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célébrité. Malgré ce que les commentateurs appellent librariorum stupores, il est rare que les copistes défigurent les noms de personnages et de lieux qui étaient généralement connus : ils ne varient ordinairement que sur des noms restés plus ou moins obscurs.

63. — Page 30. Solus qui Paridem solitus contendere contra.

Pâris, tout efféminé que l'ont peint plusieurs poètes anciens, et tous les modernes qui ont parlé de lui, était robuste, courageux et très-adroit au combat du ceste: il vainquit Hector lui-même ; et c'est en triomphant, dans divers combats, de tous ses frères, qu'il se fit, dit-on, reconnaître à la cour de Priam. Ce fut Pâris qui proposa de terminer la guerre de Troie par un combat singulier avec Ménélas (Iliade, liv. 111): il le tenta sans succès, mais avec courage. Dans l'attaque des Troyens contre la flotte des Grees, Paris commandait l'aile gauche, et il se distingúa par son intrépide valeur (ibid., liv. x111). Il en est donc des réputations comme des livres Habent sua fata.

64.

Page 30. Victorem Auten immani corpore.

Ce Butès, que Darès vainquit aux funérailles de Patrocle, n'est pas le même que Butès, père d'Éryx, dont Virgile a parlé au commencement de ce livre (v. 24).

Apollonius décrit (liv. 11) le combat du ceste, dans lequel Amy

cus,

roi de Bébrycie, fut vaincu par Pollux. Virgile a emprunté quelques traits de cette description.

65. - Page 30. Talis prima Dares caput altum in prælia tollit.

On trouve dans l'Anthologie grecque (liv. v) une épigramme sur Entelle et Darès.

66.- Page 32. Hic gravis Entellum dictis castigat Acestes.

Il y avait dans la Sicile une ville nommée Entella, d'où l'on croit que Virgile a pris le nom du vieil ami d'Aceste.

67.

- Page 32. Nequidquam memoratus Eryx?

Éryx s'était rendu célèbre par sa force et son adresse dans le pugilat. I osa provoquer Hercule lui-même. (Voyez DIODORE

de Sicile, liv. iv, 33; PAUSANIAS, liv. IV, 36, et les Médailles de Sicile dans D'ORVILLE.)

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C'est ainsi que s'expriment Nestor dans l'Iliade, et Laërte dans l'Odyssée. Mais Virgile est plus orné qu'Homère.

69.

Page 32. In medium geminos immani pondere cœstus.

Servius remarque qu'il faut écrire cœstus, parce que ce mot vient de cædere, tandis que, pour désigner la ceinture de Vénus, on écrit cestus. (C'est du nom de cette ceinture merveilleuse qu'est venu le mot inceste ou ceinture déliée.) Le combat du ceste était un jeu cruel. « Tous les peuples, dit Gaston, ont aimé à voir couler le sang dans les fêtes publiques. Les Grecs ont eu leur pugilat; les Romains, leurs gladiateurs; l'Europe moderne, ses tournois. Les Anglais se plaisent encore à faire battre des coqs, et à faire boxer des hommes à peu près à la manière de l'ancien pugilat : les Espagnols ont heureusement perdu le goût des auto-da-fé, mais ils ont conservé les combats des taureaux. »

70. — Page 34. Sanguine cernis adhuc fractoque infecta cerebro.

Heyne trouve ce vers fastidieux: Etiam hic versus fastidium faciat necesse est. Il critiquerait les chiens dévorans qui se disputaient des lambeaux affreux! Il trouverait quelquefois Racine et Corneille fastidieux !

71. Page 34 Hæc fatus, duplicem ex humeris rejecit amictum.

Virgile imite ici Homère dans l'Odyssée (liv. xvIII), et Apollonius (liv. 11).

72.

· Page 34. Et magnos membrorum artus, magna ossa, lacertosque. Macrobe veut que le poète ait imité ce passage d'Ennius : Magna ossa lacertique apparent hominei ( liv. v1, 1).

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On peut comparer ce combat avec ceux qui sont décrits par Homère, Apollonius, Théocrite (Idylle 22), Valerius Flaccus (liv. vi), et Silius Italicus (liv. XVI).

74.

Page 36. Multa cavo lateri ingeminant, et pectore vastos

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Le père Catrou traduit ainsi ces vers : « On s'assomme de grands coups de part et d'autre..... Ils se font craquer les dents dans la bouche. >>

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Primusque accurrit Acestes,
Æquævumque ab humo miserans attollit amicum.

Dans les combats des anciens athlètes, quand l'un d'eux tombait, il lui était permis de se relever sans que l'autre pût profiter de sa chute.

Delille ajoute souvent au texte de Virgile, et plus d'une fois il l'embellit :

Aceste le premier accourt, et sa tendresse

Dans son vieux compagnon plaint sa propre faiblesse.

C'est le privilège du poète à qui il est permis d'imiter. Mais le prosateur doit se borner à traduire.

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Énée désigne Éryx, dont Entelle portait les armes, et qui était honoré comme un dieu du pays.

