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occupera le trône d'Ithaque; elle y sera supérieure à tous ses ennemis.

Veuille le ciel, ô étranger, accomplir cette parole! s'écrie Télémaque; tu recevrais de si grands témoignages de mon amitié, que chacun, à ta rencontre, te placerait au rang des dieux. Et s'adressant à Pirée, son ami fidèle: Toi, dit-il, qui, parmi tous les compagnons dont le cortége me suivit à Pylos, m'as toujours donné des marques les plus signalées de ton zèle et de ton amitié, conduis, ô fils de Clytius, dans ta maison, cet étranger que je te confie; prends soin de le bien accueillir jusqu'à mon arrivée, je veux que tu l'honores.

Télémaque, quand même tu apporterais de longs retards à ton retour, répond le vaillant Pirée, je serai charmé de recevoir cet étranger, et il n'aura pas à se plaindre que j'aie négligé envers lui aucun devoir de l'hospitalité.

En même temps Pirée entre avec lui dans le vaisseau, ordonne à ses compagnons d'y monter et de le détacher du rivage. Ils s'embarquent, et prennent en main les rames. Télémaque a chaussé ses riches brodequins; il saisit sa forte lance qui était couchée sur le tillac du vaisseau : tandis que ses amis, dociles

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L'ODYSSÉE, CHANT XV.

à ses ordres, détachent le navire, et, quittant la rive, voguent vers la ville; le fils d'Ulysse s'éloigne du port, et ses rapides pas le conduisent à la maison rustique où, toujours. plein d'amour pour ses maîtres, le bon Eumée veillait sur ses nombreux troupeaux.

FIN DU CHANT QUINZIÈME,

SUR LE CHANT QUINZIÈME.

MALGRÉ la critique que Pope a faite de ce chant, on s'arrête volontiers avec Ulysse dans la cabane d'Eumée, on écoute avec plaisir leurs entretiens; le caractère de ce pasteur attache, ainsi que sa manière de vivre; ses discours ont de la naïveté. Ulysse ne perd pas de temps dans cette cabane: il y prend toutes les instructions nécessaires à ses vues. Elles est la scène d'une des reconnaissances de ce poëme.

Le déguisement d'Ulysse, dit Aristote, amène une grande variété d'incidens, et donne lieu au récit de beaucoup d'aventures. Le poëte soutient admirablement le caractère d'Ulysse, qui est une sage dissimulation.

(Page 329. Il ne convient pas que tu prolonges ton absence.)

Elle avait été assez longue; Télémaque était resté environ un mois chez Ménélas. Les prétendans étaient prêts à s'emparer du trône d'Ulysse, et à obliger sa femme à choisir parmi eux un époux. Ovide a eu ce passage d'Homère en vue lorsqu'il fait dire à Pénélope : Me pater Icarius viduo decedere lecto

Cogit, et immensas increpat usque moras.

(Ibid. Tu connais le cœur des femmes.)

Il est assez singulier qu'il n'y ait pas ici quelque

exception favorable à Pénélope. Madame Dacier est étonnée que les femmes, du temps d'Homère, ressem→ blassent si fort à quelques-unes de celles que nous voyons aujourd'hui: mais elle venge son sexe en désirant qu'Homère nous eût dit si, à cette époque, les hommes remariés se souvenaient beaucoup de leur première femme, et s'ils étaient plus justes envers leurs enfans du premier lit.

(Page 332. Je n'exige point, mon cher Télémaque, que tu prolonges ici ton séjour.)

Les maximes que débite ici Ménélas, sentent bien la simplicité et la bonhomie du vieux temps. Cette franchise passerait aujourd'hui pour rusticité.

(Page 335. Tenant le voile merveilleux.)

Voyez le chant i de l'Iliade, où il est dit qu'Hélène représente sur un grand voile les combats que les Grecs et les Troyens avaient livrés pour elle sous les yeux de Mars. Il faut être bien habile pour exécuter un si grand

dessin.

Accipe et hæc, manuum tibi quæ monumenta mearum
Sint, puer, et longum Andromachæ testentur amorem.

AENEID. LIR. III.

Quant à l'expression « Vulcain fit cette urne »>, elle est parallèle à celle-ci, « c'est l'ouvrage des Grâces, des << Muses », pour en vanter la beauté. Sidon était fameuse pour les productions des arts.

On voit encore ici la description d'un repas. Les cri

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tiques disent que les repas étaient toujours des sacrifices, et que c'est pour cette raison qu'Homère les décrit si fréquemment: mais s'il ne s'était pas plu à faire ces descriptions, il ne serait pas entré chaque fois dans tous les détails que présente un repas. Ces détails, et en général les répétitions, tiennent un peu à la bonhomie des mœurs de ces temps. On se rappellera aussi qu'Homère chantait ses vers, et ne publiait ainsi ses poëmes que par morceaux; les répétitions étaient moins fastidieuses. Je me suis permis quelques légères suppressions dans un très-petit nombre de ces descriptions de repas tant répétées.

Le fils de Ménélas fait ici l'office d'échanson. Les plus illustres des jeunes gens, dit Athénée, remplissaient cet office.

(Page 337. Ménélas méditait sa réponse, lorsqu'Hélène prenant la parole, )

On ne sait pourquoi Hélène, dans l'explication de ce prodige, montre plus de pénétration que Ménélas. Les femmes ont-elles, comme Eustathe l'assure, plus de pénétration et plus de présence d'esprit que les hommes? Homère dit qu'un dieu inspire Hélène ; les critiques en ont pris occasion de relever le caractère de cette princesse, croyant qu'Homère veut nous la représenter sous un jour favorable pour nous faire oublier ses fautes. Hélène pouvait avoir pris à Troie l'habitude d'interpréter les augures. Il y avait beaucoup de devins dans cette ville, et les calamités publiques les multiplient, Si l'on rassemble tous les traits sous lesquels

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