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DICTIONNAIRE DE MÉDECINE PRATIQUE, par une société de médecins, sous la direction de M. Ferd. HOEFER.— Un vol. in-18. -Chez Firmin Didot frères; Paris, 1847.

Les Dictionnaires de médecine publiés jusqu'à ce jour, sont bien nombreux. Pour éviter toute confusion, on les désigne, dans un langage d'abréviation convenu, par le nombre de leurs volumes : il y a le dictionnaire en quinze, le dictionnaire en vingt-cinq, le dictionnaire en soixante-quinze volumes, etc., etc. On nous demandera peut-être s'il y a tant de choses à dire sur la médecine, qu'un ou deux volumes ne suffisent pas pour contenir toute la matière. Qu'on se détrompe; ces ouvrages traitent de tout, à l'exception de questions purement littéraires; ce sont des espèces d'encyclopédies. Voilà pourquoi ils sont si volumineux.

La minéralogie, la géologie, la botanique, la zoologie, la chimie, la toxicologie, la physique, la mécanique (il y a de tout cela dans les vastes répertoires dont nous parlons), sont certainement des sciences trèsutiles; mais leurs rapports avec l'art de guérir sont souvent fort éloignés. Que cherchent un malade, un praticien ou tout homme soigneux de sa santé dans un dictionnaire de médecine? Évidemment la description de la maladie qui l'intéresse, et les moyens prescrits pour la guérir. C'est là tout ce qu'il veut connaître et savoir. Si l'on désire avoir quelque renseignement sur un objet de physique, de chimie ou de botanique, on ira consulter un dictionnaire de physique, de chimie, de botanique, de préférence à ces dictionnaires de médecine qui parlent de omni re scibili et de quibusdam aliis.

Ce sont sans doute ces considérations qui ont déterminé M. Hoefer à ne donner dans son livre, très-rempli de faits et de renseignements précieux, que le résumé de tout ce que la médecine pratique, c'est-àdire, la pathologie unie à la thérapeutique, enseigne d'utile et de posi

tif. Il en a même élagué l'anatomie, la physiologie, et en grande partie la chirurgie, pour laisser une plus large place à l'histoire détaillée des maladies internes les plus communes et les plus meurtrières. Nous l'en félicitons; et nous ajouterons même que peu de livres renferment, aussi bien que le Dictionnaire de médecine pratique de M. Hoefer, ce que le titre promet.

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DICTIONNAIRE De chimie et de PHYSIQUE, par M. Ferd. HOEFER.- Un vol. in-8° très-compacte. Seconde édition, revue et augmentée d'un Supplément, contenant les résultats les plus utiles des découvertes les plus récentes. Paris, 1848; Firmin Didot.

La rapidité avec laquelle la première édition du Dictionnaire de Chimie et de Physique de M. Hoefer a été épuisée, est le meilleur éloge qu'on puisse faire de ce livre utile.

La seconde édition, qui vient de paraître, contient une innovation heureuse qu'il importe de signaler (Avant-propos de la 2e édition, p. III):

<< Tous les jours, dit l'auteur, la science enregistre de nouvelles découvertes. Mais parmi ces nouvelles découvertes il en est qui sont démenties ou rectifiées souvent le lendemain ; d'autres, avant d'être définitivement accueillies, ont besoin d'un contrôle sévère; d'autres enfin, purement théoriques, n'expliquent qu'un petit nombre de faits, et disparaissent dès que le cadre des observations s'élargit. Tel est, du reste, le sort de la plupart des théories; elles ne sont bonnes que pour un temps, bien qu'elles aient la prétention d'enchaîner l'avenir. Nous ne parlons pas même de ces théories qui, faute d'un point d'appui solide, tombent presque au moment même de leur apparition.

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Les progrès incessants des sciences physiques font comprendre l'utilité des Annuaires; mais dans ces Annuaires on se borne à reproduire, sous une forme abrégée et dans un ordre plus ou moins méthodique, tous les travaux qui ont été publiés pendant le cours d'une année pour éviter le reproche d'être incomplet, on doit y mentionner les faits les plus insignifiants. Qui se charge alors de trier ces matériaux entassés, et d'en choisir ce qui est vraiment bon, utile, intéressant? C'est au lecteur qu'on en laisse le soin. Eh bien, les résultats de ce travail se trouvent consignés dans le Supplément, à la deuxième

édition de notre Dictionnaire. Ce supplément présente donc tous les avantages d'un Annuaire, sans en avoir les inconvénients. Voilà l'innovation que nous avions à signaler.

