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d'importance et de fixité, soit pour l'administration de la justice, soit comme chargé de la police de son ressort.

Ainsi, sous les rapports de la force militaire, des impôts et de la justice, c'est-à-dire dans ce qui fait son essence, le gouvernement acquiert en France, au quinzième siècle, un caractère jusquelà inconnu d'unité, de régularité, de permanence; le pouvoir public prend définitivement la place des pouvoirs féodaux. En même temps s'accomplit un bien autre changement, un changement moins visible, et qui a moins frappé les historiens, mais encore plus important peutêtre, c'est celui que Louis XI a opéré dans la manière de gouverner.

On a beaucoup parlé de la lutte de Louis XI contre les grands du royaume, de leur abaissement, de sa faveur pour la bourgeoisie et les petites gens. Il y a du vrai en cela, quoiqu'on ait beaucoup exagéré, et que la conduite de Louis XI avec les diverses classes de la société ait plus souvent troublé que servi l'état. Mais il a fait quelque chose de plus grave. Jusqu'à lui le gouvernement n'avait guère procédé que par la force, par les moyens matériels. La persuasion, l'adresse, le soin de manier les esprits, de les amener à ses vues, en un mot, la politique proprement dite, politique de mensonge et de fourberie sans doute, mais aussi de ménagement et de prudence, avaient tenu jusque-là peu de place. Louis XI a substitué dans le gouvernement les moyens intellectuels aux moyens maté riels, la ruse à la force, la politique italienne à la politique féodale. Prenez les deux hommes dont la rivalité remplit cette époque de notre histoire, Charles le Téméraire et Louis XI. Charles est le représentant de l'ancienne façon de gouverner; il ne procède que par la violence, il en appelle constamment à la guerre; il est hors d'état de prendre patience, de s'adresser à l'esprit des hommes pour en faire l'instrument de son succès. C'est au contraire le plaisir de Louis XI d'éviter l'emploi de la force, de s'emparer des hommes individuellement, par la conversation, par le maniement habile

des intérêts et des esprits. Il a changé non pas les institutions, non pas le système extérieur, mais les procédés secrets, la tactique du pouvoir. Il était réservé aux temps modernes de tenter une révolution encore, de travailler à introduire, dans les moyens comme dans le but politique, la justice à la place de l'égoïsme, la publicité au lieu du mensonge. Il n'en est pas moins vrai que c'était déjà un grand progrès que de renoncer au continuel emploi de la force, d'invoquer surtout la supériorité intellectuelle, de gouverner par les esprits, et non par le bouleversement des existences. C'est là, au milieu de ses crimes et de ses fautes, en dépit de sa nature perverse, et par le seul mérite de sa vive intelligence, ce que Louis XI a commencé.

LA CIVILISATION.

La civilisation est un fait comme un autre, fait susceptible, comme tout autre, d'être étudié, décrit, raconté.

Depuis quelque temps on parle beaucoup, et avec raison, de la nécessité de renfermer l'histoire dans les faits, de la nécessité de raconter: rien de plus vrai; mais il y a plus de faits à raconter, et des faits plus divers, qu'on n'est peutêtre tenté de le croire au premier moment; il y a des faits matériels, visibles, comme les batailles, les guerres, les actes officiels des Gouvernements; il y a des faits moraux, cachés, qui n'en sont pas moins réels; il y a des faits individuels, qui ont un nom propre; il y a des faits généraux, sans nom, auxquels il est impossible d'assigner une date précise, de tel jour, de telle année, qu'il est impossible de renfermer dans des limites rigoureuses, et qui n'en sont pas moins des faits comme d'autres, des faits historiques, qu'on ne peut exclure de l'histoire sans la mutiler.

La portion même qu'on est accoutumé à nommer la portion philosophique de l'histoire, les relations des faits entre eux, le lien qui les unit, les causes et les résultats des évènements, c'est de l'histoire, tout comme les récits

de batailles et de tous les évènements extérieurs. Les faits de ce genre, sans nul doute, sont plus difficiles à demêler; on s'y trompe plus souvent; il est malaisé de les animer, de les présenter sous des formes claires, vives: mais cette difficulté ne change rien à leur nature; ils n'en font pas moins partie essentielle de l'histoire.

