pent, surpris au milieu du chemin, et que presse obliquement une roue d'airain, ou que le voyageur a laissé meurtri et sanglant sous le poids d'une pierre : en vain il s'efforce de fuir et de rouler ses longs anneaux; d'un côté, terrible, les yeux ardens, il dresse, en sifflant, sa tête altière; de l'autre côté, arrêté par sa blessure, c'est en vain qu'il courbe et replie ses restes mutilés. Tel, avec les débris de ses rames se traînait lentement sur l'onde le vaisseau tardif de Sergeste. Cependant, il a pu déployer ses voiles, et il entre enfin dans le port. Le fils d'Anchise est satisfait; Sergeste obtient la récompense promise : il a sauvé son vaisseau et ramené ses compagnons; il reçoit une esclave de Crète, la jeune Pholoé, instruite aux travaux de Minerve, et mère de deux jumeaux qui se jouent sur son sein. un CE combat terminé, le héros se rend dans une vallée verdoyante que ceignent des collines ombragées de forêts. Le milieu représente un cirque qui a son amphithéâtre. Suivi de nombreux milliers de spectateurs, le fils d'Anchise monte, et s'assied sur trône de gazon. De là, il invite au combat de la course ceux qui, par leur agile vitesse, peuvent en disputer l'honneur; et, pour exciter l'ardeur qui les anime, il montre les prix destinés aux vainqueurs. De toutes parts se présentent Troyens et Siciliens ensemble confondus. A leur tête, s'avancent Nisus et Euryale: Euryale, dont la beauté remarquable est jointe à la fleur de l'âge; Nisus, tendre ami de ce guerrier adolescent. Après eux, vient Diorès, né du sang illustre de Priam : il est suivi de Salius et de Patron, l'un venu d'Acarnanie, l'autre issu d'une famille arcadienne de la ville Alter ab Arcadia, tegeææ sanguine gentis. Tum duo trinacrii juvenes, Helymus Panopesque, Assueti silvis, comites senioris Acesta; Multi præterea, quos fama obscura recondit. ENEAS quibus in mediis sic deinde locutus: Spicula, cælatamque argento ferre bipennem : Primus equum phaleris insignem victor habeto; Proximus huic, longo sed proximus intervallo, Euryalumque Helymus sequitur; quo deinde sub ipso de Tégée. Deux jeunes Siciliens paraissent ensuite, Helymus et Panope, accoutumés à suivre, comme chasseurs, le vieil Aceste dans les forêts. Après eux, en grand nombre, viennent encore d'autres rivaux dont les noms moins connus sont restés dans l'oubli. ALORS, du milieu de l'assemblée qu'il domine, le héros troyen fait entendre ces mots : « Écoutez ! et que vos cœurs s'ouvrent à la joie! aucun de vous ne sortira de la lice sans un don de ma main. Chacun recevra deux javelots crétois armés d'un fer luisant et poli, avec une hache à deux tranchans, garnie d'argent ciselé. Ce présent sera commun à tous. Les trois premiers vainqueurs recevront des prix à part, et l'olive jaunissante couronnera leur front. Au premier appartiendra un coursier superbe et son riche équipage; au second, un carquois d'Amazone rempli de flèches de Thrace, avec le large baudrier d'or qui l'entoure, et qu'attache, en agrafe arrondie, une pierre éclatante. Le troisième se contentera de ce casque, la dépouille d'un Grec.>> IL dit, les rivaux se placent, le signal est donné, et soudain tous, l'œil fixé sur le but, s'élancent de la barrière comme un tourbillon, et dévorent l'espace. A leur tête, et bientôt les laissant loin derrière lui, brille et vole Nisus plus léger que le vent, plus rapide que l'aile du tonnerre. Salius le suit, mais à une longue distance. Euryale est le troisième, et laisse encore un intervalle. Après Euryale vient Helymus; après Helymus, Diorès, qui presse du pied le pied de son rival, et sur son épaule allonge sa tête : sans l'étroit espace où il court, il le devancerait, ou rendrait du moins la victoire dou teuse. Incumbens humero; spatia et si plura supersint, Fusus humum viridesque super madefecerat herbas. Tum pater Æneas: «Vestra, inquit, munera vobis Déjà, fatigués, haletans, et presque au bout de la carrière, les combattans allaient toucher au but, quand l'infortuné Nisus glisse dans le sang des taureaux que, par hasard, on avait immolés dans ce lieu. Déjà fier du triomphe qui l'attend, il ne peut fixer son pied sur l'herbe humectée; il chancelle, et tombe en avant, souillé de la fange et du sang des victimes. Mais, quand il perd la victoire, il n'oublie pas son Euryale, objet constant de sa tendresse: soudain il se relève sur ce terrain glissant, s'oppose à Salius, qui vacille et tombe, tandis qu'Euryale s'élance, et, vainqueur par le secours de son ami, fournit le premier la carrière, au bruit flatteur des applaudissemens. Helymus arrive après lui, et Diorès triomphe le troisième. : MAIS bientôt l'immense amphithéâtre retentit des clameurs de Salius; il s'approche des premiers rangs où les chefs sont assis, et revendique un honneur que lui ravit la ruse. Euryale a pour lui la faveur de l'assemblée, la grâce de ses larmes, et le charme que la beauté ajoute à la vertu naissante. Diorès le seconde et le proclame à grands cris arrivé le dernier, c'est en vain qu'il prétendrait à la troisième palme, si la première était donnée à Salius. « Jeunes guerriers, dit le héros, vos prix sont assurés, et nul ne changera l'ordre des couronnes : mais qu'il me soit permis de récompenser un ami qui pas mérité son malheur. » Il dit, et donne à Salius la peau d'un lion de Gétulie, dépouille immense, riche de ses longs crins et de ses ongles d'or. « Ah! s'écrie Ni n'a |