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tourné de la poursuite d'un dessein par la nécessité d'en reprendre un autre, il ne put pas toujours commencer assez vite pour réussir ni persister assez longtemps pour achever.

dominateur italien, le chef couronne du saint-empire romain, auquel l'ardeur religieuse de sa foi comme l'entraînement politique de son rôle interdisaient d'admettre le protestantisme, qu'il n'avait

en 1546 pouvoir de dompter par les armes et le convertir par le concile. Après avoir affermi ses établissements en Italie, renouvelé ses victoires en France, étendu ses conquêtes en Afrique, il marcha en Allemagne. Dans deux campagnes il triompha des troupes protestantes; mais, après avoir désarmé les bras, il ne put soumettre les consciences. Son triomphe religieux et militaire sur l'Allemagne protestante et libre, qui n'entendait être ni convertie ni oppri

Il parvint toutefois à réaliser quelques-jamais que temporairement toléré, crut unes de ses entreprises. Ayant à s'étendre en Italie, à garder une partie de ce beau pays disputé, et à constituer l'autre dans ses intérêts, il y réussit, malgré François I et Henri II, au prix de trente-quatre ans d'efforts, de cinq longues guerres, dans lesquelles, presque toujours victorieux, il fit un roi de France et un pape prisonniers. Il parvint aussi non-seulement à préserver les Pays-Bas, mais à les accroître: au nord, du duché de Gueldre, de l'évêché d'Utrecht, du comté de Zut-mée, fut le signal d'un irrésistible souphen, au sud, de l'archevêché de Cambrai; il les dégagea en même temps de la suzeraineté de la France sur la Flandre et sur l'Artois. Mais comment empêcher la Hongrie d'être envahie par les Turcs, les côtes de l'Espagne, les îles de la Méditerranée, le littoral de l'Italie d'être ravagés par les Barbaresques? I le tenta cependant. Luimême repoussa le formidable Soliman II de Vienne en 1532; enleva la Goulette et Tunis à l'intrépide dévastateur Barberousse en 1535, voulut en 1541 se rendre maître d'Alger, d'où le repoussa la tempête. Il aurait complété sur terre et sur mer cette défense des pays chrétiens, et aurait devancé dans le protectorat de la Méditerranée son fils immortel, l'héroïque vainqueur de Lépante, s'il n'avait pas été constamment réduit à se tourner vers d'autres desseins par d'autres dangers. Quant au projet de ramener l'Allemagne à la vieille croyance catholique, il dut être impuissant parce qu'il fut tardif. Charles-Quint, obligé de souff ir le protestantisme lorsqu'il était encore faible, l'attaqua lorsqu'il était devenu trop fort pour être, je ne dirai pas détruit, mais contenu. Durant trente années, l'arbre de la nouvelle croyance avait poussé de profondes racines sous le sol de toute l'Allemagne, qu'il couvrait alors de ses impénétrables rameaux. Comment l'abattre et le déraciner? Le catholique espagnol, le

lèvement de l'Elbe au Danube, et ranima toutes les vieilles inimitiés contre Charles-Quint dans le reste de l'Europe, où tout ce qui paraissait décidé en sa faveur se trouva remis en question. Il fit encore face à la fortune; mais il était au bout de ses forces, de sa félicité, de sa vie. Accablé de maladies, surpris par ce grand et inévitable revers de son dernier dessein, hors d'état d'entreprendre, à peine capable de résister, ne pouvant plus diriger et accroître cette vaste domination, dont la charge devait être divisée après lui, n'entendant pas composer avec l'hérésie victorieuse en Allemagne, trouvant à agrandir son fils en Angleterre, ayant soutenu une lutte et fait une trève sans désavantage avec la France, il réalisa le projet d'abdication qu'il avait médité depuis tant d'années, et que lui rendaient nécessaire les maladies de l'homme, les fatigues du souverain, les sentiments du chrétien.

