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CURRIT iter tutum non secius æquore classis,
Promissisque patris Neptuni interrita fertur.
Jamque adeo scopulos Sirenum advecta subibat,
Difficiles quondam, multorumque ossibus albos;
Tum rauca assiduo longe sale saxa sonabant :
Quum pater amisso fluitantem errare magistro
Sensit, et ipse ratem nocturnis rexit in undis,
Multa gemens, casuque animum concussus amici:
«O nimium cœlo et pelago confise sereno,
Nudus in ignota, Palinure, jacebis arena! »

CEPENDANT la flotte suit son paisible chemin, et vogue confiante dans les promesses de Neptune. Déjà elle approchait des rochers des Sirènes, écueils jadis redoutables, et qu'ont blanchis les ossemens de tant d'infortunés. Déjà, de loin, on entendait retentir ces rocs bruyans incessamment battus des flots amers, lorsqu'Énée voit son navire errant, sans guide, à la merci des flots. Lui-même il le dirige sur les ondes ténébreuses; il gémit long-temps, et s'afflige du malheur de son ami : << O Palinure! dit-il, pour avoir trop compté sur la trompeuse apparence d'une mer calme et d'un ciel serein, ton corps restera sans sépulture sur un rivage ignoré!»>

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1.

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Page 2. Interea medium Æneas jam classe tenebat.

L'abbé Desfontaines prétend qu'avant lui aucun commentateur, ni aucun traducteur n'avaient entendu ce commencement du ve liv. de l'Énéide. Ils ont, dit-il, expliqué medium iter par pleine mer, tandis que la flotte d'Énée se trouvait encore dans les eaux de Carthage. «< Or, je demande comment cette flotte pouvait voguer ainsi par un vent contraire! ce ne pouvait être qu'en louvoyant. Le père Catrou dit : Énée voguait en mer; Segrais :

Énée au gré des vents fendait les flots amers;

>>

l'abbé Remy La flotte voguait à pleines voiles, etc. Il paraît certain que cette flotte n'était pas encore sortie du golfe de Carthage, puisque Virgile dit, quelques vers plus bas : ut pelagus

tenuere rates.

2.- Page 2.

Fluctusque atros Aquilone secabat.

Pline l'Ancien dit que la mer n'a pas une couleur certaine, et que les vents, agitant ses flots, les rendent jaunes ou noirs.

M. Deloynes d'Autroche a substitué l'Autan à l'Aquilon, pour réparer, dit-il, une méprise échappée à Virgile, une petite faute; et il ajoute modestement : « Il était du devoir de son traducteur de la faire disparaître,.... et c'est ce que j'ai fait. »

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L'expression polluto a embarrassé quelques commentateurs qui l'auraient trouvée mieux placée dans la bouche de Didon que dans celle d'Énée. Servius fait, sur ces vers,

une remarque singulière :

On lit, dit-il, dans Varron, qu'Anne aimait le héros troyen: Sane sciendum Varronem dicere Æneam ab Anna amatum. L'ancien commentateur avait déjà dit (sur le liv. 4, v. 682), en citant encore Varron, que c'était Anne, et non Didon qui, dans son désespoir, s'était donné la mort sur un bûcher : Varro ait non Didonem, sed Annam amore Æneæ impulsam, se super rogum interemisse. Tout est obscur dans les traditions antiques. Quelques auteurs, adoptant l'opinion qu’Énée avait été aimé par les deux sœurs, prétendent qu'après la fin tragique de Didon, Anne poursuivit en Italie le héros troyen devenu l'époux de Lavinie; que Lavinie jalouse l'obligea de s'enfuir; que, dans son désespoir, Anne se précipita dans le Numicus, et devint une nymphe de ce fleuve. (Voyez OVIDE, Fastes, l. 111, v. 605). Ainsi, les deux sœurs, victimes d'un même amour, auraient péri misérablement l'une dans les flammes, l'autre dans les eaux. Ovide ajoute que la sœur de Didon fut, dans la suite, adorée chez les Romains sous le nom d'Anna Perenna. Mais Ovide rapporte aussi d'autres traditions sur l'origine du culte de cette déesse, qui aurait été une vieille femme débonnaire, comis anus. On célébrait sa fête sur les bords du Tibre, par des festins, des danses et des chants libres et joyeux :

Inde joci veteres, obscenaque dicta canuntur.

(Fast., l. III, v. 695.)

4. — Page 2.

.....

Notumque furens quid femina possit.

Corneille semble avoir imité Virgile, dans ce vers :

Sais-tu bien ce que peut une femme en fureur?

5.- Page 2.

.......

Maria undique et undique cœlum.

Le poète avait dit (1. 111, v. 193):

Cœlum undique et undique pontus.

6. — Page 2. Noctem hiememque ferens, et inhorruit unda tenebris. On trouve ce même vers tout entier dans le 111o livre de l'Énéide, (195). Lucain est plus hyperbolique dans la description d'une tempête, où, suivant son digne traducteur, Brébeuf,

7.

Les flots coup sur coup élancés dans les airs,

Vont jusque dans la nue éteindre les éclairs.

Page 2. Heu! quianam tanti cinxerunt æthera nimbi!

Quianam, expression attribuée à Ennius, et qu'on retrouve en

core dans le xe livre de l'Énéide (vers 6), employée pour cur, quare?

M. Tissot remarque avec raison que « cet orage inattendu est trop peu violent pour causer tant d'effroi au pilote Palinure, et que, dans la terrible tempête du 1er livre, Palinure n'agit et ne parle pas plus qu'Énée. »

8.- Page 2. Colligere arma jubet.

Les anciens appelaient arma nautica, ou navis armamenta, tout ce qui sert d'agrès à un navire.

9.- Page 4. Fida reor fraterna Erycis.

Éryx était fils de Vénus et de Butès (Voyez APOLLONIus, 1. iv, v. 914), ou, d'après les traditions historiques, fils de Butès et d'une femme de Sicile, nommée Lycaste, qu'on appela Vénus pour sa beauté; ce nom fut aussi donné à d'autres femmes dans l'antiquité, suivant Diodore et Denys d'Halicarnasse.

Éryx régnait sur une contrée de la Sicile, qui fut appelée de son nom Erycie. Virgile désigne les rivages de ce petit royaume par ces mots litora fraterna, parce qu’Énée, fils de Vénus, était frère d'Éryx. Le poète parle, à la fin du même livre, du temple qu'Éryx fit élever, sur un mont voisin, à la déesse sa mère :

Tum vicina astris Erycino in vertice sedes

Fundatur Veneri Idaliæ.

Dès-lors le mont fut appelé Éryx, et le temple fit donner à Vénus le surnom d'Ericyne.

Servius rapporte qu'Éryx fut tué par un Hercule qui n'était pas le fils d'Alcmène.

10.- Page 4. Quam quæ Dardanium tellus mihi servat Acesten. On lit dans quelques vieux manuscrits Achestem.

11.- Page 4. Et patris Anchisæ gremio complectitur ossa.

Vers imité de Lucrèce, qui dit (1. iv, v. 738):

Quorum morte obita tellus complectitur ossa.

Lucrèce, s'imitant, ou plutôt se copiant lui-même, avait déja dit (liv. 1, v. 136):

Morte obita quorum tellus complectitur ossa.

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