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Dum pelago desævit hiems, et aquosus Orion,
Quassatæque rates, dum non tractabile cœlum. »

His dictis incensum animum inflammavit amore,
Spemque dedit dubiæ menti, solvitque pudorem (16).
Principio delubra adeunt, pacemque per aras
Exquirunt; mactant lectas de more bidentis
Legiferæ Cereri, Phœboque, patrique Lyæo,
Junoni ante omnis, cui vincla jugalia curæ.
Ipsa, tenens dextra pateram, pulcherrima Dido,
Candentis vaccæ media inter cornua fundit;
Aut ante ora deum pinguis spatiatur ad aras,
Instauratque diem donis, pecudumque reclusis ('7)
Pectoribus inhians spirantia consulit exta.

Heu vatum ignaræ mentes! quid vota furentem,
Quid delubra juvant? est mollis flamma medullas (18)
Interea, et tacitum vivit sub pectore volnus.
Uritur infelix Dido, totaque vagatur
Urbe furens, qualis conjecta cerva sagitta ('9),
Quam procul incautam nemora inter Cresia fixit.
Pastor agens telis, liquitque volatile ferrum
Nescius. Illa fuga silvas saltusque peragrat
Dictæos hæret lateri letalis arundo.

Nunc media Ænean secum per moenia ducit (20),

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Les torrents d'Orion suspendus sur nos têtes,
Les menaces de l'onde, et l'horreur des tempêtes. »

Ce discours rend l'espoir à sa timide ardeur,
Assoupit les remords, fait taire la pudeur;
Et l'amour plus brûlant se rallume en son ame.
Pour obtenir des dieux le succès de sa flamme,
On invoque Bacchus, on invoque Apollon;
Sur-tout le dieu d'hymen protégé par Junon.
Didon, leur présentant le vin du sacrifice,
En arrose le front d'une blanche génisse,
D'un pas majestueux fait le tour des autels,
Les charge tous les jours de présents solennels;
Tous les jours, au milieu des victimes mourantes,
Consulte avidement leurs fibres palpitantes.
Malheureuse! où l'égare une pieůse erreur?
La réponse des dieux est au fond de son cœur;
Leur nom est dans sa bouche, Énée est dans son ame :

Tout entière livrée à l'amour qui l'enflamme,
Que servent contre lui les prières, l'encens?

De ses douces fureurs elle enivre ses sens,

Aime, en les combattant, ses amoureuses peines:
L'amour vit dans son cœur et brûle dans ses veines.
L'œil égaré, l'air sombre, et les sens agités,
Elle porte au hasard ses pas précipités.
Ainsi, lorsqu'un chasseur a de son trait rapide
Atteint, sans le savoir, une biche timide,
En vain elle parcourt et les bois et les champs :
Le fer mortel la suit, et s'attache à ses flancs.
Le jour, Didon conduit son amant dans Carthage,·
Lui montre la grandeur de son naissant ouvrage,

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Sidoniasque ostentat opes, urbemque paratam ;
Incipit effari, mediaque in voce resistit (11).
Nunc eadem, labente die, convivia quærit (22),
Iliacosque iterum demens audire labores
Exposcit, pendetque iterum narrantis ab ore (23).

Post, ubi digressi, lumenque obscura vicissim
Luna premit, suadentque cadentia sidera somnos,
Sola domo moæret vacua, stratisque relictis (24)
Incubat. Illum absens absentem auditque videtque;
Aut gremio Ascanium, genitoris imagine capta,
Detinet, infandum si fallere possit amorem!
Non cœptæ adsurgunt turres; non arma juventus (25)
Exercet, portusve aut propugnacula bello

Tuta parant: pendent opera interrupta, minæque
Murorum ingentes, æquataque machina cœlo.

Quam simul ac tali persensit peste teneri (26)

7

Ces murs déja bâtis, cet asile tout prêt;
Veut lui parler, rougit, s'interrompt et se tait.
Le soir, entretenant le feu qui la dévore,
A de nouveaux festins elle l'entraîne encore,
Veut encor l'écouter, lui fait dire cent fois
Et les mêmes malheurs et les mêmes exploits;
Le suit dans Troie en cendre; et són ame éperdue
Aux lèvres du guerrier demeure suspendue.
Enfin, lorsque la nuit l'arrache à ce héros,
Lorsque l'ombre paisible invite au doux repos,
A son palais désert redemandant Énée,
Seule, dans le silence, elle erre abandonnée;
Au lieu qu'il occupoit revient souvent s'asseoir;
Absent croit lui parler, absente croit le voir.
Tantôt, prenant Ascagne, et fixant son visage,
Du père dans le fils elle embrasse l'image;
Par ses soins caressants le retient dans sa cour,
Et cherche, s'il se peut, à tromper son amour.
Sa langueur cependant se répand autour d'elle:
Les plaisirs règnent seuls dans la cité nouvelle ;
Le travail a cessé de préparer les forts,
De construire les murs et de creuser les ports;
Des remparts menaçants l'audace est suspendue;
On ne voit plus les tours s'alonger dans la nue;
Les échafauds oisifs reposent dans les airs:
Les chantiers sont muets, les arsenaux déserts;
Et, cédant à l'amour sa naissante Carthage,
Didon laisse imparfait son magnifique ouvrage.
Dès que Junon a vu de ses transports naissants
L'ardeur contagieuse embraser tous ses sens,

Cara Jovis conjux, nec famam obstare furori,
Talibus adgreditur Venerem Saturnia dictis:

« Egregiam vero laudem et spolia ampla refertis
Tuque, puerque tuus! magnum et memorabile nomen,
Una dolo divum si femina victa duorum est (27)!
Nec me adeo fallit, veritam te moenia nostra,
Suspectas habuisse domos Carthaginis altæ.

Sed quis erit modus? aut quo nunc certamina tanta?
Quin potius pacem æternam pactosque hymenæos
Exercemus? Habes, tota quod mente petisti:
Ardet amans Dido, traxitque per ossa furorem.
Communem hunc ergo populum, paribusque regamus
Auspiciis: liceat Phrygio servire marito,
Dotalisque tuæ Tyrios permittere dextræ. »

Olli, sensit enim simulata mente locutam,

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