ページの画像
PDF
ePub

PARIS.

TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, RUE JACOB, 56,

[blocks in formation]

THE NEW YOLK PUBLIC LIF

ASTOR, L.

TILDENE

DE LA FORMATION

ᎠᎬ

L'ÉTAT SOCIAL,

POLITIQUE ET ADMINISTRATIF

DE LA FRANCE.

Si l'on se reporte aux derniers temps de l'empire romain d'Occident, c'est-à-dire au moment de l'invasion des barbares, on trouve deux puissances qui gouvernaient la société et servaient de rempart à la civilisation: c'étaient la puissance impériale et la puissance ecclésiastique. La première, toute politique et matérielle, fut renversée par les conquérants, parce qu'elle était leur ennemie et qu'elle formait obstacle à leur ambition. La seconde, purement spirituelle et morale, ne leur était pas hostile c'est pourquoi, contents de s'emparer des richesses de l'empire, ils la laissèrent subsister avec indifférence: Ils l'avaient, d'ailleurs, en quelque sorte reconnue, un grand nombre d'entre eux s'étant faits chrétiens. Enfin, ils n'avaient rien à mettre à la place. Ils vécurent donc en paix avec elle, et nulle part leur religion, supposé qu'ils en eussent une, ne fit concurrence avec la religion chrétienne. Ils n'exercèrent même, dans leurs invasions, aucune persécution particulière contre les évêques; et s'ils tournèrent leur fureur contre les édifices sacrés, ce fut par amour du pillage et non par haine de l'Évangile. Ils ne devinrent persécuteurs qu'après être entrés dans la principale secte qui partageait l'Église : l'arianisme qu'ils embrassèrent fut seule cause de leur animosité contre les prêtres catholiques romains.

Ainsi, des deux colonnes de la civilisation, ils renversèrent l'une et respectèrent l'autre, et l'Église resta le seul appui du monde civilisé. C'est donc par l'Église et dans elle que se sont II. (Troisième série.)

1

conservées les lettres et les sciences, qui furent désormais essentiellement religieuses et cléricales.

La Gaule, au moment où Clovis y devint roi des Francs, était occupée en grande partie par les peuples germains. Elle ne reconnaissait plus nulle part l'autorité impériale, et l'administration romaine y était complétement désorganisée. Tous les pouvoirs publics avaient été détruits ou avaient changé de nature; c'est-à-dire que, la division établie par Constantin ayant été abolie, tous ces pouvoirs se trouvaient confondus, et que les mêmes officiers avaient à la fois dans leurs mains l'administration civile, la justice, les finances et le commandement militaire.

Quant à la condition des personnes et des terres, voici, je pense, ce qui arriva.

Pendant le règne de Clovis et de ses successeurs, jusqu'à la soumission à peu près complète de la Gaule à la domination germanique, les droits des anciens habitants furent méconnus, mis en question, ou du moins n'eurent rien d'assuré. D'abord, les Gaulois des provinces occupées par les Visigoths et par les Bourguignons furent obligés de céder à ces peuples les deux tiers des terres et le tiers des esclaves et des biens meubles, sinon en tous lieux, au moins dans les divers pays où ces barbares avaient fondé des établissements. Ensuite, dans les autres provinces, au nord de la Gaule, si nous ne sommes pas autorisés à supposer un partage de ce genre, nous devons croire au moins que les Francs s'emparèrent, non-seulement du domaine public, c'est-à-dire de tout ce qui avait appartenu à l'empire et aux empereurs, mais encore des propriétés privées qui se trouvaient à leur convenance, soit que les anciens maîtres en eussent été violemment dépossédés, soit qu'ils les eussent abandonnées par la fuite. Les Francs, qui ne reconnaissaient guère d'autre droit que la force, et qui ne respectaient rien d'incompatible avec leur avidité, n'avaient d'ailleurs aucun souci de conserver les institutions romaines.

Les habitants de la Gaule septentrionale se divisaient alors, d'après la loi salique, en propriétaires ou possesseurs, possessores, et en tributaires, tributarii; ceux-ci, d'une condition inférieure à ceux-là, ne possédant qu'à titre usufructuaire ou emphytéotique, et appartenant vraisemblablement à la classe des colons. Or, il est bien probable, quelque foi qu'on ajoute aux

« 前へ次へ »