ページの画像
PDF
ePub

Tela sonant humeris. Haud illo segnior ibat

Æneas; tantum egregio decus enitet ore.

Postquam altos ventum in montis atque invia lustra,

Ecce feræ, saxi dejectæ vertice, capræ

Decurrere jugis; alia de parte patentis

Transmittunt cursu campos atque agmina cervi Pulverulenta fuga glomerant, montisque relinquunt.

At

puer Ascanius mediis in vallibus acri

Gaudet equo, jamque hos cursu, jam præterit illos;
Spumantemque dari pecora inter inertia votis
Optat aprum, aut fulvum descendere monte leonem.

Interea magno misceri murmure cœlum (31) Incipit. Insequitur commixta grandine nimbus. Et Tyrii comites passim, et Trojana juventus, Dardaniusque nepos Veneris diversa per agros Tecta metu petiere. Ruunt de montibus amnes. Speluncam Dido dux et Trojanus eamdem

1

Et l'or d'un noeud brillant en captive les flots:

Il vient, un arc en main, un carquois sur le dos;
Sur l'épaule du dieu ses flèches retentissent,

Et tous les cœurs émus d'un saint respect frémissent.
Tel paroît le héros; tel cet enfant des dieux

A charmé tous les cœurs, et fixé tous les yeux.

Mais déja l'on s'éloigne: on brave avec audace
Et des monts escarpés, et des routes sans trace.
Des taillis ténébreux, des antres enfoncés,
Les peureux habitants en foule sont chassés;
Surprises dans la nuit de leurs profonds ombrages,
Du chevreuil, du chamois les compagnes sauvages
Hâtent de roc en roc leurs sauts impétueux;
Le daim cherche des bois les sentiers tortueux;
Et des cerfs, élancés du sommet des montagnes,
Les bataillons poudreux franchissent les campagnes.
Ascagne, aiguillonnant un coursier plein de cœur,
Court, vole, va, revient; et dans sa jeune ardeur
Voudroit qu'un fier lion, un sanglier sauvage
Vînt d'un plus beau triomphe honorer son courage.
Tout-à-coup le ciel gronde; et le feu des éclairs,
Et la grêle, et la pluie, ont sifflé dans les airs;

Et du sommet des monts les ondes élancées
Poursuivent des chasseurs les troupes dispersées.
On court, on se dérobe à ces bruyants éclats.
Didon fuit dans un antre, Énée y suit ses pas :

L'Amour à l'Hyménée en a montré la route.

A peine ils sont entrés sous cette obscure voûte,
Deux grandes déités de cet hymen fatal
A la nature entière ont donné le signal.

Deveniunt. Prima et Tellus et pronuba Juno
Dant signum; fulsere ignes, et conscius æther
Connubii, summoque ulularunt vertice nymphæ.
Ille dies primus leti primusque malorum
Caussa fuit. Neque enim specie famave movetur,
Nec jam furtivum Dido meditatur amorem :
Conjugium vocat; hoc prætexit nomine culpam.

Extemplo Libyæ magnas it Fama per urbis (32),
Fama, malum quo non aliud velocius ullum.
Mobilitate viget, viresque adquirit eundo.
Parva metu primo, mox sese adtollit in auras,
Ingrediturque solo, et caput inter nubila condit.
Illam Terra parens, ira inritata deorum,

Extremam, ut perhibent, Coo Enceladoque sororem
Progenuit, pedibus celerem et pernicibus alis.

Monstrum horrendum, ingens, cuiquot sunt corpore pluma,
Tot vigiles oculi subter, mirabile dictu!

Tot linguæ, totidem ora sonant, tot subrigit auris.
Nocte volat cœli medio terræque, per umbram
Stridens, nec dulci declinat lumina somno.
Luce sedet custos aut summi culmine tecti,
Turribus aut altis, et magnas territat urbis,

Complices de Junon, soudain les cieux tonnèrent,
Cybéle y répondit, les montagnes tremblèrent;
Les nymphes de longs cris remplirent les coteaux ;
La nuit servit de voile, et l'éclair de flambeaux.
O malheureuse reine! amante infortunée!....
Combien tu paieras cher ce funeste hyménée!
C'en est fait de ta gloire; et ce fatal bonheur
Te coûte le repos, et la vie, et l'honneur!...
Didon ne cache plus les secrets de son ame;
Son cœur en liberté laisse éclater sa flamme,
Et, pour couvrir l'erreur de ce malheureux jour,
Voile du nom d'hymen les larcins de l'amour.
Ainsi ces deux amants, au sein de la mollesse,
Goûtoient nonchalamment leur amoureuse ivresse.
Déja la Renommée, en traversant les airs,
En a semé le bruit chez cent peuples divers.
Foible dans sa naissance, et timide à sa source,
Ce monstre s'enhardit et s'accroît dans sa course.
La terre l'enfanta pour se venger des cieux;
Elle aime à publier les foiblesses des dieux :
Digne sœur des géants qu'écrasa leur tonnerre,

Son front est dans l'Olympe, et ses pieds sur la terre: Rien ne peut égaler son bruit tumultueux,

Rien ne peut devancer son vol impétueux:

Pour voir, pour écouter, pour semer les merveilles,

Ce monstre ouvre à-la-fois d'innombrables oreilles,

Par d'innombrables yeux surveille l'univers,

Et

par autant de voix fait retentir les airs.

La nuit, d'un vol bruyant, il poursuit sa carrière;
Jamais le doux sommeil ne ferma sa paupière:

Tam ficti pravique tenax, quam nuntia veri.
Hæc tum multiplici populos sermone replebat
Gaudens, et pariter facta atque infecta canebat:
Venisse Enean, Trojano a sanguine cretum,
Cui se pulchra viro dignetur jungere Dido;
Nunc hiemem inter se luxu, quam longa, fovere
Regnorum immemores, turpique cupidine captos.
Hæc passim dea foeda virum diffundit in ora.

Protinus ad regem cursus detorquet Iarban,
Incenditque animum dictis, atque aggerat iras.
Hic Hammone satus, rapta Garamantide nympha,
Templa Jovi centum latis immania regnis,
Centum aras posuit, vigilemque sacraverat ignem,
Excubias divum æternas, pecudumque cruore
Pingue solum, et variis florentia limina sertis.
Isque amens animi, et rumore adcensus amaro,
Dicitur ante aras, media inter numina divum,
Multa Jovem manibus supplex orasse supinis :
«Juppiter omnipotens, cui nunc Maurusia pictis (33)
Gens epulata toris Lenæum libat honorem,
Adspicis hæc? An te, genitor, quum fulmina torques,
Nequidquam horremus? cæcique in nubibus ignes
Terrificant animos, et inania murmura miscent?
Femina, quæ, nostris errans in finibus, urbem
Exiguam pretio posuit, cui litus arandum,
Cuique loci leges dedimus, connubia nostra
Reppulit, ac dominum Ænean in regna recepit!

« 前へ次へ »