ページの画像
PDF
ePub

Informi limo glaucâque exponit in ulvâ. Cerberus hæc ingens latratu regna trifauci Personat, adverso recubans immanis in antro. Cui vates, horrere videns jam colla colubris, Melle soporatam et medicatis frugibus offam Objicit : ille, fame rabidâ tria guttura pandens, Corripit objectam, atque immania terga resolvit Fusus humi, totoque ingens extenditur antro. Occupat Æneas aditum, custode sepulto, Evaditque celer ripam irremeabilis undæ.

Continuò auditæ voces, vagitus et ingens, Infantumque animæ flentes in limine primo; Quos dulcis vitæ exsortes et ab ubere raptos Abstulit atra dies, et funere mersit acerbo. Hos juxta falso damnati crimine mortis.

Nec verò hæ sine sorte datæ, sine judice, sedes. Quæsitor Minos urnam movet : ille silentum Conciliumque vocat, vitasque et crimina discit. Proxima deinde tenent mæsti loca, qui sibi letum Insontes peperere manu, lucemque perosi Projecere animas. Quàm vellent æthere in alto Nunc et pauperiem et duros perferre labores!

Là, ce monstre à trois voix, l'effroyable Cerbère,
Sans cesse veille au fond de son affreux repaire:
Il les voit, il se lève; et déjà courroucés
Tous ses hideux serpens sur son cou sont dressés.
La prêtresse, appaisant sa fureur rugissante,
Lui jette d'un gâteau l'amorce assoupissante.
Le monstre, tressaillant d'un avide transport,
Ouvre un triple gosier, le dévore, et s'endort;
Et dans son antre affreux sa masse répandue
Le remplit tout entier de sa vaste étendue.
Le héros part, le laisse en son hideux séjour,
Et s'éloigne des eaux qu'on passe sans retour.

Tout à coup il entend mille voix gémissantes:
C'étoient d'un peuple enfant les ombres innocentes;
Malheureux, qui, flétris dans leur première fleur,
A peine de la vie ont goûté la douceur,

Et ravis en naissant aux baisers de leurs mères
N'ont qu'entrevu le jour et fermé leurs paupières :
Il se souvient d'Ascagne, et s'émeut à leurs cris.
Près d'eux sont les mortels injustement proscrits.
Mais l'enfer ne voit point de jugement injuste:
Minos y tient ouvert son tribunal auguste;
Sy
Il tient l'urne terrible en ses fatales mains,

Et juge sans retour tous les pâles humains.
Non loin sont ces mortels qui, purs de tous les crimes,
De leurs propres fureurs ont été les victimes,

Fas obstat, tristique palus inamabilis undâ

Alligat, et novies Styx interfusa coërcet.

Nec procul hinc partem fusi monstrantur in omnem Lugentes campi: sic illos nomine dicunt.

Hic quos durus amor crudeli tabe peredit,
Secreti celant calles, et myrtea circùm

Silva tegit, curæ non ipsâ in morte relinquunt.
His Phædram Procrinque locis, mæstamque Eriphyle
Crudelis nati monstrantem vulnera, cernit,

Evadnenque, et Pasiphaën. His Laodamia

It comes; et juvenis quondam, nunc femina, Cænis,
Rursus et in veterem fato revoluta figuram.
Inter quas Phoenissa recens a vulnere Dido
Errabat silvâ in magnâ: quam Troïus heros
Ut primùm juxtà stetit, agnovitque per umbram
Obscuram, qualem primo qui surgere mense
Aut videt aut vidisse putat per nubila lunam,
Demisit lacrymas, dulcique affatus amore est :
Infelix Dido, verus mihi nuntius ergo

Et, détournant les yeux du céleste flambeau,
D'une vie importune ont jeté le fardeau.

Qu'ils voudroient bien revivre et revoir la lumière! Recommencer cent fois leur pénible carrière! Vains regrets! Par le Styx neuf fois environnés, L'onde affreuse à jamais les tient emprisonnés.

Ailleurs, dans sa profonde et lugubre étendue,
Le triste champ des pleurs se présente à leur vue.
Là, ceux qui, sans goûter des plaisirs mutuels,
N'ont connu de l'amour que ses poisons cruels,
Dans des forêts de myrte, aux plus sombres retraites,
Vont nourrir de leur coeur les blessures secrètes ;
Là, le trépas n'a pu triompher de l'amour;
Là, se voit rassemblé, dans le même séjour,
Tout ce qu'il eut de noble, et ce qu'il eut d'infâme :
C'est Évadné qui suit son époux dans la flamme;
Phèdre, brûlant encor d'illégitimes feux;

Procris, mourant des mains d'un époux malheureux;
Et toi, qui te perdis par ton amour extrême,
Tendre Laodamie! et Pasiphaé même.
Ériphyle à son tour montre aux yeux attendris
Les coups, les coups affreux que lui porta son fils;
Cénis enfin, Cénis, tour à tour homme et femme,
Et tour à tour changeant et de sexe et de flamme.
Triste et sanglante encor des traces du poignard,
Didon, au fond d'un bois, erroit seule à l'écart.

Venerat exstinctam, ferroque extrema secutam!
Funeris, heu tibi causa fui! Per sidera juro,
Per superos, et si qua fides tellure sub imâ est,
Invitus, regina, tuo de littore cessi.

Sed me jussa deûm, quæ nunc has ire

per

umbras,

Per loca senta situ cogunt, noctemque profundam, Imperiis egere suis; nec credere quivi

Hunc tantum tibi me discessu ferre dolorem.

Siste gradum, teque adspectu ne subtrahe nostro.
Quem fugis? extremum fato quod te alloquor hoc est,
Talibus Æneas ardentem et torva tuentem
Lenibat dictis animum, lacrymasque ciebat.
Illa solo fixos oculos aversa tenebat;

Nec magis incepto vultum sermone movetur,
Quam si dura silex aut stet Marpesia cautes.
Tandem corripuit sese, atque inimica refugit
In nemus umbriferum, conjux ubi pristinus ulli
Respondet curis, æquatque Sychæus amorem.
Nec minus Æneas casu percussus iniquo

Prosequitur lacrymans longè, et miseratur euntem.

« 前へ次へ »