« Nous ajouterons encore que tous les poids atomiques, si souvent retouchés dans ces derniers temps, ont été soumis à une révision exacte. Nous avons, pour tous les corps simples, adopté les nombres inscrits dans les tables qui se trouvent à la fin du tome IV de la dernière édition du Traité de Chimie de Berzélius (1). »

Il nous suffit d'avoir cité ici les paroles mêmes de l'auteur. Elles ne contiennent rien qui ne soit vrai, et nous dispensent de parler, à notre tour, pour faire valoir les mérites de cette seconde édition.

SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.

ÉTUDE ÉCONOMIQUE DE LA GRÈCE, de sa position actuelle, de son avenir; suivie de documents sur le commerce de l'Orient, sur l'Égypte, etc., avec une carte de la Grèce, par M. CASIMIR LECONTE. Un vol. in-8° de 453 pages. - Chez Firmin Didot frères et chez Guillaumin, rue Richelieu, 14. - Paris, 1847.

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La Grèce ! Est-il un nom qui rappelle de plus brillants souvenirs? Quelle a donc été, jadis, la vertu de ce petit peuple placé, pour ainsi dire, entre la barbarie de l'Orient et celle de l'Occident pour l'élaboration des grandes idées, puisque, nonobstant son long sommeil, nous subissons encore aujourd'hui sa mystérieuse influence? Est-il un homme, aussi, qui puisse, sans une vive émotion, poser le pied sur cette terre sacrée où parurent Homère et Lycurgue, Eschyle et Thémistocle, Périclès et Phidias, Thucydide et Platon, Aristote et Alexandre?

M. Casimir Leconte, après tant d'autres, nous raconte ses vives impressions. Il était parvenu (c'est lui qui nous l'apprend) au terme

(1) Traité de Chimie de Berzélius, traduit de l'allemand par MM. Hoefer et Esslinger. IVe vol., in-8°. Paris, 1847; chez MM. Firmin Didot frères.

d'une carrière industrielle dont les fatigues avaient plus d'une fois dépassé ses forces. Il s'arracha enfin à cette laborieuse existence, qui laissait plus de place dans son esprit aux soucis du moment qu'à la poésie du passé, et il voulut visiter la Grèce. Voyez ce voyageur si occupé jusqu'alors d'industrie! Il est à peine débarqué au Pirée, qu'il court, comme il nous le dit, saluer le tombeau de Thémistocle. Il gravit les escarpements de l'Acropolis, et il évoque les souvenirs de Marathon. Bientôt, il est vrai, il revient à la triste réalité, et de graves méditations font tomber le voile que l'imagination avait placé sur ses yeux. Il voit la Grèce telle que nous l'ont faite la décadence byzantine et la barbarie des musulmans. Il recherche, avec une sorte d'inquiétude et une vive sympathie, les moyens de régénérer ce pays, et de lui assurer, dans l'avenir, une existence glorieuse. Mais d'où vient cet intérêt pour ce petit peuple, qui compte à peine dans notre politique européenne? C'est qu'à notre sens M. Casimir Leconte n'a pas cessé de voir, même sous une terre inculte et au milieu des ruines, . la Grèce des anciens jours.

L'auteur nous fait connaître ses idées et le plan de son livre en deux mots: il veut « constater les causes du retard de la Grèce dans les « voies de la civilisation, rechercher les moyens de poursuivre l'œuvre « commencée non sans fruit, et d'atteindre le but, beaucoup plus rap« proché qu'on ne le pense en général, que les Grecs de notre temps « se sont proposé. »

M. Casimir Leconte a supposé qu'il n'y avait point de moyen plus sûr d'arriver à ses fins que d'étudier l'état économique de la Grèce. Laissant donc aux archéologues, aux voyageurs, aux artistes, le soin de disserter, de décrire et de peindre, il amasse des chiffres, parle de commerce et d'industrie, et n'enregistre guère que les faits réels et présents qui peuvent fournir aux Grecs, pour l'avenir, d'utiles leçons.