La retraite ne le changea point; le profond politique se montra toujours dans le pieux solitaire, et l'habitude du commandement survécut chez lui à sa renonciation. S'il devint désintéressé pour lui-même, il demeura ambitieux pour son fils. Se prononçant du fond de son monastère en 1557 contre Paul IV, comme il l'avait fait en 1527 du haut de son trône contre Clément VII; conseillant à Philippe II de poursuivre

Henri II avec la même vigueur qu'il avait mise à poursuivre dans son temps François I; songeant sans cesse à garantir les pays chrétiens des dévastations des Turcs, qu'il avait autrefois repoussés de l'Allemagne et vaincus en Afrique; défendant les doctrines catholiques des atteintes protestantes, sinon avec plus de conviction, du moins avec plus d'ardeur, parce qu'il n'avait point alors à agir, mais simplement à croire, et que, si la conduite est souvent obligée d'être accommodante, la pensée peut

toujours être inflexible; arbitre consulté et chef obéi de la famille, dont les tendres respects et les invariables soumissions se tournaient incessamment vers lui: on peut dire qu'il ne fut pas autre dans le couvent que sur le trône. Espagnol intraitable par la croyance, ferme politique par le jugement, toujours égal en des situations diverses, s'il a terminé sa vie dans l'humble dévotion du chrétien, il a pensé jusqu'au bout avec la persévérante hauteur du grand homme.

JOSEPH MICHAUD.

Joseph Michaud, né à Bourg-en-Bresse, en 1769, débuta dans la presse royaliste. Sous la révolution, il fonda le journal la Quotidienne, et soutint couragensement la cause de la royauté et de la religion. Il fut condamné à mort, puis à la déportation, et alla chercher un asile dans les montagnes de Jura. En 1814, il fit reparaître la Quotidienne, qu'il a continué jusqu'à sa

LA PREMIÈRE CROISADE.

Au milieu de l'agitation générale, Alexis Comnène, qui était menacé par les Turcs, envoya au pape des ambassadeurs pour solliciter les secours des Latins. Quelque temps avant cette ambassade, il avait adressé aux princes de l'Occident des lettres dans lesquelles il leur racontait d'une manière lamentable les conquêtes des Turcs dans l'Asie Mineure. Ces hordes sauvages, qui, dans leurs débauches et dans l'ivresse de la victoire, avaient outragé la nature et l'humanité, étaient aux portes de Byzance, et, sans le prompt secours de tous les peuples chrétiens, la ville de Constantin allait tomber sous la plus affreuse domination. Alexis rappelait aux princes de la chrétienté les saintes reliques renfermées dans Constantinople, et les conjurait de sauver de la profanation des infidèles ce dépôt sacré. Après avoir étalé la splendeur et les richesses de sa capitale, il exhortait les chevaliers et les barons à venir les défendre; il leur offrait ses trésors pour prix de leur courage; et leur vantait la beauté des femmes grecques, dont l'amour devait payer les exploits de ses

mort, arrivée en 1839. On doit à Michaud plusieurs poèmes, dont le Printemps d'un proscrit est le plus remarquable; la meilleure Histoire des Croisades, la Correspondance d'Orient, un des livres les plus instructifs et les plus intéressants qui aient été publiés sur cette contrée; une Collection de Mémoires sur l'histoire de France, etc.

libérateurs." Ainsi rien n'était oublié pour flatter les passions et réveiller l'enthousiasme des guerriers de l'Occident. L'invasion des Turcs était, aux yeux d'Alexis, le plus grand des malheurs qu'eût à redouter le chef d'un royaume chrétien, et, pour écarter un pareil danger, tout lui paraissait juste et convenable. Il pouvait supporter l'idée de perdre sa couronne, mais non la honte de voir ses états soumis aux lois de Mahomet; s'il devait un jour perdre l'empire, il s'en consolait d'avance, pourvu que la Grèce échappât au joug des musulmans et devint le partage des Latins."

Pour répondre aux prières d'Alexis et aux vœux des fidèles, le souverain pontife convoqua à Plaisance un concile, afin d'y exposer les périls de l'Église grecque et de l'Église latine d'Orient. Les prédications de Pierre avaient tellement préparé les esprits, que plus de deux cents évêques et archevêques, quatre mille ecclésiastiques et trente mille laïcs, obéirent à l'invitation du saint-siège. Le concile se trouva si nombreux, qu'il fut obligé de s'assembler dans une plaine voisine de la ville.

