ページの画像
PDF
ePub

Un savant commentateur remarque ici que les copistes ont souvent embarrassé le sens de Virgile: Quum itaque versemur in voce tot librariorum ludibriis obnoxia, etc.

124.

Page 64. Fas omne est, Cytherea, meis te fidere regnis.

De tous les surnoms donnés à Vénus, celui de Cythérée, ou de déesse de Cythère, est le plus employé par les poètes anciens et modernes. Cythère, aujourd'hui Cérigo, est une île située près du promontoire de Malée. Quelques mythographes prétendent que Vénus était née dans cette île, ou sur ses rivages, de l'écume de la mer.

125. Page 64.

.....

Nec reperire viam atque evolvere posset.

C'est ce que dit de lui-même le Xanthe dans l'Iliade.

126.

- Page 64. Congressum Ænean, nec dis nec viribus æquis. Ce combat est peu glorieux pour Énée dans l'Iliade : il allait succomber, lorsque Neptune, quoique ennemi des Troyens, vint le sauver en formant un nuage épais devant le redoutable Achille.

[blocks in formation]

Imitation d'Homère qui, dans le x111e livre de l'Iliade, peint le char de Neptune volant sur les mers. Mais le pinceau du poète grec est plus large et plus hardi que celui du poète latin. « Homère, dit Pope, ressemble à son Jupiter qui, lorsqu'il veut effrayer le monde, ébranle l'Olympe, lance la foudre et les éclairs. Virgile aussi ressemble à Jupiter, mais à Jupiter bienfaisant, lorsqu'il délibère avec les dieux, trace le plan des empires, et dispose tout avec une souveraine sagesse. »

128.

Page 66. Et senior Glauci chorus, Inousque Palamon.

Pline le Naturaliste dit (liv. xxxvi) qu'on voyait à Rome, dans le temple de Neptune, un groupe ou plutôt un bas-relief en marbre, ouvrage admirable de Scopa, représentant Neptune, Thétis et Achille; les Néréides portées sur des dauphins, des cétacés et des chevaux marins; les Tritons et le choeur de Phorcus, etc. : Neptunus ipse et Thetis atque Achilles; Nereides supra delphinos, cete et hippocampos sedentes; item Tritones chorusque

Phorci, et pristes, ac multa alia marina: omnia ejusdem manus, præclarum opus, etiamsi totius vitæ fuisset.

Virgile paraît avoir imité ce recensement des dieux de la mer, du Ive livre d'Apollonius (v. 930).

129. — Page 66. Nesœe, Spioque, Thaliaque, Cymodoceque,

Ce vers est tout entier dans les Géorgiques (liv. IV, 338). Virgile ne l'avait sans doute transporté dans l'Énéïde que provisoi

rement.

Variantes dans les manuscrits: Nisceque, Nisseneque, Niseque, Nisie, Nisce, Niseis, Nissæe; - Espioque; — Tholoque; - Chimoeque.

Quand il s'agit de noms mieux connus, les erreurs des copistes sont un peu plus rares.

130.

Page 66. Attolli malos, intendi brachia velis.

On trouve dans ce vers, et dans les trois suivans, plusieurs termes de la marine des anciens. Ils appelaient brachia les deux moitiés des antennes ; cornua, leurs deux extrémités; pedes, les cordes fixées aux deux angles inférieurs de la voile, et qui s'attachaient aux deux côtés du vaisseau. On lit dans Valerius Flaccus (liv. 1, v. 126):

131.

Pallada velifero quærentem brachia malo.

Page 68. Iaside Palinure, ferunt ipsa æquora classem.

Quelques critiques réprouvent, comme inutile à l'action du poëme, la fin tragique du pilote d'Énée, que recommandaient sa prudence et sa vigilante fidélité. C'est un des grands dieux de l'Olympe qui veut une victime, qui la condamne, et c'est un autre dieu qui sert sa vengeance. Neptune se dit l'ami d’Énée, et il lui enlève son pilote, quand ses vaisseaux approchent du redoutable écueil des Sirènes! L'injuste et inutile mort de Palinure est-elle suffisamment motivée par le désir de donner une origine ancienne à un promontoire d'Italie?

132. Page 70 Jamque adeo scopulos Sirenum advecta subibat.

[ocr errors]

Homère et Apollonius parlent des Sirènes : Homère n'en compte que deux. La plupart des poètes en nomment trois (Parthénope, Leucosia, Ligæa), et les disent filles du fleuve Acheloüs et de la

muse Calliope. On voit, non loin de Caprée, entre le golfe de Pæstum et le promontoire de Minerve, trois petites îles ou rochers célèbres dans l'antiquité, comme ayant été la demeure des Sirènes.

