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Non jam prima peto Mnestheus, neque vincere certo:
Quamquamo! sed superent,quibus hoc, Neptune, dedisti;
Extremos pudeat rediisse: hoc vincite, cives,
Et prohibete nefas. » Olli certamine summo
Procumbunt: vastis tremit ictibus ærea puppis,
Subtrahiturque solum. Tum creber anhelitus artus
Aridaque ora quatit; sudor fluit undique rivis.
Adtulit ipse viris optatum casus honorem;

Namque furens animi, dum proram ad saxa suburget

Interior, spatioque subit Sergestus iniquo,

Infelix saxis in procurrentibus hæsit.

Concussæ cautes, et acuto in murice remi

Obnixi crepuere, inlisaque prora pependit.

Consurgunt nautæ, et magno clamore morantur;
Ferratasque trudes et acuta cuspide contos
Expediunt, fractosque legunt in gurgite remos.
At lætus Mnestheus, successuque acrior ipso,
Agmine remorum celeri, ventisque vocatis,
Prona petit maria, et pelago decurrit aperto.

D'arriver les derniers fuyons l'opprobre affreux:
Voilà notre triomphe, et voilà tous mes vœux ! »
Sur la rame à ces mots tous se courbent ensemble;
Sous leurs vastes efforts tout le navire tremble.
L'onde en grondant s'enfuit: échappé par élans,
Leur souffle entrecoupé bat leurs robustes flancs;
Leur bouche est desséchée, et leurs yeux étincellent,
Et des flots de sueur de tous côtés ruissellent.

Le sort remplit leurs vœux: tandis que, trop ardent,
Sergeste suit sa course, et d'un vol imprudent
Veut entre le rocher et la poupe rivale
Saisir rapidement un étroit intervalle;
Quand du terme prescrit il pense s'approcher,
Malheureux ! il rencontre un perfide rocher

Dont le pied s'avançoit sous les eaux moins profondes.
Le vaisseau sur l'écueil est porté par les ondes;
Le roc heurté s'ébranle; avec un long fracas
Les avirons brisés s'envolent en éclats,
Et la proue au rocher demeure suspendue.
L'épouvante est par-tout; une foule éperdue

De lamentables cris fait retentir les cieux.

Tout s'empresse au travail; tous, armés de longs pieux,
Soulėvent le navire, et leurs mains diligentes

Recueillent les débris de leurs rames flottantes.
Mnesthée alors s'anime, et, sur l'onde emporté,
Au gré des vents s'élance avec agilité :

Et comme au fond d'un roc, sa demeure chérie,
Une colombe en paix, et dans l'ombre nourrie,
Si quelque effroi soudain vient troubler son réduit,
Tressaille, bat de l'aile, et s'échappe à grand bruit,

T. IV. ÉNÉIDe ii.

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Qualis spelunca subito conmota columba (10),
Cui domus et dulces latebroso in pumice nidi,
Fertur in arva volans, plausumque exterrita pennis
Dat tecto ingentem: mox aere lapsa quieto (1)
Radit iter liquidum, celeris neque commovet alas:
Sic Mnestheus, sic ipsa fuga secat ultima Pristis
Æquora, sic illam fert impetus ipse volantem.
Et primum in scopulo luctantem deserit alto
Sergestum, brevibusque vadis, frustraque vocantem
Auxilia, et fractis discentem currere remis.
Inde Gyan ipsamque ingenti mole Chimæram
Consequitur; cedit, quoniam spoliata magistro est.

Solus jamque ipso superest in fine Cloanthus, Quem petit, et summis adnixus viribus urget. Tum vero ingeminat clamor, cunctique sequentem Instigant studiis, resonatque fragoribus æther. Hi, proprium decus et partum indignantur honorem Ni teneant, vitamque volunt pro laude pacisci. Hos successus alit; possunt, quia posse videntur. Et fors æquatis cepissent præmia rostris, Ni palmas ponto tendens utrasque Cloanthus Fudissetque preces, divosque in vota vocasset:

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Di, quibus imperium est pelagi, quorum æquora curro,

Vobis lætus ego hoc candentem in litore taurum

Puis nage mollement, et dans un air tranquille
Soutient l'agilité de son vol immobile:

Tel glisse le vaisseau; tel, et plus prompt encor,
Il court, rase les flots, et poursuit son essor.
Sa vitesse redouble au bout de sa carrière.
Déja son vol ardent passe et laisse en arrière
Sergeste, qui tâchant de reprendre son cours,
Luttant contre l'écueil, implorant du secours,
Essayoit vainement quelques débris de rames :
De là vers la Chimère, à la gueule de flammes,
Il s'élance, l'atteint; et le pesant vaisseau,
Dépourvu de pilote, est vaincu de nouveau.

Cloanthe reste seul : fier de son avantage
Mnesthée, à son aspect, redouble de courage.
Alors de nouveaux cris dans les airs sont lancés ;
Et par mille clameurs, par des vœux empressés,

La commune faveur le pousse à la victoire.

Des deux parts même espoir, même ardeur pour la gloire.
L'un, fier de son succès, s'obstine à le garder,

Et veut mourir cent fois plutôt que de céder:
L'autre, heureux par l'audace, ose encor davantage;
Son espoir fait sa force; et, grace à son courage,
Peut-être un même honneur égaloit ces rivaux,
Si Cloanthe, étendant ses deux bras vers les eaux,
N'eût invoqué les dieux de ces plaines profondes:
«< Humides habitants de l'empire des ondes!
Heureux dominateurs de ces mers où je cours!
Si je dois la victoire à vos divins secours,

Oui, j'en fais vœu : pour prix de cet honneur suprême,
J'immole un taureau blanc sur ce rivage même;

Constituam ante aras, voti reus, extaque salsos
Porriciam in fluctus, et vina liquentia fundam. »

Dixit, eumque imis sub fluctibus audiit omnis Nereidum Phorcique chorus, Panopeaque virgo; Et pater ipse manu magna Portunus euntem Inpulit. Illa Noto citius volucrique sagitta Ad terram fugit, et portu se condidit alto.

Tum satus Anchisa, cunctis ex more vocatis,
Victorem magna præconis voce Cloanthum
Declarat, viridique advelat tempora lauro;
Muneraque in navis ternos optare juvencos,
Vinaque, et argenti magnum dat ferre talentum.
Ipsis præcipuos ductoribus addit honores:

Victori chlamydem auratam, quam plurima circum
Purpura Mæandro duplici Meliboa cucurrit;
Intextusque puer frondosa regius Ida
Velocis jaculo cervos cursuque fatigat
Acer, anhelanti similis, quem præpes ab Ida
Sublimem pedibus rapuit Jovis armiger uncis.
Longævi palmas nequidquam ad sidera tendunt
Custodes, sævitque canum latratus in auras.
At, qui deinde locum tenuit virtute secundum,
Levibus huic hamis consertam auroque trilicem

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