Dans cette assemblée des fidèles, tous les regards se portèrent sur les ambassadeurs d'Alexis: leur présence au milieu d'un concile latin annonçait assez les désastres de l'Orient. Lorsqu'ils eurent exhorté les princes et les guerriers à sauver Constantinople et Jérusalem, Urbain appuya leurs discours et leurs prières de toutes les raisons que pouvaient lui fournir les intérêts de la chrétienté et la cause de la religion. Cependant le concile de Plaisance ne prit aucune résolution sur la guerre contre les infidèles. Il n'avait pas seulement pour objet la délivrance de la terre sainte: les déclarations de l'impératrice Adélaïde, qui vint révéler sa propre honte et celle de son époux, les anathèmes contre l'empereur d'Allemagne et contre l'antipape Guibert, occupèrent plusieurs jours l'attention d'Urbain et des Pères du concile.

D'autres raisons expliqueraient le peu d'effet que produisit la prédication d'Urbain dans le concile de Plaisance. Les peuples d'Italie, auxquels s'adressait le souverain pontife, étaient livrés à l'esprit de commerce et les préoccupations mercantiles ne vont guère avec l'enthousiasme religieux; de plus, l'Italie se trouvait fortement distraite par un esprit de liberté qui enfantait des troubles et portait à négliger les intérêts de la religion. On peut ajouter que la puissance pontificale, parfois réduite à de dures extrémités, avait perdu quelque chose de son prestige, quelque chose de son influence, pour les peuples d'au-delà des Alpes. Tandis que le monde chrétien révérait dans Urbain le formidable successeur de Grégoire, les Italiens, dont il avait quelquefois imploré la charité, ne connaissaient que ses disgrâces et ses malheurs; sa présence ne réchauffait point leur zèle, et ses décisions n'étaient pas toujours des lois pour ceux qui l'avaient vu, du sein de la misère et de l'exil, forger les foudres lancées sur les trônes de l'Occident.

Le prudent Urbain n'entreprit point de réveiller l'ardeur des Italiens; il pensa d'ailleurs que leur exemple n'était pas propre à entraîner les autres nations. Pour prendre un parti décisif sur la

guerre sainte et pour intéresser tous les peuples à son succès, il résolut d'assembler un second synode au sein d'une nation belliqueuse et dès ces temps reculés accoutumée à donner l'impulsion à l'Europe. Le nouveau concile, assemblé à Clermont en Auvergne, ne fut ni moins nombreux ni moins respectable que celui de Plaisance: les saints et les docteurs les plus renommés vinrent l'honorer de leur présence et l'éclairer de leurs conseils. La ville de Clermont put à peine recevoir dans ses murs tous les princes, les ambassadeurs et les prélats qui s'étaient rendus au concile: „de sorte que, dit une ancienne chronique, vers le milieu du mois de novembre, les villes et villages des environs se trouvèrent remplis de peuple, et furent plusieurs contraints de faire dresser leurs tentes et pavillons au milieu des champs et des prairies, encore que la saison et le pays fussent pleins d'extrême froidure."

Avant de s'occuper de la guerre sainte, le concile porta d'abord son attention sur la réforme du clergé et de la discipline ecclésiastique; il s'occupa ensuite de mettre un frein à la licence des guerres entre particuliers. Dans ces temps barbares, les simples chevaliers vengeaient leurs injures par la voie des armes. Pour le plus léger motif, on voyait quelquefois des familles se déclarer une guerre qui durait plusieurs générations; l'Europe était pleine de troubles occasionnés par ces hostilités. Dans l'impuissance des lois et des gouvernements, l'Église employa souvent son utile influence pour rétablir la tranquillité: plusieurs conciles avaient interdit les guerres entre particuliers pendant quatre jours de la semaine, et leurs décrets avaient invoqué les vengeances du ciel contre les perturbateurs du repos public.

