Castigantque moras : opere omnis semita fervet. Quis tibi tunc, Dido, cernenti talia sensus? (47 Quosve dabas gemitus, cùm littora fervere latè Prospiceres arce ex summâ, totumque videres Misceri ante oculos tantis clamoribus æquor? Improbe amor, quid non mortalia pectora cogis! Ire iterum in lacrymas, iterum tentare precando Cogitur, et supplex animos submittere amori; Ne quid inexpertum frustra moritura relinquat. Anna, vides toto properari littore; circùm Indique convenêre ; vocat jam carbasus auras; Puppibus et læti nautæ imposuêre coronas. Hunc ego si potui tantum sperare dolorem, Et perferre, soror, potero. Miseræ hoc tamen unum Te colere, arcanos etiam tibi credere sensus; I, soror, atque hostem supplex affare superbum: Tous ont leurs soins, leur tâche, et leurs emplois divers, Et d'ardens travailleurs les chemins sont couverts: Tel étoit des Troyens le concours unanime. Et toi, de leur départ malheureuse victime! Quels étoient tes pensers, quand, presque sous tes yeux, Quand des nochers, armés de la fatale rame, que de mourir. Élise, tu le vois, le traître va me fuir. Déjà de toutes parts son vil peuple s'attroupe; Déjà de ses vaisseaux il couronne la poupe; » Sa voile attend les vents: il part, et des rameurs » L'insolente allégresse insulte à mes douleurs. » Si j'avois pu m'attendre à ce revers horrible, » Moins imprévu, ma sœur, il seroit moins terrible. J'ai reçu si souvent des preuves de ta foi! » Ma sœur, pour le fléchir je n'espère qu'en toi. >> Dis-lui que ma douleur l'implore par ta bouche. Non ego cum Danais Trojanam exscindere gentem Nec patris Anchisæ cinerem manesve revelli. Non jam conjugium antiquum, quod prodidit, oro; Extremam hanc oro veniam (miserere sororis ): Quam mihi cum dederit, cumulatam morte remittam. Talibus orabat, talesque miserrima fletus Fertque refertque soror; sed nullis ille movetur Fletibus, aut voces ullas tractabilis audit. Fata obstant, placidasque viri deus obstruit aures, Qu'ai-je fait? d'Ilion ai-je embrasé les tours? » Ai-je à ses ennemis envoyé des secours? » L'Aulide a-t-elle vu, secondant leur furie, » Mes vaisseaux conjurés menacer sa patrie? Ai-je sur Ilion arboré mes drapeaux, >> » Arraché ses aïeux à la paix des tombeaux? » Ou de son père Anchise ai-je outragé la cendre? » L'ingrat! et pourquoi donc refuser de m'entendre? » Pourquoi sitôt me fuir? Pourquoi vouloir ma mort? » Hélas! je n'attends plus qu'il s'unisse à mon sort; » Je ne réclame plus les saints nœuds d'hyménée; » Je ne veux plus troubler sa haute destinée : » Il peut l'aller chercher, ce fortuné séjour, › Cet empire à ses yeux plus cher que notre amour! » Tout ce qu'exige, hélas! cet amour déplorable, >> C'est qu'au moins il attende un vent plus favorable; » Que d'un simple délai la stérile faveur » Laisse un peu de ma flamme amortir la fureur; » Que mon ame, exercée à prévoir cet outrage, » Ait contre mon malheur préparé son courage. >> Voilà ce que j'attends, ma sœur, de ta pitié; » Voilà ce que me doit au moins son amitié. » Je lui paîrai le prix d'une faveur si chère : >> Ma mort, puisqu'il le veut, en sera le salaire,» Tels étoient ses discours, ses transports douloureux. Sa sœur au cher objet d'un amour malheureux En vain cent fois les porte et les reporte encore. Rien ne peut l'ébranler: un pouvoir qu'il ignore Ac veluti annoso validam cùm robore quercum Alpini Boreæ, nunc hinc, nunc flatibus illinc Eruere inter se certant; it stridor, et altè Consternunt terram, concusso stipite, frondes; Ipsa hæret scopulis; et quantùm vertice ad auras Ætherias, tantùm radice in tartara tendit : Haud secus assiduis hinc atque hinc vocibus heros Tunditur, et magno persentit pectore curas: Mens immota manet; lacrymæ volvuntur inanes. Tum verò infelix fatis exterrita Dido (49 Mortem orat; tædet coeli convexa tueri. Quò magis inceptum peragat, lucemque relinquat, Fusaque in obscenum se vertere vina cruorem. Conjugis antiqui, miro quod honore colebat, |