Mæoniâ mentum mitrâ crinemque madentem Subnexus, rapto potitur: nos munera templis Quippe tuis ferimus, famamque fovemus inanem. Talibus orantem dictis, arasque tenentem, Audiit omnipotens, oculosque ad moenia torsit Regia, et oblitos famæ melioris amantes :
Tum sic Mercurium alloquitur, ac talia mandat : Vade age, nate, voca Zephyros, et labere pennis; (36 Dardaniumque ducem, Tyriâ Carthagine qui nunc Exspectat, fatisque datas non respicit urbes, Alloquere, et celeres defer mea dicta
per auras. Non illum nobis genetrix pulcherrima talem Promisit, Graiûmque ideo bis vindicat armis; Sed fore qui gravidam imperiis belloque frementem Italiam regeret, genus alto a sanguine Teucri Proderet, ac totum sub leges mitteret orbem. Si nulla accendit tantarum gloria rerum, Nec super ipse suâ molitur laude laborem ; Ascanione pater Romanas invidet arces? Quid struit? aut quâ spe inimicâ in gente moratur ? Nec prolem Ausoniam et Lavinia respicit arva? Naviget; hæc summa est : hic nostrî nuntius esto. (37
>> D'un peuple efféminé ce chef voluptueux, » Qui des parfums d'Asie embaume ses cheveux, » Jouit de sa conquête, et comble ses outrages!
>> Dieu puissant! est-ce là le prix de mes hommages? » Ainsi parloit Iarbe, appuyé sur l'autel.
Jupiter l'entendit; et son œil immortel
Se tournant vers les lieux où, pleins de leur tendresse, Ces amans languissoient dans une molle ivresse:
« C'est trop perdre, dit-il, de précieux momens : >> Va, cours, vole, mon fils, sur les ailes des vents; » Va du héros troyen réveiller le courage.
» Quelle indigne langueur le retient dans Carthage! >> Deux fois du fer des Grecs par Vénus préservé, >> Est-ce là le destin qui lui fut réservé?
» Est-ce là ce héros dont les mains redoutables
» Devoient assujettir cent peuples indomtables, » Et qui, digne d'un sang si fertile en grands rois, » A l'univers entier devoit donner des lois?
» Si, de ses hauts destins étouffant la mémoire, » L'amour lui fait trahir l'intérêt de sa gloire, >> Pourquoi priver son fils de l'honneur immortel » De fonder près du Tibre un empire éternel ? » Chez un peuple ennemi qu'attend-il? qui l'arrête? >> Pourquoi du Latium négliger la conquête ?
» Qu'il parte; je le veux, je l'ordonne. » A sa voix, Mercure obéissant vole accomplir ses lois. Il attache d'abord ses brodequins dociles, Qui, soutenant son vol sur leurs ailes agiles,
Dixerat. Ille patris magni parere parabat
Imperio : et primùm pedibus talaria nectit Aurea, quæ sublimem alis, sive æquora supra, Seu terram, rapido pariter cum flamine portant. Tum virgam capit : hâc animas ille evocat Orco Pallentes, alias sub Tartara tristia mittit;
Dat somnos, adimitque, et lumina morte resignat : Illâ fretus agit ventos, et turbida tranat
Nubila. Jamque volans apicem et latera ardua cernit Atlantis duri, cœlum qui vertice fulcit; Atlantis, cinctum assiduè cui nubibus atris Piniferum caput et vento pulsatur et imbri : Nix humeros infusa tegit; tum flumina mento Præcipitant senis, et glacie riget horrida barba.
Hic primùm paribus nitens Cyllenius alis Constitit: hinc toto præceps se corpore ad undas Misit; avi similis, quæ circum littora, circum Piscosos scopulos, humilis volat æquora juxta. Haud aliter terras inter cœlumque volabat Littus arenosum ad Libyæ, ventosque secabat, Materno veniens ab avo Cyllenia proles.
Ut primum alatis tetigit magalia plantis, Enean fundantem arces ac tecta novantem
Au-dessus des vallons, des montagnes, Plus vite que les vents lui font fendre les airs.. Ensuite il prend en main sa baguette puissante, Qui maîtrise à son gré la Parque obéissante, Rouvre, quand il lui plaît, les portes du tombeau, Imprime de la mort le redoutable sceau, Ote ou rend le sommeil, fend les sombres nuages, Et fraie au dieu sa route à travers les orages.
des mers,
part, vole; et déjà se découvre à ses yeux L'Atlas, l'énorme Atlas, antique appui des cieux. Sous d'éternels frimas ses épaules blanchissent; De bleuâtres glaçons ses cheveux se hérissent; Son front couvert de pins, de nuages chargé, Par l'orage et les vents est sans cesse assiégé; Et cent torrens, vomis de sa bouche profonde, Font retentir ses flancs du fracas de leur onde.
A peine il a touché le mont majestueux, Mercure, suspendant son vol impétueux, Sur son aile immobile un instant se balance, Puis vers le bord des mers rapidement s'élance, Là, tel qu'auprès des eaux, des rochers poissonneux, Glisse l'agile oiseau sur des bancs sablonneux; Tel, en quittant l'Atlas, noble auteur de sa mère, Le dieu baisse son vol, et, d'une aile légère Planant entre la terre et l'espace des airs, Effleure mollement le rivage des mers.
Ses pieds ailés à peine ont touché le rivage
Où d'humbles toits font place aux pompes de Carthage,
Conspicit; atque illi stellatus iaspide fulvâ Ensis erat, Tyrioque ardebat murice læna Demissa ex humeris; dives quæ munera Dido Fecerat, et tenui telas discreverat auro. Continuò invadit : Tu nunc Carthaginis altæ Fundamenta loças; pulchramque uxorius urbem (38 Exstruis? heu! regni rerumque oblite tuarum! Ipse deûm tibi me claro demittit olympo Regnator, coelum et terras qui numine torquet; Ipse hæc ferre jubet celeres mandata per auras: Quid struis? aut quâ spe Libycis teris otia terris? Si te nulla movet tantarum gloria rerum, Nec super ipse tuâ moliris laude laborem; Ascanium surgentem et spes heredis Iuli Respice, cui regnum Italiæ Romanaque tellus Debentur. Tali Cyllenius ore locutus Mortales visus medio sermone reliquit, Et procul in tenuem ex oculis evanuit auram.
At verò Æneas adspectu obmutuît amens; Arrectæque horrore comæ, et vox faucibus hæsit. (39 Ardet abire fuga, dulcesque relinquere terras, Attonitus tanto monitu imperioque deorum.
Heu! quid agat? quo nunc reginam ambire furentem Audeat affatu? quæ prima exordia sumat?
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