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garantir de ce degré de séduction qui leur feroit lire les autres avec dédain. Un amateur, un véritable ami de la belle nature, après avoir parcouru avec plaisir de riantes prairies, des lieux fertiles, de riches pâturages, voit souvent avec plus de plaisir encore des terres montagneuses, recouvertes par intervalles d'une fraîche verdure; des roches incultes et sauvages, ombragées d'arbres majestueux, ou coiffées de jeunes arbustes, qui parent d'un vert feuillage leurs fronts chauves et stériles. Ses yeux parcourent avec intérêt toutes ces variations de la nature, et il aime à voir des beautés inattendues corriger l'âpreté d'un sol aride et

montueux.

(Ici finissent les notes de M. Delille.)

L'ÉNÉIDE.

LIVRE V.

LIBER QUINTUS.

INTEREA medium Æneas jam classe tenebat
Certus iter, fluctusque atros aquilone secabat,
Moenia respiciens, quæ jam infelicis Elissæ
Conlucent flammis. Quæ tantum adcenderit ignem,
Caussa latet; duri magno sed amore dolores
Polluto, notumque furens quid femina possit,
Triste

per augurium Teucrorum pectora ducunt.

Ut pelagus tenuere rates, nec jam amplius ulla Occurrit tellus, maria undique, et undique cœlum; Olli cæruleus supra caput adstitit imber,

Noctem hiememque ferens, et inhorruit unda tenebris.
Ipse gubernator puppi Palinurus ab alta :

« Heu! quianam tanti cinxerunt æthera nimbi?
Quidve, pater Neptune, paras? » Sic deinde locutus,
Conligere arma jubet, validisque incumbere remis,
Obliquatque sinus in ventum, ac talia fatur :

Magnanime Ænea, non, si mihi Juppiter auctor

LIVRE CINQUIÈME.

CEPENDANT le héros, ferme dans ses projets, Et des dieux d'Ilion remplissant les décrets, Malgré les aquilons dont la colère gronde,

Suit sa route; et, fendant les noirs bouillons de l'onde, Retourne ses regards vers ces murs malheureux

Que le bûcher fatal éclaire de ses feux.

De cet embrasement il ignore la cause;

Mais connoissant l'amour, connoissant ce qu'il ose,
Sachant tout ce que peut une femme en fureur,
D'affreux pressentiments épouvantent son cœur,
Il vogue cependant, la mer fuit, et sa vue
N'aperçoit plus au loin qu'une vague étendue:
Par-tout les cieux, par-tout le noir gouffre des mers.
Soudain un sombre orage enveloppe les airs,
Et, roulant le nuage épaissi sur leurs têtes,
Noircit l'onde en courroux de la nuit des tempêtes.
Palinure l'observe, et, tremblant de terreur:

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Pourquoi ces vents fougueux et cette onde en fureur?

Grace, ô Neptune! » Il dit; et, déployant les voiles,
D'un souffle plus oblique il fait enfler leurs toiles;

Fait sur les avirons courber les matelots,

Observe encor le ciel, et s'exprime en ces mots :

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Non; que Jupiter même ordonne que j'espère,

Je ne puis espérer, par un vent si contraire,

Spondeat, hoc sperem Italiam contingere cœlo.
Mutati transversa fremunt, et vespere ab atro
Consurgunt venti, atque in nubem cogitur aer.
Nec nos obniti contra, nec tendere tantum
Sufficimus. Superat quoniam fortuna, sequamur,
Quoque vocat, vertamus iter. Nec litora longe(')
Fida reor fraterna Erycis, portusque Sicanos,
Si modo rite memor servata remetior astra. »
Tum pius Æneas: « Equidem sic poscere ventos
Jamdudum, et frustra cerno te tendere contra:
Flecte viam velis. An sit mihi gratior ulla,
Quove magis fessas optem demittere navis,
Quam quæ Dardanium tellus mihi servat Acesten,
Et patris Anchisæ gremio complectitur ossa?»
Hæc ubi dicta, petunt portus (2), et vela secundi
Intendunt zephyri; fertur cita gurgite classis,
Et tandem læti notæ advertuntur arena.

At procul excelso miratus vertice montis
Adventum sociasque rates, occurrit Acestes (3),
Horridus in jaculis et pelle Libystidis ursæ (4),
Troia Criniso conceptum flumine mater
Quem genuit. Veterum non immemor ille
Gratatur reduces, et gaza lætus agresti

Excipit, ac fessos opibus solatur amicis.

parentum,

Postera quum primo stellas oriente fugarat Clara dies, socios in cœtum litore ab omni

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