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ARGUMENT.

ÉNÉE aborde à Cumes, ville et port de la Campanie; et suivant les conseils de son père, il va d'abord consulter la sibylle Deiphobe, qui lui prédit tout ce qui doit lui arriver en Italie, avant qu'il y puisse fonder une ville et établir sa colonie. Après avoir célébré la cérémonie des obsèques de Misène son trompette, et lui avoir fait élever un tombeau sur le promontoire qui porte encore son nom, il va chercher, suivant l'ordre de la sibylle, dans une vaste forêt le rameau d'or, sans lequel il lui eût été impossible de pénétrer aux enfers. Ayant enfin trouvé le précieux rameau, il le porte à la sibylle, qui le fait descendre avec elle aux enfers par l'embouchure du lac d'Averne. Il rencontre d'abord tous les monstres qui étoient à l'entrée de cet affreux séjour; il arrive ensuite sur les bords du Styx, où parmi les ombres qui se présentent en foule sur le rivage, et qui supplient Caron de les recevoir dans sa barque, il reconnoit Oronte et son pilote Palinure. Le héros, toujours accompagné de la sibylle, est reçu dans la barque, à

la faveur du rameau d'or. Il traverse le fleuve; et le chien Cerbère ayant été endormi par un gâteau soporifique que la sibylle lui jette, ils parcourent ensemble les différens lieux qui partagent l'empire des ombres. D'un côté sont les enfans morts au berceau, de l'autre ceux qu'on a fait mourir injustement pour des crimes qui leur ont été faussement imputés; ici sont ceux qui se sont eux-mêmes donné la mort, et qui se repentent de leur aveugle fureur; là sont les amans malheureux qui se promènent tristement. Énée rencontre en cet endroit des enfers l'infortunée Didon; il l'aborde et lui parle, pour essayer de justifier son départ de Carthage; elle dédaigne de l'écouter, et se retire sans lui répondre. Il passe dans le séjour de ceux qui ont acquis de la gloire par les armes; il reconnoit parmi eux Deiphobe, fils de Priam, le troisième mari d'Hélène, qui lui apprend les funestes circonstances de sa mort. Il marche ensuite vers le Tartare, séjour des ombres criminelles; la sibylle lui nomme les plus célèbres, et lui peint les divers tourmens qu'elles endurent. Arrivé enfin au palais du roi des enfers, il suspend le rameau d'or à la porte de la demeure de Proserpine; de là ils passent l'un et l'autre

aux Champs-Élysées, lieux agréables, habités par les ames heureuses de ceux qui ont bien vécu sur la terre. Musée leur sert de guide, pour les conduire dans un vallon où Anchise se promenoit. Anchise reconnoit son fils et lui parle ; il lui explique les principes les plus sublimes de la philosophie, et lui développe les mystères de la physique générale, conformément à la doctrine de Platon et à celle de Pythagore, touchant la transmigration des ames; ce qui lui donne lieu de l'entretenir au sujet de sa glorieuse postérité. Il lui nomme les rois d'Albe qui doivent descendre de lui, et ensuite ceux de Rome; il lui peint tous les héros de la république, et surtout Jules-César et Auguste, sans oublier Marcellus, fils d'Octavie, sœur de cet empereur. (Marcellus venoit de mourir à la fleur de son âge; son éloge funèbre est un des plus beaux morceaux du poëme.) Énée, satisfait de toutes ces connoissances que son père lui donne, sort enfin des enfers par la porte d'ivoire, et revient sur la terre. Il va rejoindre sa flotte qui étoit à l'ancre dans la rade de Cumes; il s'embarque, met à la voile, et arrive enfin à Caïète, ville et port du Latium.

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LIBER SEXTUS.

Sic fatur lacrymans, classique immittit habenas,

Et tandem Euboicis Cumarum allabitur oris.
Obvertunt pelago proras: tum dente tenaci
Anchora fundabat naves, et littora curvæ
Prætexunt puppes: juvenum manus emicat ardens
Littus in Hesperium, quærit pars semina flammæ
Abstrusa in venis silicis; pars densa ferarum
Tecta rapit, silvas; inventaque flumina monstrat.
At pius Æneas arces quibus altus Apollo
Præsidet, horrendæque procul secreta Sibyllæ,
Antrum immane, petit, magnam cui mentem animumque
Delius inspirat vates, aperitque futura.

Jam subeunt Trivia lucos atque aurea tecta.
Dædalus, ut fama est, fugiens Minoïa regna,

Præpetibus pennis ausus se credere cœlo,
Insuetum per iter gelidas enavit ad Arctos,
Chalcidicâque levis tandem super adstitit arce.

LIVRE SIXIÈME.

IL dit, rend leur essor aux ailes des vaisseaux;
Et Cume, enfant d'Eubée, a reçu le héros.
L'ancre à la dent mordante en tombant les captive;
Leur bec regarde l'onde, et leur poupe la rive.
Soudain, avec transport mille jeunes Troyens
Touchent d'un saut léger aux bords Ausoniens,
Leurs soins sont partagés : du roc qui le recèle,
L'un d'un feu petillant fait jaillir l'étincelle;
L'autre parcourt des bois ou des fleuves nouveaux,
Va, d'un oeil curieux, reconnoître les eaux.
Cependant le héros, plein d'espoir et de crainte,
Du temple d'Apollon va visiter l'enceinte,
Et l'antre prophétique où, brûlant de son feu,
La prêtresse en fureur lutte contre le dieu,
Et cache sa présence au vulgaire profane.
Ils découvrent déjà la forêt de Diane,
Et son temple dont l'or relève la beauté.
Dédale, de Minos fuyant la cruauté,
Osa, se confiant à ses rapides ailes,

Tenter un vol hardi dans des routes nouvelles ;

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