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elle était Troyenne, et la Thrace est plus proche de la Troade que l'Épire.

Ismare était aussi le nom d'une montagne de la Thrace, célèbre par l'excellent vin qu'elle produisait :

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Le discours de la fausse Béroé peut être comparé à celui de Sinon dans le deuxième livre. L'un et l'autre sont également artificieux.

105,- Page 50

Cunctæque profundum

Pontum adspectabant flentes.

La cadence de ces vers semble en exprimer le sens. On peut ne pas croire, comme semblent croire Delille et Gaston, que Virgile ait voulu peindre sans cesse, par l'harmonie des sons, le sujet de ses vers; mais on ne peut s'empêcher de reconnaître qu'il l'a voulu souvent comme dans Ferri rigor; Procumbit humi bos; Quadrupedante putrem sonitu quatit ungula campum, etc.

La douleur des Troyennes, exilées de leur patrie et pleurant au bord des mers, rappelle les tribus des Juifs captives qui, assises sur les rives de l'Euphrate, pleuraient au souvenir de Sion : « C'est le même fond de sentimens, et quelquefois exprimé par les mêmes tours. On avait déjà remarqué plusieurs traits de conformité entre la quatrième églogue de Virgile et divers passages d'Isaïe. Virgile a-t-il eu quelques notions des livres des Hébreux? je n'oserais soutenir cette opinion, quoiqu'ils aient pu à toute force lui être connus par la version grecque faite du temps des Ptolémées; mais il faut plutôt penser que la nature et le génie ont le même accent dans tous les siècles. » (DELILLE, Énéide, liv. v, note 17.)

106.- Page 50. Sideraque emensæ ferimur.

Par les astres, Virgile paraît entendre les tempêtes qu'excitaient, suivant les anciens, le lever ou le coucher de certaines constel

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Ces quatre autels avaient sans doute été élevés en l'honneur de

Neptune par Mnesthée, Gyas, Sergeste et Cloanthe, avant le jeu de la course sur les eaux.

108.

Page 52.

Non hæc Rhæteia, matres.

Le promontoire de Rhétée est dans la Troade, sur la côte de l'Hellespont, à quatre milles de Sigée. Rhétée était aussi le nom d'une ville auprès de laquelle on voyait le tombeau d'Ajax, fils de Télamon.

109.

- Page 56. Tum pius Æneas humeris abscindere vestem.

Dans les grandes douleurs, les anciens déchiraient leurs habits. C'est ce que fait le roi Latinus dans le x11e livre de l'Enéide (v. 609): It scissa veste. On trouve dans la Bible, ainsi que dans l'histoire profane, plusieurs exemples de cet antique usage. Le roi prophète, apprenant le meurtre de son fils Ammon et la mort d'Absalon, déchire ses habits. Dans l'Évangile, le grandprêtre déchire sa robe en s'écriant que le Nazaréen a blasphémé. Néron déchire ses vêtemens à la nouvelle de la révolte de Galba et du soulèvement de l'Ibérie.

Le père Menestrier, savant jésuite qui a publié plusieurs traités singuliers sur les Devises, sur les Tournois, joûtes, carrousels et autres spectacles publics, fit imprimer à Paris, en 1704, une Dissertation assez rare sur l'usage de se faire porter la queue : « Je ne doute point, dit-il, que ce ne soit aux funérailles que l'usage de ces habits traînans s'est introduit; » et il croit que cet usage est venu « de la cérémonie que l'on observait de déchirer ses habits pour marque d'honneur... Des robes ainsi déchirées de haut en bas, faisaient que l'une des parties traînait négligemment, et c'était un spectacle lugubre. »

110.- Page 56. Tum senior Nautes.

On voit dans Denys d'Halicarnasse (liv. v1, 69), et dans Servius, qui cite les livres de Varron, de Familiis Trojanis, qu'il y avait, chez les Romains, une famille Nautia, tirant son origine de Nautes ou Nautius, prêtre de Minerve. On disait que ce Nautès avait sauvé du sac de Troie le Palladium, dont la garde lui fut confiée par le fils d'Anchise, et que, dans le siècle d'Auguste, les Nautiens jouissaient encore du même privilège.

111. — Page 58. ..... Superanda omnis fortuna ferendo est.

On trouve, dans Térence, la même maxime : Quod fors feret, feremus æquo animo.

112.

Page 58. Urbem appellabunt permisso nomine Acestam.

C'est la ville connue depuis sous le nom d'Égeste, vulgairement Ségeste. Cicéron, dans son quatrième discours contre Verrès, dit que les habitans de Ségeste, alliés des Romains, jouissaient à ce titre de divers privilèges.

113.

-

Page 58. Visa dehinc cœlo facies delapsa parentis.

Anchise dit plus bas qu'au moment même où il parle à Énée, son ombre est dans les Champs-Élysées. Comment cette ombre peut-elle donc apparaître à son fils? car c'est bien l'ombre des mortels, qui allait dans les enfers. Didon dit dans le ivo livre, avant de se donner la mort :

Et nunc magna mei sub terras ibit imago.

