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20) PAGE 316, VERS 13.

Illustres animas, nostrumque in nomen ituras,
Expediam dictis, et te tua fata docebo, etc.

On a déjà remarqué plus haut la beauté de ce sublime épisode imité par tous les poëtes épiques. Le Tasse s'en est enrichi le premier; mais les destinées de la maison d'Est, qu'on prédit au jeune Renaud, n'ont pas assez d'importance pour autoriser l'emploi d'un tel merveilleux, et pour remplir l'imagination. La gloire du Portugal a été trop courte et sa place dans l'Europe est trop petite pour que le Camoëns excite un vif intérêt en annonçant les exploits de ses compatriotes. Milton ouvre une scène plus vaste que Virgile lui-même; mais c'est un autre défaut. Le goût ne doit ni trop étendre ni trop circonscrire le champ où se promène l'imagination. Les destinées du monde entier touchent moins que celles d'une seule nation. Cependant le dessin du poëte anglais a de l'audace et de la grandeur; mais son génie, affoibli dans ses derniers chants, ne peut plus soutenir le poids et la majesté de son sujet. De tous les imitateurs du poëte latin, Voltaire a été sans doute le plus heureux; il a eu l'avantage de peindre l'époque la plus mémorable de l'esprit humain, et son style a souvent tout l'éclat de la cour de Louis XIV.

21) PAGE 326, VERS 4.

Quis Gracchi genus? aut geminos, duo fulmina belli,
Scipiadas, cladem Libya? parvoque potentem

Fabricium?

Dans cette longue galerie de grands hommes qu'il fait

passer sous nos yeux, Virgile a soin de ne prendre que le trait le plus important de leur caractère et de leur vie; s'il n'eût pas gardé cette mesure, il eût tout refroidi. La famille des Gracques, les Scipion, les Fabricius n'occupent que trois vers; mais d'un mot il donne une grande idée de ces illustres Romains.

Voltaire s'est conformé à cette sage précision:

A travers mille feux je vois Condé paroître,
Tour à tour la terreur et l'appui de son maître;
Turenne, de Condé le généreux rival,

Moins brillant, mais plus sage, et du moins son égal.
(Henr., ch. VII.)

Virgile ne dessine avec plus de détail que les figures principales de son tableau, celles de Romulus, de César, d'Auguste et de Marcellus. Voltaire aussi ne s'étend que sur Richelieu, Louis XIV, le duc de Bourgogne, et le jeune Louis XV.

22) PAGE 330, VERS 17.

Sunt geminæ Somni portæ ; quarum altera fertur
Cornea, quâ veris facilis datur exitus umbris ;
Altera, candenti perfecta nitens elephanto :
Sed falsa ad cœlum mittunt insomnia Manes.

Ces deux portes du Sommeil, par où s'échappent les songes faux et véritables, ont fort embarrassé les commentateurs. Pourquoi, ont-ils dit, Virgile ramène-t-il Énée par cette porte d'ivoire d'où sortent les songes trompeurs, falsa insomnia? Il seroit possible de répondre, avec le père Larue, que Virgile, par cette espèce d'allégorie imitée

d'Homère, veut indiquer en passant que sa raison n'admet point tout ce qu'a décrit son imagination. L'avis de Larue est peut-être même justifié par ces vers des Georgiques : Felix qui potuit rerum cognoscere causas, Atque metus omnes et inexorabile fatum

Subjecit pedibus, strepitumque Acherontis avari!

Virgile ne seroit pas le seul écrivain illustre qui eût rejeté comme philosophe, des opinions qu'il eût adoptées comme poëte; mais je crois qu'ici cette contradiction entre le philosophe et le poète n'existe pas. Le goût et le jugement de Virgile se montrent dans ce passage comme dans tous les autres. Il vivoit dans un siècle où la puissance des opinions religieuses était fort affoiblie : le père d'Auguste, César, avoit dit en plein sénat, qu'il n'y avoit rien après la mort. Dans un siècle où les croyances nationales étoient attaquées comme dans le nôtre, il falloit en composant une épopée réunir le merveilleux et le vraisemblable pour satisfaire à la fois le peuple et le philosophe. Énée trouve à l'entrée des enfers le Sommeil et les Songes:

Quam sedem Somnia vulgò

Vana tenere ferunt.

Il sort par la porte des illusions. C'est donc en quelque sorte dans un songe mystérieux qu'il voit tout ce qui se passe en réalité dans les Enfers et dans l'Élysée. Cette heureuse idée satisfait également la raison et l'imagination. C'est ainsi que dans la Henriade saint Louis fait descendre les songes autour de Henri IV, avant de lui faire voir les cieux et sa postérité.

VARIANTES

DU LIVRE QUATRIÈME.

PAGE II, VERS 1.

La reine cependant, profondément blessée,

Enfonce dans son sein le trait qui l'a percée;
Se consume d'amour, languit, et dans son cœur
Nourrit d'un feu secret la dévorante ardeur.
Les vertus du héros, l'éclat de sa naissance,
Les combats, les écueils qu'affronta sa vaillance,
La beauté de ses traits, ses exploits glorieux
Sont gravés dans son ame, et présents à ses yeux;
La voix d'Énée encor résonne à son oreille,
Et sa nuit inquiète est une longue veille.

A peine éclaircissant son humide noirceur, L'ombre a fait place au jour; elle court chez sa sœur : « O toi, de mes chagrins confidente secrète, >> D'où vient que le sommeil fuit mon ame inquiète ? » Dit-elle. Quel est donc ce Troyen vertueux ? » As-tu vu sa fierté, son front majestueux? » Sans doute il est sorti d'une race divine.

La reine cependant, atteinte au fond du cœur,
Nourrit d'un feu secret la dévorante ardeur.

Les vertus du héros, l'éclat de sa naissance,
Les combats, les écueils qu'affronta sa vaillance,
La beauté de ses traits, ses exploits glorieux,
Sont gravés dans son ame, et présens à ses yeux.
La voix d'Énée encor résonne à son oreille,
Et sa nuit agitée est une longue veille;
L'ombre à peine éclaircit son humide noirceur,
Égarée, éperdue, elle aborde sa sœur,

Sa sœur,

de ses secrets tendre dépositaire, Et, de ses feux naissans dévoilant le mystère : « O toi, etc.

PAGE 13, VERS 27.

» Si, depuis que la mort trahit des feux si beaux, » Je pouvois de l'hymen rallumer les flambeaux.

Idem, VERS 36.

» A trouvé, malgré moi, le chemin de mon cœur : » Du feu dont je brûlois je reconnois la trace.

PAGE 15, VERS 53.

» Pourquoi ces longs regrets, ces douleurs éternelles ? » Les morts s'informent-ils si nous sommes fidèles ?

PAGE 17, VERS 79.

>> Tandis que l'Orion soulève encor ces flots,

» Sachez donc en ces licux retenir ce héros.

» Que l'amour naisse en lui de la reconnoissance; » Et nous, allons des dieux implorer la clémence! » Ce discours, etc.

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