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traduction libre. Qu'on essaie de rendre mot à mot les traits qui peignent les travaux de Sisyphe; tout le tableau est anéanti.

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Voici comment de la Valterie a rendu ce tableau:

Sisyphe portait incessamment une pesante pierre jus« qu'au haut d'une montagne; à peine avait-il achevé << ce travail, que la pesanteur de la pierre la faisant re<< tomber jusqu'au bas sans qu'il pût la retenir, il des«< cendait lui-même pour recommencer à la porter ».

Virgile n'a point imité cet endroit ; mais il a surpassé Homère dans la description des peines de Titye:

Rostroque immanis vultur obunco

Immortale jecur tundens foecundaque pœnis
Viscera, rimaturque epulis, habitatque sub alto
nec fibris requies datur ulla renatis.
AENEID. LIB. VI.

Pectore;

(Page 185. La charmante Hébé le reçoit dans ses bras.)

Cette fable paraît signifier qu'une perpétuelle jeunesse, c'est-à-dire une réputation qui ne vieillit jamais, est la récompense des héros.

(Ibid. Devant cette ombre, les morts.... s'agitaient et fuyaient, )

Ceux qu'il avait domptés et punis en cette vie, oụ qui, s'étant cachés dans des cavernes pour se dérober à sa vengeance, le fuyaient encore après la mort.

Le baudrier d'Hercule est le pendant de la ceinture de Vénus. Le poëte a mis sur ce baudrier, en raccourci, toutes les actions d'Hercule, au lieu de les

raconter.

(Page 186. Que l'artiste qui aurait formé un semblable baudrier.

Selon madame Dacier, Ulysse a voulu dire que jamais l'histoire ne fournirait à cet artiste le sujet d'un pareil dessin. « Il souhaite, dit-elle, qu'il n'y ait plus de géans à vaincre, plus de combats ».

Cette explication ne m'a pas paru satisfaisante. Je n'ai pu adopter non plus l'explication de Pope. Je crois avoir suivi l'interprétation la plus naturelle. Voyez la note d'Ernesti.

Epictète a fait cette belle réflexion : « Hercule, exercé « par Eurysthée, ne se disait pas malheureux, et exécuta a tout ce que ce tyran lui ordonna de plus terrible; et « toi, exercé par un dieu qui est ton père, tu te plains, « et tu te trouves malheureux »>!

(Ibid. Je traînai l'affreux Cerbère hors des enfers.)

Il n'y a point d'épithète dans l'original; Hercule dit : ́A’véveixa » nyayov; subduxi et traxi. Ces deux mots peignent l'effort que fit Hercule. J'ai rendu cette image par le moyen de l'épithète qui alonge la période. Cette remarque vient à l'appui d'une des précédentes, qui roule sur les principes de la traduction.

(Page 187. Tels que Thésée et son ami

Pirithous.)

On avait écrit, dit Plutarque, que Pisistrate, un des éditeurs d'Homère, inséra ici les noms de ces héros pour flatter les Athéniens.

(Ibid. La tête hideuse de la Gorgone.)

C'est, allègue-t-on, pour dire poétiquement qu'il eut peur que ce sujet ne l'amusât trop long-temps, et ne lui fit oublier son retour: Ou, si l'on veut une explication plus naturelle, ces monstres qui se pressent autour de lui le remplirent d'effroi. Il ne paraît pas qu'Homère ait connu ce qu'on a dit de la Gorgone, qu'elle rendait immobiles ceux qui la voyaient.

En quittant ce lieu, Ulysse reprend le chemin qu'il avait parcouru. Virgile, profitant d'un autre endroit d'Homère, fait sortir Enée par la porte d'ivoire, par où sortaient les songes illusoires, pour indiquer que tout ce qu'il avait raconté était fabuleux. Il ne convenait peut-être pas à Virgile de détruire lui-même l'illusion qu'il venait de produire.

(Ibid. De nombreux avirons l'ébranlent et le dirigent; un vent favorable s'élève.)

Ce vers d'Homère, comme beaucoup de ces autres vers, est devenu un proverbe, dont le sens répond à celui-ci de La Fontaine :

Aide-toi, le ciel t'aidera.

II. Od.

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210 REMARQUES SUR LE CHANT XI.

(Page 187. Le grand fleuve, l'empire majestueux de la mer.)

Homère appelle quelquefois la mer un lac ou un fleuve. Diodore de Sicile dit que le Nil fut appelé autrefois OCÉAN.

FIN DES REMARQUES SUR LE CHANT XI.

CHANT XII.

APRÈS que notre vaisseau a surmonté les

courans de la mer et gagné la plaine étendue des flots, il revole dans l'île d'AЕa, où s'élève le palais de l'Aurore, où sont les chants et les danses des Heures, et renaît le Soleil. Nous heurtons au sablonneux rivage; et sortant du navire, nous goûtons le repos dans l'attente des rayons sacrés de l'astre du jour.

Dès que nous voyons paraître la lueur matinale de l'Aurore, une partie de ma troupe va, par mon ordre, au palais de Circé; elle revient chargée du cadavre glacé d'Elpénor. Nous abattons des chênes pour le bûcher; et le dressant sur la pointe la plus élevée de terre qui s'avançait dans la mer, nous rendons à l'ombre de notre compagnon les derniers honneurs; nos soupirs éclatent, nos larmes coulent; et la flamme ayant consumé à nos yeux son corps et son armure, nous lui érigeons un tombeau, une colonne ; au sommet, son prompt aviron est dressé par nos mains.

Nous remplissons avec soin tous ces devoirs. Mais Circé, instruite par elle-même de notre retour de la demeure des enfers, se pare

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