Et bien, Arnauld? ARNAULD. Et bien! mais mal. FLORIMOND. Comment, mal? ARNAULD. Le plus mal du monde. FLORIMOND. Si faut-il que ce mal je sonde ARNAULD. Assez pour vous noyer au fond, FLORIMOND. Mort bieu! qu'est-ce ? ARNAULD. De bout en bout De vostre Alix, où l'ay trouvée Et autrement le mary d'elle. FLORIMOND. Mary, sang bieu ! ARNAULD. Laissez moy dire : Si de tout ne bridez vostre ire, FLORIMOND. Dieu me perde, j'y vois. ARNAULD. Non, non. Laissez moy de tout souvenir : A ce que j'ay peu retenir, C'est cet abbé, ce brave Eugène. FLORIMOND. Qui? le frère de mon Helène, ARNAULD. C'est celuy mesme. Il l'a donnée FLORIMOND. Ha Dieu, ha grand Dieu, quel outrage! Qui me pourra faire enrager, Afin que je puisse vanger Ceste injure de sorte telle, Qu'il en soit memoire immortelle ? Α A a, faux amour trop incertain! De la maison ce qui est mien. Que le mur tremblera d'horreur. ARNAULD. A a! que je conçoy de fureur ! gros Je suis de donner des coups, Je veux estre frotté pour eux. FLORIMOND. Allons tous deux. SCÈNE II. Messire Jean, Eugène, Helène. MESSIRE JEAN. u-Dieu, je l'ay rechappé belle! Sentit-on jamais frayeur telle Que ce brave nous la donnoit? Par ses parolles il tonnoit, Et, meslant son gascon parmy, Nous faisoit pasmer à demy. Encore tant esmeu j'en suis, Que presque parler je ne puis, Tant qu'il me faudroit emprunter Une autre voix pour racompter A nostre abbé telle vaillance. Mais encore en moy je balance Si je dois faire ce message: Florimond fera beau mesnage, Si vers l'abbé vient une fois. J'aymerois mieux tenir ma voix A tout jamais en moy reǹclose, Que de derobber quelque chose : Je suis aux coups trop mal appris, Et ceux-cy seront tous epris Qu'ils ne pourront estre qu'à peine Desenvenimez de leur haine Que par l'espée vengeresse. O esperance tromperesse! Pourquoy m'avois-tu jusque icy Allaicté de ton laict ainsi, Pour tout soudain t'evanouir? Pourquoy me faisois-tu jouïr >> Se le face aussi du mal'heur. » Nostre mal'heureux maistre Eugène Je pense que, si les hauts cieux S'appaisoyent des larmes des yeux, Qu'Helène plus en jettera Qu'il n'en faut, quand ell' le sçaura. EUGÈNE. Mon cœur s'est pris à tressaillir, |