Ceux qui ont voulu chercher dans les fables des origines historiques, prétendent que, par les Sirènes, il faut entendre trois fameuses courtisanes qui, dans l'île de Caprée, faisaient faire naufrage à leurs amans, c'est-à-dire qui les ruinaient.

133. Page 70. Nudus in ignota, Palinure, jacebis arena.

Le plus ancien commentateur de Virgile, Servius, dit que ce poète avait terminé le ve livre par les deux vers qui commencent le vie; mais que Tucca et Varius (chargés par Auguste de revoir l'Énéide) voulurent que le ve livre fût terminé comme il l'est maintenant : Sciendum sane Tuccam et Varium hunc finem quinti esse voluisse. Nam a Virgilio duo versus sequentes :

Sic fatur lacrymans, classique immittit habenas
Et tandem Euboicis Cumarum allabitur oris,

huic juncti fuerunt. Unde in nonnullis antiquis codicibus sexti ini

tium est.

L'observation critique de Servius est appuyée de ce témoignage de Probus, cité par Pomponius Sabinus sur les deux premiers vers du vie livre : Probus, his duobus versibus, inquit, finitur hic liber in Tuccæ et Cornelianis commentariis ; et Virgilium ita etiam finisse manifestum est, et inchoasse sextum librum : Obvertunt pelago proras. Les commentaires de Tucca et de Cornelius Balbus ne sont pas venus jusqu'à nous. Servius cite Cornelius Balbus sur le ive livre de l'Énéide (v. 127).

Quelques commentateurs modernes pensent que les deux derniers vers du ve livre ne sont point de Virgile; l'un d'eux motive ainsi son opinion: Énée ne pouvait rien dire de plus froid, de plus languissant, mais aussi de plus digne de la subtilité d'un grammairien : Nihil dici poterat frigidius et languidius, et grammatico acumine dignius.

LIBER SEXTUS.

Sic fatur lacrymans, classique immittit habenas,

Et tandem euboicis Cumarum allabitur oris.
Obvertunt pelago proras; tum dente tenaci
Anchora fundabat naves, et litora curvæ
Prætexunt puppes. Juvenum manus emicat ardens
Litus in hesperium : quærit pars semina flammæ
Abstrusa in venis silicis; pars, densa ferarum
Tecta, rapit silvas; inventaque flumina monstrat.

Ar pius Æneas arces, quibus altus Apollo
Præsidet, horrendæque procul secreta sibyllæ,

Antrum immane, petit, magnam cui mentem animumque
Delius inspirat vates, aperitque futura.

Jam subeunt Trivia lucos, atque aurea tecta.

Dædalus, ut fama est, fugiens Minoia regna,

Præpetibus pennis ausus se credere cœlo,
Insuetum per iter gelidas enavit ad Arctos,
Chalcidicaque levis tandem super adstitit arce.

Redditus his primum terris, tibi, Phœbe, sacravit

LIVRE SIXIÈME.

AINSI parle Énée, les yeux mouillés de larmes; et,

faisant voguer sa flotte à pleines voiles, il entre enfin dans le port de Cumes, ville qu'ont bâtie les Eubéens. Les proues sont tournées vers la mer; l'ancre, à la dent mordante, retient les vaisseaux, et les poupes recourbées bordent le rivage. La jeunesse troyenne s'élance ardente sur la terre d'Hespérie. Les uns cherchent, dans les veines d'un caillou, les semences de feu qu'il recèle; d'autres parcourent les forêts, sombres repaires des bêtes féroces, et montrent les sources qu'ils ont trouvées.

CEPENDANT, le pieux Énée dirige ses pas vers le mont où s'élève le temple d'Apollon, et vers l'antre écarté et profond où la redoutable Sibylle reçoit du dieu de Délos ses prophétiques inspirations, son feu divin et la science de l'avenir. Déjà le héros et sa suite pénètrent dans le bois sacré de la triple Hécate, et sous les toits dorés du temple qui lui est consacré. Dédale, fuyant les états de Minos, osa, dit-on, se confier aux plaines de l'air sur des ailes rapides, et, par cette route nouvelle, se dirigeant vers les Ourses glacées, il suspendit enfin son vol léger sur les remparts de Cumes. A peine avaitil touché la terre, pour la première fois, depuis son dé

« 前へ次へ »