ページの画像
PDF
ePub

Et bien,

Arnauld?

ARNAULD.

Et bien! mais mal.

FLORIMOND.

Comment, mal?

ARNAULD.

Le plus mal du monde.

FLORIMOND.

[ocr errors]

Si faut-il que ce mal je sonde
Pour veoir s'il est ainsi profond.,

ARNAULD.

Assez pour vous noyer au fond,
Si vous ne prenez patience :
Mais faites au mal resistence,
Et me laissez vanger du tout.

FLORIMOND.

Mort bieu! qu'est-ce ?

ARNAULD.

De bout en bout
Je vous compteray le mal'heur,
Moyennant que vostre douleur
Prenne le frein de la raison. -
Je suis allé à la maison

De vostre Alix, où l'ay trouvée
Dés l'heure assez bien abbreuvée :
Car j'ay bien cogneu au respondre
Que, de crainte de se morfondre,
Elle avoit coiffé son heaume.
Elle estoit avec un Guillaume,
Ainsi là dedans on l'appelle,

Et autrement le mary d'elle.

FLORIMOND.

Mary, sang bieu !

ARNAULD.

Laissez moy

dire :

Si de tout ne bridez vostre ire,
Contenez un peu, pour le moins:
Ils estoyent assis aux deux coins
De la table, et au bout d'enhaut
Un gros maroufle, un gros briffaut,
Dont messire Jean est le nom.

FLORIMOND.

Dieu me perde, j'y vois.

ARNAULD.

Non, non.

Laissez moy de tout souvenir :

A ce que j'ay peu retenir,

C'est cet abbé, ce brave Eugène.

FLORIMOND.

Qui? le frère de mon Helène,
Que j'ay si long temps pourmenée?

ARNAULD.

C'est celuy mesme. Il l'a donnée
A ce Guillaume en mariage.

FLORIMOND.

Ha Dieu, ha grand Dieu, quel outrage!

Qui me pourra faire enrager,

Afin que je puisse vanger

Ceste injure de sorte telle,

Qu'il en soit memoire immortelle ?

Α

A a, faux amour trop incertain!
A a, fausse et trop fausse putain!
a, traistre abbé, abbé meschant!
Moyne punais, ladre, marchant
De tes refrippez benefices!
Aa, puant sac tout plein de vices,
M'as-tu osé faire ce tort?
T'avois je fait aucun effort?
Ne m'avoit pas sa sœur Helène
Assez tourmenté, sans qu'Eugène,
Son frère, ains son paillard, je croy,
Me vint redoubler ce desroy,
Seduisant un pauvre cocu,
Pour avoir tousjours part au cu
Sous une honneste couverture?
Hou, que la fin en sera dure!
Auquel dois-je premier aller?
Il faut aller desetaller

De la maison ce qui est mien.
Par le grand ciel, j'auray mon bien,
Et si serez bien frotez ores,
Si bien pis vous n'avez encores.
Si je devois fendre la porte
J'iray, j'iray de telle sorte

Que le mur tremblera d'horreur.

ARNAULD.

A a! que je conçoy de fureur !

gros

Je suis de donner des coups,
Si je ne les eschine tous

Je veux estre frotté pour eux.
Allez, Monsieur.

FLORIMOND.

Allons tous deux.

SCÈNE II.

Messire Jean, Eugène, Helène.

MESSIRE JEAN.

u-Dieu, je l'ay rechappé belle! Sentit-on jamais frayeur telle Que ce brave nous la donnoit? Par ses parolles il tonnoit, Et, meslant son gascon parmy, Nous faisoit pasmer à demy. Encore tant esmeu j'en suis, Que presque parler je ne puis, Tant qu'il me faudroit emprunter Une autre voix pour racompter A nostre abbé telle vaillance. Mais encore en moy je balance Si je dois faire ce message: Florimond fera beau mesnage, Si vers l'abbé vient une fois. J'aymerois mieux tenir ma voix A tout jamais en moy reǹclose, Que de derobber quelque chose : Je suis aux coups trop mal appris, Et ceux-cy seront tous epris Qu'ils ne pourront estre qu'à peine Desenvenimez de leur haine Que par l'espée vengeresse. O esperance tromperesse! Pourquoy m'avois-tu jusque icy Allaicté de ton laict ainsi, Pour tout soudain t'evanouir?

Pourquoy me faisois-tu jouïr
De tes promesses si long-temps,
Pour me mettre après hors du sens
Et me faire au desespoir proye,
M'estranglant d'un cordon de soye?
A a! pauvre et deux fois pauvre prestre,
N'eusses-tu pas trouvé bon maistre,
Qui t'eust nourry, qui t'eust vestu,
Qui t'eust fait amy de vertu,
Sans le patelin contrefaire,
Et, en plaisant, à Dieu desplaire,
Pour tourner en fin en ma chance
Si pauvre et maigre recompense?
Adieu les complots et finesses,
Adieu, adieu, larges promesses,
Adieu, adieu, gras benefices,
Adieu, douces mères nourrices,
En l'abbé je n'ay plus d'espoir.
Mais que tardé-je à l'aller voir?
<<< Qui se fait compagnon de l'heur

>> Se le face aussi du mal'heur. »
Mais quoy y? comment? d'où vient cela ?
Qu'y a il de nouveau ? voyla

Nostre mal'heureux maistre Eugène
Qui sort avec sa sœur Helène.

Je

pense que, si les hauts cieux S'appaisoyent des larmes des yeux, Qu'Helène plus en jettera

Qu'il n'en faut, quand ell' le sçaura.

EUGÈNE.

Mon cœur s'est pris à tressaillir,
Je sens quasi ma voix faillir,
Ma face est jà toute blesmie;

« 前へ次へ »