PORTRAIT DE MADAME LA DUCHESSE DE MIREPOIX. La beauté que je chante ignore ses appas. Et timide sans embarras. Sur les fleurs qui sont autour d'elle : MIREPOIX reçut en partage Pour altérer la douceur de ses traits, Du soleil qui commence à naître : ADIEUX A GÊNES (»), EN 1728. ADIEU, Gênes détestable; Je ne vous reverrai plus. (1) Cette pièce avait été donnée par Montesquieu à un de ses amis, à condition de ne la point faire voir, disant que c'était une plaisanterie faite dans un moment d'humeur, d'autant qu'il ne s'était jamais piqué d'être poëte. Il la fit étant embarqué pour partir de Gênes, où il disait s'être beaucoup ennuyé, Adieu, bourgeois, et noblesse Vous entendez d'un jocrisse Mais un vent plus favorable MADRIGAL DEUX SOEURS QUI LUI DEMANDAIENT UNE CHANSON Vous êtes belle, et votre sœur est belle; Si j'eusse été Pâris, mon choix eût été doux : Mais mon cœur eût été pour elle. parce qu'il n'y avait formé aucune liaison, ni trouvé aucun de ces empressemens qu'on lui avait marqués partout ailleurs en Italie. Il faut que les Genois se soient bien civilisés depuis, et aient beaucoup changé de méthode dans l'ac cueil qu'ils font aux étrangers; ou bien l'ennui fit que l'auteur voulut se divertir par cette petite satire, qui ne saurait être prise pour une chose sérieuse ¿ comme un jugement de ce voyageur éclairé. ni Mais ces yeux d'étrange nature Qu'il ne s'est depuis souvenu Du ciel, des dieux, ni de l'injure. ÉPITAPHE DE MONTESQUIEU. L'AIGLE a disparu..... Montesquieu, Du haut de la double colline, Revole pour jamais au lieu De son immortelle origine. PIRON. SONNET DE M. LE CHEVALIER ADAMI, SUR LA MORT DE MONTESQUIEU. ILLUSTRE genio, che si largo fiume Tu della dotta mente i vanni ergesti Del dritto ai sacri arcani, e dietti a questi Tu la norma segnasti onde in più forte Tu.... Ma qual di ritrarti ebbi lusinga! DE SYLLA ET D'EUCRATE. QUELQUES jours après que Sylla se fut démis de la dictature, j'appris que la réputation que j'avais parmi les philosophes lui faisait souhaiter de me voir. Il était à sa maison de Tibur, où il jouissait des premiers momens tranquilles de sa vie. Je ne sentis point devant lui le désordre où nous jette ordinairement la présence des grands hommes. Et dès que nous fûmes seuls, SYLLA, lui dis-je, vous vous êtes donc mis vous-même dans cet état de médiocrité qui afflige presque tous les humains? Vous avez renoncé à cet empire naturel que votre gloire et vos vertus vous donnaient sur tous les hommes ? La fortune semble être gênée de ne pouvoir plus vous élever aux honneurs. EUCRATE, me dit-il, si je ne suis plus en spectacle à l'univers, c'est la faute des choses humaines qui ont des bornes, et non pas la mienne. J'ai cru avoir rempli ma destinée dès que je n'ai plus eu à faire de grandes choses. Je n'étais point fait pour gouverner tranquillement un peuple esclave (1). J'aime à remporter des victoires, à fonder ou détruire des états, à faire des ligues, à punir un usurpateur : mais pour ces minces détails du gouvernement où les génies médiocres ont tant d'avantages, cette lente exécution des lois, cette discipline d'une milice tranquille, mon âme ne saurait s'en occuper. Il est singulier, lui dis-je, que vous ayez porté tant de délicatesse dans l'ambition. Nous avons bien vu de grands hommes peu touchés du vain éclat et de la pompe qui entourent ceux qui gouvernent: mais il y en a bien peu qui n'aient été sensibles au plaisir de gouverner, et de faire rendre à leurs fantaisies le respect qui n'est dû qu'aux lois. Er moi, me dit-il, Eucrate, je n'ai jamais été si peu content que lorsque je me suis vu maître absolu dans Rome; que j'ai regardé autour de moi, et que je n'ai trouvé ni rivaux ni ennemis. J'ai cru qu'on dirait quelque jour que je n'avais châtié que des esclaves. Veux-tu, me suis-je dit, que dans ta patrie il n'y ait plus d'hommes qui puissent être touchés de ta gloire? Et, puisque tu établis la tyrannie, ne vois-tu pas bien qu'il n'y (1) Le manuscrit porte: Comme ces rois à qui la vile obéissance de leurs sujets ne laisse aucune vertu. |