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Huc illuc vinclorum immensa volumina versat.
Tum senior talis referebat pectore voces:

« Quid, si quis cæstus ipsius et Herculis arma
Vidisset, tristemque hoc ipso in litore pugnam?
Hæc germanus Eryx quondam tuus arma gerebat;
Sanguine cernis adhuc fractoque infecta cerebro.

His magnum Alciden contra stetit; his ego suetus,
Dum melior vires sanguis dabat, æmula necdum
Temporibus geminis canebat sparsa senectus.
Sed si nostra Dares hæc Troius arma recusat,
Idque pio sedet Æneæ, probat auctor Acestes,
Æquemus pugnas. Erycis tibi terga remitto,
Solve metus; et tu Trojanos exue cæstus. »

Hæc fatus, duplicem ex humeris rejecit amictum,
Et magnos membrorum artus, magna ossa, lacertosque
Exuit, atque ingens media consistit arena.
Tum satus Anchisa cæstus pater extulit æquos,

Et paribus palmas amborum innexuit armis.
Constitit in digitos extemplo adrectus uterque,.
Brachiaque ad superas interritus extulit auras:

Il déroule en ses mains, il en parcourt des

yeux,

Et le volume immense, et les immenses nœuds.

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Darès, reprend Entelle, à cet aspect recule;

Et que seroit-ce donc si du terrible Hercule

Il avoit vu le ceste et le combat fameux,
Qui de sang autrefois rougit ces mêmes lieux?
L'arme que Vous voyez, si vaste, si pesante,
De votre frère Éryx chargea la main vaillante,
Et des crânes rompus et des os fracassés
Les vestiges sanglants y sont encor tracés.
Avec elle il lutta contre le grand Alcide;

Par elle j'illustrai ma jeunesse intrépide,

Avant qu'un trop long âge eût blanchi mes cheveux, Et que le temps jaloux domptât ces bras nerveux. Mais si ce fier Troyen craint ce terrible ceste,

Si c'est le vœu d'Énée et le desir d'Aceste,

De cette arme à Darès je fais grace en ce jour :
A son ceste troyen qu'il renonce à son tour.
Marchons; portons tous deux dans ces luttes rivales
Et des dangers égaux, et des armes égales.

"

Alors, montrant tout nus et tout prêts aux combats Son corps, ses larges reins, ses redoutables bras, Et sa vaste poitrine, où ressort chaque veine, Seul il avance, et seul semble remplir l'arène. Puis le héros troyen prend deux cestes égaux; Lui-même il les enlace aux bras des deux rivaux Prêts à lutter d'ardeur, de courage, et d'adresse. Sur ses pieds à l'instant l'un et l'autre se dresse, Tous deux, les bras levés, d'un air audacieux, Se provoquent du geste, et s'attaquent des yeux.

Abduxere retro longe capita ardua ab ictu ;

Inmiscentque manus manibus, pugnamque lacessunt.

Ille pedum melior motu, fretusque juventa;
Hic membris et mole valens, sed tarda trementi
Genua labant, vastos quatit æger anhelitus artus.
Multa viri nequidquam inter se volnera jactant,
Multa cavo lateri ingeminant, et pectore vastos
Dant sonitus; erratque auris et tempora circum
Crebra manus; duro crepitant sub volnere malæ.

Stat gravis Entellus, nisuque inmotus eodem,
Corpore tela modo atque oculis vigilantibus exit.
Ille, velut celsam oppugnat qui molibus urbem,
Aut montana sedet circum castella sub armis,
Nunc hos, nunc illos aditus, omnemque pererrat
Arte locum, et variis adsultibus inritus urget.
Ostendit dextram insurgens Entellus, et alte
Extulit. Ille ictum venientem a vertice velox
Prævidit, celerique elapsus corpore cessit.

Soudain commence entre eux la lutte meurtrière.

Leur tête loin des coups se rejette en arrière :
L'un, jeune, ardent, léger, frappe et pare à-la-fois :
Entelle, plus pesant, se défend par son poids;
Mais ses genoux tremblants le portent avec peine :
Son vieux flanc est battu de sa pénible haleine.
Mille coups, à-la-fois hâtés ou suspendus,
Sont reçus ou portés, détournés ou perdus.

Tantôt dans leurs flancs creux les cestes retentissent,
Sur leurs robustes seins tantôt s'appesantissent;
L'infatigable main erre de tous côtés,

Marque leurs larges fronts de ses coups répétés,
Frappe, en volant, la tempe et l'oreille meurtrie;
Sous le ceste pesant la dent éclate et crie.
Entelle, courageux avec tranquillité,
Oppose à son rival son immobilité;

Et, par un tour adroit, par un coup d'œil habile,
Brave, trompe ou prévient sa menace inutile.
Tel qu'un fier assaillant, contre un antique fort
Qui sur le haut des monts brave son vain effort,
Ou contre une cité, théâtre d'un long siége,
Tantôt presse l'assaut, tantôt médite un piège,
Autour de ses remparts va, vient, et sans succès
Tente dans son enceinte un périlleux accès :
Tel, autour du vieillard défendu par sa masse,
Darès, joignant la ruse, et la force, et l'audace,
* Tourne, attaque en tous sens, frappe de tous côtés.
Entelle, résistant aux coups précipités,

Léve son bras, suspend l'orage qu'il médite;
Darès l'a vu venir, se détourne, et l'évite.

Entellus vires in ventum effudit, et ultro

Ipse gravis, graviterque ad terram pondere vasto
Concidit; ut quondam cava concidit aut Erymantho,
Aut Ida in magna radicibus eruta pinus.
Consurgunt studiis Teucri et Trinacria pubes :
It clamor colo; primusque adcurrit Acestes,
Equævumque ab humo miserans adtollit amicum.

At, non tardatus casu, neque territus heros,
Acrior ad pugnam redit, ac vim suscitat ira.
Tum pudor incendit vires, et conscia virtus;
Præcipitemque Daren ardens agit æquore toto,
Nunc dextra ingeminans ictus, nunc ille sinistra.
Nec mora, nec requies. Quam multa grandine nimbi
Culminibus crepitant, sic densis ictibus heros
Creber utraque manu pulsat versatque Dareta.
Tum pater Æneas procedere longius iras,
Et sævire animis Entellum haud passus acerbis;
Sed finem inposuit pugnæ, fessumque Dareta
Eripuit, mulcens dictis, ac talia fatur :

« Infelix, quæ tanta animum dementia cepit?
Non vires alias, conversaque numina sentis?
Cede deo. » Dixitque, et prælia voce diremit.
Ast illum fidi æquales, genua ægra trahentem,

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