Le concile de Clermont renouvela la trêve de Dieu. Depuis le dimanche au commencement du jeûne jusqu'à la seconde férie au lever du soleil après l'octave de la Pentecôte, depuis la quatrième férie qui précède l'Avent du Seigneur au soleil couchant jusqu'à l'octave de l'Épiphanie, il était défendu à tout homme d'en provoquer un autre,

de le tuer, de le blesser, ou d'enlever | dont il avait été témoin; les tourments du bétail ou du butin. La même dé- et les persécutions qu'un peuple sans fense était faite pour toutes les semaines Dieu faisait souffrir à ceux qui allaient de l'année, depuis la quatrième férie visiter les saints lieux. Il avait vu des au soleil couchant jusqu'à la seconde chrétiens chargés de fers, traînés en férie au soleil levant, et pour toutes les esclavage, attelés au joug comme des fêtes de l'année, les fêtes de sainte Marie bêtes de somme; il avait vu les oppreset des Apôtres avec leurs vigiles. Le seurs de Jérusalem vendre aux enfants concile décida, en outre, que toutes les du Christ la permission de saluer le églises et leurs parvis, les croix sur les tombeau de leur Dieu, leur arracher chemins, les moines et les clercs, les jusqu'au pain de la misère, et tourmenter religieuses et les femmes, les pèlerins, la pauvreté elle-même pour en obtenir les marchands avec leurs domestiques, des tributs; il avait vu les ministres du les bœufs, les chevaux de labeur, les Tout-Puissant arrachés au sanctuaire, hommes conduisant leur charrue, les battus de verges et condamnés à une bergers avec leurs troupeaux, jouiraient mort ignominieuse. En racontant les d'une paix perpétuelle, et resteraient malheurs et la honte des chrétiens, Pierre toujours à l'abri de la violence et du avait le visage abattu et consterné; brigandage. Tout chrétien, depuis l'âge sa voix était étouffée par des sanglots; de douze ans, devait jurer de se sou- sa vive émotion pénétrait tous les cœurs. mettre à la trêve de Dieu, et de s'armer contre ceux qui refuseraient leur serment et leur soumission à cette loi. Tous ceux qui ne jureraient pas d'obéir à la trêve de Dieu devaient être frappés d'anathème.

Ainsi on proclamait tout à la fois la paix de Dieu et la guerre de Dieu. Le concile fit beaucoup de règlements pour la discipline ecclésiastique et la réforme de l'Église; mais tous ces décrets, l'excommunication même prononcée contre le roi de France Philippe I, ne purent détourner l'attention générale d'un objet qu'on regardait comme bien plus important: la captivité et les malheurs de Jérusalem.

L'enthousiasme, le fanatisme, qui s'accroît toujours dans les nombreuses réunions, était porté à son comble. Urbain satisfit enfin l'impatience des fidèles. Le concile tint sa dixième séance dans la grande place de Clermont, qui se remplit bientôt d'une foule immense. Suivi de ses cardinaux, le pape monta sur une espèce de trône qu'on avait dressé pour lui; à ses côtés on vit paraître l'ermite Pierre, avec le bâton de pèlerin, et le manteau de laine qui lui avait attiré partout l'attention et le respect de la multitude. L'apôtre de la guerre sainte parla le premier des ou trages faits à la foi du Christ: il rappela les profanations et les sacrilèges

Urbain parla après Pierre l'Ermite, et s'exprima en ces termes: „Vous venez d'entendre l'envoyé des chrétiens d'Orient. Il vous a dit le sort lamentable de Jérusalem et du peuple de Dieu; il vous a dit comment la ville du roi des rois qui transmit aux autres les préceptes d'une foi pure, a été contrainte de servir aux superstitions des païens; comment le tombeau miraculeux où la mort n'avait pu garder sa proie, ce tombeau, source de la vie future, sur lequel s'est levé le soleil de la résurrection, a été souillé par ceux qui ne doivent ressusciter eux-mêmes que pour servir de paille au feu éternel.

L'impiété victorieuse a répandu ses ténèbres sur les plus riches contrées de l'Asie: Antioche, Éphèse, Nicée, sont devenues des cités musulmanes; les hordes barbares des Turcs ont planté leurs étendards sur les rives de l'Hellespont, d'où elles menacent tous les pays chrétiens. Si Dieu lui-même, armant contre elles ses enfants, ne les arrête dans leur marche triomphante, quelle nation, quel royaume pourra leur fermer les portes de l'Occident?"

Le souverain pontife s'adressait à toutes les nations chrétiennes; il s'adressait surtout aux Français; c'est dans leur courage que l'Église plaçait son espoir; c'est parce qu'il connaissait leur bravoure et leur piété que le pape avait

larmes ne soient point comme la semence jetée sur le sable, et que la guerre sainte s'allume au feu de notre repentir; que l'amour de nos frères nous anime au combat et soit plus fort que la mort même contre les ennemis du peuple chrétien.

