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Entelle, frappant l'air de son effort perdu,
Tombe de tout son poids sur la terre étendu :
Tel, aux sommets glacés que l'aquilon tourmente,
Tombe et roule un vieux pin de l'antique Érymanthe.
Troyens, Siciliens, par mille cris divers

De joie et de regrets, frappent soudain les airs.
Aceste le premier accourt; et sa tendresse

Dans son vieux compagnon plaint sa propre foiblesse.

Le héros se relève; et la honte, et l'honneur,

La confiante audace, aiguillonnent son cœur;

Son

courage s'irrite encor par sa colère.

Il s'élance, et poursuit son superbe adversaire;
Et tantôt tour-à-tour, et tantôt à-la-fois,

Les deux cestes ligués l'accablent de leur poids;

Moins prompte, moins pressée, et moins tumultueuse,

Sur nos toits retentit la grêle impétueuse.

La main suit l'autre main, les coups suivent les coups:
Point de paix, point de trève à son bouillant courroux;
Il le chasse d'un bras, de l'autre le ramène,
Et Darès, en tournant, parcourt toute l'arène.
Empressé de calmer ce combat trop ardent,
Énée avec pitié voit ce jeune imprudent,
L'arrache à son rival: et, plaignant sa disgrace:

<< Malheureux! où t'emporte une indiscrète audace?
Pourrois-tu méconnoître une invisible main,

Et dans le bras d'un homme un pouvoir plus qu'humain?
Fléchis devant un dieu, les destins te l'ordonnent. »
De Darès aussitôt les amis l'environnent;

Chacun d'eux à l'envi soutient entre ses bras

Ce malheureux qu'on vient d'arracher au trépas,

Jactantemque utroque caput, crassumque cruorem
Ore ejectantem, mixtosque in sanguine dentes,
Ducunt ad navis; galeamque ensemque vocati

Adcipiunt; palmam Entello taurumque relinquunt (1).
Hic victor, superans animis, tauroque superbus:
« Nate dea, vosque hæc, inquit, cognoscite, Teucri,
Et mihi quæ fuerint juvenali in corpore vires,

Et

qua servetis revocatum a morte Dareta. »

Dixit, et adversi contra stetit ora juvenci,
Qui donum adstabat pugnæ, durosque reducta
Libravit dextra media inter cornua cæstus
Arduus, effractoque inlisit in ossa cerebro.

Sternitur, exanimisque tremens procumbit humi bos.
Ille super talis effundit pectore voces:

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<< Hanc tibi, Eryx, meliorem animam pro morte Daretis Persolvo; hic victor cæstus artemque repono. »

Protenus Eneas celeri certare sagitta Invitat, qui forte velint, et præmia ponit;

Tremblant, abandonnant sa tête chancelante,
Vomissant à grands flots de sa bouche écumante
Des torrents d'un sang noir, et les tristes débris
De ses os, de ses chairs, déchirés et meurtris.
Pour conduire aux vaisseaux la victime échappée,
Ils partoient, oubliant et le casque et l'épée;
On leur remet le prix de ce combat fatal,
Et le taureau doré demeure à son rival.
Tout rayonnant d'orgueil, et de gloire, et de joie,
« Soyez témoins ici, fiers habitants de Troie,
Dit-il d'un ton superbe; et toi, fils de Vénus,
Vois, par ce que je suis, ce qu'autrefois je fus
Dans ma jeune saison, et quel sort ma vieillesse
Gardoit à ce Darès, si fier de sa jeunesse.
Il dit, et se présente en face du taureau
Dont fut récompensé son triomphe nouveau;
Se dresse, et, d'une main ramenée en arrière,
Entre sa double corne atteint sa tête altière,
Brise son large front: du crâne fracassé

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Le cerveau tout sanglant rejaillit dispersé;

Et, tel qu'un bœuf sacré sous la hache succombe,

Le taureau, sous le coup, tremble, chancelle, et tombe.

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Éryx! s'écrie alors le vainqueur orgueilleux,

Reçois cette victime; elle te plaira mieux

Que ce Troyen sauvé de ma main meurtrière.

J'ai vaincu, c'en est fait, j'ai rempli ma carrière ;

Je dépose mon ceste, et renonce à mon art. »

<< Maintenant que celui dont la main, le regard Sait mieux d'un trait léger diriger la vitesse, Vienne aux combats de l'arc signaler son adresse.»

Ingentique manu malum de nave Seresti
Erigit, et volucrem trajecto in fune columbam,
Quo tendant ferrum, malo suspendit ab alto.
Convenere viri, dejectamque ærea sortem
Adcepit galea; et primus clamore secundo
Hyrtacidæ ante omnis exit locus Hippocoontis,
Quem modo navali Mnestheus certamine victor
Consequitur, viridi Mnestheus evinctus oliva.
Tertius Eurytion, tuus, o clarissime, frater,
Pandare, qui quondam, jussus confundere fœdus,
In medios telum torsisti primus Achivos.
Extremus galeaque ima subsedit Acestes,
Ausus et ipse manu juvenum tentare laborem.
Tum validis flexos incurvant viribus arcus
Pro se quisque viri, et depromunt tela pharetris.
Primaque per cœlum nervo stridente sagitta
Hyrtacidæ juvenis volucris diverberat auras,
Et venit, adversique infigitur arbore mali.
Intremuit malus, timuitque exterrita pennis
Ales, et ingenti sonuerunt omnia plausu.
Post acer Mnestheus adducto constitit arcu,
Alta petens, pariterque oculos telumque tetendit.
Ast ipsam miserandus avem contingere ferro
Non valuit; nodos et vincula linea rupit,
Quis innexa pedem malo pendebat ab alto.
Illa notos atque atra volans in nubila fugit.
Tum rapidus, jamdudum arcu contenta parato

Ainsi s'exprime Énée; et, d'un bras vigoureux,
Lui-même éléve un mât, où, fixant tous les yeux,
Une colombe en l'air se débat suspendue;

Des rivaux près de lui la foule est répandue.
Un casque dans ses mains devient l'urne du sort:
Les noms y sont jetés; et le premier qui sort
Annonce Hippocoon, qu'Hyrtacus a fait naître.
Après lui, le destin choisit et fait paroître
Un nom déja fameux; c'est Mnesthée, encor fier
D'avoir dompté le sort, ses rivaux, et la mer;
Mnesthée, encor paré des rameaux de Minerve.
Pour le troisième rang la fortune réserve
L'adroit Eurytion, frère de ce guerrier,
De ce grand Pandarus dont le trait meurtrier,
Lorsqu'un traité de paix alloit calmer la terre,
Atteignit Ménélas, et ralluma la guerre.
Aceste par le sort est nommé le dernier,
Et sa vieillesse encor veut cueillir un laurier.
Chacun courbe son arc, et le carquois fidéle
Rend à chaque rival les flèches qu'il recéle.
Par le fils d'Hyrtacus le premier trait lancé
Part, vole, et dans le mât le fer reste enfoncé ;
L'arbre tremble, l'oiseau s'effraie et bat de l'aile.
Mille cris frappent l'air. Une palme nouvelle
De Mnesthée à son tour tente le bras heureux.
Vers le but il dirige et sa main et ses vœux;
Mais, sans toucher l'oiseau, la flèche décochée
Rompt le noeud qui retient la colombe attachée :
L'oiseau part, prend l'essor, s'élève jusqu'au ciel.
Alors, fier de sa force et de l'art fraternel,

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