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Mais Diane implora le secours de Péon,
Et ravit Hippolyte à l'avide Achéron.
Jupiter, irrité contre cet art coupable
Qui révoquoit du sort la peine irrévocable,
Foudroya d'Apollon le fils audacieux.
Diane cependant, loin des profanes yeux,
A ce discret asile, à la Nymphe Égérie
De son cher Hippolyte a confié la vie.
Le nom de Virbius, et son obscurité,
Rassure à peine un cœur par l'amour agité;
La déesse des bois interdit leur enceinte

Aux coursiers dont l'aspect renouvelle sa crainte,
En songeant que le dieu de l'humide élément
Autrefois sous leurs pieds fit périr son amant.
Mais le fils ne craint point le destin de son père,
Et sur un char poudreux il franchit la carrière. (*)

Au-dessus de tous ces guerriers s'élevoit le brillant Turnus, distingué par sa beauté, par la noblesse de sa taille, haute et majestueuse. Dans la foule des héros qui l'environnent, on aperçoit de loin sur son casque, orné de trois aigrettes flottantes, l'image de la Chimère vomissant, comme le mont Etna, des tourbillons de flammes. Plus le combat et le carnage s'échauffoient, plus ce monstre furieux lançoit de feux et de flots de fumée.

Sur son bouclier paroissoit, en or, Io, élevant ses cornes; lo, déjà couverte de poils, déjà génisse. Toute son histoire y étoit représentée. Argus

(*) H. Gaston.

gardoit la Nymphe métamorphosée; un fleuve couloit de l'urne ciselée de son père Inachus. Une nuée de soldats à pied suit Turnus; et toutes les nations de l'Italie semblent être rassemblées autour de ce premier chef.

La reine des Volsques survient, la célèbre Camille, conduisant une superbe troupe de cavaliers:

Amazone intrépide, elle a, dès son enfance, (13)
Rejeté le fuseau pour manier la lance.

Elle eût pu, sans courber les épis verdoyans,
Raser d'un pied léger leurs sommets ondoyans,
Ou, franchissant des mers la mobile surface,
En effleurer l'azur sans y marquer sa trace.
De femmes, de pasteurs, un essaim curieux
A ses pas attaché, n'ose en croire ses yeux.
A l'or de ses cheveux entrelaçant ses ondes,
L'or noua mollement leurs tresses vagabondes;
Ses charmes sont cachés sous la pourpre des rois,
Les peuples de Lycie ont forgé son carquois,
Et Vénus, à regret, pour sa main virginale
Vit hérisser de fer la lance pastorale. (*)

(*) H. Gaston.

FIN DU SEPTIÈME LIVRE.

DU SEPTIÈME LIVRE DE L'ÉNÉIDE.

(1) TRADUCTION de M. Gaston :

Circé fait retentir de chants insidieux
Son palais revêtu de lambris magnifiques,
Dont le cèdre odorant éclaire les portiques.
Son doigt léger parcourt de longs tissus de lin;
Une aiguille magique en traça le dessin.
Là, gémissent, honteux de leur forme nouvelle,
Les amans qu'a frappés sa baguette infidelle;
Là, rugit le lion luttant contre ses fers;
L'ours pesamment s'agite et rêve ses deserts;
Le loup ouvre en hurlant une gueule vorace,
Et, le crin hérissé, le sanglier menace.

(Note de l'Éditeur.}

(2) Le texte porte: Et in lento luctantur marmore tonsœ. On croit reconnoître ici une imitation du passage suivant du septième livre de l'Iliade, traduit ainsi par M. Aignan :

Tel un zéphyr heureux que Jupiter envoie,
Vient ranimer les bras des tristes matelots,
Dont la rame inutile a fatigué les fiots.

Cette comparaison a sans doute aussi fourni à Racine l'idée de ces beaux vers, dans Iphigénie:

Il fallut s'arrêter, et la rame inutile
Fatigua vainement une mer immobile.

On peut encore citer cette imitation de Sarrazin

Alors les avirons de nos mains vigoureuses
Luttant contre la paix des ondes paresseuses.

(3) Traduction de M. Delille:

:

(Note de l'Éditeur.)

Énée alors découvre un bois vaste et riant;
Le Tibre le partage, et son onde en fuyant
Dans la profonde mer rapidement entraîne
Le cristal de ses eaux et l'or de son arène;
Mille oiseaux différens de plumage et de voix,
Amoureux de ce fleuve, élèves de ces bois,

De rameaux en rameaux courant, volant sans cesse,
Charmoient de leurs doux sons la rive enchanteresse.
(Note de l'Éditeur.)

(4) Le P. Lemoine, dans son poëme de Saint-Louis, nous offre une petite fiction pleine de mollesse et de grace, imitée visiblement de cet endroit de Virgile. Le poëte vante le courage et la prudence de Barberin, digne chef des Toscans :

On dit qu'encore enfant, dormant sur la prairie
Qui fait au cours de l'Arne une lice fleurie,
D'un laurier qui sur lui ses rameaux étendoit,
Et des traits du soleil sa tête défendoit,
Un essaim, attiré des fleurs de son visage,
Bien loin de le blesser et de lui faire outrage,
Sur ses mains, sur son front, sur ses lèvres passa,
Et des filets de miel en passant y laissa:
Prodige merveilleux qui lui fut un augure
De la gloire promise à sa race future!
Les abeilles depuis furent de sa maison
Le symbole héroïque et l'illustre blason.

(Note de l'Éditeur.)

(5) Traduction de M. Delille :

Digne de ce grand peuple, et digne de ses maîtres,
Dans les airs s'élevoit son palais somptueux,
De Picus son aïeul séjour majestueux.

Cent colonnes de marbre en pompe l'environnent;
D'un bois religieux les arbres le couronnent,

Qui depuis trois cents ans, pleins d'une sainte horreur,
Ainsi
que le respect inspirent la terreur :

Les rois y sont des dieux, ce palais est un temple.
Là, le front prosterné, la nation contemple

Ses princes recevant pour la première fois
Les faisceaux souverains et le sceptre des rois.
Là, lorsqu'un saint usage en pompe renouvelle
D'un bélier immolé l'offrande solennelle,
Les premiers de l'état sur leur siége exhaussés,
Près d'une table immense en ordre sont placés.
Là, d'un peuple fidèle éternisant l'hommage,
Le cèdre de leurs rois a conservé l'image;
Italus, Sabinus qui, la serpette en main,
Annonce que la vigne est son bienfait divin;
Saturne, dieu du temps; Janus aux deux visages;
Cent autres souverains dont les mâles courages
Ont affronté la mort pour sauver leur pays,
D'un vestibule immense occupent les lambris.
A l'entrée on voyoit des nations soumises
Les drapeaux déchirés et les portes conquises:
Là, des chars fracassés, du fer courbé des faux,
Des panaches flottans, de l'airain des vaisseaux,
Et des arcs détendus, et des lances oisives,
Pendoient pompeusement les dépouilles captives.
Lui-même, s'appuyant sur son sceptre augural,
Dans sa courte tunique, ornement martial,
Un bouclier au bras, de la porte sacrée
Picus son noble aïeul ornoit l'auguste entrée ;
Picus, qui des coursiers savoit dompter l'essor.

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