUCIFIX.

Toi que j'ai recueilli sur sa bouche expirante

Avec son dernier souffle et son dernier adieu, Symbole deux fois saint, don d'une main mourante,

Image de mon Dieu!

Que de pleurs ont coulé sur tes pieds que j'adore,

Depuis l'heure sacrée où, du sein d'un martyr,

Dans mes tremblantes mains tu passas, tiède encore

De son dernier soupir!

Les saints flambeaux jetaient une dernière flamme, Le prêtre murmurait ces doux chants de la mort,

[blocks in formation]
[blocks in formation]

Quand des chants, des sanglots, la confuse harmonie

N'éveille déjà plus notre esprit endormi; Aux lèvres du mourant collé dans l'agonie, Comme un dernier ami;

Pour éclaircir l'horreur de cet étroit passage,

Pour relever vers Dieu son regard abattu, Divin consolateur, dont nous baisons l'image, Réponds! Que lui dis-tu?

Tu sais, tu sais mourir! et tes larmes divines,

Dans cette nuit terrible où tu prias en vain,

De l'olivier sacré baignèrent les racines
Du soir jusqu'au matin.

De la croix, où ton œil sonda ce grand
mystère,
Tu vis ta mère en pleurs et la nature en
deuil;
tes amis sur la
Tu laissas comme nous

terre,

Et ton corps au cercueil!

Au nom de cette mort, que ma faiblesse obtienne

De rendre sur ton sein ce douloureux
soupir:
Quand mon heure viendra, souviens-toi de
la tienne,
O toi qui sais mourir!

Je chercherai la place où sa bouche ex-
Exhala sur tes pieds l'irrévocable adieu,
pirante
Et son âme viendra guider mon âme errante

Au sein du même Dieu.

30

[blocks in formation]
[blocks in formation]

Sur un écueil battu par la vague plaintive Le nautonnier de loin voit blanchir sur la rive

Un tombeau près du bord par les flots arrosé; Le temps n'a pas encor bruni l'étroite pierre, Et sous le vert tissu de la ronce et du lierre

On distingue... un sceptre brisé !

Ici gît... point de nom!... demandez à la terre!

Ce nom? il est inscrit en sanglant caractère,

Des bords du Tanaïs au sommet du Cédar, Sur le bronze et le marbre, et sur le sein des braves,

Et jusque dans le cœur de ces troupeaux

d'esclaves

[blocks in formation]
[blocks in formation]

Tu grandis sans plaisir, tu tombas sans Ils passaient devant toi comme des flots

murmure.

Rien d'humain ne battait sous ton épaisse

armure:

Sans haine et sans amour, tu vivais pour penser, Comme l'aigle régnant dans un ciel solitaire,

Tu n'avais qu'un regard pour mesurer la terre,

Et des serres pour l'embrasser!

S'élancer d'un seul bond au char de la victoire, Foudroyer l'univers des splendeurs de ta gloire,

Fouler d'un même pied des tribuns et des rois,

Forger un joug trempé dans l'amour et la haine,

Et faire frissonner sous le frein qui l'enchaîne

Un peuple échappé de ses lois;

Être d'un siècle entier la pensée et la vie,
Émousser le poignard, décourager l'envie,
Ébranler, raffermir l'univers incertain,
Aux sinistres clartés de la foudre qui
gronde,

Vingt fois contre les dieux jouer le sort du monde,

Quel rêve!!! et ce fut ton destin!...

Tu tombas cependant de ce sublime faîte, Sur ce rocher désert jeté par la tempête Tu vis tes ennemis déchirer ton manteau: Et le sort, ce seul dieu qu'adora ton audace, Pour dernière faveur t'accorda cet espace Entre le trône et le tombeau.

Oh! qui m'aurait donné d'y sonder ta pensée,

Lorsque le souvenir de ta grandeur passée Venait, comme un remords, t'assaillir loin du bruit,

Et que, les bras croisés sur ta large poitrine, Sur ton front chauve et nu, que la pensée incline,

L'horreur passait comme la nuit!

Tel qu'un pasteur debout sur la rive profonde

Voit son ombre de loin se prolonger sur l'onde,

Et du fleuve orageux suivre, en flottant, le cours; Tel du sommet désert de ta grandeur suprême, Dans l'ombre du passé te recherchant toimême, Tu rappelais tes anciens jours.

sublimes,

Dont l'œil voit sur les mers étinceler les cimes,

Ton oreille écoutait leur bruit harmonieux;

Et d'un reflet de gloire éclairant ton visage,

Chaque flot t'apportait une brillante image Que tu suivais longtemps des yeux.

Là sur un pont tremblant tu défiais la foudre;

Là du désert sacré tu réveillais la poudre; Ton coursier frissonnait dans les flots du Jourdain.

Là tes pas abaissaient une cime escarpée. Là tu changeais en sceptre une invincible épée.

Ici... Mais quel effroi soudain? Pourquoi détournes-tu ta paupière éperdue? D'où vient cette pâleur sur ton front répandue?

Qu'as-tu vu tout à coup dans l'horreur du passé?

Est-ce de vingt Ou du sang des

cités la ruine fumante, humains quelque plaine écumante?

Mais la gloire a tout effacé.

[blocks in formation]
« 前へ次へ »