Par Dieu, voyci l'Italien, Messer Coioni, c'est luy-mesme.
PANTHALEONÉ.
Ha Dieu! je sen mon mal extrême, Et n'aperçoy qu'une rigueur De la part de ce Dieu vainqueur.
Ha poltron! ce n'est pas pour toy Que le four chauffe.
PANTHALEONÉ.
O quel emoy!
Et quel tourment est ordonné Au pauvre Panthaleoné! JULIEN.
Helas! le pauvre langoureux !
PANTHALEONÉ.
Mon seul malheur vint des beaux De ma cruelle; aussi ma peine S'amoindrira par Madalene.
Vous en aurez menti, forfante. PANTHALEONÉ.
Encor ce qui plus me contente, C'est sa grace, c'est sa beauté, Et ne m'est rien la cruauté, Puisque je suis le serviteur D'une dame de si hault cueur.
Voyez-moi ce brave Messerre!
Il luy semble à voir a N'est pas digne de le porter. Vous le verrez tantost vanter, Tantost elever ses beaux faicts, Et conter ceux qu'il a deffaicts A la prise d'un poulaillier, Et comme il sçait bien batailler Quand il fault rompre un huys ouvert Ou bien un pasté descouvert Pour y plonger ses mains dedans. Le voyez-vous curer ses dens? Il a disné d'une salade, Et au dessert d'une gambade, Puis le voylà, frisque et gaillard, Devant l'huys du síre Gerard, Faisant l'amour, et je m'asseure Qu'il y aura bien de l'ordure Si Monsieur le sçait une fois, Et qu'il luy trouve : car le bois Sera cher s'il n'en a sa part. Il l'envoirra bien autre part Trainer ses dandrilles. Par Dieu, S'il est rencontré en ce lieu, Il en maudira la journée Qu'il commença ceste menée : Car Monsieur est d'une nature Qu'il n'endurera ceste injure.
Per rihaver l'ingegno mio m'è aviso, Che non bisogna che per l'aria io poggi Nel cerchio de la Luna, o in Paradiso; Che'l mio non credo, che tant'alto alloggi. Ne' bei vostri occhi e nel sereno viso,
Nel sen d'avorio, e alabastrini poggi Se ne va errando et io conqueste labbia Lo corrò; se vi par, ch'io lo rihabbia. JULIEN.
Forfanti, Coioni, Poltroni, Li compagnoni di Toni,
Le mal san Lazaro te vingue, Et le mau de terre te tingue.
SCÈNE IV.
Marion, Julien.
MARION.
ais ne voici pas grand pitié! Je ne sçais, moy, quelle amitié Regne aujourdhuy: nostre advoQui tousjours avoit faict l'estat cat, D'un vray amoureux, maintenant Est devenu tout autrement; Il a changé d'opinion,
Encor la pauvre Madalêne Est maintenant en plus grand peine Qu'ell' ne fut onc; de jour en jour, Autant luy redouble l'amour Que le jour des noces approche. Je luy feray tant de reproche,
A ce Monsieur là, qui se cache En un tel besoin, il est lasche En amour, et d'un autre cueur Que ne pensoy: son serviteur, Qui m'avoit faict hier promesse Qu'il se trouveroit à la messe Pour parler à elle et à moy, N'en a faict conte.
La pauvre fille plus n'en peult, Tant ores ell'est est eplorée; Elle est toute desesperée,
Voyant qu'il n'en fait plus de conte: Aussi devroit-il avoir honte
De promettre et ne rien tenir. Mais ne le voy-je pas venir, Mon Julien, qui me regarde? JULIEN.
Vrayment, Marion, l'on n'a garde De te prendre jamais d'assault.
Or sçais-tu bien que c'est? Il fault Marcher par un autre sentier : Car il n'est maintenant mestier De brebis tondre. Sçais-tu quoy? Il fault que tu soys avec moy. Puisqu'il nous en fault eschapper, Il me fault tascher de tromper Cestuy qui nous vient au devant.
Il semble qu'il voyse resvant, Et qu'il perde à moytié sa force.
C'est un des serviteurs de Josse; Jamais n'eurent œuvre laissée, Depuis que fust encommancée Ceste mal-heureuse alliance.
Mais, Marion, quelle esperance As-tu en luy?
Le moyen: c'est que j'essayeray, Ou par promesse, ou autrement, D'emprunter cet habillement Qu'il porte, et je t'asseure bien Que, s'il nous veult faire ce bien, Monsieur fera un bon mesnage, S'il veult jouer son personnage Avecque moy: premierement, Dessoubz ce faulx habillement, Je le mettray dans la chambrette De Madelon, où la tendrette Ne sera du tout si mauvaise Qu'ell' n'endure bien qu'on la baise : Ell' ne sera pas si farouche, Que dessus le coing de sa couche Elle ne soubtienne aisement La peine d'un si doux tourment. Et vienne ce qu'il en pourra. Quand ores Gerard le sçaura,
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