La civilisation est un de ces faits-là; fait général, caché, complexe, très difficile, j'en conviens, à décrire, à raconter, mais qui n'en existe pas moins, qui n'en a pas moins droit à être décrit et raconté. On peut élever sur ce fait un grand nombre de questions; on peut se demander, on s'est demandé s'il était un bien ou un mal. Les uns s'en sont désolés; les autres s'en sont applaudis. On peut se demander, si s'est un fait universel, s'il y a une civilisation universelle du genre humain, une destinée de l'humanité, si les peuples se sont transmis de siècle en siècle quelque chose qui ne se soit pas perdu, qui doive s'accroître, passer comme un dépôt, et arriver ainsi jusqu'à la fin des siècles. Pour mon compte, je suis convaincu qu'il y a en effet une destinée générale de l'humanité, une transmission du dépôt de la civilisation, et par conséquent une histoire universelle de la civilisation à écrire. Mais, sans élever des questions si grandes, si difficiles à resoudre, quand on se referme dans un espace de temps et de lieu déterminé, quand on se borne à l'histoire d'un certain nombre de siècles, ou de certains peuples, il est évident que, dans ces limites, la civilisation est un fait qui peut être décrit, raconté, qui a son histoire. Je me hâte d'ajouter que cette histoire est la plus grande de toutes, qu'elle comprend toutes les autres.

Ne semble-t-il pas, en effet, que le fait de la civilisation soit le fait par excellence, le fait général et définitif, auquel tous les autres viennent aboutir, dans lequel ils se résument? Prenez tous les faits dont se compose l'histoire d'un peuple, qu'on est accoutumé à considérer comme les éléments de sa vie; prenez ses institutions, son commerce, son industrie, ses guerres, tous les dé

tails de son gouvernement: quand on veut considérer ces faits dans leur ensemble, dans leur liaison, quand on veut les apprécier, les juger, qu'est-ce qu'on leur demande? on leur demande en quoi ils ont contribué à la civilisation de ce peuple, quel rôle ils y ont joué, quelle part ils y ont prise, quelle influence ils y ont exercée. C'est par-là non seulement qu'on s'en forme une idée complète, mais qu'on les mesure, qu'on apprécie leur véritable valeur; ce sont en quelque sorte des fleuves auxquels on demande compte des eaux qu'ils doivent apporter à l'Océan. La civilisa tion est une espèce d'Océan qui fait la richesse d'un peuple, et au sein duquel tous les éléments de la vie du peuple, toutes les forces de son existence, viennent se réunir. Cela est si vrai que des faits qui par leur nature sont détestés, funestes, qui pèsent douloureusement sur les peuples, le despotisme, par exemple, et l'anarchie, s'ils ont contribué en quelque chose à la civilisation, s'ils lui ont fait faire un grand pas, eh bien! jusqu'à un certain point, on les excuse, on leur pardonne leurs torts, leur mauvaise nature; en sorte que partout où on reconnaît la civilisation et les faits qui l'ont enrichie, on est tenté d'oublier le prix qu'il en a coûté.

Il y a même des faits qu'à proprement parler on ne peut pas dire sociaux, des faits individuels qui semblent intéresser l'âme humaine plutôt que la vie publique: telles sont les croyances religieuses et les idées philosophiques, les sciences, les lettres, les arts. Ces faits paraissent s'adresser à l'homme, soit pour le perfectionner, soit pour le charmer, et avoir plutôt pour but son amélioration intérieure, ou son plaisir, que sa condition sociale. Eh bien! c'est encore sous le point de vu de la civilisation que ces faits-là mêmes sont souvent et veulent être considérés. De tout temps, dans tout pays, la religion s'est glorifiée d'avoir civilisé les peuples; les sciences, les lettres, les arts, tous les plaisirs intellectuels et moraux ont réclamé leur part dans cette gloire; et on a cru les louer, les honorer, quand on a reconnu qu'en effet elle leur ap

