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Securos latices, et longa oblivia potant.

Has equidem memorare tibi, atque ostendere coram, Jampridem hanc prolem cupio enumerare meorum; Quo magis Italia mecum lætere reperta. ›

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« O pater, anne aliquas ad cœlum hinc ire putandum est Sublimes animas, iterumque in tarda reverti

Corpora? Quæ lucis miseris tam dira cupido?»>

« Dicam equidem, nec te suspensum, nate, tenebo; » Suscipit Anchises, atque ordine singula pandit.

« Principio cœlum, ac terras, camposque liquentis, Lucentemque globum lunæ, Titaniaque astra, Spiritus intus alit('7), totamque infusa per artus Mens agitat molem, et magno se corpore miscet.

Inde hominum pecudumque genus, vitæque volantum, Et quæ marmoreo fert monstra sub æquore pontus. Igneus est ollis vigor et cœlestis origo

Seminibus, quantum non noxia corpora tardant,

Terrenique hebetant artus, moribundaque membra.

Et, dans le long sommeil des passions humaines,
Boivent l'heureux oubli de leurs premières peines.
Dès long-temps je voulois à ton œil enchanté
Montrer ce grand tableau de ma postérité :
De ses brillants destins ton ame enorgueillie
S'applaudira d'avoir abordé l'Italie. »
Alors, le cœur encor tout rempli de ses maux,
« O mon père, est-il vrai que dans des
De sa prison grossière une fois dégagée,
L'ame, ce feu si pur, veuille être replongée?
Ne lui souvient-il plus de ses longues douleurs!
Tout le Léthé peut-il suffire à ses malheurs? »

corps nouveaux,

« Mon fils, dit le vieillard, dans leur source profonde
Puisque tu veux sonder ces grands secrets du monde,
Écoute-moi. D'abord une source de feux,
Comme un fleuve éternel répandue en tous lieux,
De sa flamme invisible échauffant la matière,
Jadis versa la vie à la nature entière,

Alluma le soleil et les astres divers,
Descendit sous les eaux, et nagea dans les airs.
Chacun de cette flamme obtient une étincelle.
C'est cet esprit divin, cette ame universelle
Qui, d'un souffle de vie animant tous les corps,
De ce vaste univers fait mouvoir les ressorts;
Qui remplit, qui nourrit de sa flamme féconde
Tout ce qui vit dans l'air, sur la terre, et sous l'onde.
De la divinité ce rayon précieux,

En sortant de sa source, est pur comme les cieux:
Mais, s'il vient habiter dans des corps périssables,
Alors, dénaturant ses traits méconnoissables,

Hinc metuunt, cupiuntque; dolent, gaudentque, neque auras Dispiciunt, clausæ tenebris et carcere cæco.

Quin et supremo quum lumine vita reliquit,

Non tamen omne malum miseris, nec funditus omnes (18)
Corporea excedunt pestes; penitusque necesse est

Multa diu concreta modis inolescere miris.

Ergo exercentur pœnis, veterumque malorum
Supplicia expendunt. Aliæ panduntur inanis
Suspensæ ad ventos; aliis sub gurgite vasto
Infectum eluitur scelus, aut exuritur igni.
Quisque suos patimur Manis; exinde per amplum
Mittimur Elysium, et pauci læta arva tenemus,
Donec longa dies, perfecto temporis orbe,
Concretam exemit labem, purumque reliquit
Etherium sensum, atque aurai simplicis ignem.
Has omnis, ubi mille rotam volvere per annos,
Lethæum ad fluvium deus evocat agmine magno,
Scilicet inmemores supera ut convexa revisant,
Rursus et incipiant in corpora velle reverti. »

Dixerat Anchises, natumque, unaque Sibyllam Conventus trahit in medios, turbamque sonantem; Et tumulum capit, unde omnis longo ordine possit Adversos legere, et venientum discere voltus.

Le terrestre séjour le tient emprisonné;
Alors des passions le souffle empoisonné
Corrompt sa pure essence; alors l'ame flétrie
Atteste son exil et dément sa patrie :
Même quand cet esprit, captif, dégénéré,
A quitté sa prison, du vice invétéré

Un reste impur le suit sur son nouveau théâtre;
Long-temps il en retient l'empreinte opiniâtre;
Et, de son corps souffrant éprouvant la langueur,
Est lent à recouvrer sá céleste vigueur.

De ces ames alors commencent les tortures:
Les unes dans les eaux vont laver leurs souillures,
Les autres s'épurer dans des brasiers ardents,
Et d'autres dans les airs sont le jouet des vents;
Enfin chacun revient, sans remords et sans vices,
De ces bois innocents savourer les délices.
Mais cet heureux séjour a peu de citoyens :
Il faut, pour être admis aux champs élysiens,
Qu'achevant mille fois sa brillante carrière,
Le soleil à leurs yeux ouvre enfin la barrière.
Ce grand cercle achevé, l'épreuve cesse alors.
L'âge ayant effacé tous les vices du corps,
Et du rayon divin purifié les flammes,
Un dieu vers le Léthé conduit toutes ces ames;
Elles boivent son onde, et l'oubli de leurs maux
Les engage à rentrer dans des liens nouveaux. »
Il dit; et, devançant Énée et la prêtresse,
De ce peuple bruyant il a fendu la presse;
De là gagne un coteau,
satisfaits
De ses neveux futurs distinguent tous les traits.

d'où ses yeux

« Nunc age, Dardaniam prolem quæ deinde sequatur
Gloria, qui maneant Itala de gente nepotes,
Inlustris animas, nostrumque in nomen ituras (19),
Expediam dictis, et te tua fata docebo.

Ille, vides, pura juvenis qui nititur hasta,
Proxima sorte tenet lucis loca, primus ad auras
Ætherias Italo conmixtus sanguine surget
Silvius, Albanum nomen, tua posthuma proles;
Quem tibi longævo serum Lavinia conjux
Educet silvis regem, regumque parentem;
Unde genus longa nostrum dominabitur Alba.

« Proximus ille Procas, Trojanæ gloria gentis, Et Capys, et Numitor, et qui te nomine reddet Silvius Æneas, pariter pietate vel armis Egregius, si unquam regnandam adceperit Albam. Qui juvenes, quantas ostentant, adspice, vires! At qui umbrata gerunt civili tempora quercu, Hi tibi Nomentum, et Gabios, urbemque Fidenam, Hi Collatinas inponent montibus arces,

*Laude pudicitiæ celebres, addentque superbos* Pometios, Castrumque Inui, Bolamque, Coramque. Hæc tum nomina erunt, nunc sunt sine nomine terræ. « Quin et avo comitem sese Mavortius addet

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