77. - Page 38. Ore ejectantem, mixtosque in sanguine dentes.

Ce vers a paru à plusieurs commentateurs peu digne de la gravité épique. L'abbé Remy l'a traduit avec le burlesque de Scarron : Darès crachant ses dents avec le sang caillé.

78.

Page 38...... Palmam Entello taurumque relinquunt.

L'arrogance de Darès est justement punie dans l'Énéide, tandis que l'orgueil présomptueux d'Épée triomphe dans l'Iliade. C'est ce que n'a garde de reconnaître madame Dacier: mais d'autres critiques moins prévenus l'ont remarqué.

79.- Page 40. Sternitur, exanimisque tremens procumbit humi bos.

Le fait attribué à Milon de Crotone est donné par Virgile à Entelle.

Voici un nouvel exemple de la manière dont on traduisait les

poètes au commencement du dix-huitième siècle. Ces trois vers de Virgile,

Dixit, et adversi contra stetit ora juvenci,

Qui donum adstabat pugnæ; durosque reducta
Libravit dextra media inter cornua cæstus,

sont ainsi défigurés par le jésuite Catrou: « Il dit, puis il vint se présenter vis-à-vis de la bête qui lui était destinée pour prix. Il éleva le bras pour frapper un plus grand coup, et lui déchargea son poing armé du ceste, entre les cornes. »>

Servius n'a point senti l'harmonie imitative du procumbit humi bos. Il trouve cette chute détestable: Est autem hic pessimus versus in syllabam desinens. « Tel est, dit Desfontaines, le goût d'un grammairien. >> Servius, condamnant cette chute généralement admirée, tombe lui-même, procumbit.

80.

Page 40. Hanc tibi, Eryx, meliorem animam pro morte Daretis.

De Loynes fait tuer cent taureaux par Darès :

Cher Éryx, reprit-il, reçois cette hécatombe;

et, pour justifier cette licence, il dit : « Le style poétique et figuré n'est pas un style géométrique. D'ailleurs ce taureau était si fort qu'il en valait bien lui seul une demi-douzaine ou plus.

81.

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Page 40. Protinus Æneas celeri certare sagitta.

Dans l'Iliade, le prix de l'arc n'est disputé que par Teucer, frère d'Ajax, et par Mérion, écuyer d'Idoménée. Teucer rompt les liens qui attachent la colombe au haut du mât; Mérion atteint l'oiseau dans son vol. Virgile, en imitant Homère, a plusieurs fois le bonheur de le surpasser. La description du jeu de l'arc par le poète latin est si supérieure à celle du poète grec, que l'abbé Desfontaines dit, mais en se servant d'une expression qui manque de mesure : « Le divin Homère, modèle de Virgile dans cette description, n'en paraît que l'écolier. »

82.

Page 40. Hyrtacidæ ante omnes exit locus Hippocoon is.

Variantes dans les anciens manuscrits: Hippocoantis, Ipsocoontis, Oppocoontis.

83.

Page 40. Pandare, qui quondam, jussus confundere fœdus. Pandarus, prince troyen, fils de Lycaon, s'était rendu à Troie sans char, et il combattait toujours à pied. Les Grecs et les Troyens étaient convenus de terminer la guerre par un combat singulier entre Ménélas et Pâris. L'offenseur et l'offensé étaient aux prises. Pâris, ravisseur d'Hélène, devait, s'il était vaincu, la rendre à son époux. C'est pendant ce combat que Pandarus, excité par les dieux ennemis de Troie, lança une flèche contre Ménéląs, et le traité fut rompu. (Iliade, liv. 111 et IV.)

84.- Page 42. Hic oculis subitum objicitur magnoque futurum Augurio monstrum, docuit post exitus ingens : Seraque terrifici cecinerunt omina vates.

De ces trois vers, une partie du premier est seule traduite par Delille, qui se contente de dire :

Aux regards se présente un présage divin.

Ce présage, qui fut d'abord mal interprété, est celui de l'incendie des vaisseaux par les femmes troyennes. Énée adopte comme favorable ce présage douteux, trompé sans doute par la ressemblance du prodige de la flèche embrasée, et traçant des sillons de flamme dans les airs, avec le prodige de l'étoile qui, à la fin du second livre, est reçu par Anchise comme un avis des dieux:

Stella facem ducens multa cum luce cucurrit.....
Hic vero victus genitor se tollit ad auras,
Affaturque deos, et sanctum sidus adorat.

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Anchise ne veut plus rester enseveli sous les ruines de Troie, et il s'écrie: « La faveur des dieux se déclare par ce prodige. Chez les anciens, une flamme brillant dans les airs passait pour un augure favorable, comme le remarque Servius.

85.

·Page 42. Seraque terrifici cecinerunt omina vates.

Heyne croit que Virgile a voulu faire allusion aux guerres de Sicile, dans lesquelles les Romains furent attaqués par les Carthaginois et les Syracusains. A la suite de plusieurs défaites, les richesses de Syracuse furent consumées, comme la flèche d'Aceste, par le feu.

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