L'œil égaré, l'air sombre, et les sens agités, Ainsi, lorsqu'un chasseur a, de son trait rapide, En vain elle parcourt et les bois et les champs, Non cœptæ assurgunt turres; non arma juventus (26 Exercet; portusve, aut propugnacula bello Tuta parant : pendent opera interrupta, minæque Murorum ingentes, æquataque machina cœlo. Quam simul ac tali persensit peste teneri (27 Cara Jovis conjux, nec famam obstare furori, Talibus aggreditur Venerem Saturnia dictis : Egregiam verò laudem et spolia ampla refertis Tuque puer tuus, magnum et memorabile nomen, Una dolo divûm si femina victa duorum est! (28 Nec me adeò fallit veritam te moenia nostra, Suspectas habuisse domos Carthaginis altæ. Sed quis erit modus? aut quò nunc certamina tanta? Quin potiùs pacem æternam pactosque hymenæos Exercemus? habes totâ quod mente petisți : Ardet amans Dido, traxitque per ossa furorem. Le travail a cessé de préparer les forts, Les chantiers sont muets, Dès que Junon a vu de ses transports naissans L'ardeur contagieuse embraser tous ses sens,. Et de ce qu'elle doit à son peuple, à sa gloire, Sa folle passion étouffer la mémoire, Elle aborde Vénus, et lui parle en ces mots: «< Eh bien, vous l'emportez, déesse de Paphos! »Pour vous, pour votre fils, quelle gloire éclatante! » Et quel noble succès a comblé votre attente! » Ainsi contre Didon combattent réunis » Et la ruse et la force, et la mère et le fils! ית Applaudissez-vous bien de cette heureuse trame: >> Deux puissances du ciel triomphent d'une femme!" >> Je connois vos soupçons: Carthage et ses remparts » De leur gloire naissante offusquent vos regards. » Mais pourquoi prolonger ces discordes cruelles? » Ah! plutôt terminons nos haines mutuelles; » Oublions nos débats; qu'au gré de vos souhaits » Les liens de l'amour soient les nœuds de la paix. >> Vous voyez, tout est prêt pour ce grand hyménée Didon de tous vos feux brûle pour votre Énée: 1 Communem hunc ergo populum paribusque regamus Auspiciis: liceat Phrygio servire marito, Olli (sensit enim simulatâ mente locutam, Esse velit Tyriis urbem Trojâque profectis, Devenient. Adero; et, tua si mihi certa voluntas, (29 » Vos vœux sont accomplis. Par le nœud des sermens, >> Par le nœud conjugal unissons ces amans; Que leurs peuples amis, sous nos communs auspices, » Deviennent nos sujets, et nous leurs protectrices; Que, dans l'heureux oubli de nos dépits jaloux, » Leur pacifique eneens se partage entre nous. » Permettez qu'un hymen où Didon même aspire » Fasse d'un Phrygien le maître de l'empire, » Que le Troyen s'unisse aux enfans de Sidon: » Je les donne pour dot à l'époux de Didon. » Ainsi Junon vouloit sur la rive africaine Arrêter les destins de la grandeur romaine. Vénus s'en aperçoit : « A vos vœux je souscris, » Dit-elle; mais un doute agite mes esprits : >> Jupiter consent-il qu'oubliant l'Italie » Le Troyen dans Carthage au Tyrien s'allie? que » Nos amans vont chasser dans les bois d'alentour; » Là, tandis qu'à la hâte on déploîra les toiles, » Dans les cieux, à ma voix, la nuit tendra ses voiles; »De noirs torrens de pluie épanchés dans les airs, » Et le bruit du tonnerre, et le feu des éclairs, >> D'Enée et de Didon disperseront la suite; >>. Vers un antre voisin tous deux prendront la fuite: |