partenait. Ainsi, les faits les plus importants, les plus sublimes en eux-mêmes et indépendamment de tout résultat extérieur, uniquement dans leurs rapports avec l'âme de l'homme, leur importance s'accroît, leur sublimité s'élève par leur rapport avec la civilisation. Telle est la valeur de ce fait général qu'il en donne à tout ce qu'il touche. Et non seulement il en donne; il y a même des occasions où les faits dont nous parlons, les croyances religieuses, les idées philosophiques, les lettres, les arts, sont surtout considérés et jugés sous le point de vue de leur influence sur la civilisation; influence qui devient, jusqu'à un certain temps, la mesure décisive de leur mérite, de leur valeur.

WASHINGTON.

Jamais peut-être l'attente obscure, et la confiance prématurée dans la destinée, n'a été plus naturelle que pour Washington; car jamais homme n'a paru, n'a été réellement, dès sa jeunesse et dans ses premières actions, mieux approprié à son avenir et à la cause qu'il devait faire triompher.

Il était planteur de famille et de goût, et voué à ces intérêts, à ces habitudes, à cette vie agricole qui faisaient la vigueur de la société américaine.

Les voyages, la chasse, l'exploration des terres lointaines, les relations amicales ou hostiles avec les Indiens des frontières, furent les plaisirs de sa jeunesse. Son tempérament actif et hardi se complaisait dans les aventures et les périls que suscite à l'homme la nature grande et sauvage. Il avait la force de corps, la persévérance et la présence d'esprit qui en font triompher.

Mais sa jeune ardeur, en même temps sérieuse et sereine, eut l'autorité de l'âge mûr. Dès le premier jour, il aimait dans la guerre, bien plus que le plaisir du combat, ce grand emploi de l'intelligence et de la volonté armées de la force pour un beau dessein, ce mélange puissant d'action humaine et de fortune, qui saisit et transporte les âmes les plus hautes comme les plus simples.

Né dans les premiers rangs de la société coloniale, élevé dans les écoles publiques, au milieu de ses compatriotes, il arrivait naturellement à leur tête; car il était à la fois leur supérieur et leur pareil, formé aux mêmes études, habile aux mêmes exercices, étranger, comme eux, à toute instruction élégante, à toute prétention savante, ne demandant rien pour lui-même, et ne déployant que pour le service public cet ascendant qu'un esprit pénétrant et sensé, un caractère énergique et calme assurent toujours dans une situation désintéressée.

En 1754, il entre à peine dans la société et dans la carrière des armes. C'est un officier de vingt-deux ans qui conduit des bataillons de milice ou correspond avec le représentant du roi d'Angleterre. Ni l'une ni l'autre relation ne l'embarrasse. Il aime ses compagnons; il respecte le roi et le gouverneur; mais ni l'affection ni le respect n'altèrent l'indépendance de son jugement et de sa conduite; il sait, il voit, avec un admirable instinct d'action et de commandement, par quels moyens, à quelles conditions on peut réussir dans ce qu'il entreprend pour le compte du roi et du pays. Et ces conditions, ces moyens, il les demande, il les impose: à ses soldats, s'il s'agit de discipline, d'exactitude et d'activité dans le service, au gouverneur, si la question porte sur la solde des troupes, sur les approvisionnements, sur le choix des officiers. Partout, soit que ses idées et ses paroles montent vers le supérieur auquel il rend compte, ou descendent sur les subordonnés qui lui obéissent, elles sont également nettes, pratiques, décisives, également empreintes de cet empire que donnent la vérité et la nécessité à l'homme qui se présente en leur nom.

Washington est, dès cette époque, l'Américain éminent, le représentant fidèle et supérieur de son pays, l'homme qui le comprendra et le servira le mieux, soit qu'il s'agisse de traiter ou de combattre pour lui, de le défendre ou de le gouverner.