Guerriers qui m'écoutez, poursuivait

traversé les Alpes et qu'il leur apportait la parole de Dieu. A mesure que le pontife prononçait son discours, ses auditeurs se pénétraient des sentiments dont il était animé; il cherchait tour à tour à exciter dans le cœur des chevaliers et des barons qui l'écoutaient, l'amour de la gloire, l'ambition des conquêtes, l'enthousiasme religieux, et sur-l'éloquent pontife, vous qui cherchez tout la compassion pour leurs frères sans cesse de vains prétextes de guerre, les chrétiens. „Le peuple digne de réjouissez-vous, car voici une guerre louanges, leur disait-il, ce peuple que légitime: le moment est venu de montrer le Seigneur notre Dieu a béni, gémit si vous êtes animés d'un vrai courage; et succombe sous le poids des outrages le moment est venu d'expier tant de et des exactions les plus honteuses. La violences commises au sein de la paix, race des élus subit d'indignes persécu- tant de victoires souillées par l'injustice. tions; la rage impie des Sarrasins n'a Vous qui fûtes si souvent la terreur respecté ni les vierges du Seigneur, ni de vos concitoyens et qui vendez pour le collège royal des prêtres. Ils ont un vil salaire vos bras aux fureurs chargé de fers les mains des infirmes d'autrui, armés du glaive des Machaet des vieillards; des enfants arrachés bées, allez défendre la maison d'Israël, aux embrassements maternels oublient qui est la vigne du Seigneur des armaintenant chez les barbares le nom mées. Il ne s'agit plus de venger les du Dieu véritable; les hospices qui injures des hommes, mais celles de la attendaient les pauvres voyageurs sur Divinité; il ne s'agit plus de l'attaque la route des saints lieux ont reçu sous d'une ville ou d'un château, mais de la leur toit profané une nation perverse; conquête des lieux saints. Si vous le temple du Seigneur a été traité triomphez, les bénédictions du ciel et comme un homme infâme, et les orne- les royaumes de l'Asie seront votre ments du sanctuaire ont été enlevés partage; si vous succombez, vous aurez comme des captifs. Que vous dirai-je la gloire de mourir aux mêmes lieux de plus? Au milieu de tant de maux, que Jésus-Christ, et Dieu n'oubliera qui aurait pu retenir dans leurs de- point qu'il vous aura vus dans sa mimeures désolées les habitants de Jéru- lice sainte. Que de lâches affections, salem, les gardiens du Calvaire, les que des sentiments profanes ne Vous serviteurs et les concitoyens de l'Homme- retiennent point dans vos foyers; solDieu, s'ils ne s'étaient pas imposé la dats du Dieu vivant, n'écoutez plus que loi de recevoir et de secourir les pèle- les gémissements de Sion; brisez tous rins, s'ils n'avaient pas craint de laisser les liens de la terre, et ressouvenezsans prêtres, sans autels, sans cérémo- vous de ce qu'a dit le Seigneur: Celui nies religieuses, une terre toute cou- qui aime son père ou sa mère plus que verte encore du sang de Jésus-Christ? moi, n'est pas digne de moi; quiconMalheur à nous, mes enfants et mes que abandonnera sa maison, ou son frères, qui avons vécu dans ces jours père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses de calamités! Sommes-nous donc venus enfants, ou son héritage, pour mon dans ce siècle réprouvé du ciel, pour nom, sera récompensé au centuple, et voir la désolation de la ville sainte, et possédera la vie éternelle." pour rester en paix lorsqu'elle est livrée entre les mains de ses ennemis? Ne vaut-il pas mieux mourir dans la guerre que de supporter plus longtemps cet horrible spectacle? Pleurons tous ensemble sur nos fautes qui ont armé la colère divine; pleurons, mais que nos

Ce discours d'Urbain pénétrait, embrasait tous les cœurs, et ressemblait à la flamme ardente descendue du ciel. L'assemblée des fidèles, entraînée par un enthousiasme que jamais l'éloquence humaine n'avait inspiré, se leva tout entière et fit entendre ces mots: Dieu

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