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argia et ougaria, « aérienne et céleste ».

L'un poussait

un ballon en l'air, l'autre le repoussait, et ils se le renvoyaient ainsi plusieurs fois, sans le laisser tomber à terre, et cela se faisait en cadence. Le médecin Hérophile avait compris parmi les exercices de la gymnastique cette danse au ballon. La savante que j'ai souvent citée n'a pas saisi le sens lorsqu'elle a traduit, « avant << que ce ballon tombe à leurs pieds ». Quant à ces mots, Tappi áμsboμéva, selon Athénée, ces danseurs tantôt font des sauts en se lançant cette balle, et tantôt volent le long de la plaine.

(Ibid. Tu me vois encore plongé dans
l'admiration.)

Eustathe prétend que c'est par flatterie qu'Ulysse donne de si grands éloges à cette danse; exceller dans cet art, dit-il, c'est exceller dans des bagatelles. La musique et la danse n'étaient pas des arts frivoles aux yeux des anciens Grecs. L'admiration d'Ulysse paraît donc avoir été sincère.

(Page 23. Puisses-tu n'avoir jamais besoin de cette épée!)

Selon Eustathe, Ulysse dit : « Puissé - je, n'avoir << jamais besoin de cette épée »>! Il s'est évidemment trompé.

(Ibid. Le coffre le plus précieux.)

Une des grandes somptuosités des femmes de ce temps-là consistait en de beaux coffres. Le goût s'en est

>

conservé long-temps. Les Lacédémoniens inventèrent
les serrures. Avant l'usage des clefs, on avait accoutumé
de fermer avec des nœuds. Il y en avait de si difficiles
et de si merveilleux, que celui qui en savait le secret
était le seul qui pût les délier. Tel était le nœud gordien.
Celui d'Ulysse était devenu un proverbe, pour exprimer
une difficulté insoluble : : τε Οδυσσέως δεσμος.

(Page 27. On dirait que tes yeux ont été
les témoins de ce que tu racontes, ou que
tu l'as appris de leur propre bouche.)

Ce passage pourrait fonder la vérité de la plupart des
aventures qu'Homère a chantées.

(Ibid. Chante-nous ce cheval mémorable.)
Eustathe, et ceux qui l'ont suivi, font un grand mé-
rite à Ulysse de ce qu'il ne dit pas un mot de la seconde
chanson de Démodoque, qui roulait sur les amours
de Mars et de Vénus, et qu'il demande la suite de la
première. « C'est, disent-ils, une grande instruction
« qu'Homère donne aux hommes ». Il est dommage
qu'Homère ait dit qu'Ulysse avait entendu avec satis-
faction cette seconde chanson. Il est tout naturel qu'U-
lysse prenne plus d'intérêt au récit des aventures de
Troie.

(Page 30. Dis-nous ton véritable nom, celui
dont t'appellent ton père, ta mère.)
Alcinoüs spécifie ceci en détail, pour l'obliger à dire
son vrai nom, et non pas un nom supposé, un nom de
guerre, qu'il pourrait avoir pris pour se cacher.

C

(Ibid. Ils connaissent les desseins des

nautonniers.)

L'hyperbole est forte. On voit que c'est un tour poétique, semblable à la description des statues et des trépieds de Vulcain, et qui était familier en ce temps. Si Homère eût voulu qu'on prit ceci à la lettre, aurait-il en tant d'endroits parlé des mariniers phéaciens, de leurs rames, dont il a fait une épithète qui accompagne toujours le nom de ce peuple? aurait-il donné cinquante deux rameurs à Ulysse ? Cependant tous les interprètes, aimant à renchérir sur le merveilleux même d'Homère, veulent qu'Alcinous ait fait ce conte prodigieux pour étonner son hôte. Madame Dacier veut même que le but de ce conte soit de forcer Ulysse à dire la vérité; sans cela, le vaisseau phéacien, au lieu de le ramener dans sa patrie, l'aurait mené partout où il aurait dit. La navigation, comme tous les autres arts, dut, en sa naissance, produire de ces expressions hyperboliques, dont chacun connaissait le sens. On en parlait suivant l'impression qu'elle faisait sur ceux qui n'y étaient pas du tout initiés. Les sauvages de l'Afrique ant regardé les blancs comme les dieux de la mer, et le mat comme une divinité qui faisait mouvoir le

vaisseau.

Minerve, en parlant des navires phéaciens, s'est bornée à dire qu'ils ont la vitesse de l'oiseau ou de la pensée : Alcinous vante ailleurs la force et l'adresse de ses marins; ici, il anime ses navires. L'un de ces passages sert de commentaire à l'autre.

Si l'on voulait cependant prendre à la lettre les paII. Od.

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REMARQUES SUR LE CHANT VIII.

roles d'Alcinous, on pourrait dire que l'antiquité animait tout dans la poésie. Ainsi le mât du navire Argo était fait d'un chêne de Dodone, et avait la faculté de parler. Mais ce qui montrerait qu'Homère n'a pas voulu qu'on crût ces vaisseaux animés, c'est que lorsqu'on reconduit Ulysse, le poëte, sans recourir au merveilleux, fait mouvoir le navire par des moyens naturels.

(Page 30. Que Neptune.... avait résolu de perdre un jour.... l'un de nos plus fameux vaisseaux.)

Le but de toutes ces fictions est de louer l'habileté des Phéaciens dans l'art de la marine, ainsi que leur générosité. Probablement un roc entouré de la mer, et qui ressemblait à un vaisseau, donna lieu à la fable de cette métamorphose.

(Page 31. Et de couvrir notre ville d'une montagne énorme.)

Homère, dit-on, a imaginé la chute de cette montagne pour empêcher la postérité de rechercher où était cette île, et pour la mettre par-là hors d'état de le convaincre de mensonge. On ne voit pas que cette menace de Neptune ait été effectuée. Homère donne lieu de penser que les sacrifices offerts à ce dieu par les Phéaciens, l'empêchèrent d'achever sa vengeance.

FIN DES REMARQUES SUR LE CHANT VIII.

CHANT IX.

ULYSSE prend ainsi la parole: Grand Alcinous, toi qui surpasses tous les habitans de cette île, je suis ravi, n'en doute pas, des accords de cet homme surprenant, semblable par sa voix aux immortels. Je participe également aux plaisirs de ce festin. Quoi de plus satisfaisant que le spectacle de l'alégresse qui, au sein de la paix et du bonheur, se répand dans tout un peuple et parmi d'illustres conviés, réunis avec ordre dans un superbe palais, et prêtant l'oreille aux accens d'un chantre divin, tandis que sur les tables sont prodigués les présens de la terre, les victimes les plus choisies, et que les hérauts, puisant dans les urnes, portent de tous côtés le nectar! Je voudrais en ce jour ne me livrer qu'au spectacle de cette fête.

Pourquoi ton cœur t'engage-t-il à vouloir connaître mes infortunes? Je n'en saurais parler sans redoubler mes soupirs et mes larmes. Ciel! je ne sais où commencer ce récit, comment le poursuivre, et où le finir, tels sont les nombreux malheurs qu'accumulèrent sur moi les dieux. Apprenez d'abord

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