Pourtant Washington n'avait point ces qualités brillantes, extraordinaires, qui frappent, au premier aspect, l'ima

gination humaine. Ce n'était point un de ces génies ardents, pressés d'éclater, entraînés par la grandeur de leur pensée ou de leur passion, et qui répandent autour d'eux les richesses de leur nature, avant même qu'au dehors aucune occasion, aucune nécessité en sollicite l'emploi. Étranger à toute agitation intérieure, à toute ambition spontanée et superbe, Washington n'allait point au devant des choses, n'aspirait point à l'admiration des hommes. Cet esprit si ferme, ce cœur si haut était profondément calme et modeste. Capable de s'élever au niveau des plus grandes destinées, il eût pu s'ignorer lui-même sans en souffrir, et trouver dans la culture de ses terres la satisfaction de ces facultés puissantes qui devaient suffire au commandement des armées et à la fondation d'un gouvernement.

Mais quand l'occasion s'offrit, quand la nécessité arriva, sans effort de sa part, sans surprise de la part des autres, ou plutôt, comme on vient de le voir, selon leur attente, le sage planteur fut un grand homme. Il avait à un degré supérieur les deux qualités qui, dans la vie active, rendent l'homme capable des grandes choses. Il savait croire fermement à sa propre pensée, et agir résolûment selon ce qu'il pensait, sans craindre la responsabilité.

C'est surtout la faiblesse des convictions qui fait celle des conduites; car l'homme agit bien plus en vertu de ce qu'il pense que par tout autre mobile. Dès que la querelle s'éleva, Washington fut convaincu que la cause de son pays était juste, et qu'à une cause si juste, dans un pays déjà si grand, le succès ne pouvait manquer. Pour conquérir l'indépendance par la guerre, il fallut neuf ans; pour fonder le gouvernement par la politique, dix ans. Les obstacles, les revers, les inimitiés, les trahisons, les erreurs et les langueurs publiques, les dégoûts personnels abondèrent, ainsi qu'il arrive, sous les pas de Washington, dans cette longue carrière. Mais pas un moment sa foi et son espérance ne furent ébranlées.

La même énergie de conviction, la même fidélité à son propre jugement, qu'il portait dans l'appréciation générale des choses, l'accompagnaient dans la pratique des affaires. Esprit admirablement libre, plutôt à force de justesse que par richesse et flexibilité, il ne recevait ses idées de personne, ne les adoptait en vertu d'aucun préjugé, mais en toute occasion, les formait lui-même, par la vue simple ou l'etude attentive des faits, sans aucune entremise ni influence, toujours en rapport direct et personnel avec la réalité.

Aussi, quand il avait observé, réfléchi et arrêté son idée, rien ne le troublait; il ne se laissait point jeter ou entretenir, par les idées d'autrui, ni par le désir de l'approbation, ni par la crainte de la contradiction, dans un état de doute et de fluctuation continuelle. Il avait foi en Dieu et en luimême.

C'est qu'il joignait, à cet esprit indépendant et ferme, un grand cœur, toujours prèt à agir selon sa pensée, en acceptant la responsabilité de son action: „Ce que j'admire dans Christophe Colomb, dit Turgot, ce n'est pas d'avoir découvert le nouveau monde, mais d'être parti pour le chercher sur la foi d'une idée." Que l'occasion fût grande ou petite, les conséquences prochaines ou éloignées, Washington, convaincu, n'hésitait jamais à se porter en avant, sur la foi de sa conviction. On eût dit, à sa résolution nette et tranquille, que c'était pour lui une chose naturelle de décider des affaires et d'en répondre: signe assuré d'un génie né pour gouverner; puissance admirable quand elle s'unit à un désintéressement consciencieux.

Entre les grands hommes, s'il en est qui ont brillé d'un éclat plus éblouissant, nul n'a été soumis à une plus complète épreuve: dans la guerre et dans le gouvernement, résister, au nom de la liberté et au nom du pouvoir, au roi et au peuple, commencer une révolution et la finir.