Les commentateurs, qui veulent tout expliquer, prétendent qu'il s'agit ici seulement de l'image et de l'apparence d'Anchise, c'est-àdire de l'ombre de l'ombre; car qu'est-ce qu'une ombre, si ce n'est une image ou une apparence? Pour éluder la difficulté, Desfontaines substitue dans sa version, à l'ombre d'Anchise qu'il laisse dans l'Élysée, son âme qui était dans la région des astres; mais le poète dit visa facies, ce qui ne peut se dire de l'âme, qui était un esprit éthéré.

Quoi qu'il en soit, par cette apparition de l'ombre ou de l'image d'Anchise, et par l'ordre qu'elle donne à Énée de descendre aux enfers pour y voir sa postérité, Virgile prépare avec art le sujet du vie livre, qui, sans cette précaution, eût été, non précisément un hors-d'œuvre, comme le dit un des meilleurs traducteurs de l'Eneide, mais une des plus parfaites parties d'un poëme, sans liaison avec ce poëme.

114. Page 58. Infernas accede domos.

Cette descente d'Énée aux enfers lui a déjà été prédite par Helenus (liv. 111, v. 441).

115.

Page 60. Et me sævus equis Oriens afflavit unhelis.

On retrouve à peu près le même vers dans les Géorgiques (liv. 1, 250):

Nosque ubi primus equis Oriens afflavit anhelis.

116. Page 60. Dixerat, et tenues fugit, ceu fumus, in auras.

Les ombres des morts ne paraissaient que la nuit. Les songes, dit Horace, n'étaient censés véritables qu'après minuit : Post mediam noctem... quum somnia vera, etc.

117.

Page 60. Pergameumque Larem, et cana penetralia Vestæ.

Les Lares ne doivent pas être confondus avec les Pénates. Les Lares étaient les âmes des parens morts, dont les simulacres étaient ornés de bandelettes et de fleurs. On les honorait d'un culte domestique par des oblations d'encens, de fleur de farine mêlée avec du sel, et par les prémices des viandes du festin, qu'on jetait dans le foyer. Ce foyer était appelé le sanctuaire de Vesta, penetralia Vestæ. Vesta est prise ici pour le feu dont le culte passa de l'Asie chez les Latins. Virgile donne à Vesta l'épithète de cana, blanche, parce que le blanc était la couleur des Vestales et le symbole de la pureté. L'abbé Desfontaines est quelquefois facétieux dans ses notes; « et quoique toutes les cheminées, dit-il, soient noires, celle-ci ne laisse pas d'être appelée le sanctuaire de la blanche Vesta. »

118.

Page 60. Farre pio et plena supplex veneratur acerra.

Virgile, en faisant brûler de l'encens par Énée, suit plutôt l'usage de son temps que la vérité historique. L'encens, dit Pline, était inconnu dans les temps héroïques, nec thure supplicabatur.

119.

Page 60. Interca Æneas urbem designat aratro.

Cette coutume antique de tracer avec la charrue l'enceinte d'une ville, doit être conservée dans la traduction d'un poëme, comme tradition historique, et aussi comme image. Delille se contente de dire:

Cependant le héros des murs décrit le tour.

Un taureau et une vache, attelés à la même charrue, traçaient un

sillon d'enceinte autour du terrain choisi pour bâtir une nouvelle ville. Aux lieux marqués pour servir d'entrée, on soulevait la charrue, on la portait et de là, dit-on, est venu le nom de porta.

: «

Ce que le poète décrit est ainsi raconté par Denys d'Halicarnasse (liv. 1) Énée, accueilli par ces deux Troyens (Aceste et Helymus), bâtit sur leur territoire deux villes, qu'il appela de leur nom. Il y laissa tous ceux de son armée qui ne pouvaient plus résister aux fatigues d'un si long voyage, et les femmes troyennes qui, lasses de traverser les mers, avaient brûlé, dit-on, une partie de la flotte, dans l'espérance de l'arrêter en Sicile. »

120.- Page 60.

.......

Hoc Ilium, et hæc loca Trojam.

Le professeur Binet est le seul qui ait ainsi traduit ce passage: << Il veut que cette partie soit Ilion, que cette autre s'appelle Troie, noms bien doux pour le prince troyen qui doit y régner. » Heyne dit, d'après les meilleurs commentateurs : Æneas...... quum novam coloniam conderet, hanc pro Ilio et Troja esse vult. Énée veut que cette ville tienne lieu aux Troyens d'llion et de Troie.

On voit, dans le 111o livre (v. 300), l'établissement d'une ville semblable fait en Épire par Helenus.

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Vénus avait reçu le surnom d'Idalie, parce que, dans l'île de Chypre, se trouvaient un bois et une ville qui lui étaient consacrés, et qui portaient le même nom. Il est plusieurs fois parlé, dans les Livres saints, des bois qui entouraient les temples des payens, et que Dieu lui-même avait en abomination.

122. Page 62. Jamque dies epulata novem.....

Dans les funérailles des anciens, après un deuil qui durait neuf jours, les sacrifices et les jeux commençaient. (OVIDE, Fastes, liv. 11, v. 543.) Les neuvaines du Christianisme viennent de ces neuf jours de deuil, que les Romains appelaient Novemdialia

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Page 62 Visa maris facies, et non tolerabile numen.

Variantes dans les anciens manuscrits: Nomen, lumen, cœlum,

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