Il est plus facile d'indiquer le résultat des études de M. Casimir Leconte que de le soumettre à un examen critique, et d'en contester la valeur et la vérité. Nous n'offrirons donc ici à nos lecteurs qu'un simple travail d'analyse.

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Des

L'ouvrage est divisé de la manière suivante : Précis historique. — De l'organisation actuelle du pays. De la dette publique intérieure et extérieure. De l'administration des finances de 1833 à 1843, et de 1843 à 1845. Discussion du budget de 1846. ressources territoriales, minéralogiques, commerciales et indus trielles du pays. De la banque nationale de la Grèce. — De l'avenir de la Grèce; puis vient la Conclusion.

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Nous allons analyser en peu de mots le premier chapitre, purement historique, qui détermine le véritable point de vue où l'on doit se placer pour pouvoir bien apprécier la question économique traitée dans les autres parties de l'ouvrage.

En 1821, Alexandre Ypsilanti arbora le premier l'étendard de la révolte en Valachie. En même temps toutes les sociétés secrètes des Grecs, réunies par le même besoin de liberté, répondent au cri d'indé

pendance. Ainsi s'établit cette lutte mémorable d'où sortit encore une fois la liberté victorieuse d'une affreuse tyrannie. Les sympathies de l'Europe viennent en aide aux Grecs, qui s'illustrent dans plusieurs combats. Malheureusement, la discorde s'empare de ce peuple et le pousse vers sa ruine. Ibrahim-Pacha envahit la Morée au commencement de 1826. La Grèce était alors exposée aux plus grands périls, lorsque la bataille de Navarin (20 octobre 1827) rétablit l'état presque désespéré de ses affaires, et lui permit d'organiser un gouvernement.

Le comte Jean Capodistria reçut (le 8 janvier 1828), la présidence des mains de l'assemblée nationale d'Astros. Son gouvernement, pendant les années 1828, 1829 et 1830, fut sans cesse agité par des idées de liberté exagérées et par des prétentions aristocratiques. Jean périt assassiné le 27 septembre 1831. Son frère et successeur, Augustin Capodistria, ne put venir à bout de réprimer l'anarchie; la commission des Sept fut également impuissante (1831-1833). La Grèce était évidemment incapable de se gouverner elle-même.

La France, l'Angleterre et la Russie, voulant venir au secours du peuple grec, qui allait perdre, par d'imprudentes dissensions, l'indépendance qu'il avait conquise par tant de combats héroïques, décidèrent qu'il serait soumis à une monarchie héréditaire. On offrit la couronne au prince Léopold de Saxe-Cobourg, aujourd'hui roi des Belges. Sur son refus, elle fut acceptée par le prince Othon, proclame souverain par le protocole du 13 février 1832. Il débarqua à Nauplie le 6 février 1833. De 1833 à 1834, une régence bavaroise gouverna pendant la minorité du roi. Elle fut agitée par des divisions et des intrigues très-funestes à la nation grecque.

Le roi Othon fut déclaré majeur le 1er juin 1835. Il est à regretter qu'il ait donné sa confiance au comte d'Armansperg, dont l'administration fut l'objet de violentes récriminations. Les soldats bavarois sont impuissants à réprimer des troubles qui éclatent en différents endroits, et leurs défaites font regretter que le gouvernement n'ait pas consenti à former une armée nationale. En même temps, les embarras financiers sont portés au point que M. d'Armansperg déclare qu'il ne peut faire face ni aux intérêts, ni à l'amortissement des premières avances de l'emprunt des 60 millions, garanti par les trois puissances protectrices.

Le roi de Bavière fait à cette époque un voyage en Grèce, qui ne change en rien la situation des affaires. Le roi Othon, peu après le départ de son père, se rend en Allemagne, où il épouse la princesse d'Oldenbourg, et il revient dans ses États le 14 février 1837. A son arrivée, il congédia M. d'Armansperg, dont l'administration était amèrement censurée. M. de Rudhart succéda à M. d'Armansperg, et ne tarda pas à être renvoyé par son souverain.

En 1837, le roi Othon prend lui-même la direction des affaires, et se fait seconder par un ministère presque entièrement grec. Quelques améliorations assez importantes signalent cette administration pendant l'année 1838. L'année 1839 est une ère de prospérité publique.

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