C. LACRETELLE.

Charles Joseph Lacretelle, professeur et historien distingué, né à Metz en 1772, mort à Paris en 1855. Il est connu dans la littérature sous le nom de Lacretelle le jeune, pour le distinguer de son frère P. L. Lacretelle, dit l'aîné, mort en 1824. On lui doit: Précis historique de la révolution française; Histoire de France pendant le dix-huitième siècle;

LOUIS XI.

Louis XI, règne utile à la France, mais qui n'a rien de français, règne où les fourberies politiques viennent prendre la place de la vieille loyauté; où les commissions, les échafauds, les gibets et les tortures d'invention nouvelle suspendent ou anéantissent l'action naissante et déjà respectée des grandes cours de judicature, dues à nos meilleurs ou à nos plus habiles monarques. Il faut qu'un règne de cette sorte prête matière à de hautes considérations politiques et morales, puisque Montesquieu avait entrepris d'en écrire l'histoire. Un autre homme de génie en a rendu le tableau familier à tous les esprits, et a su nous amuser de la perfide bonhomie, de la popularité triviale et abjecte, des superstitions bizarres que Louis XI entremêlait à des cruautés qui semblent avoir été ses jeux favoris. Qui ne connaît le beau roman de Walter Scott? et qui n'appliquera les vives réminiscences de cette production originale à chacun des faits que je vais retracer rapidement? C'est dans un âge tel que le nôtre qu'il convient de diffamer l'astuce, la fourberie, l'inhumanité, jusque dans leurs succès.

Les dernières années de Charles VII furent pleines d'angoisses et de malheurs. Agnès Sorel, cette femme qui réparait à force de vertus et de courage tout ce que sa position avait d'équivoque, venait d'emporter dans sa tombe prématurée toutes les affections, tout le bonheur de Charles. Son fils, Louis, en accumulant les mensonges et les perfidies, avait lassé son pardon. Il l'avait exilé dans le Dauphiné, et ce génie précoce pour l'intrigue osait faire du roi le but de ses conspirations et de ses sourdes menées. Du sein de son Herrig, La France litt.

Histoire de France pendant les guerres de religion; Histoire de l'Assemblée constituante, du Directoire, de la Restauration; Éloge de Florian, etc. Tous ces ouvrages sont remarquables par la profondeur et l'exactitude du savoir, par un sens moral très élevé, par l'impartialité des jugements, par un style ferme et pur.

puissant apanage, il traitait avec plusieurs souverains. Le duc de Milan se liguait avec lui, et il contractait un mariage sans l'aveu de son père. Vaincu, le duc de Bourgogne lui accorda une magnifique et dispendieuse hospitalité. Cinq ans se passèrent dans cet exil de Bourgogne, et le roi, pendant tout ce temps, eut moins à redouter son formidable vassal, le duc de Bourgogne, que l'hôte dangereux qu'il avait reçu. D'autres inquiétudes plus personnelles vinrent troubler les jours de Charles VII. On lui avait persuadé que le dauphin avait gagné quelquesuns de ses gens, et qu'il devait mourir empoisonné. Le 22 juillet 1461, après être resté plusieurs jours sans oser rien manger, Charles VII, le victorieux, mourut de faim et dans l'affreuse persuasion qu'il avait donné le jour à un fils qui avait des intentions parricides. Louis, à cette nouvelle, ne sut pas modérer les transports de sa joie. Ce vaste théâtre pour son ambition, ce trône de France, qu'il attirait à lui depuis si longtemps, il l'avait donc enfin, et la fortune lui avait évité la peine d'en faire descendre violemment celui qui l'occupait. Il monta à cheval, suivi du duc de Bourgogne, du comte de Charolais, et de tous les gentilshommes qui allaient saluer la nouvelle royauté, et se fit sacrer à Reims par Juvénal des Ursins. A la tête de 12000 hommes, il fit au mois d'août son entrée à Paris. Il n'avait ni dignité ni aisance dans ses manières. Son habit de bure, court et étroit, sa notredame de plomb sur sa barrette, firent mauvais effet sur un peuple habitué à la magnificence et à la fierté de ses rois. Son premier acte prouve le peu de respect qu'il portait à la mémoire

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